Pages

vendredi 30 mars 2012

RDC : 100 jours dans le brouillard


20 décembre 2011 – 30 mars 2012. Exactement 100 jours depuis la prestation de serment de Joseph Kabila Kabange en tant que président réélu au terme des élections du 28 novembre 2011. Le temps de la fin de la période de grâce. Le moment idéal de premières évaluations.
Le 20 décembre 2011, Joseph Kabila Kabange prêtait serment d’investiture, à la Cité de l’Union africaine, en qualité de président réélu. Ce, au terme de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. A ce jour, le 30 mars 2012, il vient de totaliser 100 jours en sa qualité de président de la République pour un second mandat.

100 jours,  le temps conventionnel pour une période de grâce. Elle vient donc de prendre fin. En fait, selon certains, on ne peut parler de «période de grâce » pour un président réélu. Aux affaires depuis son élection en 2006, il a la maîtrise de la situation. Mais qu’à cela ne tienne, ces 100 jours, disons conventionnels, doivent être interprétés comme le moment d’un nouvel élan à prendre pour la poursuite de la gestion des affaires de l’Etat.

Ceci dit, ces 100 jours imposent naturellement les premières évaluations. Le moment idéal de faire un état des lieux, d’apprécier les premiers pas avant de reprendre cette longue marche de ce nouveau quinquennat.

Brouillard

A la première lecture de ces 100 jours, les premiers signaux ne sont pas du tout encourageants. Tout se passe encore comme si l’on naviguait à vue, sans repères. Il y a ce fait que depuis le 1er janvier 2012, le gouvernement, même assumant les affaires courantes, ne dispose pas de budget. Certes,  la loi prévoit devant ces circonstances, que  le gouvernement s’appuie sur le 1/10 du budget précédent pour continuer à gérer l’Etat. Entre-temps, il s’organise à faire voter les crédits provisoires.

Dès lors que l’on ignore le niveau d’exécution du précédent budget, en plus de ce fait que l’Assemblée nationale, autorité budgétaire, a clos la précédente législature sans que le gouvernement ait déposé le projet de loi financière, l’on se demande comment l’Exécutif est en train de s’y prendre. Puisqu’on a évoqué les crédits provisoires, ceux-ci devraient être adoptés par le Sénat. Rien n’a été fait dans ce sens. L’Exécutif, du moins l’équipe qui continue à assumer les affaires courantes, gère dans le brouillard.

Brouillard en ce qui concerne l’Assemblée nationale. Certes, cette institution été mise en place. Malheureusement, la session extraordinaire est élastique à telle enseigne que la Constitution a été violée du fait de la non  convocation de la session ordinaire le 15 mars. Il faudra attendre que le Bureau définitif de cette institution soit élu et installé pour que cette session intervienne, avec déjà 15 jours de retard. Au 100ème jour de la prestation de serment du président Kabila, l’Assemblée nationale ne dispose pas de bureau définitif.

Comme si cela ne suffisait pas, on ne peut encore nommer un Premier ministre qui doit provenir de la majorité. Pas de n’importe quelle majorité : une nouvelle majorité parlementaire consécutive à la nomination d’un Informateur le 8 mars et qui a clôturé officiellement sa mission le 28 mars 2012. Une nomination, l’on conviendra avec nous, qui sort de l’ordinaire quelles que soient les bonnes intentions visant à assainir l’environnement politique. Car, en fait, au regard des résultats publiés par la CENI, la nomination d’un Informateur ne s’imposait pas du tout. Mais puisqu’il s’agissait certainement d’une majorité virtuelle, le chef de l’Etat a trouvé sage de nommer un Informateur pour dissiper le brouillard.

Brouillard, c’est cette crise politique qui s’affirme chaque jour. En témoigne justement cette nomination de l’Informateur comme si l’on évitait à reconnaître le mal et la vraie crise. Et pourtant, un problème se pose au niveau de l’Assemblée nationale avec la décision d’un parti politique, l’UDPS, intimant ordre à ses députés, au risque d’être exclus du parti, de ne plus siéger au sein de la Chambre basse. Bien plus, l’UDPS a refusé de s’entretenir avec le ministre belge des Affaires étrangères en séjour à Kinshasa. Car, pour l’ UDPS, le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, est Etienne Tshisekedi. La communauté internationale est partagée sur ce point. Et pour dissiper les nuages afin qu’il n’y ait plus de brouillard, Didier Reynders a invité les Congolais au dialogue. Le séjour laborieux du ministre belge des Affaires étrangères s’est déroulé donc dans le brouillard avec un résultat mitigé pour autant qu’il n’a rien dit d’officiel sur l’attitude de la Belgique vis-à-vis de la RDC à la suite des élections du 28 novembre 2011.

Le sort de la CENI est maintenant incertain. Critiquée par la communauté nationale et internationale avec les rapports des misions d’observations, notamment le Centre Carter et l’Union européenne, la CENI vient d’être désavouée par toute la clase politique congolaise. Affirmation de l’Informateur Mwando Nsimba. Comment va-t-elle continuer sa mission dès lors que les vrais protagonistes lui ont retiré la confiance ? Va-t-elle demeurer, par défi, dans ce brouillard et préparer les prochaines échéances électorales ? Ce serait une véritable catastrophe. Le bon sens recommande que le bureau de la CENI démissionne.

Trahison

Celui qui est perdu dans cet épais brouillard n’est d’autre personne que le peuple congolais. Trahi par une classe politique inconstante ; ignoré par une communauté internationale plus intéressée par des intérêts économiques en cette période de  crise financière sans précédent, le peuple congolais vit dans le brouillard le plus épais. Difficile de scruter l’avenir avec espoir dès lors qu’il n’a plus de repères.

Et pourtant, il s’est comporté dignement le 28 novembre 2011 en accomplissant son devoir  citoyen en toute responsabilité. Hélas ! Il ne doutait pas qu’un immense brouillard allait couvrir le ciel congolais. Rendant ainsi tout décollage et tout envol hypothétique. Tel est le constat atypique des 100 premiers jours de la présente législature

Rapport d’observation sur les élections du 28 novembre dernier


C’est ce qui ressort des conclusions tirées par la Mission d’observation de l’Union européenne (MOE-UE) conduite au Congo-Kinshasa par l’eurodéputé bulgare Mariya Nedelcheva. La MOE-UE recommande la mise sur pied de la Cour constitutionnelle, la restructuration de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) par l’inclusion de la "société civile". Le Conseil supérieur pour l’audiovisuel et la communication (CSAC) est accusé de partialité.

«La mission considère que les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante ne sont pas crédibles à la lumière des nombreuses irrégularités et fraudes constatées lors du processus électoral sur ces scrutins remportés par le chef de l’Etat sortant Joseph Kabila et l’alliance de partis qui l’ont soutenu.» C’est le message essentiel contenu dans ce document de 71 pages. Intervenant trois mois après le double vote du 28 novembre, ce rapport procède d’un travail minutieux - sur les 64.000 bureaux de vote - mené par des parlementaires européennes jouissant d’un certain "détachement psychologique" par rapport au système ainsi qu’aux acteurs politiques congolais. Sans tirer des conclusions hâtives, ce document pourrait se révéler une gifle assénée à «Joseph Kabila» et ses affidés ainsi qu’à la «communauté internationale» représentée par la Mission de l’Onu dite de «stabilisation» au Congo. La Cour suprême de justice n’en sort guère grandie.

Dès mercredi 28 mars, le chef de la mission d’observation électorale de l’UE, Mariya Nedelcheva, avait annoncé la publication, jeudi 29, au Grand Hôtel Kinshasa, des conclusions et les recommandations du rapport final sur le déroulement de l’ensemble du processus sur les élections législatives et présidentielle du 28 novembre dernier au Congo démocratique. Ce même mercredi, l’eurodéputé a été reçu par le ministre congolais des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, à qui elle a remis le plus officiellement du monde ce document. Elle s’est rendue par la suite à l’Assemblée nationale où elle a accompli la même démarche auprès de Timothée Kombo Nkisi, le président du Bureau provisoire de cette institution. A ses deux interlocuteurs, l’eurodéputé a insisté sur "l’indépendance et la neutralité" qui a caractérisé lle Parlement européen "tout au long du processus électoral".

Quels sont les «anomalies» relevées par les observateurs de l’UE ?

«Les résultats des élections présidentielle et législatives de fin 2011» au Congo-Kinshasa «ne sont pas crédibles». Les rédacteurs dudit rapport avancent à l’appui de cette thèse «de nombreuses irrégularités et fraudes» qui ont été relevées. Ils citent notamment «l’absence d’audit du fichier électoral, le manque de transparence lors du nettoyage de ce fichier, le vote sur simple présentation de la carte d’électeur de 3,2 millions d’électeurs». Ajoutant : «de multiples incidents de fraude et de bourrages d’urnes lors du vote le 28 novembre, ou encore une publication des résultats caractérisée par un profond manque de transparence».

Pour étayer les dysfonctionnements constatés, les observateurs européens ont passé au crible les résultats de la présidentielle dans la province du Katanga. La Région est considérée, à tort ou à raison, comme étant le fief du président sortant «Joseph Kabila». Celui-ci y a été crédité d’un score de près de 90% des suffrages. Les résultats de la province de Bandundu ont été également scrutés à la loupe. Lors de la présidentielle de 2006, «Kabila» avait obtenu 39,4%. En 2011, il a fait un véritable bond avec 73,4%. Pour la MOE-EU, il s’agit là «des progressions fulgurantes que l’analyse politique rationnelle a quelque mal à expliquer». De même, souligne le rapport, l’écart de 3,6 millions de voix creusé par «Kabila» face à Tshisekedi, dans ces deux provinces, est d’une ampleur telle que la lisibilité politique des résultats devient malaisée. Cette situation, note le rapport, «vient accroître le doute concernant la crédibilité du scrutin présidentiel».

Que proposent les observateurs de l’UE ?

Hormis quelques «recommandations», la mission des observateurs UE ne formule aucune exigence. Il n’entrait nullement dans sa compétence d’identifier le «Winner» et le «looser». Aussi, s’est-elle contenté de faire des «recommandations». Elle recommande en premier lieu «la restructuration de la Céni». Une restructuration qui passe par l’inclusion de la «société civile». Pour la MOE-UE, cette réforme pourrait apporter à cette Commission électorale la «transparence», l’«indépendance» et la «fiabilité». La mission recommande également «un audit du fichier électoral et la mise en place de la Cour constitutionnelle». Elle égratigne au passage la Cour suprême de justice dont «l’indépendance a souvent été mise en cause». Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) en prend également pour son grade. Cette institution d’appui à la démocratie n’a tout simplement «pas joué son rôle de régulateur avec impartialité». Elle s’est illustrée par «des mesures arbitraires et discriminatoires contre les médias d’opposition».

Concluant la présentation de ce rapport, l’eurodéputé bulgare Mariya Nedelcheva a estimé qu’«un travail important attend désormais les autorités congolaises et la société civile afin d’améliorer le déroulement des élections pour garantir la transparence et la fiabilité de la démocratie congolaise».

Notons que les élections provinciales initialement fixées au 25 mars de l’année en cours ont été reportées sine die. L’annonce a été faite par le ministre de la Communication et des médias et non par la Céni. Celle-ci a annoncé sa volonté d’effectuer «une prochaine évaluation du processus électoral actuellement suspendu, avant la publication d’un nouveau calendrier pour les élections provinciales, sénatoriales et locales».

Que faire ?

C’est le 2 août dernier que l’Union européenne a annoncé le déploiement d’une mission d’observation électorale au Congo démocratique pour couvrir les élections présidentielles et législatives organisées le 28 novembre 2011. Dirigée par l’eurodéputé Mariya Nedelcheva, la mission été envoyée dans le pays une dizaine de semaines avant les consultations politiques. «Cette décision s’inscrit dans la continuité du soutien politique de l’Union européenne envers ce processus démocratique et s’ajoute au soutien financier pour le cycle électoral qui s’élève à 47,5 millions d’euros» déclarait Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission.

Le 19 août, des Ong anglophones, soutenues par des députés européens – notamment Charles Tannock, Nirj Deva, Peter Stastny - ont organisé à Bruxelles un "dîner de prise de contact" à l’occasion du lancement d’une «campagne apolitique» dénommée «Free Fair DRC». Objectif : sensibiliser les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union européenne sur la nécessité pour la RD Congo d’organiser, en cette année 2011, des «élections libres et non partisanes». Les organisateurs de cette soirée soulignaient à cette occasion "que les consultations politiques de 2006 n’ont apporté aucun changement démocratique". L’Histoire se répète donc. Que faire? Un opposant politique joint jeudi soir au téléphone à Kinshasa de dire : «La réponse à votre question dépendra de la capacité d’indignation des Congolais face au fait accompli que certaines officines diplomatiques tentent de leur imposer. Les observateurs européens ont fait leur part de travail. Aux Congolais de faire la leur. Il leur incombe de se libérer de la frilosité ambiante pour conjurer la fatalité. Le peuple sénégalais viennent de nous montrer que ce sont les peuples qui font l’Histoire...».

Baudouin Amba Wetshi



A travers cette conclusion, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne impute la responsabilité de nombreuses irrégularités ayant émaillé les scrutins du 28 novembre dernier à la Commission dirigée par Daniel Ngoy Mulunda. Mme Mariya Nedelcheva, chef de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne en RDC a présenté hier jeudi 29 mars 2012 le rapport final de cette Mission sur l’ensemble du processus électoral en RDC. La présentation de ce rapport a eu lieu au Grand Hôtel de Kinshasa (GHK) à Gombo, en présence des Ambassadeurs de l’Ue accrédités en RDC, des acteurs de la société civile et représentants des partis politiques. Ce document important comprend les critiques formulées par la Moeue sur les élections organisées par la CENI le 28 novembre dernier et une série de recommandations.
Ce rapport présenté hier par Mme Nedelcheva Mariya est, à notre avis, un document creux qui, selon elle constitue un rapport technique de haute qualité pour tirer les leçons des élections à venir. Dans une série de recommandations formulées, la chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne en RDC plaide pour la restructuration de la  Commission électorale nationale Indépendante (CENI) en intégrant la société civile et en tenant compte de la configuration politique actuelle au niveau de l’Assemblée Nationale et de la parité.

Mme Mariya Nedelcheva a invité les acteurs politiques et de la société civile à lire attentivement ce rapport pour leur mise en application.
En effet, le rapport présenté hier par cette dame a soulevé le mécontentement au sein de l’assistance du fait de ce document semble être différent du rapport préliminaire présent par la MOEUE, attestant que les scrutins du 28 novembre dernier ont été entachés de graves irrégularités. Quel revirement pour cette dame et son institution qui, au lieu de présenter un rapport fiable et documenté, formulent une série de recommandations qui seront difficiles à appliquer, étant donné que le pouvoir actuel fait sourd d’oreilles aux critiques émanant de l’extérieur et de l’intérieur. Outre la restructuration de l’Administration électorale en RDC, Mme Mariya Nedelcheva recommande également la mise en place rapide de la Cour Constitutionnelle. En vue de prochaines élections, la MOEUE invite les autorités du Congo Kinshasa à ratifier la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui consacre la tenue régulière des scrutins transparents, libres et justes. Mme Mariya Nedelcheva qui a recommandé la restructuration de la Ceni afin de garantir la représentation de la société civile et la parité qui, selon elle, contribuerait à la transparence et la fiabilité pour le bon déroulement de prochaines élections. Pour ce faire, la MOEUE recommande aussi l’audit du fichier électoral par une structure indépendante et l’abolition des listes des omis ainsi que l’affichage des résultats au niveau des bureaux de vote dès le jour du scrutin. Concernant les droits humains, la MOEUE a recommandé la mise en place d’une commission d’enquête pour déterminer les responsabilités.

« En vue de prochaines élections, un travail important attend désormais les autorités congolaises et la société civile afin d’améliorer le déroulement des élections pour garantir la transparence et la fiabilité de la démocratie congolaise », dit-elle. « Seuls le dialogue et le consensus entre les différents acteurs du processus électoral permettront de faire avancer la démocratie en RDC, je souhaite que les recommandations de ce rapport puissent contribuer à la construction et au renforcement de la démocratie pour assurer la stabilité du pays, de la région et le respect des droits fondamentaux des citoyens congolais “, a-t-elle ajouté.
Aujourd’hui, la chef de la Mission d’observation électorale de L’UE en RDC distribue le matériel utilisé par les observateurs de la MOEUE à des organisations locales actives dans le processus démocratique.


GODE KALONJI MUKENDI

Désaveu du bureau de la CENI : la Majorité rejoint l’Opposition


Il est rare, dans les us et coutumes congolaises que les politiques de la mouvance au pouvoir et ceux de l’opposition parlent le même langage. A moins que le sujet concourt à leurs intérêts communs et personnels. Et le peuple qui est toujours la victime de leurs divisions oiseuses, s’est déjà habitué de leurs turpitudes. Il leur a déjà accordé une mesure de grâce perpétuelle. Il ne s’en émeut plus outre mesure. Tout le monde le sait. Même les enfants le disent : les politiciens sont des menteurs.

Ces prémisses peuvent déduire que lorsque les politiciens s’accordent sur une question, il faut toujours rechercher ce qu’ils n’ont pas dit.  Lors de sa dernière communication, l’informateur, le septuagénaire Charles Mwando Nsimba, a étonné les chevaliers de la plume et du micro. Suivons ensemble ce qu’il a exactement dit : «S’il est un point sur lequel les consultés, toutes tendances confondues, se sont accordés, c’est sur les ratés des élections». Le vieux Nsimba a souligné que tout le monde – majorité et opposition – propose le recadrage du système électoral et surtout la mise en place d’une nouvelle CENI. Curieux rapprochement tout de même !

Dans la tradition africaine, lorsque tous les sorciers du village s’accordent pour jeter un mauvais sort sur un enfant têtu, ce dernier a moins de chance de survivre. C’est le cas pour Ngoy Mulunda qui voit certainement la terre se  dérober petit-à-petit sous ses pieds. Tous réclament sa tête.

C’est donc clair. La messe est dite pour le pasteur-président de la CENI. Depuis l’imbroglio observé pendant la compilation des résultats des législatives, les «sorciers politiques» donnent à leur druide trop peu de chance de survivre à la tête de cette institution ô combien sensible. Les membres du bureau de la CENI sont avertis. Ils sont désormais sur une corde raide. Quitte à tenir bon et fort.

Question : qu’insinue exactement cet appel à la mise en place d’une nouvelle CENI ? Que cela sorte de la bouche des politiciens de la majorité eux-mêmes, il y a anguille sous roche. Il y a péril en la demeure.

Une autre question : si tel est le cas aujourd’hui, pourquoi ces mêmes cadres de la MP ont-ils proféré des insultes à l’endroit de l’Eglise catholique, surtout de son cardinal Laurent Monsengwo alors qu’il avait dit la même chose ?

Troisième question : entre ceux qui reconnaissent les «ratés des élections» de par la gravité des irrégularités et erreurs, et celui qui avait dit que «ces élections ne sont pas conformes à la justice ni à la vérité», quelle est la différence dans l’approche ?

RICH NGAPI




Le président de la Commission électorale nationale indépendante, Daniel Ngoy Mulunda, et son bureau ne savent plus à quel saint se vouer. Alors que le navire électoral tangue, le pasteur-président voit de plus en plus la terre se dérober sous ses pieds. Tous réclament sa tête. La démission du bureau de la CENI est plus que jamais d’actualité, la Majorité et l’Opposition émettant désormais sur une même longueur d’ondes, selon la dernière révélation de l’informateur, Charles Mwando Nsimba.

Les jours de l’actuel bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) seraient-ils comptés ? Toute la ville en parle. Apparemment, ce qui n’était qu’un simple vœu exprimé par une frange importante de la population commence de plus en plus à gagner du terrain… jusqu’au niveau de la Majorité qui reconnaît aujourd’hui l’échec de la CENI dans l’organisation de dernières élections de novembre 2011.

Charles Mwando Nsimba, informateur désigné par le chef de l’Etat, également membre influent de la Majorité, a reconnu, mercredi lors d’une conférence de presse, que la Majorité a rejoint finalement le point de vue défendu par l’Opposition concernant la mise à l’écart du bureau de la CENI. Curieux rapprochement alors qu’on aborde la ligne droite pour la nomination d’un Premier ministre.

Ainsi, après avoir longtemps hésité de reconnaître des irrégularités qui ont entouré la présidentielle et les législatives nationales du 28 novembre 2011, la Majorité est finalement revenue à la raison, rejoignant ainsi l’Opposition dans ses critiques virulentes d’un processus vicié. Comme l’Opposition, la Majorité reconnaît aujourd’hui la nécessité de recadrer le processus électoral. Une façon pour elle de désavouer l’actuel bureau de la CENI,  responsable, de l’avis de la Majorité tout comme de l’Opposition, de nombreuses erreurs qui ont émaillé le scrutin de novembre dernier.

Une nouvelle CENI

Après s’être flatté d’avoir accompli son travail dans un climat de «courtoisie et de respect mutuel», l’informateur a souligné un point sur lequel les consultés, toutes tendances confondues, se sont accordés : le raté des élections. Sur ce point précis, l’informateur a souligné que tout le monde – majorité et opposition – propose le recadrage du système électoral et surtout la mise en place d’une nouvelle Commission électorale nationale indépendante.

Cet appel à la mise en place d’une nouvelle CENI, sorti de la bouche des politiciens eux-mêmes, signifie la reconnaissance de graves irrégularités et erreurs qu’en son temps, l’Eglise catholique ainsi que d’autres ONG avaient dénoncées. Peut-être que s’accroche-t-on sur l’adage qui dit : «Mieux vaut de mauvaises élections que pas d’élections du tout».

Les révélations de Charles Mwando Nsimba tombent comme un couperet pour le pasteur-président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, qui continue à se vanter d’avoir organisé un scrutin suivant les normes de la transparence, de la liberté et de la démocratie. Aujourd’hui, comme il en a acquis l’habitude, l’homme doit certainement pleurer dans sa «langue du village», pour autant que son propre camp – c’est-à-dire la majorité – le renie. En pareil cas, on ne dira même pas que le pasteur a été poignardé dans le dos, le doyen Mwando Nsimba ayant fait sa déclaration en public, devant un parterre de journalistes.

Comme Jules César, je suis sûr que le pasteur Mulunda se complairait bien du fameux «Tu quoque, fili mi (Toi aussi, mon fils)» devant cette grande trahison de la Majorité. La douloureuse surprise de Jules César, quand il se vit attaqué par celui qui lui devait tout et qu’il considérait comme son fils, se rallie bien à ce que vit aujourd’hui le pasteur-président de la CENI. Lui qui a su obéir aux ordres pendant tout le processus électoral jusqu’à créer une majorité artificielle aux dernières législatives nationales. Aujourd’hui, comme un mal propre, le pasteur est jeté en pâture par ses anciens parrains. Il doit en souffrir certainement.

Toujours est-il que sa tête est mise à prix. Sa chute n’est plus qu’une question de jours, le temps de réajuster le jeu politique aux dernières conclusions des consultations menées par le doyen Mwando.


Faustin K

jeudi 29 mars 2012

RDC: les résultats des élections "ne sont pas crédibles"

RDC: les résultats des élections "ne sont pas crédibles"

AFP
Mis en ligne le 29/03/2012
La mission évoque "des nombreuses irrégularités et fraudes constatées lors du processus électoral".
Les résultats des élections présidentielle et législatives de fin 2011 en République démocratique du Congo "ne sont pas crédibles" en raison de "nombreuses irrégularités et fraudes", estime la Mission d'observation de l'Union européenne dans un rapport publié jeudi à Kinshasa.
La mission "considère que les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne sont pas crédibles à la lumière des nombreuses irrégularités et fraudes constatées lors du processus électoral", écrit-elle dans son rapport final sur ces scrutins remportés par le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila et l'alliance de partis qui l'ont soutenu.
La Mission d'observation de l'UE (MOE-UE) évoque notamment l'absence d'audit du fichier électoral, le "manque de transparence" lors du nettoyage de ce fichier, le vote sur simple présentation de la carte d'électeur de 3,2 millions d'électeurs, de "multiples incidents de fraude et de bourrages d'urnes" lors du vote le 28 novembre, ou encore une publication des résultats "caractérisée par un profond manque de transparence".
La MOE-UE recommande principalement la "restructuration" de la Céni en y incluant la société civile pour contribuer à "sa transparence, son indépendance et sa fiabilité", un audit du fichier électoral et la mise en place de la Cour constitutionnelle.
Le rôle de cette dernière est actuellement dévolue à la Cour suprême de justice, chargée du contentieux et de proclamer les résultats définitifs des élections, et dont l'indépendance a souvent été mise en cause

mercredi 28 mars 2012

La rencontre Kabila-Reynders divise la Belgique

Mercredi, 28 Mars 2012 14:39
Image d'archiveImage d'archive
« Nous n'allons quand même pas aller serrer la main de Kabila », soutient la NVA, parti qui passe actuellement pour le plus populaire en Belgique et qui exhorte le ministre des Affaires étrangères à ne pas franchir ce pas.

Les personnalités politiques belges Bart de Wever et Karl Vanlouwe ont signé un texte dans le journal néerlandophone “ De Morgen“ dans lequel ils critiquent la visite en RD-Congo du ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Ils lui reprochent notamment son manque de vision et le fait qu'il ne tienne pas compte du climat politique tendu en RDC. Les deux signataires lui conseillent d'ailleurs de ne pas serrer la main de Joseph Kabila“. Le titre donné à cet article est du Journal La Tempête des tropiques.

(Par Bart De Wever et Karl Vanlouwe - Tiré de De Morgen - 26/02/2012)

La visite de M. Didier Reynders, au Congo donne un mauvais signal. C'est ce que disent Bart De Wever, président de la N-VA, et Karl Vanlouwe, président de la commission des relations étrangères du Sénat.

Récemment l'Organisation des Nations Unies a publié un rapport sensationnel. Selon les Nations Unies, les forces de sécurité congolaises se sont rendues coupables de graves violations des droits de l'homme, lors des élections de novembre dernier, y compris de meurtre et de torture. En outre, il y a 265 personnes qui attendent en prison sans jugement.

 Au Cabinet des Affaires étrangères, dans la rue des Carmes, on reste silencieux comme l'année dernière au moment ou le président sortant Joseph Kabila a modifié la constitution pour assurer sa réélection. Même avant le dévoilement des chiffres officiels une réunion avec le ministre congolais des Affaires étrangères avait déjà eu lieu à Val Duchesse, loin des Affaires étrangères et du quartier Matonge, tout près de là.

 Les rapports sur les élections faits par l'Institut Carter et l'Union européenne étaient pourtant clairs. Dans certains districts, le taux de participation était de 100%, avec 99,9 % de vote pour le président sortant. Faut le faire. On pouvait à peine parler d'une compétition électorale loyale. C'était pourtant là la condition principale mise avant l'élection par notre pays au soutien financier -16,5 millions - pour les élections.

L'annonce officielle de la visite de Reynders a eu lieu il y a quelques semaines.

Notre ambassadeur à Kinshasa a souligné “l'excellente coopération entre la Belgique et le Congo, deux pays qui actuellement se trouvent dans une phase de dialogue permanent et constructif”. Le passage cité ci-déssus est symptomatique d'une absence totale de vision face au Congo. Sous le gouvernement arc-en-ciel, les liens avec le gouvernement de Kinshasa ont été consolidés. Le ministre des Affaires étrangères, alors Louis Michel, a donné la priorité absolue au Congo, mais les fréquentes visites n'ont- pas motivé Kabila, père et fils, à oeuvrer pour la démocratie ou le développement économique et social. Le niveau de vie du peuple congolais demeure l'un des plus bas au monde jusqu'à ce jour.

Une vision stratégique 

Le passage de Karel De Gucht, lui qui a eu le courage d'exprimer des critiques face au pouvoir à Kinshasa, a été sensationnel dans les salons diplomatiques. Mais il en résultait simplement une politique parallèle dans laquelle les anciens ministres André Flahaut et Armand De Decker maintenaient les contacts de haut niveau. De Gucht était à peine parti à la Commission Européenne, que le gouvernement acceptait la présence du Roi Albert à la cérémonie des 50 ans d'indépendance. Kabila ne pouvait imaginer un meilleur point de départ pour sa campagne un an plus tard.

Aujourd'hui, nos relations avec Kinshasa sont déterminées par la culpabilité historique, mais avant tout par des intérêts individuels, en particulier du côté francophone. Ce voyage-ci s'inscrit aussi dans le soutien aux intérêts économiques.

Personne ne conteste la nécessité de la diplomatie économique, en particulier en des temps difficiles. Mais ce ne doit pas être une justification pour légitimer un régime qui à travers des élections frauduleuses tente de rester au pouvoir. Et c'est ce qui arrivera. Notre ministre des Affaires étrangères est le premier ministre européen qui s'est rendu à Kinshasa.

Evidemment, ceci renforcera la position de Kabila sur la scène internationale, contre la volonté des Congolais. 

On ne peut pas attendre de notre diplomatie qu'elle intervienne partout. Les priorités doivent être analysées.

Au Congo, cependant, nous avons encore une influence. Il est donc surtouts, regrettable que nous l'utilisons pour légitimer Kabila. Elle est aussi peu constructive face à une politique européenne commune. La lettre de félicitations de M. Di Rupo adressée à Kabila, avant que le résultat soit connu de façon certaine, était déjà difficile à admettre. Sous la pression de l'Europe on a pu éviter qu'un membre de notre gouvernement n'assiste à la prestation de serment de Kabila. Aujourd'hui nous nous isolons de nouveau. Le commissaire européen pour l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva, a clairement une vision différente. Dans “De Standaard“ elle déclarait sans scrupules que, l'Etat congolais abandonne ses citoyens.

Nous appelons en premier lieu, le ministre des Affaires étrangères à développer une vision stratégique sur la politique du Congo, en consultation avec le parlement fédéral, les régions fédérées et la société civile. La diplomatie actuelle en ces matières crée la confusion. Mais ceux qui sont au pouvoir à Kinshasa doivent savoir que nous mettons des conditions à notre soutien, qui équivaut toujours à un montant annuel d'environ 120 millions d'euros.

Des conditions qui concernent le progrès et le développement démocratique, le respect des droits de l'homme, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Toutes conditions que le Congo ne remplit pas du tout. Dès aujourd'hui, Reynders pourrait déjà faire un geste, notamment de ne pas serrer la main du chef d'Etat