Pages

jeudi 19 janvier 2012

Pillage des minerais


Kigali sanctionne… silence à Kinshasa
Par  Le Potentiel
Du nouveau dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles du Congo, des minerais du sang. Le pouvoir de Kigali vient de sanctionner certains de ses officiers supérieurs de l’armée impliqués dans la fraude des minerais de la RDC, en complicité avec des Congolais. Sanction qui tombe juste au lendemain de la publication du rapport des experts de l’ONU accusant le Rwanda, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Burundi de servir de portes de sortie aux minerais congolais. Mais silence du côté de Kinshasa. Etonnant.

Quatre officiers rwandais sont accusés de commerce illégal des minerais en RDC. Ils sont présentés comme des proches du président Kagame. Il s’agit du lieutenant général Fred Ibingira, actuel commandant des forces réservistes ; du brigadier général Richard Rutatina, conseiller de la présidence en matière de sécurité, du brigadier général Wilson Gumisiliza, commandant de brigade de la région de l’Ouest et le colonel Dany Munyuza, bien connu dans les services de renseignements rwandais.

Ces quatre officiers sont en résidence surveillée depuis mardi 17 janvier 2012. D’après le porte - parole de l’armée rwandaise, le colonel Joseph Nzabamwita, ils sont poursuivis pour leur implication présumée dans le commerce illégal des minerais en RDC avec des civils congolais.
Le colonel Joseph Nzabamwita a ajouté que ces hauts officiers, ne sont pour le moment suspendus que provisoirement de leurs fonctions. La direction de l’armée considère que c’est une mesure disciplinaire alors que les enquêtes judiciaires continuent.

Pour le colonel Nzabamwita, le Rwanda s’est engagé à lutter contre le commerce illégal des minerais du Congo. Il a indiqué que ce sont ces militaires qui doivent en principe contrecarrer le commerce de ces minerais, mais une fois qu’ils sont soupçonnés impliqués dans le trafic, ils doivent être arrêtés.
En novembre 2011, le gouvernement rwandais avait remis à la RDC environ 81 mille Kg de cassitérite, de coltan et de wolframite. Ces minerais, en provenance du Nord-Kivu, avaient été introduits frauduleusement au Rwanda au mois d’avril 2011 avant d’être saisis par les services de sécurité Rwandais.

En début de mois, 600 kg de cassitérite ont été interceptés au poste frontalier de Gisenyi communément appelé «la grande barrière» séparant le Rwanda à la République démocratique du Congo.

Kinshasa se tait

Malheureusement, aucune réaction de la part de Kinshasa n’a été enregistrée jusqu’ici. Certes, lorsque le Rwanda avait remis les 81 mille Kg de cassitérite, de coltan et de wolframite, Kinshasa avait reconnu le fait. Mais depuis silence radio. Aujourd’hui que Kigali affirme clairement que ces militaires trafiquent en connivence avec des civils congolais, l’on attend à ce que Kinshasa apporte des éléments supplémentaires d’information dans cette lutte commune contre le trafic frauduleux des minerais de la RDC. Eventuellement, l’état de lieux de l’évolution de l’enquête sur ce dossier précis.

En effet, il est désormais clair que le trafic frauduleux des minerais est une réalité. Aucun pays voisin de la RDC ne peut plus le nier. Mais il revient en premier lieu à la République démocratique du Congo d’agir avec la plus grande fermeté au plan interne. Car, selon divers rapports, des officiers des FARDC se livrent également à ce commerce illégal des minerais. Soit en complicité avec leurs homologues rwandais, soit avec les rebelles rwandais, particulièrement les FDLR. Cette lutte contre le trafic illicite des minerais de sang ne peut porter des fruits que si sur le plan interne, les autorités congolaises prennent toutes les dispositions qui s’imposent et sanctionnent sévèrement tous ceux qui seront reconnus responsables de ce commerce illégal. Surtout que le message de Kigali est clair : des civils congolais sont concernés.

Kinshasa a donc l’obligation morale, politique et judiciaire d’agir avec efficacité quand on sait que ce sont ces minerais qui sont les nerfs de la guerre et de l’insécurité dans la partie Est de la RDC, précisément dans les deux Kivu. Mais aussi dans la région de l’Afrique des Grands Lacs. Raison pour laquelle la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, a décidé de la «certification des minerais de la région». Le dossier évolue positivement, avec des regards tournés vers la RDC pour accélérer la mise en œuvre de ce processus, à l’image de ce celui de Kimberley pour le diamant.

La donne onusienne et américaine

Cette évolution dans la lutte contre l’exploitation frauduleuse des minerais de la RDC n’est pas un geste spontané. Loin de là. Elle fait suite à deux éléments importants. Le premier a trait à la publication en décembre 2011 du rapport des experts de l’ONU sur le commerce illégal des richesses de la RDC. Dans la conclusion de leur rapport, les experts de l’ONU ont clairement mis en cause certains pays voisins de la RDC. Il s’agit particulièrement du Rwanda, de l’Ouganda, du Kenya, de la Tanzanie et du Burundi par où transitent frauduleusement les minerais de la RDC. Rapport qui corrobore avec les premiers éléments d’information du panel, toujours des experts de l’ONU. Mais jusqu’ à ce jour aucune sanction n’a été prise tant sur le plan international qu’au niveau de la RDC.

Le deuxième élément est bien sûr la donne américaine. En effet, depuis juillet 2010, la législation américaine soumet les pays voisins de la RDC à des pressions croissantes les poussant à démontrer que leur chaîne d’approvisionnement en minerais est irréprochable. Bien plus, Washington a promis de sanctionner sévèrement toute entreprise américaine qui achèterait ou commercialiserait les «minerais de sang » en provenance de la RDC. Cette décision américaine a fait que plusieurs sociétés qui tiraient profit de ce commerce illégal ont vidé les lieux, allant jusqu’à mettre certaines banques installées au Rwanda en difficulté. Car, à en croire des rumeurs persistantes et concordantes, ces banques auraient accordé des crédits à des « groupes bien connus » pour entretenir ce commerce illégal, quitte à rembourser les crédits après la vente des minerais. Or, la décision américaine les met en difficulté dans la mesure où ils ne trouvent pratiquement plus de preneurs ou des acheteurs.
Par ricochet, Kigali ne trouve plus son compte et ne voudrait pas du tout avoir des problèmes avec le gouvernement américain. D’où, ce revirement spectaculaire de situation pour paraître « clean ».

Evidemment, il revient maintenant à Kinshasa de se mettre au pas et ne plus protéger qui que ce soit. De deux choses, l’une : sanctionner au niveau interne pour porter un coup dur à ces trafiquants de minerais. Ou alors, prouver à la face du monde l’incapacité du Gouvernement congolais à rétablir l’ordre, à imposer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays.




Au tricheur


Par  RICH NGAPI
On se plaint à Idiofa. On sanglote à Kabongo. On accuse à Kabare. On dénonce à

Mbandaka. On pleure à Bumba. On menace à Mbuji-Mayi. On s’étonne à


Lubumbashi. Ça grogne à Kinshasa…. Les législatives ont-elles sonné le glas d’un

système qui a longtemps masqué la tricherie et le mensonge, les faisant passer

pour la vérité ?




De partout, tout le monde se sent embarrassé : gouvernement, opposition,


Société civile, experts internationaux,… tous crient au tricheur ! Même si c’est en

des termes différents, le dénominateur commun demeure : il y a d’énormes

erreurs et une tricherie quasiment planifiée.





«Apportez des preuves», rétorquent des illustres «tricheurs» accusés ou


supposés. Des preuves ! Ce n’est pas puisqu’un étudiant, tricheur de son état, n’a


pas été attrapé par le surveillant qu’il cesse de l’être. Aussi, en morale, un mal ne

se transforme pas en bien puisqu’il n’a pas été ébruité. Le mal reste le mal et le

bien reste le bien. On n’a pas besoin d’être attrapé en flagrant délit de tricherie


pour reconnaître qu’il y a eu tricherie le 28 novembre 2011. Que faites-vous alors 


de votre conscience ?





Dans son célèbre «jugement», le Roi Salomon n’avait pas exigé à l’une des

femmes qui se disputaient un enfant vivant la preuve de la maternité. Sage, c’est


lui, Salomon, qui a usé de sa sagesse pour retrouver la vraie mère de l’enfant.

Voulez-vous alors dire que dans notre cas, les Congolais auraient uniquement le

droit de voter mais pas celui d’élire ? Pourquoi, bon Dieu, ne veut-on pas


respecter la volonté du peuple si réellement, la démocratie est le pouvoir du

peuple, par le peuple et pour le peuple ?





Avec ces élections à la congolaise, tout le monde à travers le Congo profond

aurait sa vérité des urnes – puisque tous les résultats étaient affichés – sauf le


président pasteur et « sa » CENI. Décidemment, au Congo démocratique, la

démocratie devient un démon de division et, l’élection, une malédiction.






Sinon, pourquoi continue-t-on d’imposer au peuple une démocratie qui s’écrit à

reculons, à tâtons ; une démocratie accaparée par des manitous dont la seule et


unique préoccupation consiste à rechercher la jouissance, leur jouissance ? Mais,

tenez ceci pour dit, chers messieurs : le ventre du Congo remue de plus en plus


et les antidotes classiques ne servent plus à grand-chose. Il ne sert donc à rien


de «vouloir diriger par défi». Il faut une justice ainsi qu’un dialogue vrai et


sincère pour avancer vers la paix tant souhaitée par toutes les parties.