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lundi 17 septembre 2012

Bitakwira demande à Kabila de confesser son péché

Justin Bitakwira prédit la fin du système Kabila. Dans une interview accordée à « CONGONEWS», il ne trouve de salut pour Joseph Kabila que si celui-ci s’humilie pour demander pardon au peuple congolais. Son avis sur la mise en accusation du Chef de l’Etat pour «haute trahison» est très tranchant. Il trouve qu’il existe des éléments matériels qui en apportent la preuve, notamment dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. 








Justin Bitakwira prédit la fin du système Kabila. Dans une interview accordée à « CONGONEWS», il ne trouve de salut pour Joseph Kabila que si celui-ci s’humilie pour demander pardon au peuple congolais. Son avis sur la mise en accusation du Chef de l’Etat pour «haute trahison» est très tranchant. Il trouve qu’il existe des éléments matériels qui en apportent la preuve, notamment dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. 

Anselme Enengunga, Roger Lumbala et vous-même, êtes accusé de préparer une rébellion chez vous à Uvira. Qu’elle est votre point de vue à ces accusations?
Je vais porter plainte contre l’auteur de l’article. Je l’ai déjà dit dans une des agences de presse, que Roger Lumbala n’engage pas l’opposition politique congolaise et il faut prouver qu’il est effectivement en connivence avec les agresseurs de ce pays. Si on doit relayer les voyages des Congolais au Rwanda, je crois que Lumbala ne sera pas le champion.

Comment expliquez-vous ces accusations contre vous. Sont-elles gratuites ou viennent-elles d’une manipulation ou êtes-vous tout simplement visé?
Je ne suis pas du même parti politique que Lumbala et nous n’avons pas le même parcours. Nous sommes seulement de la même famille politique. C’est comme dans une église. Me lier avec les agresseurs de notre pays, c’est une accusation gratuite, parce que tous mes proches connaissent ma position virulente contre les pays voisins qui se devenus des maîtres et nous, leurs esclaves. Me voir aux côtés du Rwanda, Burundi ou de l’Ouganda, je crois que c’est mal me connaître. Je ne peux jamais être en connivence avec des pays qui ont tué chez nous. Mêmes ces négations qui se font à Kampala, mais, les troupes ougandaises et rwandaises se sont tirées à Kisangani. Dans notre armé, nous avons plein d’éléments des armées étrangères et certaines personnalités occupent des responsabilités importantes dans notre pays. Donc, tout le monde peut être soupçonné d’être de mèche avec le Rwanda.

On ne peut m’associer ni de près ni de loin de servir ceux qui ont violé et pillé nos richesses.

Venons-en aux enjeux de la session de septembre. Comment avez-vous jugé le discours de Minaku prononcé à l’occasion de la rentrée parlementaire?
J’ai jugé son discours positif et je l’ai pris pour un mea-culpa par rapport à ce que nous avons vécu en 2008 avec le président Vital Kamerhe. A travers ce discours, j’ai eu l’impression que le Congo va se libérer définitivement du joug rwandais. Mais, il faut que le président Joseph Kabila et sa majorité présentent les excuses au peuple congolais et au président Vital Kamerhe. Il y a 4 ans, nous leur avons dit qu’ils étaient entrain de brader la souveraineté congolaise, ils n’ont pas compris. Aujourd’hui, comme par hasard et comme l’histoire est tenue, nous entendons de la bouche de la majorité d’hier et celle d’aujourd’hui dire, devant les cameras du monde, que le Rwanda a agressé le Congo. C’est un retournement politique inimaginable auquel les Congolais ne pouvaient jamais s’attendre. Ce que j’ai encore retenu de ce discours, le président de l’Assemblée nationale a invité les députés de l’opposition et de la majorité à la cohésion. Ici, il ne faut pas escamoter les mots. Soit on traduit le président Kabila en justice pour haute trahison…

Vous êtes prêt à assumer, vous, cette mise en accusation pour haute trahison qui se prépare à l’opposition?
Je suis président de l’un des groupes parlementaires de l’opposition les plus importants. Pourquoi refuserai-je d’assumer cette mise en accusation.

Vous savez que le rapport de force ne peut pas vous permettre de faire aboutir cette démarche?
Si ça ne dépendait que de la majorité, le Congo n’existerait plus. C’est grâce aux résistants et le petit reste que nous sommes que le Congo vit encore. Alors que la majorité aveugle hier, semble ouvrir les yeux aujourd’hui. Nous avons ramené cette majorité à la raison. Maintenant, nous devons aller jusqu’au fond. C’est-à-dire, soit on présente la question de l’avenir du Congo autour d’une table, ce que nous appelons le débat national… 

Ça signifie pour vous, la mise accusation, vous la brandissez comme un moyen de chantage pour obtenir un dialogue avec Joseph Kabila?
Ce n’est pas un moyen de chantage. Nous sommes sérieux avec nous-mêmes et nous avons des éléments suffisants, qu’il y a une armée étrangère que le président de la République et son gouvernement ont gardé sur le sol congolais sans passer par le parlement et ce, à l’insu de peuple congolais. Ces mêmes éléments de l’armée rwandaise se retrouvent dans les territoires conquis par la rébellion. Comment expliquer que depuis 2009 ces militaires se trouvaient à Rutshuru? Qui y faisait la rébellion? Qui fournit le M23 en armes? C’était un décor déjà planté au Nord-Kivu. Pourquoi pas dans le Nord Katanga et dans l’Ituri? De retrouver toujours les mêmes rebelles, criminels depuis l’AFDL, RCD et CNDP nommé par Kinshasa à travers les Nord et Sud-Kivu. Pourquoi ces militaires ne sont pas dans d’autres provinces de la République par exemple le Bandundu, le Bas-Congo et les deux Kasaï? Vous allez trouver dans les Nord et Sud-Kivu plus de 250 officiers issus du CNDP. D’ailleurs pour montrer que la trahison est profonde, qui a remplacé Makenga, à Bukavu comme commandant des opérations, mais, c’est son compagnon d’armes, son meilleur ami de même groupe ethnique.

Vous envisagez la mise en accusation du chef de l’Etat sur cette question de l’Est et sur cette même question, vous avez apprêté une motion de censure contre le ministre de la défense. Vous voulez faire payer tout le monde à la fois?
Si moi j’étais un des conseillers de Joseph Kabila, je lui dirais un seul mot. Qu’il demande pardon pour tous les forfaits de complicités qui ont été commis avec le Rwanda dans le Nord et Sud-Kivu. De deux, je lui dirais comment le CNDP est encore membre de la majorité présidentielle alors que le M23 est sa rébellion. Je lui dirais encore que pourquoi sur le plan élémentaire de la diplomatie, on n’appelle pas en consultation notre ambassadeur en poste au Rwanda. Et je lui poserais la question de savoir pourquoi le ministre des Affaires étrangères ne convoque pas l’ambassadeur du Rwanda en poste chez nous ne fut ce que pour l’écouter sur toutes les allégations qui pèsent sur son pays. Je ne dis pas qu’il faut rompre les relations avec le Rwanda. Même pendant la guerre froide les Etats-Unis et la Russie ont gardé respectivement leurs ambassadeurs.

Vous ne répondez pas à notre question, quant à la motion contre le ministre de la défense?
S’agissant de cette motion de défiance, je dirais que ce sont les événements qui se sont précipitées. Vous trouverez que dans cette motion ne figure pas la question de la présence des militaires rwandais sous l’autorisation du gouvernement ou du président de la République Joseph Kabila sur le sol congolais. Les événements dépassent des limites, jusqu’au niveau du président de la République. Les querelles de 2008 entre Vital Kamerhe et ses anciens partenaires de la majorité donnent raison aujourd’hui au président de l’UNC. Je me répète que la chose la plus importante que Joseph Kabila peut faire aujourd’hui, c’est de demander pardon au peuple congolais. Avec ça, on peut rompre et l’accusation contre le chef de l’Etat et la motion contre le ministre. Il faut être humble, reconnaître ses fautes et demander pardon.

A cette même session, l’opposition attend élire son porte-parole. Croyez-vous que la majorité soit disposée à vous laisser les mains libres?
En fait, cette majorité qui viole la Constitution, je vous ai dit qu’il y a une armée étrangère qui opère chez nous sans l’accord du Parlement. Si la majorité veut faire obstruction à l’élection du porte-parole de l’opposition, ça serait la violation de la loi d’une manière permanente. Et l’histoire châtiera la majorité tôt ou tard. La phase dans laquelle nous sommes aujourd’hui, n’est pas différente de celle du sort de Mobutu 2, 3 ou 4 ans avant son départ.

Vous pensez que nous allons vers la fin du règne de Kabila?
Sincèrement, j’ai un troisième oeil pour lire les signes de temps. Je dis bien que si le président Kabila ne demande pas pardon au peuple congolais, si on ne met pas autour d’une table la question de l’agression de la RD-Congo par le Rwanda, qui est devenue permanente et qu’on en discute en se regardant dans les yeux, ça sera la fin du système. 



H.M. MUKEBAYI NKOSO