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vendredi 28 novembre 2014

Hollande met Kabila en garde:

 «On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel»




























Le président français François Hollande a mis en garde jeudi, à deux jours d’un sommet de la Francophonie à Dakar, les dirigeants africains qui seraient tentés de modifier la Constitution de leur pays pour rester au pouvoir, prenant l’exemple de la chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso.
Le départ forcé du pouvoir de Blaise Compaoré, « peut servir de leçon à beaucoup de chefs d’Etat, pas seulement en Afrique », a déclaré M. Hollande aux chaînes de télévision France 24 et TV5 Monde et à Radio France Internationale (RFI). « On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel », a-t-il lancé. Le président était interrogé notamment sur la situation de la République démocratique du Congo (RDC), du Congo (Brazzaville) ou du Rwanda.
« Quand on fait voter des peuples pour des Constitutions à travers des référendums, on ne peut pas les modifier impunément. Quand un chef d’Etat reste plusieurs mandats de suite, et qu’à un moment il est fixé une limite d’âge ou il est fixé un nombre de mandats qui ne peut pas être dépassé, il ne peut pas en être décidé autrement. C’est ce qui s’est passé au Burkina », a-t-il insisté.
« La France n’est pas en tutelle des pays africains »

Des manifestations populaires ont provoqué le 31 octobre la démission de M. Compaoré qui avait l’intention de réviser la Constitution afin de se maintenir au pouvoir, après 27 années de règne. M. Hollande a rappelé qu’il avait mis en garde M. Compaoré, et lui avait écrit pour lui proposer son soutien pour qu’il puisse prendre des responsabilités internationales en quittant le pouvoir dans son pays.
Interrogé sur les pays où les dirigeants peuvent rester en place sans limitation de temps, tels que le Tchad, le Cameroun, le Gabon ou le Togo, M. Hollande a estimé que dans ce cas, il fallait s’assurer que les élections soient « libres, plurielles et démocratiques ».
« La France n’est pas en tutelle des pays africains », a-t-il dit, citant comme exemple de bonne gouvernance la Tunisie, qui élit actuellement un nouveau président

jeudi 27 novembre 2014

Violences électorales du 26 novembre 2011 à Kinshasa :





 L’Opposition demande à la CPI de se saisir du dossier


26 novembre 2011- 26 novembre 2014 : il y a trois ans depuis que la ville de Kinshasa était plongée dans l’horreur, avec les violences électorales qui avaient émaillé la fin de la campagne de la présidentielle du 28 novembre 2014 en RDC.
Pour commémorer le troisième anniversaire de cette tragédie, qui a assené un coup dur à la jeune démocratie congolaise, les membres des Forces Politiques et Sociales pour l’Unité d’Actions se sont retrouvés avec leurs militants hier mercredi 26 novembre 2014 dans la commune de Kinshasa, à l’espace « Stadium », sur la route du cimetière de cette municipalité.
A cette occasion, le Secrétaire Général de I’UDPS, Bruno Mavungu, a demandé au nom de ses pairs de’ l’Opposition, à la CPI (Cour Pénale Internationale), dont les délégués étaient à Kinshasa à l’époque des faits, d’ouvrir un dossier judiciaire à charge des commanditaires et auteurs de ces tueries et violences physiques sur des militants sortis pour faire la fête à leurs candidats.

Tirant les leçons de cet épisode triste de l’histoire politique de la RDC, le Secrétaire Général de I’UDPS a exigé la convocation d’un dialogue national inclusif, conformément à l’Accord- cadre d’Addis-Abeba et à la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations — Unies, pour que les élections à venir soient apaisées et se passent selon un calendrier global concerté.
Dans sa déclaration de circonstance, Bruno Mavungu a rappelé que le 26 novembre 2011, le pouvoir avait donné l’ordre aux services de sécurité d’empêcher les candidats présidents de la République, Tshisekedi et Kamerhe, de clôturer leur campagne en beauté.
Le Secrétaire Général de I’UDPS a précisé que les militants de I’UDPS qui avaient fait le déplacement de l’aéroport de Ndjili pour accueillir le sphinx de Limete avaient été froidement abattus.

«Ces massacres se poursuivirent pendant les élections, même après la publication des résultats », a-t-il souligné, avant de déplorer le fait que les marches organisées par l’église catholique pour réclamer la vérité des urnes furent sévèrement réprimées, des églises vandalisées, des prêtres battus en plein culte, des lieux saints saccagés avec des pertes en vies humaines.
Mavungu a rappelé que la MONUSCO, Human Rights Watch ainsi que les ONG congolaises de défense des droits de l’homme avaient fait état de Congolais décapités, éventrés et jetés dans lé fleuve Congo ou dans des égouts, tandis que d’autres sont portés, disparus jusqu’à ce jour.
Ce haut cadre de ‘UDPS a martelé qu’en mémoire de toutes ces victimes, les Forces Politiques et Sociales pour l’Unité d’Actions ont décidé de décréter la date du 26 novembre de chaque année « Journée Nationale du Souvenir ».
Bruno Mavungu a saisi l’occasion pour dresser un tableau sombre de la situation sécuritaire de la RDC, gravement menacée à l’Est par des forces négatives venues des pays voisins, et au Katanga par des Bakata Katanga, un groupe armé instrumentalisé par des leaders de cette province.

Tout en dénonçant les manœuvres de la Majorité, qui cherche à s’éterniser au pouvoir à travers la proposition de la loi de Sessanga et la création de l’ONIP (Office National d’identification de la Population), Bruno Mavungu a mis en garde contre toute tentative d’opérer un glissement dans le calendrier électoral.
Le précité a condamné le musèlement de l’Opposition et de la presse à travers la répression des manifestations publiques pacifiques, des arrestations arbitraires des politiciens, des journalistes, des défenseurs des droits humains, et la fermeture des médias privés, dont récemment la radio Watanshi à Lubumbashi.
Il faut noter que la marche de l’Opposition initialement prévue pour le samedi 29 novembre2014, a été reportée à une date ultérieure.

Eric WEMBA
http://7sur7.cd/new/violences-electorales-du-26-novembre-2011-kinshasa-lopposition-demande-la-cpi-de-se-saisir-du-dossier/

mercredi 26 novembre 2014

Manœuvres politiques : Moïse Katumbi, démission du PPRD programmée !




Manœuvres politiques : Moïse Katumbi, démission du PPRD programmée !






















Absent de la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province, Moïse Katumbi séjourne depuis plus de deux mois à Londres, en Grande-Bretagne. Selon son entourage, il est en convalescence après avoir été l’objet d’un empoisonnement. A en croire la même source, son retour au pays est prévu d’ici la fin de l’année. La République Démocratique du Congo (RDC) qu’il pourra retrouver en changeant de « couleur politique ».
Le 31 octobre 2014, le jour de la fuite de Biaise Compaoré, le président du Burkina Faso, le site congoindependant.com, sous la plume de Baudouin Wetshi écrivait : « Lubumbashi, où est passé Moïse Katumbi ? » Il débutait son article avec cette phrase : « Selon plusieurs sources lushoises, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe n’a pas été vu en public au chef-lieu de l’ex-Shaba depuis un mois. D’aucuns le disent aux soins intensifs dans une clinique spécialisée en Europe.
D’autres laissent entendre qu’il serait en vacances. La rédaction de Congo Indépendant a tenté sans succès de joindre le ministre de l’Intérieur Richard Muyej, en séjour à Beni. Membre de la Majorité présidentielle, Moïse Katumbi est suspecté par ses amis politiques de nourrir des ambitions pour 2016. Dans la MP, il passe pour un adversaire. Une source n’a pas hésité à murmurer ces quelques mots lourds de sens : « Moïse Katumbi a été victime d’un empoisonnement au cyanure ». Cette information a été confirmée quelques jours par la presse belge qui a rapporté que l’empoisonnement du gouverneur du Katanga a été confirmé par un ministre congolais dont le nom n’a pas cité. Selon ce dernier, « l’empoisonnement de Moïse Katumbi a été diagnostiqué lors d’un check-up à Londres et il a passé un mois aux soins intensifs ».
Le son contraire de Kinshasa
A Kinshasa, on se dit être étonné par cette nouvelle. En effet, certaines autorités gouvernementales indiquent que le gouverneur du Katanga aurait adressé une lettre de demande de sortie pour voyager à l’étranger. Lettre dans laquelle Moïse Katumbi ne parlait pas des soins médicaux.
En attendant que des informations précises soient fournies par rapport à ce feuilleton, il y a lieu de parier que cette affaire ne restera sans conséquences sur le plan politique. «Si I‘empoisonnement de Moïse Katumbi est confirmé, ii y a lieu d’affirmer qu’il provoquera un tsunami politique au sein de sa formation politique, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie – PPRD -, nais au-si de la Majorité Présidentielle», avoue un cadre de la famille politique du chef de l’Etat, sous le couvert de l’anonymat.
Distances avec son parti
Selon certaines indiscrétions, il se murmure que Moïse Katumbi, le président interfédéral du PPRD/Katanga, pourrait prendre ses distances vis-à-vis de cette dernière formation aussitôt revenu au pays. Dans l’entourage du gouverneur du Katanga, l’on explique que le président du TP Mazembe ne serait plus chaud de faire route ensemble que ceux qui, à tort ou à raison, le considère comme un adversaire alors que l’homme s’est toujours coupé en mille et un morceaux pour défendre la vision politique de Joseph Kabila dans sa juridiction.
Certes, cette information est à prendre avec des pincettes, mais l’entourage de celui qui passe pour l’un des hommes les plus riches de la RDC, on digère très mal ce qui est arrivé à leur «champion». Où ira Moïse Katumbi si jamais il démissionnait du PPRD ? Va-t-il suivre Me Jean-Claude Muyambo, cadre de la MP/Katanga, qui vient de rejoindre l’Opposition ?
Une chose reste sûre : un départ de Moïse Katumbi du PPRD et de la MP, pourrait changer la donne politique et au Katanga et au sein de la famille politique du chef de l’Etat. Sinon, sur l’échiquier national.
CONGO NOUVEAU
http://7sur7.cd/new/manoeuvres-politiques-moise-katumbi-demission-du-pprd-programmee/

Kabila fragilisé par la guerre des clans !






Profond malaise à la majorité présidentielle : Kabila fragilisé par la guerre des clans !


Au-delà des apparences étouffées, plus rien ne va à la majorité présidentielle. Au cœur du malaise, une bataille pour la succession divise les caciques du régime qui gravitent tantôt autour d’Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale et Coordonnateur de la MP tantôt autour de Matata Ponyo, le Premier ministre. Selon des sources dignes de foi, des réunions se multiplient ces derniers jours sur l’avenue du Flambeau, à l‘Hôtel de Fleuve et dans certaines résidences huppées de la Gombe pour monter des stratégies de survie du régime et voir l’orientation à donner aux recommandations des concertations nationales.
La cohésion menacée
L’opinion se souviendra qu’à l’issue des concertations nationales, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku était désigné pour représenter la majorité présidentielle au Présidium chargé du suivi de la mise en œuvre des recommandations des concertations nationales et Léon Kengo, géniteur de l’invisible gouvernement de cohésion, devait représenter les forces de l’opposition.
Des indiscrétions révèlent que dans la quête de l’homme providentiel pour conduire le fameux gouvernement, la plupart de bonzes de la majorité présidentielle était tombée d’accord sur une personne de confiance de l’Autorité morale et qui devrait reconnaître les recommandations des concertations nationales.
C’est la personne d’Aubin Minaku qui, selon certaines langues, devrait prendre la conduite de l’Exécutif au nom du PPRD et laisser ainsi au Secrétaire général du parti présidentiel de prendre la tête de l’hémicycle. Les dés étaient ainsi joués pour fédérer toutes les forces politiques du pays autour de l’ « objectif ultime ».
Cependant, cette option a rencontré une ferme résistance d’un autre camp de conservateurs fidèle à Matata. Ce camp a mené un lobbying sans précédent pour faire échec à l’exécution des recommandations des concertations nationales. L’enjeu serait de garder le fauteuil de l’Exécutif que lui contestent cependant, bon nombre de bonzes de la famille présidentielle. « Matata n’a aucun poids ni dans le PPRD ni dans la majorité ; on ne peut pas comprendre qu’il bénéficie d’une si haute fonction stratégique pour l’avenir de Joseph Kabila », a martelé sous le sceau de l’anonymat un cadre de la majorité présidentielle.
Des motions pour tomber Matata
En dépit de l’appel à la cohésion lancé dernièrement par le chef de l’Etat à Kingakati, la guerre est déjà ouverte et le compte à rebours a commencé. Des motions de défiance vont se multiplier à l’Assemblée nationale pour mettre la tête de Matata à prix, indiquent des sources concordantes. Même si la motion Busa vise Patrice Kitebi, le ministre délégué auprès du Premier ministre en charge des Finances, des observateurs avisés pensent qu’il s’agit du chef du gouvernement qui est dans l’œil du cyclone. Comment peut-on comprendre que des documents brandis par les députés motionnaires Lucien Busa, Clément Kanku, Awenze pour enfoncer Matata Ponyo viennent des entreprises gérées par les cadres de la majorité ? Complicité !
Des sources de la présidence indiquent que la motion de défiance aurait atteint ses effets si le président de la république n’avait pas éloigné Minaku à Lusaka pour le représenter aux funérailles de son homologue zambien.
Face à ce qui précède, force est de constater que le président de la République est fragilisé par ses propres collaborateurs. Là où les uns se préoccupent de conserver leurs positions, les autres voient les lendemains. Il appartient donc à l’autorité morale de prendre la balle au bond afin d’éviter l’expérience burkinabé. Le 06 décembre 2014, c’est déjà dans deux semaines. La Nation attendra sans doute des options claires face aux résultats des concertations nationales.
Martinez Ngyaluka
http://7sur7.cd/new/profond-malaise-la-majorite-presidentielle-kabila-fragilise-par-la-guerre-des-clans/

mercredi 19 novembre 2014

Majorité présidentielle : Muyambo dit adieu à la "ferme de Kingakati". Une première.

Majorité présidentielle :
Muyambo dit adieu à la "ferme de Kingakati". Une première.

L’avocat Jean-Claude Muyambo Kyassa, président de la Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement (Scode)


La ferme de Kingakati est ce «ranch» situé à 80 kilomètres de Kinshasa où «Joseph Kabila» a l’habitude de réunir les «manitous» de sa mouvance dite «Majorité présidentielle» (MP) pour cogiter sur les intérêts de l’oligarchie en place. Devenu opposant, Muyambo n’y sera plus invité. Le problème? Depuis le mois de juin 2013, un seul sujet occupe les esprits : la révision constitutionnelle. Les proches de «Kabila» ne parlent plus que de ça. L’intéressé, lui, n’a jamais pris position en public. Au grand dam de l’opinion. Un silence qui ne trompe personne sur le "rêve" du locataire du Palais de la Nation de briguer un troisième mandat. Le 30 août dernier, à la surprise générale, Jean-Claude Muyambo Kyassa (JCMK), président du parti «Scode» (Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement), créait l’événement en annonçant l’hostilité de sa formation politique à toute modification de la charte fondamentale. «Il n’a jamais été question dans nos engagements que le président Kabila brigue un troisième mandat, dit-il. En 2016, il faut qu’il y ait l’alternance». Une prise de position accueillie comme une "déclaration de guerre" du fait notamment de la symbolique. Natif de la province du Katanga laquelle passe, à tort ou à raison, pour le «fief» du « raïs », Muyambo n’est donc pas n’importe qui. Pire, c’est la première fois que le pouvoir kabiliste est "défié" dans son «environnement naturel». Le «clan» accuse des fissures à un moment crucial. Samedi 15 novembre, «JCMK» est revenu à la charge en claquant purement et simplement la porte de la majorité. En cause, l’interdiction, par les autorités du Kasaï Oriental, d’un meeting qu’il devait animer à Mbuji Mayi. Dimanche 16 novembre, le très bouillant président de Scode a répondu à quelques questions de Congo Indépendant depuis Lubumbashi. Entretien.
"Exhorter la population de Mbuji-Mayi à rejeter toute idée de révision constitutionnelle". "Exiger de la Commission électorale nationale indépendante la publication d’un calendrier électoral global". Ce sont les deux messages fondamentaux que le président de Scode escomptait décliner devant les militants de son parti à Mbuji-Mayi. Le voyage n’a pas eu lieu. Les autorités provinciales du Kasaï Oriental ont interdit l’atterrissage de l’avion qui transportait la délégation venue de l’ex-capitale du cuivre. La suite est connue : cette formation politique a décidé de quitter la "Majorité présidentielle".

Soixante-douze heures après ce coup de gueule de Jean-Claude Muyambo Kyassa, le pouvoir kabiliste se fait discret. Une "sagesse" pour le moins inhabituelle. Le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, qui affectionne la posture d’«aboyeur de la République» est aphone. Il a sans doute besoin de quelques "pastilles" pour soigner sa gorge. Une «riposte foudroyante» serait-elle en préparation dans le camp présidentiel? Les «sages» de la «MP» auraient-ils convaincu les «durs» du régime de laisser passer l’ouragan afin de «banaliser» la prise de position de l’enfant terrible du Katanga ? Deux questions qui restent sans réponse. Pour l’instant. Reste que c’est un sacré pavé que Muyambo a jeté dans la mare du « clan kabiliste ». Sans vouloir jouer au devin, on peut gager que plus rien ne sera comme avant. Le "rais" est nu!

"Compaoré a quitté le pouvoir par la petite porte...

A Lubumbashi, «JCMK» ne trouve pas des mots assez durs pour fustiger ses
«ex-amis» de la majorité. Inutile de dire que l’ombre de «Joseph Kabila» est constamment en filigrane. Et ce, même si le locuteur clame "n’avoir rien contre le chef de l’Etat".

In tempore non suspecto, le président de Scode avait critiqué le projet du président Blaise Compaoré de modifier l’article 37 de la Constitution du Burkina Faso pour lui permettre de briguer un cinquième mandat. «C’est un conseil que je voulais donner au président Blaise Compaoré, dit-il. Je me demande aujourd’hui s’il avait de bons collaborateurs autour de lui. Je constate que l’ancien président avait préféré écouter les faucons de son entourage. Le résultat est là : il a quitté le pouvoir par la petite porte. Compaoré a eu tort de n’avoir pas compris qu’un vent nouveau souffle en Afrique et qu’il devait se contenter de terminer son mandat en décembre 2015».

Pour Muyabo, la chute de Compaoré est un message adressé autres dirigeants africains incapables de résister à la tentation de s’accrocher au pouvoir. « Si la modification de la Constitution avait réussi au Burkina, les autres dirigeants du continent allaient considérer ce fait comme un incitant pour agir dans le même sens», souligne l’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi avant de revenir sur la position qu’il a exprimée le 30 août contre la modification de la loi fondamentale au Congo-Kinshasa. Cette annonce traduit-elle l’opinion générale au Katanga comme l’avait écrit un journal local ? Pour l’avocat lushois, le refus de l’amendement des articles de la Constitution procède d’un sentiment général qui prévaut non seulement au Sud mais aussi au Nord, à l’Est et à l’Ouest du pays. «Tout le monde dit non à la révision constitutionnelle, c’est ça la vérité », dit-il. Et d’ajouter : « Des membres du gouvernement dépêchés dans l’arrière-pays pour sensibiliser la population sur l’idée de révision constitutionnelle sont rentrés bredouilles sans obtenir l’adhésion populaire ». « Pourquoi n’ont-ils pas eu le courage de dire la vérité au Chef ?», s’est-il interrogé en soulignant que la position prise par son parti procède de la "volonté populaire".

Pour amener Muyambo à expliciter sa pensée, il n’était pas sans intérêt de lui demander si l’opposition à la modification de la Constitution découle de l’interdiction contenue dans les articles 70 et 220 ou plutôt des déceptions du fait des promesses non tenues par «Joseph Kabila»? Réponse : «Il y a tout d’abord l’interdiction contenue dans la Constitution. Il y a ensuite la misère totale. Les gens ne mangent pas à leur faim. Trouvez-vous normal qu’il y ait des localités où la population ne peut même pas avoir du savon et du sel ?». «Le président Kabila a fait ce qu’il pouvait faire, poursuit-il. Il a arrangé des routes. Il a construit des hôpitaux. Mais, il n’a jamais été question dans notre engagement qu’il puisse briguer un troisième mandat. Il appartenait à la majorité présidentielle de désigner un candidat à la présidentielle de 2016. Dans le cas contraire, je considère qu’il s’agit d’une conspiration contre le peuple».

Le peuple congolais mange par « délestage »

Jean-Claude Muyambo se serait-il exprimé avec la même intransigeance s’il était encore aux affaires ? «Le problème n’est pas là, tonne-t-il. Dès que j’ai commencé à faire savoir mon opposition à la révision constitutionnelle, j’ai été contacté pour entrer au gouvernement. Je peux vous assurer que l’entrée dans l’exécutif n’a jamais été dans mes calculs. Je suis devenu ministre en 2007 grâce à feu Guillaume Samba Kaputo. Il est temps qu’on change les mœurs politiques dans ce pays. Il est temps également que les hommes politiques apprennent à dire la vérité et à se mettre du côté de la population». Il poursuit : «Pour moi, il est immoral que je puisse manger trois fois par jour, alors que la population mange par délestage. A midi, papa et quelques enfants passent à table ; le soir ou le lendemain c’est le tour de la maman et d’autres enfants de manger...».

Dans ses déclarations liminaires, « JCMK » a annoncé son entrée dans l’opposition. Peut-on devenir un opposant crédible après avoir appartenu à la majorité présidentielle durant une dizaine d’années ? Réponse : «Mon opposition ne date pas d’aujourd’hui. Tout en étant membre de la majorité, j’avais l’habitude de formuler des critiques. Je n’ai pas été entendu».

Revenant sur l’incident survenu le samedi 15 novembre, il raconte : «J’ai été particulièrement choqué par ce que j’ai vécu le samedi. En ma qualité de membre de la majorité présidentielle, j’ai introduit ma requête le 4 octobre à la mairie de Mbuji-Mayi pour tenir une matinée politique. J’ai reçu une réponse positive. J’ai même payé les frais exigés. Quatre jours avant la manifestation, le maire adjoint a le culot de me signifier l’impossibilité de tenir ce meeting. Au motif qu’il y avait un problème de bandits armés dans la ville. Selon la Constitution, les organisateurs d’une manifestation publique doivent informer les autorités compétentes. Ce qui a été fait. Notre parti était prêt à prendre en charge le maintien de l’ordre.» «Je ne peux en aucun cas accepter cette façon de se comporter. Voilà pourquoi j’ai décidé de quitter la majorité ».

"Moïse Katumbi est mon frère"

Quel est le message qu’il comptait transmettre aux habitants de Mbuji-Mayi ? La réponse tombe comme un couperet : « J’avais deux messages. Primo : refuser toute modification de la Constitution pour éviter au pays de sombrer dans le chaos. Secundo : exiger de la Commission électorale nationale indépendante la publication du "calendrier global" des élections ». Pour Muyambo, ce n’est qu’à ces deux conditions que le Congo-Kinshasa "pourra éviter" ce qui s’est passé au Burkina Faso.

Lors de sa prise de position le 30 août, "JCMK" avait laissé entendre que plusieus autres personnalités allaient lui emboiter le pas. Trois mois après, rien ne s’est passé. C’est le silence plat. Ne se sent-il pas «un peu seul» ? «Pas du tout, dit-il. Le temps va me donner raison». Quel est l’état de ses relations avec le gouverneur de la Province du Katanga Moïse Katumbi Chapwe ? «Le gouverneur Katumbi est avant tout mon frère, dit-il. Certes, nous avons eu quelques différends comme cela arrive dans toutes les familles. Ces problèmes appartiennent désormais au passé. Sur le plan politique, je suis désormais dans l’opposition alors que lui est au pouvoir». A-t-il des nouvelles de «Moïse» ? Réponse sans fioritures : «Il a eu des ennuis de santé. Il a été empoisonné. Je ne suis pas en mesure de vous dire qui a voulu attenter à sa vie. D’ailleurs votre journal a parlé d’empoisonnement. Pour le moment, le gouverneur Katumbi reçoit des soins à l’étranger. Aux dernières nouvelles, il va mieux ». Ces informations émanent-elles de sources crédibles ? Il conclut : « Je vous dis que Moïse Katumbi est mon frère… »


Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2014

Gouvernement avant le 30 novembre : Boshab, Kiakwama … Vice-premiers ministres





Attendu depuis le 23 octobre 2013, le Gouvernement dit cohésion nationale pourrait finalement voir le jour avant la fin de ce mois de novembre. Des sources proches du Palais de la Nation renseignent qu’il devrait être publié avant le déplacement du chef de l’Etat vers Dakar, au Sénégal, où il devra participer, à partir du 27 novembre, au prochain Sommet & la Francophonie.
Avant la publication du nouveau Gouvernement, quelques indices sont donnés en ce qui concerne le contour de la future équipe gouvernementale. Ainsi, il nous revient d’apprendre que le prochain gouvernement central, conduit probablement, par l’actuel Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, comprendra trois Vice-Premiers ministres.
Les trois personnes nommées aux postes indiqués ci-haut, seront chargées, chacune, de s’occuper d’un secteur donné de la vie. Il s’agit des secteurs politiques, économique et social. En plus, les trois Vice-Premiers ministres viendront du Kasaï-Occidental, Bas-Congo et du Bandundu.

Les trois élus
Selon plusieurs sources, Evariste Boshab, Secrétaire général du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), originaire du Kasaï-Occidental, devrait être nommé Vice- Premier ministre et ministre de l’intérieur, Comme on peut le noter. Il sera chargé du secteur politique et de la sécurité. Le second pourrait être Gilbert Kiakwama Kia Kiziki. Acteur politique de l’Opposition, coté proche de Léon Kengo, l’autorité morale de l’Opposition Républicaine (celle qui avait pris part aux travaux des Concertations nationales), cet originaire de la province du Bas-Congo devrait être nommé Vice-Premier et ministre de l’Economie.
Le troisième Vice-Premier ministre, comme renseignent les sources, devrait être originaire de la province du Bandundu. De quel parti politique viendra-t-il ? C’est celle-là la grande question. Mais à en croire plusieurs sources, le troisième Vice-Premier qui s’occupera du secteur social, sera désigné par le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) que dirige le patriarche Antoine Gizenga. Le nom de Godefroid Mayobo, ancien ministre près le Premier ministre Antoine Gizenga et député élu du Kwango, circule du côté du Palu. Il serait mieux positionné pour occuper ce poste pour le compte de son parti.

Willy Makiashi ou Sabin Mashini ?
Selon des indiscrétions, le parti d’Antoine Gizenga réclamait encore la Primature après l’avoir occupée entre 2007 et 2011. Ainsi, faute «avoir obtenu la direction du Gouvernement dit de cohésion nationale, le PALU aurait obtenu une Vice-Primature. En plus, le PALU aurait en plus récupéré le ministère du Budget alors que ce dernier département est dirigé par Daniel Mukoko qui se réclame du parti Gizenga.
En effet, Daniel Mukoko Samba, bien que vouant publiquement sa loyauté au patriarche Gizenga, est qualifié de cadre « tiède » par certains proches du leader historique du Palu. Dans les milieux du plus vieux parti de l’Opposition, on souligne même qu’il avait dirigé le cabinet d’Adolphe Muzito, alors Premier ministre, plus comme ami de ce dernier et non comme militant ou cadre du parti.
Pour diriger le ministère de Budget, deux noms sont cités du côté du Palu : il s’agit de Willy Makiashi (Secrétaire permanent et porte-parole du parti) et de Sabin Mashini, actuellement Directeur de cabinet de Daniel Mukoko.


CN

http://7sur7.cd/new/gouvernement-30-novembre-boshab-kiakwama-vice-premiers-ministres/

mardi 18 novembre 2014

RDC: 80 morts ou disparus dans une opération anti-banditisme à Kinshasa, selon HRW






RDC: 80 morts ou disparus dans une opération anti-banditisme à Kinshasa, selon HRW



L’ONG américaine Human Rights Watch a dénoncé mardi la mort ou la disparition de plus de quatre-vingts personnes victimes selon elle de violences policières lors d’une grande opération antibanditisme à Kinshasa entre novembre 2013 et février 2014.

« En l?espace de trois mois, des policiers qui ont participé à ‘l’opération Likofi’ ['coup de poing', en lingala] ont exécuté de manière extrajudiciaire au moins 51 jeunes hommes et adolescents, et ont soumis 33 autres à des disparitions forcées », écrit l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport.

Entre novembre 2013 et février le gouvernement congolais a lancé une vaste opération antibanditisme visant à mettre fin aux crimes perpétrés par les membres de bandes organisées appelés « kuluna ». Nombre de critiques, au sein de la société congolaise, s’étaient alors élevées contre la brutalité de cette opération.

En octobre, Kinshasa avait expulsé le chef du bureau pour les droits de l’Homme de l’ONU en RDC, Scott Campbell, après la publication d’un rapport établi par son service et qui établissait à 41 au minimum le nombre des victimes de cette opération (neuf « exécutions sommaires » et 32 « disparitions forcées »).
Les policiers qui ont participé à l’opération Likofi ont souvent agi de façon « illégale et brutale », écrit HRW dans son rapport d’une soixantaine de pages.

Comme l’ONU, HRW note que des policiers en uniforme, « le visage dissimulé par des cagoules noires », ont traîné sous la menace des armes leurs victimes hors de chez eux, la nuit, sans mandats d?arrêt, avant de les abattre, souvent devant des membres de la famille et des voisins. D’autres ont été arrêtés et exécutés dans les marchés ouverts où ils dormaient ou travaillaient, ou bien sur des terrains à proximité ou dans des espaces isolés, ajoute le rapport.

« Au début, écrit l’ONG, la police semblait utiliser ses tactiques brutales comme avertissement pour les autres. De nombreuses victimes ont été battues et humiliées en public par la police avant d?être assassinées.  »

« Dans plusieurs cas, les policiers laissaient le corps dans la rue, peut-être pour effrayer les autres, et ne le récupéraient que plus tard pour le transférer aux morgues de la ville », ajoute HRW, pour qui le nombre des victimes de l’opération Likofi « est probablement supérieur » aux cas qu’elle dit avoir documentés à partir d’entretiens avec une centaine de personnes (témoins, proches des victimes, policiers).

Notant que l’opération Likofi avait pour but de mettre fin à la criminalité en bande à Kinshasa et que les « kuluna » s’étaient rendus responsables de nombreux crimes graves depuis plusieurs années, HRW déplore que celle-ci n’ait « pas fait progresser l?État de droit » en RDC, mais qu’elle « en a plutôt été la négation ».

L’ONG demande aux autorités de « suspendre immédiatement » le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, et « d’ouvrir une enquête judiciaire sur son rôle présumé dans les exactions commises lors de cette opération ».
En réponse aux accusations du rapport de l’ONU, le ministre de l’Intérieur congolais Richard Muyej avait déclaré que « le personnel de l’opération Likofi n’agissait pas en cagoule ».
Le ministre avait également communiqué la liste d’une trentaine de membres de la police condamnés pour leur comportement dans l’opération Likofi, dont cinq pour meurtre ou homicide involontaire, et 2 pour enlèvement ou détention arbitraire.

http://7sur7.cd/new/rdc-80-morts-disparus-operation-anti-banditisme-kinshasa-selon-hrw/

lundi 17 novembre 2014

Dossier Spécial DESC – RD Congo :



 Beni, ville martyre de l’affrontement Kabila – Mbusa Nyamwisi




 Cela fait plusieurs semaines que DESC tente de décrypter la situation complexe qui endeuille la ville de Beni. Le présent article, fruit d’une analyse rigoureuse, sans complaisance et exempte de toute émotivité, effectuée par les analystes de DESC, permet d’éclairer nos lecteurs sur les enjeux politiques et géopolitiques nationaux et régionaux sous-jacents de l’insécurité qui prévaut dans cette ville du Grand Nord au Nord-Kivu. La valeur ajoutée de cette analyse, dans le scenario d’un conflit qui perdure et aux contours flous, c’est d’être parvenu à identifier les acteurs majeurs de la crise.

1. Un climat politique local exécrable

Les tueries de Beni se produisent dans un environnement politique assez exécrable marqué par un vieux conflit de leadership dans le Grand Nord (le Pays des Nandes – territoires de Beni et de Lubero) opposant deux camps : les kabilistes d’un côté, les fidèles de Mbusa Nyamwisi de l’autre. La principale figure locale du kabilisme est le maire de Beni Nyonyi Bwanakawa, ancien ministre de l’Enseignement (2006-2007). Il est issu de l’une des plus influentes familles de Beni. Nyonyi fut, pendant la Deuxième Guerre du Congo, membre du RCD-KML de Mbusa avant de faire dissension. Il rejoignit le MLC de Jean-Pierre Bemba puis le PPRD. Le gouverneur Julien Paluku est l’autre figure locale du kabilisme. Une troisième figure du kabilisme, mais qui opère masqué pour des raisons évidentes, est l’abbé Apollinaire Malu Malu, le Président de la CENI. Son conflit avec Nyamwisi est de notoriété publique, un conflit dans lequel il bénéficie du soutien de Mgr Melchisédech Sikuli, l’évêque de Butembo-Beni.

Selon plusieurs sources locales fiables, contrairement à Mgr Monsengwo, Mgr Sikuli entretient de bons rapports avec le Raïs, certainement à cause de l’influence que l’abbé Malu Malu exerce sur l’évêché et la principale université du Grand Nord, l’Université catholique du Graben basée à Butembo. Dans cet environnement, Mbusa Nyamwisi est considéré dans une grande partie de l’élite locale, et même des élites Nande, comme un infréquentable, ce qui ne signifie pas que les kabilistes sont portés par les couches populaires, bien au contraire. Les kabilistes du Grand Nord sont essentiellement des opportunistes profiteurs du régime en place, et qu’ils s’accommoderaient de tout autre régime. Du coup Mbusa, même infréquentable, apparaît dans les couches populaires majoritairement hostiles à Kabila, comme le plus solide des recours des populations Nandes dans la perspective de prochaines échéances électorales, ce qui ne peut qu’alimenter la frustration et la hostilité des kabilistes à son encontre.

C’est à ce conflit qu’il faut attribuer l’acte de vandalisme de la nuit du 7 novembre 2014 au cours de laquelle la statue d’Enoch Nyamwisi Muvingi, le grand-frère de Mbusa Nyamwisi, a été amputée du bras gauche et de la tête, probablement au titre de représailles après la destruction, le 2 novembre dernier, de la statue de Joseph Kabila par une foule en colère. Cette foule n’était pas formée des partisans de Mbusa. C’était juste des gens en colère qui protestaient contre les massacres. Quel que fût le président qui aurait été au pouvoir à Kinshasa, sa statue (s’il en avait une) aurait été tout autant détruite à Beni après les tueries. La destruction de la statue d’Enoch Nyamwisi est donc un acte attribué aux kabilistes qu’un analyste de Beni trouve à la fois stupide et une provocation qui pourrait envenimer une situation déjà explosive.
A ce propos, nous relatons ici un extrait d’échange que nous avons eu avec un habitant de Beni :
08/11/2014 11:21 Contact à Beni :
« M. Wondo, après la destruction de la statue du Président Kabila, un couvre-feu est arrivé à sa troisième nuit. Curieusement, cette dernière nuit, c’est la statue du feu Nyamwisi Muvingi (grand frère de Mbusa Nyamwisi) qui a été profanée en lui arrachant la tête et les bras. Qui d’autre pouvait le faire au milieu de la nuit alors que toute circulation s’arrête à 18h30? Seul le pouvoir peut répondre à la question. Règlement de compte? Avant-hier, le Gouverneur a nommé d’autres chefs de quartiers en lieu et place de ceux appartenant aux partis de l’opposition. »
Les lecteurs se rendront vite compte que la situation politique à Beni est très délicate et pré-explosive. Mais la complexité ne s’arrête pas là.

2. Milices et criminalité




































Mbusa Nyamwisi disposait d’une petite armée, l’APC, mais dont les hommes n’ont pas vraiment profité de l’environnement créé par la réunification du pays en 2002-2003. Il a toutefois réussi à les gérer tant qu’il était dans les bonnes grâces du régime de Kinshasa. Mais depuis sa rupture avec Kabila, et son alliance avec Vital Kamerhe, Mbusa assiste impuissant au calvaire de ses hommes, parfois victimes d’une chasse aux sorcières. Le groupe s’est dispersé et on peut retrouver ses membres dans toute sorte d’activité, y compris criminelles. Dans leur Rapport S-2012-843 de novembre 2012, les experts de l’ONU croient savoir que les hommes de Mbusa Nyamwisi opèrent derrière la FOLK[1] du chef maï-maï Bana Sultani Selly, alias « Kava wa Selly » dans la vallée de la Semliki[2]. Par ailleurs, dans un entretien de juin 2013, Mgr Melchisédech Sikuli a qualifié Mbusa, sans le nommer, de bandit[3]. Le prélat était toujours sous le coup de l’enlèvement des prêtres assomptionnistes Jean-Pierre Ndulani, Edmond Kisughu et Anselme Wasukundi. Les trois hommes de Dieu avaient été enlevés le 19 octobre 2012 à leur résidence de Mbau (20 km de Beni). Mgr Sikuli a toujours considéré que les hommes de Mbusa sont derrière ces enlèvements.
Cette accusation peut être rendue crédible par le fait que les bastions de l’ADF que sont les collectivités Watalinga et Ruwenzori (voir carte) sont aussi la terre natale des Nyamwisi. La famille Nyamwisi est originaire de la collectivité de Watalinga. Le gros effectif de l’armée de Mbusa était formé des Nandes, bien entendu, mais les plus motivés des recrues étaient originaires de Beni et des deux collectivités de l’Est de Beni. Que sont-ils devenus ?

Qui peut croire qu’avec l’expérience militaire qu’ils ont acquise[4] et l’abandon dont ils ont été l’objet depuis, ils ne fussent pas tentés, de retour dans leurs terroirs de Ruwenzori, de Beni et de Watalinga, d’offrir leurs services aux ADF ? L’un des soldats de Mbusa n’est autre que le lieutenant-colonel Birotsho actuellement inculpé pour de possibles liens avec l’ADF et l’assassinat du colonel Mamadou Ndala [5]. DESC a par le passé émis des doutes sur la crédibilité de ce procès bidon et mascarade.
Toutefois, DESC estime que si la culpabilité du bouc-émissaire Birotsho était confirmée par des recherches plus approfondies et crédibles à l’avenir, c’est qu’il devait être dans un état de désarroi financier que les instigateurs de la mort de Mamadou Ndala ont exploité pour l’entraîner dans le complot en sachant préalablement qu’ils l’y abandonneraient. Le cas Birotsho traduit la traversée du désert des hommes de Mbusa qui, après avoir fait la pluie et le beau temps dans le Grand Nord, sont à présent dans une telle galère qu’ils seraient prêts à offrir leurs services à qui que ce soit.

3. Le panier de crabes

Jusque-là tout semble assez clair, mais lorsque ce conflit local est analysé en lien avec les interactions régionales et les enjeux nationaux, les choses deviennent d’une complexité totale. En effet, l’arrivée des combattants rwandophones dans les parages de Beni pour y commettre les massacres que nous déplorons signifie que n’importe lequel des deux camps peut être pointé du doigt, voir tous les deux à la fois, pour avoir facilité les infiltrations.

Commençons par le camp Mbusa
Lorsque Mbusa Nyamwisi quitte son siège de parlementaire à Kinshasa et rejoint Kampala en 2012, il croit que l’aventure du M23 va relancer sa carrière. Avec Roger Lumbala, ils croient pouvoir arracher des concessions au régime de Kabila et se repositionner en profitant des succès militaires du M23. Des hommes comme le lieutenant-colonel Jacques Tahanga Nyoro, un fidèle des plus fidèles de Mbusa, et des types comme Bwambale Kakolele sont clairement alignés au M23. DESC émet des doutes que Mbusa, résidant actuellement en Afrique du Sud, ait réellement rompu avec ses fréquentations douteuses à Kigali et à Kampala. DESC doute également que ses lieutenants à Beni soient en situation de refuser de collaborer avec des infiltrés du M23 dont on sait qu’ils travaillent avec l’armée ougandaise juste de l’autre côté de la frontière ougandaise qui juxtapose les bastions à la fois de Mbusa et des ADF. Selon plusieurs sources de l’entourage politique et ethnorégional de Mbusa, Mbusa Nyamwisi est un homme d’une fiabilité incertaine dans la situation actuelle où les populations congolaises luttent pour préserver ce qui nous reste encore du Congo. Les hommes de Mbusa, qu’il contrôle encore ou qu’il ne contrôle plus, peuvent tout-à-fait avoir collaboré à l’infiltration des commandos rwandophones jusque dans les quartiers de Beni.

Quid du camp des kabilistes ?

Lorsque Mbusa Nyamwisi affirme sur RFI que le Général Akili Mohindo dit « Mundos » est à la fois commandant des FARDC et des ADF, DESC, sur base de plusieurs infirmations des sources locales civiles, politiques et militaires nationales, et internationales, il a raison à bien des égards. Mundos, actuellement général de brigade de la Garde Républicaine, est un ancien du RCD-Goma et compte parmi ses collaborateurs des officiers « rwandais » qui ont pu laisser se commettre les tueries, ou y ont participé. De toute façon, lorsque les assaillants sont rwandophones, les unités FARDC noyautées par des officiers rwandophones, laissent faire, voire opèrent en complices. Quel que soit leur attachement à la nation congolaise, il faut les éloigner des théâtres d’opération dans le Kivu. Ce que Mbuza Mabe, Mamadou Ndala, Bahuma et Olenga ont réussi à faire tout en veillant à ne pas les stigmatiser.
DESC arrive au constat que Kabila a condamné Beni à subir ces attaques des mains des tueurs rwandais lorsqu’il a envoyé Mundos dans le Grand Nord. Nous avons déjà épinglé, dans nos précédentes analyses, la confiance que Kabila fait à Mundos et la loyauté viscérale que ce dernier voue à Kabila [6].

4. Les enjeux nationaux et géopolitiques

Le conflit entre les kabilistes et les hommes de Mbusa à Beni est destiné à durer avec de possibles coups fourrés d’un camp pour incriminer l’autre, des complicités avec les ennemis et des règlements de compte fratricides, tant que Vital Kamerhe, l’homme sur qui Mbusa mise pour reprendre le leadership du Grand Nord, sera en situation éventuelle de succéder à Kabila à Kinshasa. Les kabilistes savent que si l’élection avait lieu demain, Vital Kamerhe est parti pour l’emporter avec des scores staliniens dans le Grand Nord.
Il reste un paramètre géostratégique qui met tout ce beau monde dans le même sac et sur lequel certaines analyses publiées par DESC ont été basées : la politique des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs. Elle repose actuellement sur un dispositif associant Joseph Kabila à Museveni et Kagame. Si les kabilistes et les hommes de Mbusa laissent arriver des éléments rwandophones jusqu’à Beni, c’est que ces derniers, qu’ils soient au M23 ou dans les FARDC, sont, depuis la rébellion Tutsie du FPR, les agents par lesquels le Pentagone contrôle militairement les trois pays (Rwanda, Ouganda, RDC) [7] et maintenant la Centrafrique. Les Américains vont-ils tourner le dos à Kagame et Museveni, ce qui réduirait la capacité de nuisance des « Rwandais » au Congo ? Affaire à suivre et qui intéresse particulièrement DESC en cette fin de mandat chahutée de Barack Obama.

5. Dévoiement du procès Ndala vers l’ADF : Le colonel Birotsho, le bouc émissaire

Le procès sur l’assassinat du Mamadou Ndala illustre la complexité de la situation qui règne à Beni. La diversion que prend ce procès est à mettre en corrélation avec les éléments évoqués ci-haut. En effet, le décès « suspect » du sergent-major Arsène Ndabu Ndongala, chauffeur du colonel Mamadou Ndala au moment de son assassinat, laissait croire que ce procès dérivait de la recherche de la Vérité judiciaire et des mobiles réels de l’assassinat de Ndala pour être insidieusement orienté vers une autre piste.
Arsène Ndabu est retrouvé mort le 2 octobre 2014 au lendemain de l’audience ouverture du procès de l’assassinat du Colonel Ndala, au cours de laquelle il avait fait une déposition contredisant sa première déclaration lors de l’enquête judiciaire. Les déclarations du sergent-major Ndabu, principal témoin de l’assassinat du Colonel Ndala, laissait présager qu’il en savait trop et pouvait « en dire plus » sur les circonstances troubles de la mort de Mamadou Ndala. Sa mort est un indice judiciaire sérieux qui montre qu’il y avait, dès le départ, une volonté délibérée d’orienter la recherche des auteurs de l’assassinat de Ndala vers d’autres pistes, en l’occurrence, la piste ADF.

C’est effectivement ce que confirment les chefs d’accusation retenus contre le Colonel Birotsho, désigné comme étant le suspect principal de l’assassinat de Ndala en collusion avec l’ADF. L’officier supérieur est poursuivi pourtrahison, participation au mouvement insurrectionnel dénommé «ADF-Nalu», en lui fournissant munitions, uniformes et insignes de grade, mais aussi pour avoir fourni une aide indispensable au commando qui a tué le colonel Mamadou Ndala [8]. Pourtant, la défense du Colonel Birotsho clame haut et fort son innocence. Maître Augustin Tshisambo, un de ses avocats, a indiqué que son client n’est pas un insurgé et n’a participé ni de loin, ni de près dans l’assassinat de feu le colonel Mamadou Ndala. Il a demandé au ministère public de présenter à la cour militaire les preuves matérielles de ses accusations, notamment des tenues et matériels militaires des FARDC que le prévenu Birotsho aurait fourni aux rebelles ougandais des ADF [9].
Plus incompréhensible encore, le ministère public a requis l’acquittement du colonel Tito Bizuru, ancien commandant militaire de la ville de Beni et trois de ses gardes du corps.  Pourtant, dès les premières heures de l’enquête menée à la suite de la mort de Ndala, le Colonel tutsi Tito Bizuru, Commandant du 1er Bataillon du808ème Régiment ex-CNDP tutsi, était cité par plusieurs témoins concordants comme étant le principal suspect dans l’assassinat du Colonel Ndala [10].

Cette conviction de diversion délibérée du procès Ndala vers la piste ADF semble également confirmée par plusieurs sources locales à Beni qui suivent ce procès de très près et qui ont alerté DESC pour manifester leurs inquiétudes. C’est le cas de ces extraits d’échanges :

04/10/2014 10:14 – Contact 1 à Beni :
« Salut Jacques. Je suis à Beni et ce qui se passe ici autour du procès de l’assassinat du Colonel Mamadou fait peur. Ceux qui ont le pouvoir d’ordonner la mort des congolais sont en action. Comme tu le sais, la première victime c’est le chauffeur du feu Col Mamadou. Dans cet environnement, tous les autres témoins ont peur. Qui sauvera ce pays? »

Lundi 3 novembre 2014 – Contact 1 à Beni :
 « Bonsoir M. Wondo, je pense que vous suivez de près la situation de Beni et que vous avez eu un peu de temps pour lire mes premiers rapports sur le dossier ADF … Franchement, je regrette que le pauvre Colonel Birosto soit incriminé…et on l’accuse d’avoir facilité l’assassinat du Colonel Ndala… Il faut en parler tout haut… sinon le Gouvernement veut à tout prix confirmer la piste ADF. C’est un pur montage. Aujourd’hui des faux « tracts » émanant des services de renseignement proches du Général Mundos ont été découverts à Beni. Ces tracts exigent la libération du Colonel Birotso par les ADF, c’est fabriqué pour montrer le lien entre Bitsoro et l’ADF. Aujourd’hui un soi-disant ADF s’est présenté à la cour militaire et a confirmé que le Colonel Birostso avait reçu 27.000 $ pour planifier la mort de Ndala…. C’est du théâtre et de la pure fantaisie. C’est regrettable…Franchement, je regrette la mascarade qui se déroule à Beni dans le procès Ndala. »

Lundi 10 novembre 2014 – Contact 2 DESC à Beni : « Monsieur Wondo, le ministère public a requis une peine à perpétuité contre le colonel des FARDC, Birotso. Que faire pour le sortir de cette cabale judiciaire ? La Monusco suit de près le procès du Colonel Ndala, et est bien consciente que tout cela est un montage mais elle ne peut rien faire… comme d’habitude. Birosto a reçu une visite en prison d’une délégation venue de Kinshasa lui demandant d’accepter que c’est Mbusa Nyamwisi qui est derrière les ADF qui avaient tué Ndala Il faut que les organisations internationales de droit de l’homme dénoncent cette parodie procès…»
Voilà des témoignages qui se passent de commentaire.

6. La MONUSCO aussi empêtrée dans le « far est » Beni ?

C’est ce que semblent confirmer également plusieurs informations et témoignages recoupés parvenus à DESC. D’ailleurs lors d’une conférence tenue au parlement Européen le 5 novembre 2014, Martin Kobler a publiquement reconnu l’impuissance de la MONUSCO dans ce qui se passe à beni. Une impuissance, non pas parce que la MONUSCO ne dispose pas de troupes aguerries pour contrer l’insécurité dans la zone. Mais bien vraisemblablement parce que l’activiste humaniste et écologiste Kobler, héritant d’une politique de laisser-aller de son prédécesseur, Roger Meece jugé proche de l’axe Kampala-Ouganda, s’est vite rendu compte du degré de la collusion implication de ses administrés, les casques bleus indiens, sénégalais, pakistanais, malaisiens, canadiens, guatémaltèques… , dans de divers trafics, magouilles, viols dans l’Est du Congo.
DESC note le rôle flou joué par la MONUSCO, dont les unités de la brigade d’intervention formées dans les techniques anti-guérillas ne parviennent pas à s’engager activement comme ils l’ont fait contre le M23. La posture adoptée par la MONUSCO dans cette guerre contre l’ADF est illisible et ressemble à s’y méprendre à sa position passive adoptée en 2012 avant la chute de Goma.

Témoignage recueilli auprès de Contact N°2 à Beni :
« Monsieur Wondo : j’essaie de comprendre la situation des ADF… j’ai beaucoup travaillé pendant longtemps dans cette contrée et comment ils se réorganisent assez vite. C’est assez complexe. Il y a beaucoup de complicités notamment des casques bleus dans un réseau de mafia où tout le monde se retrouve… Voilà pourquoi j’avais quitté mon poste à la MONUSCO… Les ADF sont signalés à 2 km de Tenambo (un village de la cite d’OICHA), je pense que les FARDC (la plupart) ne sont pas prêts ni décidés à combattre. Ils disent que soki o neutraliser ennemi, il faut ba boma yo…. (Si tu parviens à neutraliser l’ennemi, tu seras tué). Ndala était attaqué à moins de 5 km de la caserne de la Monusco [11]. » « Les casques bleus déployés dans la région n’ont aucune capacité, même dissuasive, de contenir la menace des présumés ADF car composés des contingents Népalais, pakistanais, malaisiens, etc. Ils viennent de pays pauvres, mal payés et donc en RDC c’est la chance et le tourisme de leur vie et les URR formées par la Belgique n’y sont plus. »
« La population d’Oicha vient de suspecter la Monusco ce soir de ravitailler les ADF en armes et munitions. Elle a décidé de barricader la route au niveau de la barrière DGRNK/OICHA, empêchant la Monusco d’y passer pour aller remercier l’action des Adf. »
« Bonsoir, le contingent tanzanien attaque entre Mbau et Oicha ce soir (21 octobre). Une voiture de la Monusco a été attaquée par la population de Beni, le conducteur a fui et a laissé la voiture avec des impacts des balles partout en ce moment en ville de Beni »

7. Les FARDC bâclent l’opération Sukola-2  pour maintenir l’insécurité à Beni

C’est le constat fait par les analystes militaires de DESC. Nous nous limiterons ici à quelques témoignages qui illustrent les allégations de DESC. Nous consacrerons une prochaine analyse aux aspects purement militaires de la contreperformance délibérée des FARDC à Beni.
31/10/2014 10:14 – Contact N° 1 à Beni :
« Merci Jacques pour vos analyses. La nouvelle mise en place au sein des FARDC vous donne raison quant aux doutes que vous avez émis sur l’efficacité de cette réorganisation des FARDC.  C’est ce qui se passe ici à Beni. »
Lundi 3 novembre 2014 : Contact N°2 à Beni :
« Bonjour, l’analyse me pousse à la conclusion que les FARDC (Général Mundos) créent de faux ADF autour de OICHA pour essayer de soutenir sa thèse selon laquelle les ADF ont tué le colonel Mamadou Ndala… mais aussi pour obtenir les fonds pour les opérations contre inconnu… car c’est rentable »

« JJ, essaie d’analyser cette histoire, j’ai parlé avec les gens qui pourraient connaitre s’il y a réorganisation ou pas des ADF… Aucune confirmation… Mundos connait et maitrise bien la mort de Ndala….il n’y a pas d’ADF là-bas, ce sont de faux ADF créés comme d’habitude… ».
Lundi 10 novembre 2014 – Contact 2 DESC à Beni : « Vous savez M. Wondo, Je connais un ami qui a travaillé aux côtés de Bosco Ntaganda. Il me dit que Bosco a tout dévoilé sur ce qui se passait en Ituri et l’implication de Kabila dans les massacres attribués à Ntaganda… Mbusa Nyamwisi est l’un de témoins qui gêne Kabila. Ce sont des militaires à la solde de Kabila qui essaient d’organiser ces massacres de Beni pour accuser Nyamwisi, un redoutable adversaire politique de Kabila dans le Grand-Nord. Ce ne sont pas des ADF»
DESC soutient également cette thèse des faux ADF. En effet, dans un document complet nous parvenu, classé ‘Top Secret’, du Plan de manœuvre préparé par le colonel Ndala avant le lancement de l’opération Sukola-1, le principal mode opératoire de l’ADF y était décrit comme suit :

 Ils opèrent en petits groupes, tendent des embuscades vers nos positions (Ndlr FARDC), dans le but d’infliger le maximum de pertes à nos éléments et se faire ravitailler en Armes et Munitions
 Faire subir aux FARDC des pertes énormes 
 Ils procèdent à des kidnappings de toute catégorie, jeunes, vieux, hommes et femmes parmi la population civile[12]

En analysant en profondeur la période de l’opération Sukola-2, qui a débuté après le décès du général Bahuma, sous le commandement du général Mundos, on constate qu’aucun soldat FARDC n’est tombé dans les embuscades des présumés ADF. De plus, on n’a pratiquement pas enregistré des cas d’enlèvements des populations civiles durant cette même période. Alors que ce mode opératoire est connu par les analystes militaires comme étant l’empreinte militaire des actions de l’ADF dans la région. Par ailleurs, lorsqu’on analyse les marques d’attaques opérées lors de la troisième série de massacres perpétrés à Beni entre le 29 octobre et le 2 novembre 2014, avec usage des machettes par des assaillants trahis par leur accent rwandophone et la difficulté qu’ils avaient à s’exprimer en swahili, DESC conforte le doute émis par Boniface Musavuli sur l’identité  « ADF » des assaillants. Pour cet analyste congolais réputé pour la pertinece de ses analyses : « Nous sommes en présence de sujets rwandais, ou, pour être plus précis, des combattants rwando-ougandais dans le prolongement des aventures du M23. La main du Rwanda et de l’Ouganda apparaît comme un nez dans la figure, une évidence…[13]«  . L’ADF utilise rarement les armes blanches, mais bien souvent les armes à feu [14] qu’ils récupèrent ou achètent même des FARDC.

Conclusion

Le témoignage suivant résume à lui seul la présente analyse de DESC.
Lundi 10 novembre 2014 – Contact DESC à Beni :
« Je pense que Kabila est content de la situation, parce qu’il il veut nuire à Mbusa Nyamwisi qui a mis en cause la hiérarchie militaire des FARDC. Kabila et Mundos veulent arriver à la thèse que c’est Mbusa qui est derrière ces tueries…Col Birotso est un ex-APC de Nyamwisi. Cette thèse ressemble étrangement au mode opératoire de Mundos, en même temps ça profite à Kabila. »
« Kabila est conscient que cette situation peut de nouveau engendrer la réactivation des groupes Mayi-Mayi et du coup le pays est en guerre, en proie aux milices… pas d’élections… C’est pour jouer au pompier par la suite… L’Ouganda est derrière ça aussi et on a plusieurs éléments dans ce sens. Je sais que les jeunes de Beni-Butembo ne vont pas accepter ces tueries et risquent de créer encore de groupes mayi-mayi [15], c’est fort probable d’autant que le Général Lafontaine qui combattait le régime de Kinshasa, après avoir précédemment rejoint le M23, est toujours aimé dans la zone… De plus, cela devrait arranger l’Ouganda qui ne supporterait pas une fausse ‘rebellion’ et qui serait tenté d’occuper Beni-Butembo. Ce qui fera l’affaire du duo Kabila – Museveni… Nyamwisi est l’un de témoins gênant et Kabila essaie d’organiser ces massacres de Beni pour accuser Nyamwisi… »
Cependant, ce n’est pas parce que Mbusa Nyamwisi est présenté comme étant la cible du camp kabiliste qu’il faut ignorer sa capacité de réactivation des milices d’autodéfense congolaises ou rwandophones au détriment de la population meurtrie de Beni. D’autre part, aussi longtemps que la MONUSCO va continuer d’avouer son impuissance, des officiers comme Mundos vont se complaire à faire jouer aux FARDC des rôles ambigus et que l’acteur Museveni, en bon joueur d’échec, sera ignoré alors qu’il gère la « base-arrière » et la capacité de faire durer le conflit en jouant un camp contre l’autre et vice-versa.
Dossier Spécial réalisé sous la coordination de Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

Notes de bas de page
[1] Force œcuménique pour la libération du Congo : La Force œcuménique pour la libération du Congo (FOLC) est un groupe armé initialement dirigé par le chef maï-maï Bana Sultani Selly, alias « Kava wa Selly ». En juin 2012, la FOLC s’est alliée au M23 dans le territoire de Beni, avec le soutien du parlementaire Antipas Mbusa Nyamwisi.Selon des membres de groupes armés, des officiers des forces armées congolaises et des dirigeants locaux, le commandant Hilaire Kombi, qui a déserté des forces armées congolaises en juin 2012, a récupéré des dizaines d’armes chez M. Nyamwisi, dans la ville de Beni, avant de rejoindre Selly dans la vallée du Semiliki. Plusieurs semaines plus tard, le lieutenant-colonel Jacques Nyoro Tahanga a rejoint les rangs de la FOLC sur instructions de M. Nyamwisi, afin d’en assumer la direction politique. M. Nyamwisi a également recruté des politiciens d’ethnie Nande pour le compte à la fois de la FOLC et du M23. Le 3 août 2012, une petite unité de la FOLC a attaqué sans succès la ville frontière de Kasindi, espérant y récupérer des armes. // M. Nyamwisi s’est rendu à plusieurs reprises à Kigali pour y rencontrer des responsables rwandais et a désigné un agent de liaison à Gisenyi, Andy Patandjila. Selon plusieurs officiers des forces armées congolaises, ce dernier offre 1000 dollars à tout homme qui rejoindrait les rangs des rebelles. Des collaborateurs de la FOLC ont indiqué que tant Hilaire Kombi que Jacques Nyoro Tahanga communiquent régulièrement avec Sultani Makenga, l’un des dirigeants du M23. Ces personnes ainsi qu’un officier du M23 ont déclaré que Nyoro s’était rendu par deux fois à Rutshuru – la deuxième fois au cours de la dernière semaine de septembre 2012 – pour y coordonner les opérations avec le M23. // Outre sa propre contribution, M. Nyamwisi a reçu des fonds de plusieurs hommes d’affaires de Beni et de Butembo, parmi lesquels Mango Mat, ancien patron d’une compagnie aérienne congolaise (voir S/2008/43, par. 90). En retour, M. Nyamwisi a promis que les rebelles abaisseraient les droits perçus au poste frontière de Kasindi, à la frontière avec l’Ouganda. // Le général Kakolele Bwambale, appartenant à l’ex-CNDP et visé par les sanctions internationales, soutient lui aussi les opérations de la FOLC, lui fournissant des renseignements et lui donnant des conseils à partir de Beni. Selon des officiers du M23, des agents de renseignement et des dirigeants locaux, le général Salim Saleh, des forces armées ougandaises, s’est en vain employé à réconcilier Nyamwisi et Kakolele afin d’unifier le commandement du M23 sur le territoire de Beni. Par ailleurs, Hilaire Kombi et Jacques Nyoro Tahanga ont rencontré à plusieurs reprises des responsables militaires et civils ougandais, parmi lesquels le colonel Muhindo Mawa, commissaire résident du district de Kasese, en vue d’obtenir une assistance financière et militaire.

[2] On a découvert qu’il y avait des réserves naturelles d’or dans la vallée de la Semliki, ce qui pourrait donner aux activités maffieuses des hommes de Mbusa une dimension géopolitique. 
[3] « Ceux qui font la brousse, pillent, enlèvent, violent et tuent ne sont pas nos enfants. Ce sont des bandits qu’il faut mettre hors d’état de nuire », interview accordée à Nicaise Kibel’Bel Oka par Mgr Melchisédech Sikuli, Evêché de Butembo-Beni, le 5 juin 2013. 
[4] Ils ont acquis une certaine expérience au combat en participant à certaines des batailles les plus âpres durant la Deuxième Guerre du Congo, notamment les batailles de Kisangani entre Rwandais et Ougandais (1999-2000) et de Bunia entre les hommes de Mbusa et les Hema menés par Thomas Lubanga et John Tibasima pour le contrôle de l’Ituri en 2002.
[5] Selon Radio Okapi du 8/11/2014, Le ministère public a requis une peine à perpétuité contre le colonel des FARDC, Birocho Nzanzu dans le procès sur l’affaire Mamadou Ndala, assassiné au Nord de Goma (Nord-Kivu). L’officier militaire est notamment poursuivi pour trahison, participation au mouvement insurrectionnel dénommé «ADF-Nalu», en lui fournissant munitions, uniformes et insignes de grade. Le colonel Birocho Nzanzu est également accusé pour avoir fourni une aide indispensable au commando qui a tué le colonel Mamadou Ndala. Selon le ministère public, c’est grâce aux uniformes fournis aux rebelles de l’ADF, que ces derniers ont pu, avec autant de facilité, rapidité et sécurité, tendre l’embuscade au colonel Mamadou…

[6] http://desc-wondo.org/assassinat-de-ndala-a-qui-profite-le-crime-la-piste-monusco-fardc-jj-wondo/ : Le général Moundos, l’actuel commandant de l’opération Sukola 2 à Beni, est également le commandant du 32ème Bataillon commando de la GR. C’est un Hunde du Nord- Kivu. Ses collègues de la GR le présentent comme un homme brutal avec de faibles capacités militaires dans la conduite des opérations. Ce sont ses troupes de la GR, faisant preuve de peu de combativité, qui ont été mises en déroute et ont fui en novembre 2012 lors de la chute de la ville de Goma. Il a été le coordonnateur de la task force de la GR qui comprend un peu plus de 6.000 hommes lourdement armés. Le général Moundos est décrit par une autre source de la GR comme étant « un fanatique du boss » et « un des hommes de confiance du président Kabila qui fait partie des faucons du régime Kabila ». Plusieurs sources militaires lui attribuent la responsabilité de quelques exécutions sommaires et des massacres des militaires dans le secteur opérationnel du Haut-Uélé. C’est Moundos qui a piloté les opérations menées en mars 2007 par les éléments de la GR lors de l’attaque de la résidence du sénateur Jean-Pierre Bemba, auxquels le bataillon Simba de John Numbi est venu en renfort.
[7] Les journalistes d’investigation Patrick Mbeko et Charles Onana avec qui nous avons partagé de longs moments d’échanges lors de notre séjour en juin 2014 au Canada (à Montréal et à Gatineau), reviennent souvent là-dessus et explicitent ces aspects géostratégiques dans leurs ouvrages respectifs sur le dévolu que le Pentagone a jeté sur le duo Kagame-Museveni, de l’ethnie Hima-Tutsi, pour assurer le leadership de la région des Grands Lacs, jusqu’à preuve du contraire, au dépens des populations congolaises.
[8] Radio Okapi, « Affaire Mamadou Ndala: la défense clame l’innocence du colonel Birocho », 10/11/2014. Selon le ministère public, c’est grâce aux uniformes fournis aux rebelles de l’ADF, que ces derniers ont pu, avec autant de facilité, rapidité et sécurité, tendre l’embuscade au colonel Mamadou. L’officier des FARDC aurait également perçu une somme de 27 000 dollars américains, pour planifier le coup meurtrier contre le colonel Mamadou.
[9] Ibid.

[10] http://desc-wondo.org/assassinat-de-ndala-a-qui-profite-le-crime-la-piste-monusco-fardc-jj-wondo/ .
[11] DESC l’a mentionné dans l’analyse : http://desc-wondo.org/assassinat-de-ndala-a-qui-profite-le-crime-la-piste-monusco-fardc-jj-wondo/.
[12] DigitalCongo confirme aussi ce modus operandi : http://www.digitalcongo.net/article/96580, 05/12/2013.
[13] B. Musavuli, http://desc-wondo.org/rd-congo-les-massacres-les-mensonges-et-le-genocide-des-congolais-b-musavuli/.
[14] http://www.afriquinfos.com/articles/2014/2/17/journaliste-deux-autres-grievement-blesses-dans-embuscade-tendue-ladfnalu-245272.asp.
[15] Ce que confirme ce lien : http://groupearcenciel.over-blog.com/2014/11/sous-pretexte-de-venger-les-victimes-des-carnages-des-groumes-armes-se-reactivent-a-beni-lubero.html.



http://desc-wondo.org/dossier-special-desc-rd-congo-beni-ville-martyre-de-laffrontement-kabila-mbusa-
nyamwisi/#comment-641