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mercredi 3 juin 2015

République démocratique du Congo: Santé : l’industrie de la mort se porte bien

































C’est le cas de le dire. Le ministre de la Santé Félix Kabange Numbi s’en est rendu compte lui-même. Raison pour laquelle il a pris il y a trois semaines, une importante décision qui continue à faire grand bruit dans le milieu médical : la suspension des activités de centres médicaux tenus par les Chinois.
Pour les uns, cette mesure est une première courageuse, dans les annales du secteur médical en RDC infesté, depuis un certain nombre d’années, par des pratiquants sans « papiers », ni « qualité » requise pour exercer en tant que médecins ou paramédicaux. De surcroit, lorsqu’il s’agit des personnes dont on ne sait pas tracer le cursus dans les études.
Pour les autres, ils souhaitent que le patron de la Santé aille jusqu’au bout de sa logique, celle d’assainir une fois pour toutes, comme il a lui-même les preuves des dysfonctionnements dans ce secteur ultra sensible pour les Congolaises et Congolais, afin de mettre hors d’état de nuire tous les charlatans qui distribuent à tour de bras la mort, chaque jour, dans ces mouroirs.
En effet, Félix Kabange Numbi a fermé et fait sceller sans état d’âme plusieurs centres médicaux dans la ville de Kinshasa, tenus essentiellement par des sujets chinois qui au lieu d’offrir des soins appropriés, offraient plutôt la mort à leurs patients.
Après moult plaintes demeurées sans suite et des scandales à répétition, voilà que le ministre est descendu lui-même sur le terrain pour se rendre compte de la situation maintes fois dénoncée par la presse et de paisibles citoyens, mais jamais sanctionnée.
On rapporte que le ministre, médecin de son état, et sa délégation, ont été estomaqués, lors de cette tournée dans ces centres médicaux, de constater que tout était fait dans le sens de tuer au lieu de donner la guérison à tous ceux qui s’y rendaient.
Dans certains endroits, les diagnostics posés étaient tellement irréalistes, effarants et invraisemblables que le ministre a cru perdre sa science. Preuve de la qualité douteuse de soins administrés aux patients. Quant aux examens, le ministre était surpris d’apprendre qu’une de ses collaboratrices, membre de cette délégation, souffrait d’une prostatite. Dans un autre centre de santé, le ministre a fait ouvrir la pharmacie pour inspecter la qualité et la nature des médicaments que ces officines vendaient. Grand a été son étonnement de voir qu’au lieu des médicaments, c’est en face des compléments alimentaires qu’il s’est retrouvé. En toute logique, sans être médecin, entre le mal découvert grâce aux examens médicaux douteux et la cure prescrite, il n’y avait aucune commune mesure. Avec cette cure, impossible de trouver guérison. On se souviendra dans ce registre qu’un confrère qui, après une enquête minutieuse, avait osé publier dans les colonnes de son journal, les pratiques qui se faisaient dans ces centres tenus par des sujets chinois, avait fini à la Prison centrale de Makala pour diffamation.
Et pourtant, plusieurs de ces centres de santé n’auraient pas fonctionné, ni ne seraient pas agréés, si les autorités avaient suivi et appliqué les avis techniques du Conseil national de l’ordre des médecins, seul organisme qui reconnait sa qualité à un médecin. Cet organe corporatif qui a compétence en la matière, s’est souvent retrouvé devant un mur d’incompréhensions et au centre de plusieurs pressions politiques et d’intérêts économiques l’empêchant de bien accomplir sa mission.
Entre autres dérives connues dans l’administration des soins de santé, les observateurs ont également épinglé le cas de l’Hôpital du Cinquantenaire. Présenté à son inauguration, comme le meilleur établissement hospitalier de la sous-région de l’Afrique centrale et géré par des médecins indiens, il est aujourd’hui plongé au cœur d’un grand scandale. Dans cet établissement hospitalier, une jeune dame, membre de famille d’un diplomate africain, avait trouvé la mort après avoir consommé un produit qui ressemblait au formol. A son corps défendant, le ministre a dû faire son mea culpa en déclarant que, contrairement à ce qui était dit, cet établissement ne répondait pas aux standards internationaux, tel que vanté. Ainsi, de l’avis de plusieurs observateurs, cet établissement venait allonger la longue liste des éléphants blancs déjà construits en RDC, et qui ont coûté inutilement de l’argent aux contribuables.
Non aux « magablos » sanitaires
Comme on peut bien le constater, le drame de la population et des autorités congolaises, c’est d’avoir accepté n’importe qui comme médecin et ouvert le secteur au premier vendeur d’aspirine, contre et malgré les avis techniques du Conseil national de l’ordre des médecins. Malheureusement, du jour au lendemain, les décisions du conseil ont été foulées au pied. Ainsi, de la mort naturelle à la mort donnée, le pas est vite franchi. Pour beaucoup de personnes, la plupart des morts qui remplissent nos cimetières, proviennent d’erreurs médicales. Car, parmi eux, on compte beaucoup de ceux qui ont été arrachés à leurs familles, suite aux erreurs médicales que personne ne dénonce. Et même s’il arrivait qu’on dénonce ces dérives, il n’est pas évident que les familles auront gain de cause devant la puissance de l’argent.
VAN
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