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lundi 29 août 2011

FAITS POUR NE JAMAIS S’ENTENDRE


 

Les oppositions, serait-on tenté de dire et d’écrire, tant les écuries qui se mettent en place dessinent la cartographie d’un regroupement profondément divisé où foisonnent des candidatures égoïstes. Tshisekedi et ses courtisans contre Kamerhe et ses copains dont Jean-Lucien Busa du MLC, le même Tshisekedi contre un vieil adversaire, issu de la droite RD-congolaise mais qui se réclame du Centre, Léon Kengo wa Dondo. 
Militants de chaque plate-forme ou parti politique qui s’investissent autant par fanatisme que par rejet de l’adversaire. Un camp a adoubé Tshisekedi alors qu’un autre a plébiscité Kengo. Un autre encore ne jure que par Kamerhe. 
La liste vient de s’allonger avec la naissance de l’ICN de Kiakwama, Mokonda, Bo-Boliko, Makila...,. née quelques jours après la sortie de l’ADR de François Muamba, -tous prônent une candidature commune, unique ou consensuelle mais personne ne veut s’effacer au profit de personne. On est bel et bien en face des oppositions. 
Sur les quatre plus sérieuses candidatures recensées dans le groupe, deux, celles d’Etienne Tshisekedi et Léon Kengo, deux figures emblématiques de la scène politique RDcongolaise. Deux chefs de clan, deux manières de faire et d’être en politique et, au finish, deux schémas diamétralement opposés sur le choix de la personnalité susceptible de porter le destin de l’Opposition à la prochaine présidentielle. Quand Tshisekedi appelle tous à se ranger derrière sa personne et conditionne le partage des postes au résultat des urnes et au poids de chaque prétendant, Kengo promeut et défend la thèse d’un partage des responsabilités avant même le verdict des urnes. Une manière de vendre l’ours avant de l’avoir tué.

Les négociations entre différentes factions de l’Opposition pour la désignation d’un candidat commun ou unique tanguent. L’opposition RD-congolaise a ses tares: elle n’est presque jamais parvenue à s’accorder sur une question d’intérêt commun au groupe. A cause de l’orgueil et de l’intransigeance du MLC, les opposants n’ont pas pu choisir un porte-parole. C’était Bemba ou rien, La leçon semble n’avoir pas été assimilée. Les opposants ne discernent que ce qui les sépare. 
Le phénomène est exacerbé par le combat d’arrière-garde qu’ils se livrent, via des alliés intéressés, pour se hisser au podium des primaires. Alors que Bemba est pratiquement mis hors course par la dernière décision de la juge Sylvia Steiner de la CPI, quand Kamerhe se voit refuser le rapprochement avec l’UDPS et répugne de jouer les seconds couteaux derrière l’UFC, Tshisekedi et Kengo tendent inexorablement vers un affrontement et l’opposition, à sa division … au grand bonheur de Kabila. 
Kengo a déjà été trois fois Premier ministre et détient même le record de longévité à ce poste. Tshisekedi a aussi occupé ce poste autant de fois mais il est désavantagé par ses courts séjours à la Primature. Deux probables finalistes des primaires qui n’auront ‘peut-être jamais lieu, chaque camp pouvant décider de ne pas y aller et d’ignorer l’autre. Tshisekedi et Kengo semblent être faits pour ne jamais s’entendre tant ils sont en rivalité. Deux chefs. Deux manières de vivre, Deux méthodes de faire, et d’être en politique. Resté seul maître à bord du navire UDPS, Tshisekedi se prévaut de son passé et de son long combat contre trois régimes successifs pour se déclarer candidat naturel à la présidentielle. 
Pour  les partisans de Tshisekedi, Kengo qui a pu se constituer un clan sous le règne de Mobutu- reste un bon technocrate mais c’est un faux opposant qui n’a pas et ne pourra jamais avoir l’étoffe d’un Président de la République tant il n’a pas de base réelle ni à Kinshasa, moins encore à travers le pays. «Jamais il n‘a dirigé un parti politique. 
Depuis l’époque de l’UDI qu’il a dirigé dans l’ombre, il n’a pas évolué dans un autre parti avant de se porter à la tête de l’UFC. Derrière lui, il n’y a aucune base. Sa candidature est une imposture», analyse un cadre de l’UDPS. Clair. Pour les Tshisekedistes, Kengo n’est pas fait pour la fonction présidentielle. Les Tshisekedistes se disent déçus de l’attitude de ces nouveaux partis sans base réelle, laquelle frise un manque d’égard à l’endroit de l’UDPS. Les schémas- mêmes pour parvenir à ce strapontin éloignent les deux chefs. 
Quand Tshisekedi appelle tous à se ranger derrière sa personne et conditionne le partage de postes au résultat des urnes et au poids de chaque prétendant, Kengo promeut et défend la thèse d’un partage des responsabilités avant même le verdict des urnes. Une manière de vendre l’ours avant de l’avoir tué. Mais Kengo a donné sa position le 25 août denier à la faveur de la déclaration de sa candidature. «Si le débat est faussé à l’origine, cela veut dire qu‘il n’y a plus débat», martelait-il. Pour Kengo, les candidats à la primaire de l’Opposition devraient s’atteler à mettre sur pied un ticket à présenter aux futures élections en désignant qui serait chef de l’Etat, qui deviendrait Premier ministre ou présiderait les deux chambres du parlement, etc. Ses sympathisants jugent à leur tour la position de l’UDPS irréfléchie. 
«Tshisekedi vivrait dans le passé et serait obnubilé par ses succès populaires au Katanga et à Kinshasa. Il doit cependant arrêter de se croire à l’époque de l’Union sacrée. Il doit surtout se rappeler que Kengo avait réussi à lui damer le pion pendant son époque de gloire à cause de son intolérance et son manque d’élégance. Il doit enfin avoir à l’esprit qu’on ne gagner pas seul une élection », réplique un Kengiste. Les positions paraissent antagonistes. On est hein loin, loin d’imaginer un rapprochement ou un accord entre ces deux fauves qui incarnent aujourd’hui les deux grandes tendances de l’opposition, Kamerhe ayant été près qu’éclipsé par les deux poids lourds. 

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