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samedi 27 août 2011

Marche des journalistes contre le député Kisombe : réussite totale




Déferlant de tous côtés, les professionnels des médias ont assiégé le Palais du peuple pour obtenir la déchéance de l’honorable Yves Kisombe, le député à l’injure facile. Mais grande a été leur désillusion. Hier vendredi 26 août, les journalistes ont répondu à l’appel des organisations des professionnels des médias, en participant massivement à la marche de colère organisée en guise de protestation contre les attaques, les insultes et les menaces dont ils sont l’objet de la part des hommes politiques congolais.

Arrivés au Palais du peuple, les journalistes se sont d’abord butés à la barrière de la police anti-émeute commandée par le colonel Kanyama lui-même. A certains moments, on a craint le pire, du fait que les agents de l’ordre menaçaient parfois de tirer sur cette marée humaine qui voulait rencontrer le président de l’Assemblée nationale en personne.

Après une longue attente, c’est la salle des spectacles qui a été choisie pour la remise du mémorandum. Enfin, le président Evariste Boshab a pu abandonner la plénière pour s’entretenir avec les professionnels des médias.

Prenant la parole au nom de la corporation, le président de l’OMEC, Polidor-Fortunat Muboyayi, a expliqué au premier des députés la raison qui a poussé la famille des femmes et hommes des médias à organiser une grande marche de colère. D’emblée, il lui a fait comprendre que les femmes et les hommes des médias qui étaient devant lui ont toujours contribué à l’oxygénation de la politique dans notre pays. Et il a ajouté : « C’est avec surprise et une grande indignation que nous avons auditionné le CD reprenant des injures inqualifiables et menaces intolérables à l’endroit de la journaliste Eugénie Ntumba, qui est aussi rédacteur en chef à la chaîne RTVS 1. Nous n’avons pas compris comment ceux qui siègent au Parlement, qui ont débattu sur le Genre, puissent tenir de tels propos ». Le président de l’OMEC a donc fait comprendre au président de l’Assemblée nationale qu’insulter une femme, c’est insulter sa mère.

C’est pourquoi, a-t-il enchaîné, la famille communicationnelle a décidé de prendre certaines mesures conservatoires. Et ces mesures ne peuvent être complètes que si elles trouvent un prolongement à l’Assemblée nationale et aux instances judiciaires.

Le deuxième point concernait l’intégrité physique du journaliste. Après avoir rappelé les assassinats de Bapuwa Muamba, Franck Ngyke, Serge Maheshe et les autres, il a lâché : « Dans cette période délicate, nous ne voudrions pas que pour les éléphants qui se battent, les journalistes soient l’herbe que l’on piétine. Avec les élections de 2011, nous ne voudrions pas qu’on puisse encore frapper dans nos rangs ».

L’autre point soulevé a été celui de la représentation de la presse au CSAC. Selon le président de l’OMEC, il y a eu quelque part une manipulation des noms. Il a précisé : « On a fait signer au président de la République un nom que nous ne reconnaissons pas ».

Mais les attentes de la presse ont été déçues. Car, après avoir remercié la presse qui a exprimé son ras-le-bol, en reconnaissant que cela est démocratique, le président de l’Assemblée nationale s’est ensuite comporté comme un professeur rappelant les étudiants à l’ordre dans un auditoire, ou un cadre d’un parti politique haranguant ses militants. Et cela, sans avoir pu lire le mémorandum qui était adressé.

Au sujet des injures reprochées à l’honorable Yves Kisombe, il a affirmé n’en être pas au courant, du fait qu’il n’a pas auditionné le CD en question. D’emblée, il a fustigé le fait que de la part de ceux qui ont mission d’informer, il y ait une telle intolérance.

A propos de la conduite du député national Kisombe, il a ainsi tranché : « Lorsqu’il y a imputations dommageables, cela relève des Cours et tribunaux ». Devenu plus explicite, l’honorable Evariste Boshab a déclaré qu’avant de procéder à la levée d’une immunité parlementaire, le plaignant saisit d’abord la justice, et c’est le procureur général de la République qui doit informer le bureau de l’Assemblée nationale.

Concernant le CSAC, il a reconnu avoir vu la lettre dans les journaux, tout en soulignant : « On va devoir comparer les listes émanant de votre corporation et ce qui a été publié ». A propos de ce dossier, il a estimé que les revendications doivent être faites dans les normes, pour que l’on sache s’il y a eu manipulation des listes ou une erreur technique. Non écrire directement à l’échelon supérieur.

S’agissant de l’intégrité physique des journalistes, il a fait cette recommandation : « Qu’ils fassent leur devoir d’informer ». Ainsi, il a conseillé aux professionnels des médias de ne pas s’ériger en porte-à-faux, en se substituant aux politiciens par leurs prises de position. Mais ces propos n’ont pas plu aux journalistes qui, pour manifester leur mécontentement, ont commencé à vider la salle avant que le président de l’Assemblée nationale termine sa phrase.

Concernant la démarche d’hier, les signataires du mémorandum, à savoir l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Journaliste en danger (JED), l’Observatoire des médias congolais (OMEC), l’Association des éditeurs des journaux du Congo (ANECO), ont ainsi écrit au président de l’Assemblée nationale : « Notre démarche se veut surtout être un signal d’alarme et un message fort à la classe politique et aux institutions en place sur notre détermination à défendre par tous les moyens de droit notre profession ainsi que la liberté de la presse en cette période cruciale des élections ».

Pour conclure, les organisateurs de la marche ont insisté : « Dans le souci de moraliser la vie publique en RD Congo, et face à la clameur publique qui a entouré ce qu’il convient d’appeler « Scandale Kisombe », qui risque de jeter l’opprobre sur la classe politique congolaise, les organisations professionnelles des médias et JED demandent aux honorables députés qui siègent à l’Assemblée nationale de se désolidariser de leur collègue, et de bien vouloir prononcer la déchéance de Kisombe Yves de ce Parlement de la première législature de la Troisième République ».

Il faut noter qu’à cette occasion, les responsables de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont tenu compagnie aux journalistes. On a pu remarquer la présence des Toges Noires, la Voix des Sans Voix, Freedom for journalist et tant d’autres




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