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samedi 15 octobre 2011

Kithima bin Ramazani est mort


Antoine Roger Kithima bin Ramazani est mort, jeudi 13 octobre, au Cliniques Ngaliema à Kinshasa. Il avait 87 ans.
Cet ancien membre influent du Mouvement des nationalistes congolais (MNC) de Patrice Emeri Lumumba et du Mouvement populaire de la révolution (MPR) du Maréchal Mobutu, a été plusieurs fois député national, sénateur et ministre.
Il a été élu sénateur en 2006.

Né en 1924 à Lowa dans le Maniema, Alphonse-Roger Kithima Bin Ramazani a été une des personnalités politiques congolaises ayant marqué l’époque du régime du feu président Mobutu avec splendeur et sagesse à côté des autres baobabs comme Kamanda wa Kamanda, Justin Bomboko…Quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Cet adage de la sagesse africaine trouve dans le décès du désormais feu Alphonse-Roger KITHIMA Bin Rama zani toute sa splen­deur et sa profondeur. Cet homme qui est mort hier à la clinique Ngaliema représente une page mémorable de l’histoire politique et syndicale du pays. Une véritable bibliométrique car ayant tra­versé la faune et la flore syndicale et politi­que de ce pays depuis les premières heures de l’indépendance en passant par la 1ère et 2ème République.

Non seulement il avait joué un rôle capital et dé­terminant dans le com­bat syndical tout au long de la 1ère Répu­blique, mais en plus il a été associé à la création du MPR comme l’un de membres de la fameuse commission chargée de rédiger le Manifeste de la N’sele, véritable bible de ce parti. Cela, aux côtés d’éminentes personnalités de la trempe d’Etienne TSHISEKEDI Wa Mulumba, Gérard KAMANDA Wa Kaman­da, Joseph NSINGA Udjuu, Victor NENDA­KA Bika, Justin-Marie BOMBOKO Lokum­ba, Gaston NSENGI Biembe, Paul-Henri KABAYIDI Waka­bayidi, Jean-Jacques KANDE Dzambulate, Jonas MUNKAMBA Kadiata Nzemba, et bien d’autres dont la plupart ont été rappelés par le Très Haut.

Alphonse-Roger KI­THIMA Bin Ramazani est né en 1924 à Lowa, l’une des localités principales de la tribu des BAKUSU du Maniema. Très jeune et après ses études pri­maires, il fut envoyé par ses parents à l’école des Frères Maristes de Stan­ley-Ville, aujourd’hui Kisan­gani. De 1946 à 1949, il travaille dans l’administra­tion coloniale puis à l’Inter Congo de 1950 à 1959.

En 1959, il est désigné secrétaire du Bureau Po­litique du MNC/Lumumba à Léopoldville et en 1960 il devient secrétaire géné­ral du Syndicat National des Travailleurs du Congo pour ensuite être désigné secrétaire général de la Confédération des Syndi­cats Libres du Congo.

En 1962, il est élu membre du Comité Exécutif Mondial de la Confédération des syndicats libres. C’est à Stanley-ville où il était agent de la colonisation belge qu’il fit la connaissance de Patrice Emery LUMUMBA qui était l’un des premiers noirs ayant bénéficié de la carte d’immatriculation et à être admis dans les cercles politique libéraux belges, ce qui lui permet­tait de fréquenter les mi­lieux des Européens, no­tamment les restaurants, hôtels, bars et d’y rester jusqu’aux heures tardives de la nuit.

Fasciné par cet homme hors du commun, Alphonse-Roger KITHIMA Bin Ramazani se retrouva parmi les tout premiers membres du MNC et c’est dans ce cadre qu’il fonda en compagnie d’autres évolués de l’époque le tout premier syndicat libre pour la défense des droits des travailleurs noirs.

L’Un des « apparatchik » du MPR-parti Etat

Sa carrière politique démarre en 1966 suite à son élection comme séna­teur du Maniema. En 1967, il est désigné Administra­teur de la Gécamines. L’un des effets néfastes du lancement le 20 mai 1967 du Manifeste de la N’sele son­na le glas du pluralisme politique et syndical au Con­go. Cela, malgré l’article pertinent de la Constitution qui prévoyait l’existence de deux partis politiques et la présence du parlement issu des élections démo­cratiques et pluralistes de 1964 qui donnèrent la ma­jorité au cartel Tshombiste qui prônait le fédéralisme.

En perspective d’un parti unique et pour briser tou­tes velléités de contesta­tion, les stratèges du MPR parvinrent à convaincre les trois grands courants syn­dicaux de fusionner en un seul mouvement. Alphon­se-Roger KITHIMA fut élu secrétaire général du Con­seil National des Syndicats du Congo et conseiller de l’UNTC des sa création en 1967. Leurs dirigeants fu­rent nommés au gouver­nement et les récalcitrants se retrouvèrent sur le pave ou sous les accusations de complot contre la sé­curité intérieure de l’Etat.

Voilà comment le défunt fit son entrée dans la vie politique active. Il fut d’abord directeur politique du MPR et directeur permanent du Bureau politique en 1967 qu’il entra au gouvernement comme ministre du Travail et Prévoyance Sociale avant de passer au ministère de l’Educa­tion Nationale. Avant d’être élu commissaire du peuple en 1977, il avait été désigné secrétaire général du Comité Exécutif du MPR en 1971. En 1972, il est commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et se­crétaire exécutif du parti en 1977. De 1080 à 1990, il est membre du Comité Central. Il exerçait alors les fonctions de Secrétai­re Permanent du Comité Central et du Bureau Politi­que avant de devenir le N° 2 du Régime par sa nomi­nation comme secrétaire général du MPR Parti Etat de 1986 à 1990.

Pendant les trois années de sa tra­versée du désert, de 1967 à 1970, il survécut grâce à ses activités commerciales et agro-pastorales au Ma­niema et dans la Province Orientale jusqu’au jour où il avait plu au Maréchal et Guide suprême de le nom­mer vers la fin des années 1971 comme Secrétaire exécutif du parti: Alphonse-Roger KI­THIMA se fit remarquer de l’opinion en animant des conférences académiques retransmises par la chaîne nationale à travers tout le territoire national, des séances publiques d’ani­mation culturelle et toute autre activité politique à la gloire du guide suprême de la Révolution. Il fut à la base de la mise en place de la fameuse et terrible commission permanente de discipline devant laquel­le plusieurs cadres du parti furent jugés et condamnés et d’autres démis de leurs fonctions.

On lui doit l’ins­tauration des comités ré­volutionnaires aussi bien dans les entreprises publi­ques et d’économie mixte que dans les universités et instituts supérieurs. Au niveau national, il fut créé au sein du gouvernement un département ou minis­tère chargé de l’animation culturelle et révolutionnai­re avec des ramifications dans les provinces ou ré­gions au niveau des com­missaires sous-régionaux, chargés de l’animation culturelle et politique qui siégeaient aux côtés des commissaires des régions ou gouverneurs. D’une manière générale, Alphon­se-Roger KITHIMA fut le grand artisan et animateur du MPR parti- Etat. Sa car­rière politique s’arrêta net le 24 avril 1990 à l’issue du discours dit historique de l’instauration du multi­partisme politique.

L’ironie du sort : c’est à N’sele où fut fondé le 25 mai 1967 le MPR que fut sellé son sort par son propre fondateur et devant les grands ap­paratchiks dont Kithima en personne. Les images de l’époque avaient montré Alphonse-Roger KITHIMA tétanisé et presque en pleurs lorsque le Maréchal et Guide suprême de la Révolution avait prononcé sa démission du MPR-par­ti Etat. L’Editeur du Phare et les membres de la Ré­daction profitent de ces colonnes pour adresser à la famille de l’illustre dis­paru leurs condoléances les plus attristés et prient le Très haut d’accorder le repos éternel à cet homme qui ne passait pas inaper­çu, car immortalisé par plu­sieurs scènes du Théâtre
National.

F.M./Le Phare



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