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jeudi 10 novembre 2011

Terrorisme d’Etat:

Selon des sources bien informées, des individus non autrement identifiés, armés de gourdins et des machettes, ont empêché mercredi 9 novembre le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et candidat à l’élection présidentielle, Vital Kamerhe, de tenir un meeting dans le cadre de la campagne électorale. Bilan : deux tués et plusieurs véhicules incendiés.

Intolérance politique

L’intolérance politique au Congo dit démocratique prend décidément la tournure d’un terrorisme d’Etat. Selon des sources à Kinshasa, une «équipe d’avance» de l’UNC s’est rendue, mardi, à Kikwit, chef-lieu du district du Kwilu, province de Bandundu, afin de préparer le meeting que Vital Kamerhe devait tenir mercredi dans cette ville. Une estrade a été érigée pour ce faire.

Mercredi 9 novembre, Kamerhe est arrivé à Kikwit. La situation a aussitôt tourné au tragique. «Des individus non identifiés au nombre d’une cinquantaine se sont rendus au site prévu pour le meeting pour démonter le podium, relate Jean-Claude Ndjakanyi, conseiller du président de l’UNC. Il s’en est suivi une rixe entre les assaillants et des membres de la délégation du parti. Deux personnes ont perdu la vie au cours des affrontements. Plusieurs véhicules ont été vandalisés.»

Selon Ndjakanyi, les agresseurs étaient composés de deux groupes. «Le premier, explique-t-il avait apparemment pour mission de vandaliser le podium. Le second, lui, s’est présenté à l’hôtel où était descendu Vital Kamerhe en prétextant à la réception qu’il avait un rendez-vous avec le président de l’UNC. Le groupe a été fort heureusement maîtrisé avant d’exécuter sa basse besogne.» Le conseiller de souligner : «Il va sans dire que le président Kamerhe a échappé à une tentative d’assassinat».

La duplicité de la communauté internationale

Depuis quarante-huit heures, une avalanche de critiques déferle sur Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le président de l’UDPS et candidat à l’élection présidentielle. Il lui est reproché de s’être livré à deux «déclarations incendiaires». Dans la première, il aurait invité ses partisans à s’attaquer à toutes les prisons pour libérer les prisonniers politiques. Dans la seconde, il se serait «auto-proclamé» président de la République.

Dans un communiqué publié mardi 8 novembre, le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere (CD&V), et son collègue en charge de la Coopération au développement, Olivier Chastel (MR), ont pris position sur la campagne électorale au Congo-Kinshasa. «Le ministre des Affaires étrangères Steven Vanackere et le ministre de la Coopération au développement Olivier Chastel déplorent, peut-on lire, les incidents violents qui ont entaché le début de la campagne électorale en RDC.» «(…) Comme le ministre Vanackere l’a encore répété ce mardi après-midi au Parlement, il est essentiel, pour la Belgique, que tous les candidats participent pacifiquement au processus électoral et acceptent le verdict de l’électeur», ajoute le texte qui poursuit : «Dans ce contexte, les ministres trouvent inacceptable qu’un candidat se proclame lui-même président légitime et appelle à la violence, mettant ainsi en question les principes fondamentaux de la démocratie elle-même». Une allusion à peine voilée aux propos tenus par Tshisekedi. Il faut espérer que l’intéressé s’expliquera sur ce qui ressemble bien à un «dérapage communicationnel».

Les Nations Unies, la Belgique, la France et l’Union Europe ont exprimé, à raison, leur préoccupation sur le climat électoral tendu qui prévaut au Congo-Kinshasa en invitant le personnel politique à éviter toute incitation «à des actions violentes». On ne pourrait cependant s’empêcher de relever la partialité qui se dégage de ces prises de positions. La «communauté internationale» paraît émue par le «langage utilisé par certains leaders politiques» tout en restant muette sur la menace que le président sortant «Joseph Kabila» fait planer sur la paix et la sécurité dans le pays. L’homme a fait recruter des karatékas, des catcheurs et des judokas pour constituer une milice sous le doux nom de «Ligue des jeunes» du PPRD. Ces voyous agissent désormais au grand jour. Ils roulent en motos gracieusement offertes par les bonzes du parti présidentiel en se comportent en «supplétifs» des policiers lors des manifestations des forces de l’opposition. Mission : semer un climat de terreur au sein de la population. "Joseph Kabila" est-il moins blâmable que Tshisekedi? Pourquoi la fameuse communauté internationale fait preuve de complaisance à l’égard du président sortant dont le comportement n’a rien à envier à celui d’un chef d’Etat voyou?

Mépris

En passant sous silence les méthodes fascistes auxquelles recourt le président sortant «Joseph Kabila» pour neutraliser les autres prétendants à l’élection présidentielle, la communauté internationale met à nu sa duplicité. Signe supplémentaire de cette duplicité, dans sa dépêche datée du 8 novembre, l’Associated press (AP) s’est cru en droit de prédire au conditionnel que «le président sortant Joseph Kabila devrait remporter l’élection du 28 novembre, (…)». Bien qu’écrit au conditionnel, cette «prédiction» est assimilable à du mépris à l’égard du peuple congolais. Cette agence de presse américaine serait-elle prête à appeler le peuple des Etats-Unis à réélire un président qui a échoué sur l’essentiel, à savoir donner à la population le bien le plus précieux pour tout homme? Quel est ce bien ? Il s’agit simplement de la sécurité pour les personnes et leurs biens. Inutile de parler d’eau courante et de l’électricité. Il en est de même de soins de santé et une éducation de qualité.

Revenons aux évènements de Kikwit. Selon Jean-Claude Ndjakanyi, le président Kamerhe a décidé de poursuivre sa tournée électorale dans le Bandundu. Idiofa sera la prochaine étape. «Le président Kamerhe n’entend en aucun cas se plier aux lâches intimidations…», a-t-il conclu.

Baudouin Amba Wetshi

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