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vendredi 10 février 2012

Congo : quelle solution ?


Mis en ligne le 10/02/2012
Par Marie-France Cros
Un pays divisé. Un Président disparu (on ignore où Joseph Kabila se trouve depuis son départ, le 5 janvier, pour sa ferme katangaise) après sa proclamation contestée comme vainqueur de la présidentielle. Une population dont plus de la moitié est ulcérée par l’ampleur de la tricherie électorale, tandis que le reste redoute des violences. La perte de plusieurs millions de bulletins de vote. Une Assemblée nationale non crédible et un Sénat dont l’élection indirecte est renvoyée sine die avec le report non daté des élections provinciales. Une communauté internationale que son silence ennuyé devant l’énormité du scandale a dépouillée d’une grande partie de la confiance que lui vouaient les Congolais
Le processus électoral conduit par la Commission ad hoc dirigée par le pasteur Ngoy Mulunda est une catastrophe. Et c’est bien celle-ci qui doit être critiquée et non "les Congolais". Ces derniers ont rempli leur devoir électoral avec une remarquable maturité, utilisant leur vote pour sanctionner ceux qui n’ont pas rempli leurs promesses de 2006 et surveillant les agents électoraux - ce qui a permis de découvrir de larges pans de la fraude organisée. Combien d’électeurs, ailleurs, seraient restés en alerte quelque 24 heures durant pour préserver la vérité des urnes ?
Les voix se sont multipliées pour déclarer les scrutins non crédibles : les observateurs nationaux et internationaux, l’Eglise, la société civile Toutefois, si toutes les solutions proposées pour remettre le Congo sur la voie légale s’entendent sur l’absolue nécessité de remplacer le bureau de la Commission électorale, on diverge sur la suite (recomptage des voix, nouvelles élections - mais sur quelle base constitutionnelle ? .) et aucune mesure suggérée ne connaît un début de mise en œuvre.
La Belgique et l’Union européenne avaient sévèrement jugé l’absence de crédibilité de la présidentielle congolaise, réclamant plus de sérieux pour les législatives. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien, après que les efforts internationaux pour assister la Commission électorale congolaise ont tous été rejetés. Et que fait la communauté internationale ? Elle demande plus de sérieux pour le scrutin provincial, déjà remis sine die !
Force est de constater que ceux qui ont les moyens d’agir préfèrent le pourrissement au risque d’une prise de position claire. Sans voir que ne rien faire leur sera compté comme un choix politique lorsque les élections congolaises seront devenues un cas d’école.

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