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samedi 11 février 2012

DES HORS-LA-LOI POUR LEGIFERER EN RD CONGO


 
Cheik FITA DSCF4212Le 28 novembre 2011, Il y a eu en RD Congo, des élections législatives, et une élection présidentielle toutes, caractérisées par une fraude à très grande échelle : De tous les quatre coins de la république, des dénonciations de fraude ont fusé: bourrage des urnes, corruption, falsifications des procès-verbaux à tous les niveaux.
Après le scandale de la présidentielle avec ses containers de bulletins de votes pré-cochés  au profit de monsieur Joseph Kabila le président sortant, voici la honte des législatives.
Des près de 500 personnes proclamées élues par la CENI, commission électorale nationale indépendante, la majorité l’a été par des voies malhonnêtes. Preuve, le nombre de contestations introduites auprès de la cour suprême de justice : 168 circonscriptions sur 169 concernées … 340 candidats élus contestés sur 500. Au stade actuel, les portes du parlement sont largement ouvertes à des tricheurs, des magouilleurs… De véritables hors-la-loi.

Trois préoccupations apparaissent:
a)     Quel visage la CENI se prépare-t-elle à donner au pouvoir législatif ?
b)    Quelles en seraient les conséquences ?
c)     Est-ce profitable pour le pays? Si non, quelle issue souhaitable ou envisageable ?

Le parlement
La cour suprême de justice va entrer dans la danse. Après sa complaisance lors du recours contre les résultats de la présidentielle, à quoi pourrait-on s’attendre pour les législatives ?
Dans les meilleurs des cas, à moins mauvais, et encore.
La raison ?
Depuis belle lurette :
1.     Monsieur Joseph Kabila avait intériorisé et planifié son maintien au pouvoir, quoiqu’il arrive, quoiqu’il en coûte.
2.     Par d’innombrables signaux, monsieur Joseph Kabila a prouvé qu’il était tout sauf un démocrate. Le plus fort de ces signaux est celui-ci : la phobie de la contradiction. Elle lui semble  politiquement mortelle, au point qu’elle est souvent évitée, écartée d’office.
Des exemples : deux campagnes électorales présidentielles sans débat télévisé contradictoire, pas de meeting au mythique stade des martyrs, véritable thermomètre d’ancrage dans l’opinion, attaque armée contre son challenger de 2006, monsieur Jean-Pierre Bemba Gombo, séquestration et privation de mouvement de monsieur Tshisekedi, son challenger de  2011, confiscation des médias publics et même plasticage de quelques rares médias pro-opposition… Sans compter le tripatouillage constitutionnel.
Le visage de la législature 2011 générée par la CENI apparaît comme ayant été commanditée par Monsieur Joseph Kabila afin de disposer d’un parlement à sa solde.

« Majorité Présidentielle »
Dans le plan de fraude généralisée, hormis les partis satellites de la législature écoulée, un nouvel élément est apparu sans attirer beaucoup d’attention : la création d’un parti politique dénommé PPPD, véritable clone du PPRD, parti présidentiel. Tapis dans l’ombre, il sera actionné le moment venu. Créé quelques semaines avant la campagne électorale, inconnu jusqu’à ce jour, il a placé plus de candidats et dans plus de circonscriptions que l’UDPS, le plus grand parti de l’opposition. Et au final, le PPPD a obtenu 29 députés, devenant ainsi le troisième parti du pays ! Avec quelles ressources ? Puisées dans la caisse de l’état ou pas ?
Un détail à surveiller: Tapis dans l’ombre de ce parti clone, une grosse pointure du PPRD, monsieur She Okitundu. Hasard ? Quand avait-il claqué la porte du PPRD ? Calcul planifié de longue date ?
Voilà la « majorité présidentielle » en voie de construction.

 Que peut-on attendre de pareils législateurs ?
Dans tous les pays du monde, la tricherie est toujours sanctionnée : à l’école, dans la circulation routière, par le fisc,  dans le sport, au travail.
Tricher c’est être hors-la-loi.
Voilà donc en RD Congo des hors-la-loi se préparant à légiférer !
Ayant été parachutés au parlement par la volonté de celui qui a financé leur pseudo-campagne, et surtout qui leur aura fourni les moyens pour bourrer les urnes et acheter les agents locaux de la CENI, ces « élus » seront sans plus ni moins une caisse de résonance.

Quelle destination ?
En  contrepartie des services rendus, les complices et usufruitiers de la fraude électorale aux législatives s’emploieront à se répartir les postes du gouvernement ainsi que la direction d’autres institutions de la république et mettre en coupe réglée le pays.
Le pouvoir sortant tend inexorablement à installer en RD Congo des institutions illégitimes, en porte-à-faux avec les aspirations profondes du peuple souverain… Pourvu que Joseph Kabila reste au pouvoir !
Cela est préjudiciable au plus grand nombre, cela est préjudiciable à la république.

Quelle sortie de crise ?
Le hold-up électoral vient d’installer en RD Congo une profonde crise politique.
D’un côté, une bande de hors-la loi et prédateurs ayant confisqué la machine de l’état, d’un autre, des millions d’électeurs réduits à l’ignorance et à la misère, floués, une opposition roulée dans la farine, des centaines de milliers de congolais vivant à l’étranger révoltés par l’imposture, et une société civile au pays dont le rôle étant le recadrage du sens de l’état à savoir: la justice, l’équité sociale. Société civile qui tarde à émerger.
La sortie de la crise, c’est la vérité des urnes. Qui en a intérêt, le pouvoir sortant ? Non.
La population et les forces de l’opposition ? Oui.
Comment obtenir cette vérité des urnes ?
Par de nouvelles stratégies postélectorales. Et dans le lot :
-         Une forte mobilisation des moyens humains et financiers ainsi que la mise en place d’un véritable réseau international d’amis du peuple congolais.
-         Une implication de la population via une éducation civique minimum ainsi que la participation à des actions de masse non-violentes de rejet de l’imposture, de la fraude et de la prédation.
Véritable danger pour la république, les hors-la-loi qui cherchent à devenir législateurs sont près à tout pour s'installer.

Cheik Fita
Bruxelles, le 11 février 201

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