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vendredi 23 mars 2012

Le président Joseph Kabila ou le Deng Xiaoping congolais ?




Dans le quotidien belge "le soir" du jeudi 16.novembre. 2006 c.à.d. un jour après la proclamation du second tour des élections au congo, sous la plume de Colette Braeckman, le nouveau président élu de la RDC , Joseph Kabange Kabila a fait la déclaration qu'il comptait s'inspirer du modèle de reussite chinois et des autres dragons et tigres de l'Asie de l'ouest pour imprimer un décollage économique en RDC.

Je voudrai par cet article, faire une évaluation du boom chinois et tirer l'essentiel des lecons que la RDC peut tirer de cette expérience. Il y a certe des opportunités que la RDC peut profiter du modèle chinois mais il existe des limites structurelles. Je vais essayer de le démontrer dans cet article.

A)Les chances de la Chine et /ou de la RDC. 
Trois explications éclairent fondamentalement les chances qu'a connu la Chine pour avoir le niveau de croissance qu'elle a aujourd'hui, je vais les citer par ordre de grandeur:

1. C'est Deng Xiaoping le leader chinois
2. C'est la retrocession de Hong Kong et le dynamisme de la diaspora chinoise
3. C'est la géographie de la Chine c.à.d. sa proximité avec le Japon, la Corée du sud et les autres tigres ou dragons de l'Asie du sud.

I. Deng Xiaoping et la philosophie de "traverser la rivière en tâtant les pierres".
La Chine a connu la mort de Mao en 1976 et une période de transition s'en est suivie. C'est en décembre 1979 que le président Deng Xiaoping a pris le pouvoir de la République populaire de Chine. Il a tout de suite mis en marche un chantier des réformes pour moderniser la Chine de manière prudente (traverser la rivière en tâtant les pierres ) mais résolue . Ce chantier des réformes touchaient à la fois le système juridique, politique, économique, social et les relations de la chine avec ses voisins et le reste du monde.

Si le président Joseph Kabila veut suivre le modèle de Deng Xiaoping, il serait souhaitable qu'il se positionne comme le président des réformes en profondeur de la société congolaise, notamment en modernisant notre système judiciaire, bancaire et financier; notre système d'enseignement; notre système de santé; notre système fiscal et budgétaire etc. La nature et la priorité à accorder aux réformes dépendront des réalités de la situation politique et économique en RDC.

2. Hong Kong et la dynamique diaspora chinoise. 
En seconde position vient Hong Kong et les chinois de la diaspora c.à.d. ceux de Taiwan, de l'Asie du Sud-Est, du Singapour et des USA. C'est la rétrocession de Hong Kong, place financière internationales par excellence sous la colonisation des britaniques aux chinois en 1980 qui a constitué le déclenchement de l'afflux des investissements direct étranger (IDE) dans la chine continentale. Hong Kong a transféré une grande partie de ses industries sur le continent en raison de la présence d'une main-d'oeuvre locale bon marché dans les régions côtières vers Shanghai et fût suivie par Taiwan et Singapour. Un domaine industriel fût à l'époque contruit par Singapour dans la ville de Suzhou, les autres par Taiwan .

La Chine n'est pas devenue un atelier du monde par génération spontanée mais est l'atelier du monde par le fait que cette impulsion tire son origine à l'intérieur des structures propres á la Chine. Les autres pays industriels ont suivi le mouvement par des délocalisations massives de leurs industrie en Chine , en raison de la mondialisation de l'économie et de la concurrence planetaire surtout après l'entrée de la Chine dans l'OMC en 2001.

Une grande partie des IDE passent par Hong Kong, les Iles Caraîbes ou les Iles Samoa pour rentrer en Chine continental avec les avantages que l'on accorde aux capitaux privés (exemption d'impôt). Pour preuve, le Japon , les USA et l'Union européenne fournissaient ces dernières années 8 à 9% des IDE , contre environ 50% pour Hong Kong, Taiwan et Singapour.

Par la suite , des zones économiques spéciales exemptées des taxes furent créées par les autorités chinoises dans les villes de Xiamen, Shantou, Shenzhen, Zhuhai et Hainan pour stimuler la croissance mais surtout pour attirer les capitaux dans ces villes côtières.

Une zone économique spéciale est appelée aussi "pôle de compétitivité" en jargon économique. On en distingue deux sortes c.à.d. un pôle de compétitivité qui repose sur la recherche scientifique de haut niveau ou sur le savoir-faire traditionnel. Un pôle de compétence qui repose sur la recherche scientifique a comme trois pivots fondamentaux c.à.d. une ou des universités, des entreprises technologiques et des banques spécialisée dans le capital à risque pour le financement. L'exemple américain est la Silicon Valey avec des universités(Stanford,Bekerly et Santa Clara); des entreprises technologiques(ex. Hewlet-packard) et des capitaux à risque. En Inde on peut citer l'agglomération de Bangalore. Par contre un pôle de compétence qui repose sur le savoir-faire traditionnel peut être avoir comme illustration la Suisse avec l'horlogerie et Paris avec la haute couture.

Si le président Kabila veut suivre le modèle Deng Xiaoping, il serait souhaitable de créer des structures de relais entre la RDC et sa diaspora qui est éparpillée à travers les cinq continents. Cette diaspora est composée des scientifiques de très haut niveau, des hommes d'affaires, des chercheurs mais aussi des passagers clandestins. Des mesures d'incitations fiscales peuvent pousser certains congolais de la diaspora de rapatrier leur fortune qu'ils ont amassé légalement ou illégalement au service de la croissance et du développement de la RDC. Des structures de rélais peuvent inciter les étudiants qui ont finis leurs études de rentrer au pays et participer à sa reconstruction au lieu de rester végéter en occident. La Belgique , ancienne puissance coloniale a mis en place vers les années 2003 avec le ministre des finances Mr. Didier Renders une panoplie de mesure d'incitation fiscale pour inciter les belges qui ont placé leurs capitaux ailleurs de les rapatrier en Belgique. La Chine de Deng Xiaoping avait aussi mis en place des mesures fiscales pour encourager la diaspora chinoise de rapatrier leur fortune dans le continent. Pourquoi pas la RDC ?

Il est vrai que le président Kabila a dit , je cite"A mes compatriotes de la diaspora, je dis de rentrer au pays! venez participer à la reconstruction, il y a de la place pour tout le monde". Le message est encourageant mais insuffisant. Depuis Adam Smith, le père fondateur le l'économie classique dans ses ouvrages:"La richesse des nations et les sentiments moraux" stipule que l'homo oeconomicus réagit aux intérêts :" Donnez-moi ce dont j'ai besoin ,et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous même" et la plupart de ces bons offices s'obtiennent sur base de cette logique , je cite:"Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme , et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage". Les membres de la diaspora seront attentifs aux mesures que le nouveau gouvernement va prendre en matière économique, fiscale , juridique etc. Ils viendront en tenant compte du coût d'opportunité de revenir investir en RDC ou de rester là ou ils sont. C'est simplement un comportement des individus rationnels.

Si le président Joseph Kabila veut suivre le modèle de Deng Xiaoping, il pourra encourager des mesures de nature à créer des pôles de compétitivité en RDC dans les lieux ou se situe déjà des universités , des entreprises performantes et créer une ou des banques d'investissement ou des capitaux á risque. Le président pourra prendre aussi des mesures d'exonération fiscale en vue d'encourager le rapatriement de la fortune de la plupart des membres de la diaspora riches . D'autres mesures pourront être prise pour décourager la fuite des cerveaux congolais au Canada ou ailleurs.

3. La géographie de la Chine
La Chine se situe au coeur d'une Asie dynamique en pleine croissance avec des pays comme le Japon , seconde puissance économique mondiale, la Corée du sud, la Malaisie, la Thailande et l'Indonesie. Ces tigres et dragons de l'Asie ont connu dans les années 1997 une crise de change profonde mais s'en sont tirés à merveille , et la chine tire profit de toute leur expérience. 
La Chine est devenu le premier partenaire économique du Japon ; achète la plupart de ses composants pour ses industries dans les pays d'Asie du Sud-Est et a tissé des liens étroits avec la Corée du sud. Actuellement plus de 50% du commercie de l'Asie du Sud-Est est de l'Extrême Orient est intra-régional.
Si le président Joseph Kabila veut suivre le modèle de Deng Xiaoping, il serait souhaitable d'encourager, sinon d'intensifier les relations économiques de la RDC avec l'Afrique du Sud, la première puissance économique en Afrique. Tirer profit de l'expérience du Botswana , un pays désertique mais dynamique qui a sû tirer parti de l'exploitation de ses ressources naturelles, principalement du diamant pour stimuler la croissance de son économie. L'ancien président du Botswana Ketumile Masire avait d'ailleurs été nommé médiateur du dialogue inter-congolais avec dessein.
4. Création d'une entreprise en Chine /RDC et différences structurelles.
Il est plus facile pour un étranger de créer une entreprise en Chine qu'en RDC. En Chine , il faut six permis et 30 jours de démarches administratives. En RDC il faut au moins 13 procédures et 155 jours pour créer une entreprise. Avoir une licence en RDC exige 14 procédures et 306 jours. Il n'existe pas en RDC des institutions d'octroi de crédit pour les petites et moyennes entreprises et les droits de propriété ne sont pas garanties . Toutes ces tractations administratives , sources et structures de corruption n'incitent pas un homme d'affaire d'investir en RDC dans un secteur porteur de croissance et créateur d'emploi. Les rares investisseurs qui viennent en RDC le font dans les secteurs tertiaires(Import-Export) , a rendement immédiat et non créateur d'emploi. Pour sortir du sous-développement , la Chine qui est encore une économie dualiste a suivi le modèle classique pour son développement , c.à.d. par la baisse de la part de l'agriculture dans le PIB au profit du secteur manufacturier et du secteur des services pour s'en sortir. La RDC n'a rien fait depuis les indépendances pour insuffler une nouvelle vision de modernité et de croissance. Rien n'a été fait pour sortir notre économie de sa structure dualiste. Une culture de la cueillette et de la chasse. Les élites congolaises préfèrent privilégier le discour de victime des autres civilisations ou des arguments tiers-mondistes pour expliquer le raison du frein du développement. Et pourtant la Chine vient de démontrer qu'en plein 20ème siècle un pays peut s'en sortir pour peu que les élites politiques et économiques s'en donnent les moyens . La Chine connaît la croissance devant le FMI et la Banque mondiale. Si la Chine l'a fait , la RDC peut aussi le faire. Si la RDC cherche des excuses , elle trouvera toujours.B) Les faiblesses de la RDC. Bien que la RDC soit en mesure de tirer les lecons de la Chine, il existe des limites à ce schéma. Ces limites sont liées aux structures de l'économie congolaise qui est une économie dualiste, du poids de la dette auprès du FMI et de la Banque mondiale, des certains articles de la nouvelle constitution de la troisième république , de la situation sécuritaire en RDC car les démons de la guerre et de la division n'ont pas totalement disparus.I. Sur le plan sécuritaire. Aujourd'hui plus qu'hier, la RDC doit compter avec les velléités sécessionnistes du Ruanda, de l'Ouganda et du Burundi. Ces trois pays sont des pays limitrophes mais les élites au pouvoir dans ces trois pays sont des ennemis du Congo et cela pour trois générations. Ces trois pays ont leur pions qui se retrouvent dans la plupart de la chaîne de commandement de l'armée, de la police et des services de sécurité dirigés par des congolais ennemis de leur propre pays le Congo. Cette situation fait qu'aujourd'hui , on ne peut pas dire qu'il existe en RDC des garanties de sécurité maximum et que les démons de la guerre ont disparus. Ils sont là et attendent que la MONUC ou l'EUFOR se retirent pour rallumer le feu.2.Le FMI et la Banque MondialeLa RDC est un pays PPTE et a signé des accords avec le FMI dans le cadre du programme d'ajustement structurel structurel (qui avec le temps a pris la forme de Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance) en vue d'alléger le poids de sa dette. L'initiative PPTE met l'accent sur la nature des réformes à réaliser en complément des mesures de politique de stabilité exigé par le FMI. Dans les conditionnalités, le FMI met l'accent sur le calendrier des privations des entreprises publiques; de la suppression par l'Etat des subventions accordées aux produits de base; de la suppression des barrières à l'entrée et à la sortie des marchés des capitaux; par la libéralisation de l'économie c.à.d. l'intégration immédiate sur le marché mondial en supprimant les droits de douane à l'entrée et à la sortie; par la suppression des mesures de contingentement; par l'introduction de la taxe sur la valeur ajoutée en vue de compenser les pertes des recettes de douanes à l'importation et à l'exportation. Pour atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE , un pays doit donner les preuves qu'il exécute comme il convient les programmes soutenus par le FMI et la Banque mondiale. La durée écoulée entre le point de décision et le point d'achèvement dépend de l'exécution satisfaisante des réformes fondamentales convenues au point de décision; du maintient de la stabilité économique et de l'adoption et de l'exécution pendant un an au moins du document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Après la préstation de serment le 10.12.2006, le président Kabila aura certainement sur sa table le dossier du FMI. Le FMI avait interrompu le contact avec le gouvernement congolais en attendant les nouvelles autorités qui sortiront des urnes. Cette situation fait que le président et son premier ministre auront des difficultés pour appliquer leur plan , notamment les cinq chantiers cités par le président Kabila lors de l'interview donné au journal "le soir" je cite: 1.Construction des infrastructures-routes-rails, ponts et relier les différentes régions du pays. 2.La création d'emploi qui passe par l'investissement 3.L'éducation c.à.d. le primaire , secondaire et universitaire 4. L'eau et l'électricité 5.La santé Appliquer cette politique signifie le retour de la politique d'inspiration keynésienne , alors que le FMI exige depuis plus de 20 ans une politique d'inspiration néolibérale. Réaliser les cinq chantiers signifie que l'Etat doit réaliser une politique budgétaire expansionniste. La banque centrale qui a un seul objectif , celui du surveillant de l'inflation va adopter une politique monétaire restrictive. A moins de chercher une confrontation directe avec les fonctionnaires du FMI, il sera difficile au nouveau gouvernement d'appliquer cette politique tel que défini par le président de la république. 3.Les articles de la nouvelle constitution de la troisième république.Le président de la république , Joseph Kabila a signé et promulgué le 18.02.2006 une nouvelle constitution qui comporte des faiblesses de fond dans les articles 175,176 et 181.L'article 176 fixe à la banque centrale un seul objectif, la stabilité des prix c.á.d. la lutte contre l'inflation. Une politique de type keynésien implique une hausse du taux d'intérêt et donc une hausse du loyer de l'argent. Ceci est contraire aux objectifs de la Banque centrale. Si la banque centrale avait deux objectifs c.à.d. le plein emploi et la lutte contre l'inflation , elle peut jouer le jeu , mais dans le contexte de cette nouvelle constitution la banque est la gardienne de l'inflation.L'article 175 de la nouvelle constitution répartit les recettes fiscales nationales en raison de 40% pour les provinces et 60% pour le gouvernement central. Cette clé de répartition est non seulement simple mais inefficace et sujette à beaucoup d’interprétation de la part du pouvoir central et des provinces. Le pouvoir central n'aura pas assez des ressources pour faire face aux urgences qui vont se succéder.L'article 181 de la nouvelle constitution fixe le rôle de la caisse nationale de péréquation. Cet article créé d'office deux sources d'ordonnancement des dépenses de l'Etat. En principe un pays a un seul ordonnateur principal, c'est le ministre des finances qui est secondé dans cette tâche par les ordonnateurs délégués désigné par lui et oeuvrant tant à Kinshasa que dans les régions, les sous-régions et les zones. Avec cet article le premier ministre aura 10% des recettes dans une caisse à part et le reste sera gérée par le ministre des finances. Il est fort à parier que le FMI ne sera pas d'accord que la RDC dispose de deux ordonnateurs principaux. Conclusion: Je partage le point de vue du président de la république que la RDC va surprendre. Je suis aussi d'avis que la RDC peut faire le même exploit que la Chine. Mais il faut pour cela s'en donner les moyens. Le gouvernement chinois vient de réunir ce vendredi 03.11.2006 dans sa capitale plus de 40 chefs d'Etats africains pour inaugurer une nouvelle forme d'échange basée sur la coopération économique et diplomatique. Le président chinois promet de mettre à la disposition des pays africains une somme de 5 milliards de dollars américain d'ici l'an 2009. Il appartient à l'élite politique congolaise de jouer les puissances occidentales et la Chine en vue de sortir du sous-développement dans lesquel ce pays vegete depuis des décennies. La Chine ouvre la porte à la mondialisation , c'est aux africains de savoir s'en sortir. Les relations internationales est une guerre de tous contre tous. 

 GUY-KAPAYO
http://congodebout.blog.mongenie.com/index.php?idblogp=205956

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