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mardi 29 mai 2012

Terminus pour Ntaganda, alias Terminator


L'ancien chef rebelle Ntaganda est traqué avec son dernier carré de fidèles.

L'ancien chef rebelle Ntaganda est traqué avec son dernier carré de fidèles. © Walter Astrada/AFP

Il a été de tous les mouvements rebelles avant de rejoindre l'armée congolaise... Mais sous la pression internationale, Kabila a dû se résoudre à lâcher Bosco Ntaganda.
Il n'y a pas si longtemps, Bosco Ntaganda paradait dans les meilleurs restaurants de Goma, dans le Nord-Kivu. Aujourd'hui, l'ancien chef rebelle, catapulté en janvier 2009 général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), est traqué avec son dernier carré de fidèles. « Sous la pression de l'armée congolaise, il a battu en retraite depuis son fief, dans le Masisi, avant de traverser la frontière rwandaise durant la nuit du 6 mai », assure un spécialiste de la région. Kigali dément. Selon les autorités militaires à Kinshasa, il serait toujours sur le territoire congolais. Peut-être aux côtés du colonel Sultani Makenga, un autre officier des FARDC, qui a fait défection le 3 mai dernier et qui s'est retranché dans le territoire de Rutshuru. Mais où qu'il soit, celui qui est surnommé Terminator est pris dans une sorte de souricière.
Chute
Cette chronique d'une chute annoncée débute le 14 mars lorsque l'ancien chef rebelle Thomas Lubanga est reconnu coupable de crimes de guerre - perpétrés en 2002 et 2003 en Ituri - par la Cour pénale internationale (CPI). À l'époque, Bosco était aux côtés du leader de l'Union des patriotes congolais (UPC). Il est d'ailleurs sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI depuis août 2006. « Durant le procès de Lubanga, des témoignages ont précisé le rôle de Ntaganda dans les violences commises en Ituri. Cela a accentué la pression sur Kinshasa, qui le protégeait », explique un fonctionnaire international en poste en RD Congo. Il fait allusion à l'accord de paix conclu le 26 janvier 2009 avec le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), durant l'opération de pacification menée conjointement par les armées congolaise et rwandaise dans les deux Kivus.
En 2005, Bosco avait rejoint ce mouvement rebelle dirigé alors par Laurent Nkunda. Quelques jours avant la signature de l'accord, c'est lui qui a fomenté, avec d'autres commandants, le putsch contre Nkunda, capturé ensuite au Rwanda où il est toujours en résidence surveillée. Depuis, le CNDP est devenu un parti politique, et ses hommes ont été intégrés au sein des FARDC. Et leur chef, nommé général, s'est retrouvé commandant des opérations militaires dans les deux Kivus.


« Cette realpolitik s'est accompagnée d'un modus vivendi entre l'état-major à Kinshasa, les officiers en poste dans la province et le CNDP. À la clé, un partage des postes et des grades, avec les primes correspondantes, mais surtout un contrôle partagé des mines de cassitérite dans la région », explique un spécialiste des questions militaires. Dans les bureaux de la Mission des Nations unies au Congo, on préfère souligner les bienfaits de ce « brassage » des groupes armés. Dans ceux de la présidence congolaise, on assume cette paix en marche aux dépens de la justice.
Durcissement
« La séquence présidentielle de novembre dernier a changé la donne. Pour renouer avec nous, le président Joseph Kabila, réélu dans les conditions que l'on sait, est dans l'obligation de donner des gages », espère-t-on à Paris. « La tête de Ntaganda serait un acte fort », reconnaît un visiteur régulier au Palais de la nation. Mais il faut faire vite. À l'approche du sommet de la francophonie prévu en octobre, la communauté internationale accentue la pression sur Kabila. Selon plusieurs sources, l'Union européenne et la Banque mondiale réfléchissent à « un changement de pied et à un durcissement de leur attitude ». En clair, à une réduction de l'aide. Quant au nouveau président français, François Hollande, il attend pour décider d'un éventuel aller-retour Paris-Kinshasa. Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, avait carrément retiré ce rendez-vous de son agenda. 


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