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mardi 16 octobre 2012

Vital Kamerhe : « Le sommet de la francophonie a mis à nu l’absence de leadership responsable en RDC »















Vital Kamerhe : « Le sommet de la francophonie a mis à nu l’absence de leadership responsable en RDC »



Vital Kamerhe, président national de l'Unc ce 21/06/2011 à Kinshasa, lors de la signature de la charte des membres de AVK. Radio Okapi/ Ph. John BompengoVital Kamerhe, président national de l'Unc ce 21/06/2011 à Kinshasa, lors de la signature de la charte des membres de AVK. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Après le XIVe sommet de la Francophonie qui s’est clôturé dimanche 14 octobre à Kinshasa, l’heure est au bilan de cette rencontre. Dans la classe politique congolaise, les acteurs politiques évaluent le déroulement du sommet. Son organisation, des thèmes abordés et la pertinence du communiqué final. L’opposant Vital Kamerhe pense que le sommet de Kinshasa a été un échec. Il a permis au peuple congolais de comprendre qu’il se pose en RDC « un problème de déliquescence de l’Etat et de leadership responsable ». Le président de l’Union pour la nation congolaise s’est dit très content que le prochain sommet se déroule au Sénégal, un Etat qu’il juge démocratique et emblématique de par son histoire.


Radio Okapi : Vital Kamerhe, le sommet qui vient de se clôturer a été un succès ou pas ?

Vital Kamerhe : Ça n’a pas du tout été un succès, mais on doit nuancer. Il a permis au peuple congolais de comprendre beaucoup de choses que nous avons ici chez nous. C’est notamment les problèmes de la déliquescence de l’Etat et du leadership responsable. Parce que nous ne pouvons pas attendre que ça soit les présidents des pays étrangers comme celui du Sénégal ou celui de la France et bien d’autres pour venir nous rappeler nos devoirs en tant que dirigeants. Puisque moi je n’ai pas compris pourquoi le Sénégal doit venir jusqu’ici pour rappeler au président de la République démocratique du Congo que la démocratie sur le plan africain tel que consigné dans la charte de la Francophonie est une démocratie basée sur le consensus social, politique et même ethnoculturel. Il y a eu raté aussi du fait qu’on a très mal qualifié les conflits en RDC. Aux dires du ministre de l’information de la RDC et de beaucoup d’autres acteurs, on parle de l’agression de la RDC. Le ministre nomme l’agresseur mais quand nous suivons le président de la République, il dit que la paix est troublée à l’Est par des forces négatives avec un appui extérieur d’un Etat voisin sans dire lequel alors que nous avons 9 voisins.

Que pensez-vous du communiqué final de ce sommet ?

Quand je lis dans le préambule du communiqué final, je me rends compte que c’est la thèse du Rwanda qui vient de passer. On doit nous dire finalement qu’est-ce qui se passe à l’Est ? Quand on invite le Congo et le Rwanda à poursuivre et développer le dialogue afin de renforcer la confiance nécessaire à l’instauration et la consolidation de la paix. D’un côté des FDLR et M23, mais pour rechercher la paix, on parle de la RDC et du Rwanda. On a très mal mélangé les choses et on doit recadrer pour nous dire qui sont les principaux acteurs et quelles sont les causes pour qu’on trouve la solution définitive et durable dans la région de grands lacs. Et là je vous renvoie à mon plan de sortie de crise. J’ai fait une analyse sans complaisance et j’ai indiqué des pistes de solutions.

En quoi le sommet de Kinshasa a-t-il été un succès, selon vous ?

Il a mis à nu les difficultés de notre démocratie, le non respect des droits de l’homme dans notre pays, les violations massives des droits de l’homme et la situation inconfortable de l’opposition dans notre pays. On a démontré effectivement que l’opposition n’est pas acceptée. Un exemple : je suis invité à une émission sur TV5 Monde. Je suis ancien président de l’Assemblée nationale mais des éléments de la garde républicaine qui étaient prévenus pourtant que j’allais venir me séquestrent et m’empêchent d’entrer, c’est un problème. Alors que la charte de la Francophonie défend la démocratie, le respect des droits d e l’homme, la solidarité entre les Etats, l’expression libre, les libertés libres, nous pensons que toutes ces valeurs n’ont de sens que si elles peuvent être canalisées pour amener le développement au sein des Etats membres.

Quel commentaire faites-vous sur des différentes allocutions à ce sommet ?

Là encore, je dois noter que c’est un succès pour nous, de l’opposition. Nous avions dit que le pouvoir en place est issu des élections tronquées. Il n’y a de légitimité des institutions ni des animateurs de nos institutions et quand on voit la gestuelle et même les allocutions des différents chefs d’Etats qui se sont succédés sur le podium, moi je n’ai jamais vu ça au monde. Nous devons nous remettre tous en cause. Un autre élément qu’il faut souligner, le problème de la guerre a été mal posé. Je comprends pourquoi la ministre rwandaise n’a pas signé le communiqué final. Quand nous avons des communiqués boycottés et que de l’autre côté notre diplomatie se félicite, c’est très grave. Nous avons une diplomatie très faible. Kinshasa aura servi à quoi ? Est-ce que la population congolaise se retrouve dans ce communiqué ?

Considérez-vous que le sommet de Kinshasa conforte le pouvoir de Kabila ?

Absolument pas. Le sommet de la Francophonie est venu confirmer que le pouvoir de Kinshasa n’a pas de légitimité. Je crois que les thèses de l’opposition longtemps défendues et jamais entendues par le pouvoir sont confirmées. C’est ridicule pour notre pays qu’on soit comme des enfants à qui on dit réveillez-vous pour leur dire il est temps d’aller à l’école. Il est temps pour emprunter cette voie.

Que pensez-vous du choix du Sénégal pour abriter le prochain sommet de la Francophonie?

Je suis non seulement d’accord mais heureux.

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