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dimanche 25 novembre 2012

ACCORD DE PAIX ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE CONGRES NATIONAL POUR LA DEFENSE DU PEUPLE (CNDP)

ACCORD DE PAIX ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE CONGRES NATIONAL POUR LA DEFENSE DU PEUPLE (CNDP)
http://afrikarabia2.blogs.courrierinternational.com/media/02/01/2360797318.pdf

Les derniers « succès » militaires de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, illustrent à merveille que ce vaste pays au cœur de l’Afrique tangue comme un vaisseau sans pilote. La ville de Goma, dans l’Est, est désormais considérée comme une ville perdue et, avec elle, toute la province riche en coltan du Nord-Kivu. Les errements dont les « dirigeants » de Kinshasa font étalage depuis des années ont atteint de telles proportions que la « énième » débâcle militaire en cours s’inscrivait dans l’ordre prévisible des choses. Dans la foule des fautes fondamentales de gouvernance, on peut en relever au moins trois, au hasard.

La première faute majeure des dirigeants congolais, le Président Kabila en premier, c’est de n’avoir pas doté le pays d’une véritable armée, ce qui est assez incompréhensible pour des gens parvenus au pouvoir par la guerre. Depuis des années, on déplore l’état lamentable de l’armée congolaise. Elle ne pouvait rien faire face à une armée aussi structurée que l’armée rwandaise. Puisqu’il s’agit bien de l’armée rwandaise. Le M23 n’est qu’une façade.

Tous les pays de la région, dont les dirigeants ont été confrontés à la guerre, ont entrepris de bâtir des armées nationales avant toute chose (Angola, Ouganda, Rwanda). Le Président Kabila est au pouvoir depuis janvier 2001. Il faisait déjà partie du premier cercle des décideurs du pays aux côtés de son père, Laurent-Désiré Kabila, dès 1997.

Joseph Kabila, ancien maquisard, aura donc mis plus de 15 ans sans se rendre compte que le Congo a besoin d’une armée à la hauteur de ses défis ? C’est à n’y rien comprendre.

En tout cas, de nombreux Congolais soutiennent que la faiblesse de l’armée congolaise est sciemment entretenue dans le but de faciliter aux dirigeants rwandais l’annexion du Kivu. Difficile de leur donner tort lorsqu’on observe à la fois l’état chronique de l’armée congolaise, la « facilité » avec laquelle les « rebelles », soutenus par le Rwanda, progressent sur le terrain et le silence de Joseph Kabila. Il n’a pas dit « un mot » et ne semble pas concerné alors qu’une région stratégique de son pays (80% des réserves mondiales de coltan à téléphones portables) est en train de passer sous contrôle d’une puissance « ennemie ».

Ainsi, depuis l’arrivée des casques bleus en avril 2001, les Congolais, reposent tous leurs espoirs sur les épaules des soldats onusiens. Or tout le monde sait que les casques bleus sont tout au plus une force de maintien de la paix, pas une force de défense nationale. Les casques bleus ne se battent pas pour protéger un territoire national. D’ailleurs, d’ordinaire, ils ne se battent même pas. Ils se contentent d’assurer une simple présence dissuasive. C’est à l’armée nationale qu’il revient de défendre le « territoire national ».

Celle du Congo en est tellement loin qu’en août dernier, le ministre rwandais de la défense, James Kabarebe, pourtant honni par les Congolais[1], a dit une vérité que la plupart des Congolais n’ont pas pu contester : « cette armée-là ne peut même pas tuer un rat »[2]. Si la référence au « rat » est évidemment excessive, on sait au moins que l’armée congolaise n’a pas réussi à capturer « un seul homme », Bosco Ntaganda. D’ailleurs, toute la tragédie en cours vient de la tentative ratée de capturer ce criminel de guerre recherché par la Cour Pénale Internationale.

La deuxième erreur fondamentale des dirigeants congolais devrait s’appeler « la naïveté ». Ils donnent l’impression d’ignorer à qui ils ont affaire. Ils ont affaire aux « Rwandais »[3] qui ont la réputation de « ne rien lâcher ». Ils ont tenu quatre ans durant dans les maquis avant de s’emparer du pouvoir à Kigali. Ils avaient la possibilité de prendre part au pouvoir aux termes d’un règlement politique. Ils se sont accrochés à l’espoir fou de prendre « tout le pouvoir » et ils y sont parvenus avec les dégâts qu’on connaît (génocide + des centaines de milliers des Hutus massacrés). Avant la guerre du Rwanda, ils avaient tenu des années dans les maquis ougandais aux côtés de Yoweri Museveni avec qui ils ont fini par prendre le pouvoir à Kampala en 1986. Maintenant qu’ils ont le Congo dans leur collimateur, avec ses immenses richesses minières, on perçoit aisément qu’ils ne sont nullement disposés à « lâcher le morceau ».

Lorsqu’on a affaire à des « individus » aussi redoutables, et qu’on a entre ses mains la responsabilité du son peuple, on doit impérativement élever le niveau. Malheureusement, pour le peuple congolais, les autorités de Kinshasa jouent les naïfs, ce qu’elles risquent de payer cher. Ils devraient penser aux dignitaires de Mobutu qui, ont un jour tout perdu et se sont retrouvés en exil, « chassés » de leur propre pays pour avoir négligé ce qui se passait dans le Kivu.

L’exemple emblématique de cette « naïveté » réside dans le fameux « accord du 23 mars 2009 » dont se prévaut la rébellion actuelle et qui contient des revendications assez hallucinantes pour des individus considérés comme de simples mutins.

En effet, cet accord, conclu sous l’égide de deux co-facilitateurs, les anciens Présidents Olusegun Obasanjo (Nigéria) et Benjamin Mkapa (Tanzanie), avec les hommes du criminel de guerre Laurent N’Kunda[4] fut un énorme piège puisqu’il a omis de faire mention du Rwanda dont on savait qu’il se dissimulait derrière le CNDP. En négociant avec le CNDP, le gouvernement congolais faisait entrer dans la vie nationale un « cheval de Troie » minutieusement « façonné » par les autorités de Kigali. La démarche qui s’imposait consistait à traiter directement avec le Rwanda et obtenir un accord d’Etat à Etat.

Maintenant qu’on en est là, le Rwanda peut commencer à manœuvrer derrière ses « protégés » en disant à l’opinion internationale : « ce n’est pas nous, ce sont les ‘Congolais’ entre eux ». Des milliers de combattants rwandais rejoignent les rangs du M23 qui a acquis du matériel de guerre sophistiqué comme des équipements de vision nocturne. Est-ce toujours une mutinerie, chers amis de Kinshasa ? On est dans une guerre internationale dont le Congo se serait passé en refusant de négocier avec des « lampistes ».

Aujourd’hui, le M23-CNDP ne fait plus mystère de la mission dont le Rwanda l’a chargé. Des mutins qui exigent le retour des réfugiés (article 6 de l’accord du 23 mars). Une question explosive au Kivu mais dont on sait qu’elle fait écho aux ambitions territoriales du régime de Kigali pour qui, une partie de sa (sur)population a vocation à se déverser sur l’Est du Congo.

Ils refusent d’aller intégrer les unités de l’armée congolaise au-delà de la région du Kivu. Autrement dit, la fin d’une armée nationale. Il y aurait donc au Kivu, des officiers et des troupes qui ne serviraient que dans le Kivu. Ça s’appelle la partition du pays, première étape du processus d’annexion tant redoutée de l’Est du Congo par le Rwanda.

Les Congolais qui crient « non à la balkanisation » ont là, sous leurs yeux, l’acte officialisant cette balkanisation. L’accord du 23 mars 2009 n’aurait jamais dû exister. Cet accord fut une erreur fondamentale et les Congolais mettront des années à s’en défaire, surtout au vu de l’état actuel de l’armée.

La troisième faute politique majeure des dirigeants congolais, au moins là, ils ne sont pas uniques au monde, c’est de s’accrocher au pouvoir malgré l’accumulation des échecs dans quasiment tous les domaines.

Joseph Kabila, décevant comme Président pour les Congolais, ne semble plus, par ailleurs, en odeur de sainteté auprès des dirigeants rwandais à qui il doit son arrivée à Kinshasa. Il fut depuis longtemps un « protégé » du général James Kabarebe, dont on disait, dans certains milieux américains, qu’ils seraient « oncle et neveu ». Lorsqu’on lit les propos de Kabarebe dans l’interview de Colette Braeckman selon lesquels « Cet homme (Kabila) n’est pas fait pour diriger », on comprend que le divorce est consommé, ou, en tout cas, que le dépit s’est profondément installé entre le Président congolais et ses parrains de Kigali.

Joseph Kabila avait d’autres alliés, les Occidentaux. Depuis le hold-up électoral de novembre 2011, et l’accumulation des violations massives des droits de l’homme (assassinat du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya), il ne fait plus recette. Il est même en situation de « rejet » personnel. Il suffit de se rappeler l’attitude du Président français François Hollande à l’occasion du sommet de la francophonie à Kinshasa. Le locataire de l’Elysée ne pouvait absolument pas supporter la nature du régime de Joseph Kabila. Lorsqu’on se retrouve dans une telle situation de « déchéance », on s’en va. Si on reste, on devient un boulet pour le pays et on entraîne son peuple dans son « suicide » personnel.




En tout cas, Joseph Kabila a raté l’occasion de s’en aller « démocratiquement » en novembre 2011 et à passer la main à Etienne Tshisekedi, le candidat élu selon toute vraisemblance. A la place, il se retrouve aujourd’hui englué dans une situation comparable à celle de Mobutu dans les dernières années de son règne.

Comme Joseph Kabila, le Maréchal, isolé et boudé partout, ne contrôlait plus le pays. Et, comme aujourd’hui, le Congo n’était visiblement plus gouverné. Il a suffi de quelques escarmouches dans le Kivu pour que tout l’ « édifice » du mobutisme s’effondrât comme un château de cartes.

Malheureusement, pas dans l’intérêt du peuple congolais.

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