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lundi 26 novembre 2012

Jean-Marie Runiga: «Nous ne quitterons pas Goma»





  • Jean-Marie Runiga: «Notre révolution est congolaise, menée par des Congolais, pour le peuple congolais. Les pays voisins n'ont rien à voir dans tout ça.»
    Jean-Marie Runiga: «Notre révolution est congolaise, menée par des Congolais, pour le peuple congolais. Les pays voisins n'ont rien à voir dans tout ça.»Crédits photo : Junior D. Kannah/AFP


    • INTERVIEW - Le pasteur Jean-Marie Runiga, 52 ans, préside, depuis sa création, le mouvement rebelle M23, qui vient de s'emparer de Goma, à l'Est du Congo . Il a rencontré le président de RDC, Joseph Kabila, samedi 24 novembre à Kampala, pour entamer des discussions.

      Propos recueillis à Kampala

      LE FIGARO.
      - Quelles sont vos revendications?
      Jean-Marie RUNIGA.- Le M23 est composé principalement d'anciens militaires congolais qui ont fait défection pour protester contre le non-respect des accords du 23 mars 2009. Le pouvoir accuse les militaires du M23 de profiter des richesses minières de la zone, affirmant que les soldats ne voudraient pas renoncer à cette manne et refuseraient donc de se rendre dans d'autres régions du pays. Sur le fond, je pense qu'un soldat ne doit pas rester attaché à sa communauté. Mais ceux qui ont obéi et qui sont partis, par exemple dans l'ouest du pays, ont été massacrés. Kabila n'a rien fait pour chercher les coupables de ces violences, c'est intolérable. C'est ce qui a mis le feu aux poudres, mais ce n'est pas notre seule revendication. La RDC a un véritable problème de gouvernance et de lutte contre la corruption. Les Congolais en ont marre de voir l'argent des caisses de l'État disparaître dans les poches du gouvernement alors qu'il y aurait tant à faire pour améliorer leurs conditions de vie.

      Vous pensez donc que le conflit, pour le moment concentré à l'est du Congo, peut s'étendre au pays tout entier?
      C'est ce qui est déjà en train de se produire. Dans de nombreuses régions du pays, notamment au Kasaï (centre de la RDC) et dans l'ouest, les mouvements rebelles longtemps réprimés par Kabila se lèvent pour poursuivre notre démarche. Nous sommes très satisfaits d'avoir commencé ce week-end à négocier avec le président. Cependant, nous ne quitterons pas Goma. Au contraire, nous allons restaurer la sécurité et l'autorité sur la ville et sa région. Nous ne lâchons rien et nous attendons de voir si Joseph Kabila entend nos revendications et respecte sa parole.

      Quels sont les liens de votre mouvement avec le Rwanda?
      On nous accuse partout de n'être qu'une émanation du Rwanda, mais c'est oublier toutes nos revendications. La seule aide que nous apporte Kigali, c'est qu'elle nous laisse exister, elle ne met pas fin à notre mouvement. Mais le président rwandais, Paul Kagamé, ne nous fournit aucune arme, nous n'en avons pas besoin. Les soldats du M23 sont des déserteurs de l'armée régulière, ils ont quitté le régime leurs armes à la main. Récemment, nous avons récupéré beaucoup de matériel dans une base militaire à Bunagana. Cela nous permet pour le moment de gagner chaque jour du terrain et de repousser tous les assauts de l'armée congolaise. Nous ne sommes d'ailleurs pas davantage soutenus par l'Ouganda. Notre révolution est congolaise, menée par des Congolais, pour le peuple congolais. Les pays voisins n'ont rien à voir dans tout ça. Ils n'œuvrent pas en sous-main comme l'a prétendu un rapport de l'ONU.

      Que répondez-vous aux accusations selon lesquelles de nombreux actes de violence contre la population civile auraient été commis par vos hommes?
      Lors de chacun de mes meetings, j'ai appelé les populations à venir me dénoncer toutes les violences commises par mes hommes. Je leur demande à chaque fois de me dire s'ils ont constaté ou s'ils ont été victimes de pillages, de vandalisme ou de viols. Si un membre du M23 commet de tels actes, il doit être sévèrement puni. Pour l'instant, aucun fait ne m'a été rapporté. Pour preuve de ma bonne foi, j'ai créé une commission d'enquête sur ces crimes. J'invite l'ONU et les associations à venir constater par eux-mêmes. Nous n'avons aucun intérêt à ce que notre mouvement soit décrédibilisé par de tels actes et violences.



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