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lundi 3 décembre 2012

«Joseph Kabila» et ses féaux n’ont rien compris


«Joseph Kabila» et ses féaux n’ont rien compris


Le PPRD Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale

Les Congolais vivant au pays autant que ceux de l’étranger ont suivi avec consternation la rebuffade essuyée par un député de l’opposition de la part de ses collègues appartenant à la mouvance kabiliste dite «majorité présidentielle». Ceux-ci se sont opposés à l’initiative d’entendre, dans le cadre d’une interpellation, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo sur l’évolution de la situation dans la Province du Nord Kivu. Une manière de permettre à l’opinion nationale de s’informer pleinement sur les véritables enjeux qui handicapent le retour de la «normalité» dans cette partie du Congo.

Fidèle à son image de chef d’Etat qui s’appuie sur un groupe de Congolais contre d’autres, «Joseph Kabila» a rencontré, jeudi 29 novembre, les députés nationaux appartenant aux groupes parlementaires de la «majorité présidentielle». Au centre des conversations, un seul sujet : l’évolution de la situation sécuritaire et humanitaire dans la ville de Goma et ses environs. En guise de "contribution", le président de chaque Groupe a formulé quelques «conseils». Etrange. La situation qui prévaut au Nord Kivu ne mérite-t-elle pas de faire l’objet d’une communication solennelle devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès ?

«Joseph Kabila» et ses affidés n’ont donc rien compris. Ils n’ont pas compris que l’heure est grave. L’heure n’est plus aux petits conciliabules au sein de la majorité présidentielle ou dans le cadre de la «réunion inter institutionnelle». «Joseph Kabila» et ses fidèles se comportent comme si rien ne s’est passé dans ce pays. Alors que la crise qui secoue depuis le mois d’avril dernier la province du Kivu - avec comme couronnement, la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23 - ménace l’unité physique du territoire national. Il y a donc urgence d’organiser d’un grand débat public. Les affaires publiques se traitent au grand jour.

Il s’agit désormais de déterminer les responsabilités en répondant à deux questions essentielles : Qui devait faire quoi ? Qui n’a pas fait ce qu’il devait faire ? Il s’agit d’en tirer les conséquences en sanctionnant sévèrement les responsables politiques et militaires qui ont failli à leur mission et contribué à l’humiliation de la nation toute entière.

Les auditeurs de la RTBF-radio ayant suivi, mercredi 28 novembre, le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende Omalanga, ont retrouvé le même homme dont les propos provoquent l’urticaire du fait de l’arrogance autant que de la betîse qui s’en dégagent. Mende semble n’avoir pas compris qu’il fait partie d’un gouvernement défaillant, inapte à assumer les missions régaliennes de l’Etat. A savoir : la défense du territoire national et le maintien de l’ordre. Mende a tenté, sans convaincre, de justifier ce fiasco en invoquant une prétendue «jeunesse» de l’Etat congolais. Pour lui, c’est encore cette «jeunesse» qui explique l’incapacité des gouvernants à rencontrer les attentes de la population en termes d’amélioration de la qualité de vie, de démocratie et de respect des droits humains. «Ce sont des critiques que nous recevons chaque jour, a dit Mende. Nous ne sommes pas parfaits. Nous sommes un pays jeune». C’est trop facile. Peut-on décemment parler de "pays jeune" après 52 années d’existence en tant qu’Etat ?

Depuis le 20 décembre 2011, date à laquelle «Joseph Kabila» a inauguré son mandat actuel – un mandat risqué - à la suite d’un scrutin souillé par la tricherie et la fraude, tous les signes montrent que l’homme a amorcé une sorte de descente aux enfers. Vomi par une population déçue par des promesses mensongères, «Joseph» bat de records d’impopularité. La défaite des candidats, étiquetés «majorité présidentielle», lors de l’élection du gouverneur de province au Bas-Congo et dans la Province Orientale en témoigne. Les postulants ont été soutenus personnellement par «Joseph Kabila» qui a fait le déplacement à Matadi et à Kisangani. Après la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23, des protestataires à Kisangani et à Bunia se sont attaqués aux symboles du pouvoir. C’est le cas notamment du siège du parti présidentiel «PPRD». Par ailleurs, des partis et des personnalités politiques ne cessent d’appeler à la démission de
«Joseph Kabila». Ce sont des signes du temps.

Au lendemain de la fin de la première «Guerre du Shaba» en 1977, le président Mobutu Sese Seko avait pris une série de mesures pour «libéraliser» son régime. Il avait instauré notamment le poste de Premier commissaire d’Etat et mis fin à l’endossement des candidatures des commissaires du peuple (députés) par le parti-Etat. Le naturel revenant au galop, le «Grand Léopard» n’a pas trouvé mieux que de verrouiller les espaces de liberté en interdisant les interpellations des membres du gouvernement et autres responsables politico-administratifs. L’objectif était clair : étouffer les voix dissonantes au sein de ce qui s’appelait à l’époque le «Conseil législatif». Cette erreur politique constitue sans aucun doute le ferment qui a permis l’éclosion d’une «opposition radicale» au régime. Une opposition qui va s’illustrer par deux faits majeurs : la rédaction en novembre 1980 de la célèbre « Lettre ouverte des 13 députés » et par la création, en 1982, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Comparaison n’est certes pas raison. Reste que «Joseph Kabila» et ses partisans seraient très mal inspirés de considérer le coup de semonce venu de Goma comme un simple feu de paille. Un épiphénomène. Le retrait des rebelles du M23 du chef-lieu du Nord Kivu ne signifie nullement le retour de la normalité. Rien n’est réglé. A preuve, les insurgés contrôlent encore plusieurs localités du Nord Kivu.

Le Congo-Kinshasa a besoin d’un véritablement traitement de choc pour «guérir» les Citoyens d’une «maladie» qui tient en quatre mots : la crise de confiance. Un mur de méfiance s’est érigé entre la population et les gouvernants. Cette situation va perdurer aussi longtemps que les véritables responsables de la débâcle des Forces armées congolaises à Goma ne seront identifiés et sanctionnés...
 
Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2012





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