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mercredi 26 décembre 2012

Valérie Trierweiler, première dame normale


Valérie Trierweiler en novembre, lors d'une cérémonie à l'Élysée.
Valérie Trierweiler en novembre, lors d'une cérémonie à l'Élysée.© SIPA

Elle vient de co-signer une tribune, publiée le 25 décembre dans le journal Le Monde, interpellant l'ONU sur la situation en RDC avec Jacques Chirac et Abdou Diouf. Portrait de Valérie Trierweiler, une première dame qui prend doucement la mesure de son rôle.

« Je ne serai pas une potiche, avait proclamé Valérie Trierweiler dans les colonnes du quotidien britannique The Times, le 9 mai, au lendemain de l'élection de François Hollande à la présidence de la République. Je veux bien représenter l'image de la France, faire les sourires nécessaires, mais il faudra que ça s'arrête là. » Sept mois plus tard, le 13 décembre, sous le regard de Patrice Biancone, un ancien journaliste de RFI qui veille sur sa communication, la compagne du chef de l'État confie à deux confrères du Monde qu'elle « ne rechigne pas à préparer les dîners [de l'Élysée, NDLR] avec les services du protocole et à choisir la couleur des nappes ». De la rebelle attitude à la « normalitude », l'atterrissage a été brutal. « Le 6 mai, je n'avais rien mesuré du tout. C'est un peu comme si on m'avait fait sauter en parachute sans parachute », poursuit celle qui, dans l'euphorie de la victoire, avait asséné : « Ce sera plus facile pour moi que pour Carla Bruni, car moi, je connais les codes », allusion à sa parfaite connaissance du Landerneau politico-médiatique.

Cela fait en effet plus de vingt ans que Valérie Trierweiler exerce la profession de journaliste. Plus de vingt ans que cette beauté froide hante l'Assemblée nationale juchée sur ses talons aiguilles et passe, le brushing altier, devant députés et ministres éblouis. Après avoir couvert pour Paris Match l'actualité du Parti socialiste, Valérie Trierweiler s'est orientée vers les pages culturelles de l'hebdomadaire lorsque sa liaison avec François Hollande, alors premier secrétaire dudit parti et compagnon de Ségolène Royal, est devenue publique. Depuis 2005, elle a aussi animé sur la chaîne Direct 8 (aujourd'hui D8) des émissions politiques, puis culturelles. Un changement de genre qui lui aurait été demandé par sa hiérarchie au nom de l'éthique et auquel elle a mis du temps à se plier, revendiquant le droit d'exercer son métier comme elle l'entend.

« Tiens donc, une First Lady journaliste n'est pas une nouveauté. Évidemment, il faut regarder de l'autre côté de l'Atlantique pour ne pas hurler au scandale », a-t-elle ironisé en chroniquant une biographie d'Eleanor Roosevelt. Influente femme de tête, reporter et féministe militante, cette First Lady des années 1930 incarnerait-elle l'idéal de celle qui n'a pas hésité à se proclamer « première journaliste de France » ? Sûrement plus, en tout cas, que les discrètes Yvonne de Gaulle ou Anne-Aymone Giscard d'Estaing, à qui elle préfère Danielle Mitterrand et son légendaire franc-parler.
Un franc-parler dont elle ne s'est pas privée, en début de mandat. Nul n'a oublié le tweet de @valtrier, qui, lors des législatives de juin, avait envoyé un message de soutien à un adversaire de Ségolène Royal afin de torpiller son éternelle rivale. Après cette sortie, indélicate pour les quatre enfants de l'ex-couple Hollande-Royal, dévastatrice pour l'autorité présidentielle et pour sa propre image, Trierweiler a d'abord juré de « tourner sept fois le pouce » avant de rédiger un nouveau tweet. Mieux : la désormais sage ambassadrice de la Fondation France Libertés (créée par Danielle Mitterrand) a mis en sourdine son compte Twitter et, sauf exception, n'accorde plus d'interviews.

Tétanisé
À l'instar de l'une de ses amies intimes qui, contactée par J.A., refuse de dire un seul mot, son entourage semble tétanisé. Tout juste l'ex-rebelle, qui avoue n'accepter que depuis peu de « devenir une personne publique », a-t-elle annoncé qu'elle serait le témoin de mariage d'un couple homosexuel (pour soutenir le projet de loi socialiste controversé), reçu des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sans que l'on comprenne vraiment le sens de sa démarche, et promis de s'occuper des enfants des rues, sans plus de précision.
Au fond, on ne sait que peu de chose de Valérie Trierweiler. Née il y a 47 ans à Angers dans une famille désargentée, elle-même ignorait jusqu'à récemment l'histoire de son grand-père, un banquier local dont les affaires ont périclité. Le reste ? Un père handicapé (à 12 ans, il sauta sur une mine de la Seconde Guerre mondiale et fut amputé d'une jambe), taiseux et taciturne, épaulé par une femme belle et courageuse, caissière à la patinoire de la ville. Une fratrie de six, soudée. Une enfance passée dans un quartier sensible de la banlieue d'Angers. Un premier mariage avec un fils de famille. Des études à la Sorbonne, où Valérie obtint un DESS de communication politique et sociale, des débuts à la revue Profession politique, un beau recrutement à Paris Match, où elle rencontra son second mari. Puis une complicité avec François Hollande, qui au fil du temps se transforma en amour « sérieux », au point que, après des années passées dans l'ombre à ferrailler contre Ségolène, Valérie en aurait conçu une féroce jalousie. « Oui, l'homme que j'aime a eu une femme avant moi. Et il se trouve qu'elle a été candidate à l'élection présidentielle. Je fais avec », peste-t-elle dans un livre de photos consacré à la campagne présidentielle dont elle a légendé toutes les images...

Gourmande

Jalouse, colérique, hystérique, égocentrique ? « Elle manque surtout de confiance en elle, raconte l'une de ses anciennes collègues. Elle a eu très peur que François retourne auprès de Ségolène après la présidentielle de 2007. » Ses anciens collaborateurs à la télévision, eux, ne tarissent pas d'éloges sur cette femme rigolote, gourmande et assumant ses rondeurs, qui téléphone sans cesse à ses enfants et forme avec Hollande un couple très uni. Tous confirment qu'elle prépare seule ses émissions, « sans doute parce que cette perfectionniste ne fait pas confiance aux autres ». De l'avis général, il faut du temps pour briser la glace. « Elle n'adresse la parole qu'aux personnes avec lesquelles elle travaille. Raison pour laquelle elle en impose... ou passe pour une bêcheuse », confie un journaliste de Direct 8, pour qui « c'est une vraie pro ». « Son indépendance est réelle : elle n'a pas hésité à montrer Manuel Valls dans une brocante à Évry demandant "qu'on rajoute quelques Blancs, quelques blancos", ou Jean-Luc Mélenchon badinant avec Marine Le Pen. En dehors des plateaux, elle ne s'attardait pas avec ses invités, et surtout pas avec Laurent Fabius, qu'elle déteste. »

Ce qui n'a pas empêché celui-ci d'être nommé ministre des Affaires étrangères. « L'influence politique de Valérie est quasi nulle », estime, en off, un membre du gouvernement. Soucieuse de ne pas ressembler à sa caricature des Guignols de l'info, qui la peignent sous les traits d'une mégère tyrannique, la première dame a pris soin de préciser qu'elle n'est entrée que trois fois dans le bureau présidentiel. Celle qui, consciente de son impopularité, se compare avec humour à Marie-Antoinette rappelle ainsi que c'est François qui commande. Un homme à la présidence, une femme discrète et aimante à ses côtés... Combien de temps l'impulsive Valérie résistera-t-elle à cette morne normalité ? Les paris sont ouverts.


Une tribune pour interpeller l’Onu sur la RDC

C’est en tant qu’ambassadrice de la Fondation Danielle Mitterrand – fonction qui pourrait se révéler bien utile – que Valérie Trierweiler a co-signé, le 25 décembre, une tribune, publiée dans le journal "Le Monde", interpellant l’Onu sur son rôle dans l’Est de la RDC. Aux côtés de l’ancien président français Jacques Chirac et d’autres personnalités de tous bords comme Robert Badinter, Yamina Benguigui, Stéphane Hessel, Leyma Gbowee, Mahamat Saleh Haroun ou encore Abdou Diouf, la Première dame dénonce avec force les exactions d’escadrons, « dont le groupe baptisé M23 » qui « sèment la terreur » dans la périphérie de Goma.
« Ils violent par centaines de milliers les femmes et les enfants pour terroriser la population. (…) Et les enfants qu'ils n'ont pas massacrés, ils les enrôlent de force. » Les auteurs dénoncent l’immobilisme de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) et l’attentisme d’une communauté internationale, qui, pourtant « pourrait arrêter » le drame. « Il lui suffirait de donner l'ordre aux dix-sept mille soldats de faire leur métier et de remplir leur mandat », clame l’aréopage de personnalités. En octobre, lors de sa visite en RDC, le compagnon de Valérie Trierweiler, le président François Hollande, avait sèchement traité son hôte, Joseph Kabila, mais il avait également dénoncé clairement les incursions du M23 et les États qui soutenaient les rebelles congolais, visant sans ambiguïté le Rwanda et l’Ouganda.



Justice sous pression ?
En prêtant à la première dame une idylle passée avec Patrick Devedjian, ancien ministre et député UMP des Hauts-de-Seine, Alix Bouilhaguet et Christophe Jakubyszyn, les auteurs de La Frondeuse (éd.  du Moment), se sont attiré l'ire des intéressés, qui les poursuivent en justice pour « diffamation et atteinte à la vie privée ». Leur ouvrage a aussi suscité une série de réactions épistolaires. François Hollande et Manuel Valls, son ministre de l'Intérieur, ont tous deux écrit au tribunal. Le premier pour « dénoncer comme pure affabulation » des passages de ce livre évoquant une « prétendue lettre » de ralliement à la droite qu'il aurait adressée en 1995 à Devedjian afin que celui-ci lui organise un rendez-vous avec Édouard Balladur. Le second pour contester les propos qui lui sont prêtés. Enfin, Beatrix Marzouki, l'épouse du président tunisien, a envoyé une lettre à Valérie Trierweiler pour l'assurer de son soutien en tant que « femme, épouse de chef d'État et citoyenne française » face à ces « intrusions de médias sans foi ni loi » dans la vie privée.



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