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samedi 4 février 2012

L’Union Européenne doit adopter une position forte face à l’impasse politique postélectorale en RDC

Bruxelles, le 2 février 2012 

Fort de son travail d’observation électorale des scrutins présidentiel et législatif du 28 
novembre en coopération avec les organisations de la société civile congolaise d’AETA 
(dont nous soutenons la prise de position énoncée dans le communiqué joint en annexe), 
et dans la continuité des communiqués précédents des 28 novembre, 1er  et 19 décembre,  
le Réseau européen pour l’Afrique Centrale (EurAc) tient à exprimer son inquiétude par 
rapport au déroulement du processus électoral. La crise politique ainsi engendrée 
hypothèque la stabilité institutionnelle du pays, peut mener à la violence et donne des 
arguments à ceux qui cherchent le désordre.     
Le fait que dans certaines provinces et certains bureaux de vote  les opérations 
électorales se sont déroulées dans le calme et dans le respect de la volonté de la 
population congolaise qui a voté avec enthousiasme ne suffit pas à atténuer la perception 
générale d’un processus qui est loin d’inspirer beaucoup de confiance.   
Il résulte des élections congolaises un Président faible qui souffre d’une grave crise de 
légitimité et qui, dans la situation actuelle, n’est pas à même de répondre aux défis 
majeurs auquel fait face la RDC tant en terme de maintien de l’ordre et de la sécurité 
qu’en terme de développement. 

EurAc a accueilli avec une grande satisfaction la nomination de l’Ambassadeur Koen 
Vervaeke comme coordinateur pour la région des Grands Lacs au sein du Service Action 
Extérieure de l’UE. Nous sommes confiants que  son  expérience importante dans la 
région et ses qualités et qualifications lui permettront de diriger l’action européenne dans 
la région des Grands Lacs dans les meilleures conditions. EurAc espère qu’en tant que 
responsable d’une région n’ayant pas réussi à tourner définitivement la page du conflit, 
l’Ambassadeur Vervaeke pourra faciliter l’harmonisation des différentes approches
européennes. Cela nous semble le seul gage d’une politique cohérente permettant un 
développement positif dans des domaines tels que: la lutte contre l’impunité, la réforme 
du secteur de sécurité, la lutte contre les violences sexuelles, la démocratisation et 
l’exploitation illégale des ressources naturelles.    
Compte tenu de la situation actuelle, l’Union Européenne et ses Etats membres devraient 
adopter une position forte et cohérente, exprimée dans un cadre de solidarité 
multilatérale. L’UE devrait contribuer à trouver une solution à l’impasse dans laquelle se 
trouve la RDC pour éviter un épilogue qui plonge le pays dans une crise de violence et 
d’instabilité avec des conséquences extrêmement néfastes pour la population.
  
L’Union Européenne devrait donc donner un signal fort pour: 
Eviter que le pays retombe dans les divisions entre les communautés et dans la 
violence envers la population;  
Contribuer à renforcer le dialogue entre les acteurs politiques congolais tout en 
favorisant l’implication de la société civile et encourager ces derniers à trouver 
une solution concertée et réaliste à cette crise postélectorale;  
Assurer que la voix de la majorité silencieuse de la population soit prise en 
compte dans les concertations quelle qu’en soit la  nature afin de rétablir la 
confiance rompue entre les congolais et les institutions censées les représenter; 
Peser afin que le processus électoral, qui n’est pas encore clôturé, soit conduit de 
façon à évaluer et tirer des leçons du processus tel qu’il a été mené jusqu’à 
présent. Il s’avère fondamental de s’assurer que la RDC remette sur pied une 
Commission Electorale Nationale Indépendante crédible et légitime et adopte une 
loi électorale qui puisse assurer le respect des fondements démocratiques et la 
participation active de tous les acteurs politiques et sociaux dans la tenue des 
élections provinciales et locales;  
Peser afin que le cycle électoral aille à son terme avec la tenue d’élections 
provinciales et locales et afin que soit mis en place un processus de 
décentralisation effectif, seule garantie d’une participation effective des citoyens à 
la vie politique du pays et d’une amélioration de la gouvernance démocratique;
S’engager dans le soutien à l’éducation civique, seule manière de réaliser 
l’appropriation du processus de démocratisation par la population et de protéger 
celle-ci des manipulations qui ont engendrés des violences lors des échéances 
précédentes. C’est un enjeu d’autant plus important que le risque est grand 
qu’une classe politico-militaire s’approprie le processus au détriment des principes 
de démocratie et de justice, pour lesquels les acteurs de la société civile 
congolaise se battent depuis longtemps ;   
Prendre position vis-à-vis du processus électoral et des résultats du scrutin 
présidentiel de manière forte, cohérente et concertée entre tous ses Etats 
membres et profiter de la programmation du Fond Européen de Développement 
(FED), prévue en 2012, pour définir une stratégie politique commune à la mesure 
de l’importance de la RDC dans la région.


Elections 2012 : Nous avons échoué
(Claude BUSE Misambo - Dia - 02 Février 2012)

A quelque chose, malheur est bon !  Les élections qui viennent de se passer nous jettent 
une vérité à la figure : nous avons échoué ! Tous ! Non pas un échec de chiffres, mais 
nous n’avons pas pu bien faire les choses. Les élections ont été la célébration, à leur 
paroxysme, de nos turpitudes, nos insuffisances, nos pratiques de corruption, etc. Tous 
ces éléments auxquels nous nous sommes accommodés comme acteurs, auteurs et/ou 
victimes. Attendant toujours que ce soit notre tour d’être vainqueurs.Les élections qui 
viennent de se passer me rappellent la délibération aux sessions d’examen dans nos 
universités, bien illustrés par l’Université de Kinshasa, la mère de toutes. Avec des points sexuellement transmissibles, du favoritisme pour enfants de professeurs, du tribalisme et 
du clientélisme… 10 ans après Mobutu, on n'a jamais pu harmoniser, par exemple, le 
calendrier académique dans différents départements, facultés d'une seule et même 
université... Nous pensons toujours que la corruption, la tricherie, n’arrivent ou ne sont 
que le fait destinés aux autres… Jusqu’à ce que cela nous arrive à nous !  
Nous avons créé une société de profitage, de bénéficiaires bénévoles, une société de 
mensonge, de chance éloko pamba, etc. 
Les députés du Parlement – Pprd-Mlc – pensaient se partager le gâteau, préparer un 
renouvellement de mandat… Ils ont levé le principe d’un Bureau de la CENI à vocation 
politique. Et ils n’ont pas confié l’organisation des élections à la société civile comme on 
l’aurait voulu… Mal leur en prit avec l’arrivée de l’Udps… 
La CENI est la conséquence de ce Parlement de profiteurs qui se sont partagé les moyens 
de l'Etat, les postes, les primes... La CENI, une bâtarde prématurée ou précipitée, née en 
retard, tout son travail ne sera qu’à peu près, la classe politique se contentera par 
consensus de passer l’éponge sur tous les dysfonctionnements et les imperfections de 
date, de matériel, etc. Jusqu’à ce que le jour J on se rende compte que tout était dans 
l’imperfection : repérage, listes, principe d’action…. Puis la grande déflagration, avec en 
arrière-fond l’appel du leader maximo à ne rien respecter : si on considère déjà comme 
légitime le droit de corriger un homme en uniforme et en arme même dans le camp et 
devant femme et enfants… que peut-on faire devant des civils? Tout a été foutu en l’air !
 Malheureusement, jusqu’à ce jour il n’y a aucun mea culpa. Tout le monde pense bien 
faire. Tout le monde pense avoir bien agi. Même le pasteur président de la CENI ne 
pense pas pouvoir demander pardon ne fut-ce qu’à cause de « ses » collaborateurs dont 
les fautes leur ont valu l’emprisonnement pour défaillance. Le pasteur président ne pense 
pas que le manque de professionnalisme qui a caractérisé le scrutin mérite des excuses. 
Des excuses à toutes ces personnes arrivées de très bonne heure et qui ont dû, sous la 
pluie, déambuler de Bureau en Bureau pour chercher leurs noms introuvables sur des 
listes avant de se faire permettre d’élire, deux heures plus tard, et qui entendent qu’il y a 
tripatouillage ! 
Et la série continue : tricherie, accusation sans preuve, tripatouillage. Pendant ce temps, 
les uns, sur la Rtnc, profèrent injures, propos délictueux, mensonges, imputations 
dommageables, menaces, traînant dans la boue tout celui qui n’entre pas dans leur cadre 
idéologique (si seulement on peut parler ainsi)… Ailleurs on pense à la violence aveugle, 
sans objectifs précis, sans cibles précises… Si la frustration est réelle, la solution ne 
semble pas toujours recouvrer sa pertinence par rapport à ce qui devait être pensé 
comme efficacité… Là encore nous continuons à traîner, mieux, à entretenir notre échec ! 


Au Congo, Kabila écrase l'opposition sur fond de tueries post-électorales 
(MEHDI MEDDEB  - Mediapart - 02 février 2012) 
Kinshasa, de notre envoyé spécial

Dimanche 21 janvier, l'opposant Etienne Tshisekedi  tente de sortir de chez lui pour 
rendre visite à sa famille. En vain. Un cordon de policiers congolais l’en empêche. « Nous 
sommes maintenant entourés par une dizaine de barrages qui interdisent toute entrée 
vers la résidence du président de l’UDPS, explique le secrétaire général de l'Union pour la 
démocratie et le progrès social.  Notre président,  Etienne Tshisekedi est clairement en 
résidence surveillée. » Jacquemain Shabani craint maintenant le pire pour son chef.  
Persuadé d’avoir été spolié lors de l’élection présidentielle couplée aux élections 
législatives du 28 novembre 2011, Etienne Tshisekedi s’est autoproclamé président élu, 
dénonçant des « fraudes et tricheries, un véritable hold-up électoral ». Ce jeudi 2 février, 
la commission électorale a annoncé les résultats quasi-définitifs des élections législatives. 
Le parti de Joseph Kabila et ses formations alliées ont obtenu la majorité absolue avec 
environ 260 sièges sur les 500 de l'Assemblée nationale, et l'opposition autour de 110. 
Ces législatives sont considérées comme «nulles» par Tshisekedi.  
Isolé dans sa résidence, « le Sphinx de Limété » tente depuis  « de bousculer le 
pouvoir », et le président en titre, Joseph Kabila. Incapable de mobiliser ses troupes, 
harcelées et traquées par les forces de Kabila, Tshisekedi vient d’annoncer la formation 
de son gouvernement, et qu’il procéderait par ordonnances. Extravagant.  
« Ces annonces en tout cas déstabilisent le régime en place, explique le numéro deux de 
l’UDPS.  En représailles, la répression s’intensifie. » Une étape aurait été franchie avec 
« des massacres en préparation » sans que Jacquemain Shabani en apporte la moindre 
preuve. 
La répression actuelle n’en verse pas moins dans le tribalisme. « Il est clair que parmi les 
personnes enlevées, arrêtées, un certain nombre provient des rangs de l’UDPS ou du 
Kasaï, région d’origine de Tshisekedi, indique Anneke Van Woudenberg, enquêtrice à 
Human Rights Watch. Mais les Kassaïens sont loin d’être systématiquement pris pour 
cible.  »  
Depuis l’annonce de la victoire de Joseph Kabila, sa garde rapprochée, la très redoutée 
garde républicaine, opère dans la plus grande discrétion. « La GR, ce sont des escadrons 
de la mort, raconte un militant qui préfère garder l’anonymat. Ils ciblent les quartiers où 
des opposants sont minoritaires. Ils les prennent et on n'entend plus parler d’eux. »  
En un mois et demi la répression a fait des dizaines de victimes, rien que dans la 
capitale. Les enlèvements, les disparitions forcées, les arrestations arbitraires se 
multiplient. Profitant de l’incertitude post-présidentielle, la « GR » n’hésite pas à semer le 
terreur.  « Il y a une chasse aux sorcières qui s’organise, affirme Dolly Ibefo Mbanga, 
président de « la Voix des Sans-Voix ». « Les Congolais sont enlevés. Tous les jours, on 
vient me voir pour me signaler une disparition à Kinshasa. »   
Le président de « la Voix des Sans-Voix » cite au téléphone les noms des disparus, et 
dénonce une impunité totale.  « Combien d’arrestations sommaires, combien de 
détentions illégales dans des camps militaires à Kinshasa ? Et je ne vous parle même pas 
des exactions dans les autres provinces, dans le Katanga, au Kasaï oriental toujours en 
état de siège, ou encore à Bukavu. » Interpellé sur ces exactions, le ministre congolais 
de la justice a promis l’ouverture d’une enquête dont les conclusions sont connues 
d’avance.  
Car il va sans dire que les institutions du pays sont à la botte de Kabila, soucieux de 
régler au plus vite ses comptes avec son principal opposant, après une réélection dont tout le monde ou presque a dénoncé les fraudes. Les observateurs sont unanimes. De la 
mission de l’Union européenne à la Fondation Carter, jusqu’à la très influente Eglise 
catholique congolaise, tous ont critiqué ce scrutin présidentiel.  
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a en dénoncé  « des tricheries 
avérées et vraisemblablement planifiées ». Habituellement très mesurée, la CENCO a 
appelé la commission électorale (Céni) à rectifier  les « graves erreurs » ou à 
« démissionner ». Dans ce concert de condamnations, il y a une fausse note : les voisins 
de la RDC et les chancelleries occidentales ont fait preuve d’un silence coupable. 
« Jusqu’au jour du vote, aucun diplomate n’a officiellement et publiquement appelé au 
report des élections qui allaient droit dans le mur, précise Jean-Claude Willame, alors que 
rien n’était prêt. »  
Rendre inaudible l’opposant « historique »  
Les Nations unies savaient dix jours avant la présidentielle que c’était infaisable, et n’ont 
rien fait. « Depuis, seules quelques chancelleries ont désapprouvé officiellement, réagit le 
spécialiste belge de la RDC.  Mais c’est hypocrite.  » Dans un pays qui a connu deux 
guerres ces vingt dernières années, et dont la stabilité est toute relative, les diplomates 
ont laissé faire pour ne pas voir la région de nouveau s’embraser au risque de produire 
l’inverse.  
« La communauté internationale fait preuve de faiblesse, renchérit Anneke Van 
Woudenberg.  En privé, certains diplomates disent qu’ils désapprouvent les exactions, 
mais en public, personne ne dit rien. Du coup, le clan Kabila se sent encore plus libre 
d’étouffer tranquillement l’opposition. Empêcher Tshisekedi de s’exprimer dans la presse, 
l’interdire de se déplacer est la tactique observée. L’arrêter en ferait un martyr. »  
La stratégie du pouvoir s’attache à rendre inaudible l’opposant « historique » – l’homme 
qui a toujours dit non à Kabila mais pas tout le temps à Mobutu.  « Il est surtout le 
président de son jardin », raille un Kinois. Car Etienne Tshisekedi se voit  coupé de ses 
relais médiatiques, et les atteintes à la liberté de la presse ont pris des proportions 
inquiétantes. Isolé, quasi réduit au silence, Tshisekedi laisse pourtant perplexe.   
« Les Congolais sont pris entre la peste et le choléra, d’après Jean-Claude Willame. 
Tshisekedi est une personnalité polémique et qui divise. Il surestime son rôle de chef de 
l’opposition. » C’est tout le drame de la RDC, coincée entre un dirigeant vorace et 
revanchard, et un quasi-octogénaire charismatique,  populiste, et dont les appels à la 
mobilisation ne sont guère suivis.  « Les Congolais ont peur de l’affrontement,  notent 
plusieurs observateurs. Ils savent qu’en face, ce sont des balles réelles qui les attendent 
dans les rues. »  
« Si le mécontentement est grand, observe le professeur émérite de l’université 
catholique de Louvain, on est très loin encore d’un printemps congolais. » Dans un pays 
classé bon dernier sur l’échelle du développement des Nations unies, la priorité numéro 
un reste en effet la survie.   
Face à l’impératif de se débrouiller au jour le jour, l’UDPS ne se démobilise pas pour 
autant. Jeudi 26 janvier, le parti appelait ses « combattants » (surnom des militants) à 
accompagner le « Vieux » jusqu’au Palais présidentiel. Nouvel échec. Les forces de 
l’ordre l’ont empêché de sortir de son quartier. Et ses militants ont été dispersés, la 
presse interdite d’accès. Kabila tient dans sa main l’opposant de 79 ans, réduit à des 
gesticulations contre-productives faute de mieux. Il est loin le temps où des milliers de 
supporters accueillaient leur héros de retour d’exil. « Avec les résultats des législatives
prévient Anneke Van Woudenberg, on redoute des conflits locaux. Cela a déjà commencé 
dans le Nord-Kivu où certaines populations instrumentalisent leur défaite et désignent 
une autre ethnie comme responsable. »   
Dans les provinces de l’équateur ou dans l’est, les affrontements entre groupes armés et 
les militaires congolais ont provoqué la mort de dizaines de personnes, les Nations unies 
déplorant déjà le déplacement de 170.000 personnes ! Même si aucun diplomate n’ose 
prononcer officiellement le mot « crise », le pays traverse bel et bien une crise électorale 
dont l’escalade en tueries menace le pays. Interrogé par Mediapart, le Quai d’Orsay se 
borne à condamner des « violences ». Très peu présente en RDC, la France fait un vœu pieux cachant piteusement une neutralité mal assumée. Au risque que la RDC se remette 
à brûler    


LA VSV RÉCLAME DE NOUVELLES ÉLECTIONS


L’ONG congolaise la Voix des sans voix (VSV), que dirigeait Floribert Chebeya avant sa mort, a réclamé l’organisation de nouvelles élections dans un "délai raisonnable", après des fraudes constatées lors de la présidentielle de novembre.
Établir le dialogue entre les deux rivaux de la présidentielle congolaise, puis organiser de nouvelles élections. Telle est la proposition de l’ONG La Voix des sans voix (VSV), afin de sortir de l’impasse politique dans laquelle le pays est plongé depuis le scrutin du 28 novembre 2011.
Le chef de l'État sortant Joseph Kabila a été proclamé par la Ceni vainqueur de la présidentielle à un tour avec 48,95% des voix, mais l'opposant Étienne Tshisekedi, arrivé second (32,33%), s'est autoproclamé président élu, dénonçant des fraudes et des irrégularités également constatées par des observateurs nationaux et étrangers.
« Le dialogue entre l'opposition politique et le pouvoir en place en général, et messieurs Étienne Tshisekedi et Joseph Kabila en particulier, s'avère nécessaire pour une gestion consensuelle de la res publica [chose publique, en latin, NDLR] avant l'organisation d'élections crédibles », déclare la VSV dans un rapport sur l'observation des scrutins.« Un tel dialogue permettrait aux politiciens de gérer (le pays) pour un délai raisonnable avant de planifier des élections qui soient réellement transparentes », s’est expliqué dimanche 8 janvier Rostin Manketa, le directeur exécutif adjoint de la VSV, en présentant le document à la presse.
Les irrégularités, fruits d'une préparation "en amont et en aval"
Quant à ce « délai raisonnable », il pourrait être de « six mois » ou « une année », selon le directeur de l’ONG, « mais on ne peut pas prendre les cinq ans, soit la durée du mandat de Joseph Kabila », a-t-il précisé, soulignant que ce serait « prendre la population en otage ».
Pour organiser ce nouveau scrutin, la VSV préconise la mise en place d’équipes d’animateurs impartiaux, issus de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) mais aussi une certification des résultats par la communauté internationale, afin d’éviter les contestations.
Les irrégularités constatées lors du scrutin de novembre « ne sont pas dues à une quelconque inexpérience de l'administration électorale comme tentent de le faire croire certains (...), mais est plutôt le fruit d'une longue et minutieuse préparation en amont et en aval pour les besoins de la cause », indique encore le rapport, prenant l’exemple de « l'incompatibilité entre le nombre d'électeurs attendus et le nombre de bulletins envoyés sur les lieux », jugé  « on ne peut plus suspecte et manifestement délibérée ».« Je ne sais pas si dans un tel contexte on peut se permettre d'avoir un certain classement, et dire que ce classement est fiable, crédible », a encore estimé Rostin Manketa, en réponse aux déclarations de l’ONG américaine Centre Carter, qui constatait les irrégularités et des dysfonctionnements qui, selon elle, portait atteinte à l’intégrité du scrutin mais ne modifiait pas forcément l’ordre final des candidats annoncé par la Ceni.
(Avec AFP)

Justice ou cabale?


Kinshasa : Affaire Chalupa


Le député provincial de Kinshasa Pierre Jacques Chalupa.

 
Accusé d’"usurpation de la nationalité congolaise", le député provincial de Kinshasa et candidat à la députation nationale (Lukunga), Pierre Jacques Chalupa, a été appréhendé mardi 31 janvier dans la capitale congolaise. Il a subi un long interrogatoire au Parquet général de la République. L’homme est réputé proche de l’opposition tshisekediste.

Qui est Pierre Jacques Chalupa? Né en 1948 à Uvira, province du Sud-Kivu, d’une mère grecque et d’un père d’origine portugaise, Chalupa est ce qu’on pourrait appeler un "Congolais de race blanche". Il a vécu toute sa vie au pays. Il manie à merveille plusieurs langues locales dont le lingala et le swahili.

Marié à une Congolaise de souche, Chalupa n’a jamais fait mystère de ses ambitions politiques. Lors des élections provinciales de 2006, il se présente en candidat indépendant dans sa circonscription de Lukunga. Il est élu député provincial.

Le premier alinéa de l’article 10 de la Constitution du Congo-Kinshasa stipule : "La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre". L’article 9 de la loi n°06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 juin 2011 énonce, elle, notamment que "nul n’est éligible" s’il n’est "de nationalité congolaise".

Que reproche-t-on à Chalupa? Le député provincial est accusé d’"usurpation de la nationalité congolaise". Une accusation sans précédent qui prête plutôt à sourire. Depuis la "libération" du 17 mai 1997, Dieu seul sait le nombre des politiciens congolais qui détiennent concuremment la nationalité congolaise et celle de leur ancien pays d’accueil. Le gouvernement national compte ainsi plusieurs Belges, Français et Américains. Pour ne citer que ces quelques nationalités. C’est le cas également de l’Assemblée nationale. Plusieurs députés nationaux seraient titulaires des nationalités étrangères.

A Kinshasa, on raconte l’histoire de cet ancien ministre de l’Agriculture qui conduisait une délégation congolaise à Washington. Au moment de se présenter à l’immigration, le ministre s’est aligné dans le couloir réservé aux "citoyens américains". Le reste de la délégation s’est présenté aux guichets réservés aux "étrangers". Est-il besoin de relever que "Joseph Kabila" est - était?- titulaire de la nationalité tanzanienne. C’est le cas également de Jaynet et Zoé, "élus" députés lors des dernières législatives. A quand date leur naturalisation en tant que citoyen congolais?

Revenons à Chalupa. Celui-ci a-t-il pu faire enregistrer sa candidature en 2006 et en 2011 sans avoir administré dans son dossier le document attestant sa citoyenneté congolaise? Les archives de la défunte CEI (Commission électorale indépendante) et celles de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) devraient fournir des éclaircissements. Le moment est venu de mettre fin à l’hypocrisie entretenue autour de cette épineuse question de la double nationalité.

La justice congolaise est discrétée par son inféodation au pouvoir politique. Cette justice est loin de servir la vérité. Il faut espérer que Chalupa est poursuivi pour avoir enfreint la loi et non du fait de ses opinions politiques. A Lubumbashi, à Mbuji Mayi et à Mbandaka, plusieurs militants de l’opposition pro-Tshisekedi se plaignent ces derniers temps d’être harcelés par les sbires de l’ANR (Agence nationale de renseignements. C’est une honte pour un Etat qui s’est affublé de l’épithète "démocratique". Et dire que le pluralisme politique est consacré par la loi fondamentale en vigueur.

Il est plus que temps que les gouvernants congolais prêchent par l’exemplarité en assurant aux citoyens de ce pays une égale protection devant la loi comme l’a fait remarquer un éminent constitutionnaliste congolais joint au téléphone jeudi à Kinshasa : "Ceux qui ont violé la loi, ne peuvent en aucun cas obliger les autres à respecter cette même loi". On ne pourrait qu’espérer que l’affaire Chalupa relève de la justice - la vraie - et non d’une pitoyable cabale politique.



B.A.W (avec Xhinua) 
© Congoindépendant 2003-2012