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mercredi 10 octobre 2012









Le silence imposé par le Communauté internationale au pouvoir de Kinshasa en 2006 sur l'action de Paul Kagame en échange de la victoire à l'élection présidentielle continue à contrarier les grandes puissances, visiblement tolérantes et complaisantes à l'égard de la fraude massive aux scrutins de 2011. Le journaliste camerounais d'investigation, Charles Onana, est arrivé à cette conclusion à travers un best seller dont les extraits reçus en exclusivité sera publié le 16 octobre.



Dans son livre à paraître le 16 octobre prochain, le journaliste d'investigation Charles Onana publie des documents internes de l'Union Européenne très accablants. -Un ouvrage qui met à nu la diplomatie de la respectable institution dans les Grands Lacs depuis une décennie. On y apprend surtout que la condition pour que Joseph Kabila reste au pouvoir était qu'il se taise sur l'action de Paul Kagame et des troupes rwandaises à l'Est du pays. Pour l'auteur, on ne peut pas comprendre la tolérance et la complaisance à l'égard de la fraude massive aux élections présidentielles de 2011 en ROC si on ne connaît pas le pacte conclu entre Joseph Kabila et “ la communauté interna-



1- Comment le commissaire Louis Michel va s'imposer dans le processus électoral en RDC et préparer son soutien à Joseph Kabila et à l'action de Paul Kagame en RDC.

A Bruxelles, un homme veut absolument jouer les premiers rôles dans ce dossier. Il s'agit de Louis Michel, le Commissaire européen. Au cours d'une réunion qui se tient dans son bureau le 4 octobre 2004 et qui va durer environ une heure et trente minutes, Monsieur Michel est très nerveux et s'en prend au responsable de la direction des relations extérieures de la Commission, Monsieur Thierry de Saint Maurice. Il lui reproche de conduire une politique hasardeuse, inefficace et coûteuse en RDC. Le discours de Louis Michel est approuvé par les membres de son cabinet, le directeur général pour le développement de la Commission, Stefano Manservisi, et les divers assistants qui participent à la réunion.

Le vrai problème de Louis Michel est plutôt qu'il a le sentiment de ne pas être au coeur des initiatives de l'Union Européenne relatives au processus électoral congolais. Il veut être le chef d'orchestre des élections congolaises et cette réunion est l'expression de ses frustrations ou plus exactement de ses aspirations. Il réclame entre autre de pouvoir superviser le travail des observateurs électoraux, celui des chefs de mission, etc. Au milieu des débats, il prend là parole et annonce qu'en tant que Commissaire européen, il refusera de donner des crédits à la direction des relations extérieures de l'Union Européenne s'il n'obtient pas “ la responsabilité totale de l'opération « des élections au Congo.

La menace est directe et brutale. En réalité, Louis Michel est à la fois proche de Joseph Kabila et de Paul Kagame. Il ne semble pas travailler uniquement pour le compte de l'union Européenne. Parallèlement à ses intérêts personnels au Congo, il s un net penchant en faveur de Joseph Kabila et veut aussi défendre ou protéger l'influence rwandaise au Congo. On peut, dans ces conditions, comprendre l'énergie qu'il met à critiquer et menacer ses collègues à Bruxelles.



Louis Michel décide donc de se rendre régulièrement en RDC pour suivre lui-même l'évolution du dossier électoral. Entre le 27 et le 29 août 2005, il va s'enquérir de l'enregistrement des électeurs sur les listes électorales. Il se rend au nord du Katanga, une région riche en minerais, et au Kasaï Oriental, accompagné de l'abbé Apollinaire Malu Malu, Président de la Commission Electorale Indépendante « CEI ».

Il constate certes l'ampleur des difficultés sur le terrain mais retient seulement que la distribution des cartes d'électeurs est gratuite, que les Congolais veulent absolument voter et que les leaders politiques sont disposés à aller aux élections. A celle occasion, il rencontre presque tous les responsables des partis politiques congolais (Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba, Azarias Ruberwa, Antoine Gizenga et Etienne Tshisekedi). Il leur annonce que l'Union Européenne étudie la possibilité d'envoyer des observateurs au moment des élections.

Il co-préside surtout avec l'abbé Malu Malu une réunion du Comité de pilotage du projet d'appui au processus électoral. Il achève son séjour Kinshasa par un déjeuner de travail avec les présidents du sénat et de l'assemblée nationale. Pour lui, « le processus de transition est la seule voie possible pour le Congo “. Il n'y a pas, d'après lui, de “ plan alternatif “. Mais tout le monde au sein de l'Union Européenne ne partage pas la position pour le moins tranchée, sinon partisane et très personnelle, de Monsieur Louis Michel sur le dossier électoral congolais.



2- Contrairement à l'analyse de Louis Michel, une note du chef de la délégation européenne en RDC adressée à l'attention de Madame Elisabeth Tison, chef d'unité à la délégation de la Commission Européenne en date du 12 octobre 2005 met en avant les problèmes relatifs au « blocage de la transition »

Il est de plus en plus évident que les autorités congolaises usent de beaucoup de manoeuvres dilatoires pour bloquer, de facto, le processus de Transition.



a. S'agissant du processus électoral, si les opérations d'enregistrement en cours illustrent la volonté de la population d'aller vers les élections, il n'en va pas de même pour les dirigeants de la Transition qui ne sont pas pressés d'examiner la loi électorale. Au 10 octobre 2005, le nombre d'électeurs enregistrés dépassait 16 millions. Ce résultat est très satisfaisant compte tenu de la situation du pays et des nombreuses vicissitudes que le processus d'enregistrement a vécues. Il ne doit cependant pas faire illusion (...).

Il semblerait surtout que les trois principaux dirigeants de la Transition congolaise ne soient pas du tout pressés d'aller affronter un scrutin dont l'issue est de plus en plus incertaine. Leurs bases politiques ne sont pas aussi sûres qu'ils le pensaient initialement lorsqu'ils se sont engagés dans le- processus électoral, qu'il s'agisse du Katanga pour le président Kabila, de l'Equateur pour M. Bemba et du Sud-Kivu pour M. Ruberwa.



b. Concernant le processus de brassage et d'intégration de l'armée, il convient en outre de déplorer les retards, maintenant très importants, avec lesquels la deuxième phase est lancée (…). Si le manque de moyens logistiques est l'alibi trouvé par les militaires pour ne pas acheminer les troupes vers les centres de regroupement, cette situation traduit surtout un manque de volonté politique qui, si la tendance n'était pas inversée rapidement, risquerait de menacer le processus électoral en cours ainsi que ses résultats. 2. Face à ces manoeuvres dilatoires, la Communauté internationale, dans sa grande majorité, continue de se montrer extrêmement compréhensive. a) Ainsi la MONUC et le PNUD ont, trop rapidement épousé le point de vue du Président de la CEI de reporter la date du référendum, fixée initialement le 27 novembre, au 18décembre2005 (...). b) La plupart des membres de la Communauté internationale mettent trop souvent en avant, devant les dirigeants congolais, le retard intervenu dans l'adoption de la résolution 1621 du Conseil de sécurité des Nations Unies portant notamment sur la logistique du processus électoral en République Démocratique du Congo.

Si ce retard très important (3 mois) est en effet regrettable, il conviendrait surtout de dénoncer toutes les manoeuvres dilatoires que les dirigeants congolais utilisent.



Ceux-ci, outre le souhait de rester plus longtemps au pouvoir avec tous les privilèges qu'il confère, semblent aujourd'hui sous-estimer l'impact des échéances du 31 décembre 2005, voire même du 30 juin 2006. Us ont, en effet, tellement redouté l'échéance du 30 juin 2005 qui, s'étant bien déroulée, les amène à être très optimistes sur la manière dont se négocieront et le 31 décembre 2005 et le 30 juin 2006.



Ils font le calcul, non sans raison, que la Communauté internationale continuera de les soutenir quoiqu'il arrive, tout en continuant à critiquer celle-ci en lui imputant l'essentiel des retards dans le processus de transition (...). 3. (...) la Transition congolaise demeure essentiellement une phase de maintien de la paix. Or, les étapes de ce processus, lorsqu'il n'est pas possible d'obtenir le soutien et l'appropriation des dirigeants en place pour les mener à bien, doivent leur être imposées par la communauté internationale dans l'intérêt même de la population congolaise.



Il me paraît à cet égard plus important aujourd'hui de nous rapprocher des voeux de l'immense majorité de la population, qui attend avec impatience d'aller aux élections, que de chercher à convaincre une classe dirigeante qui, quoi qu'elle dise, ne semble pas avoir d'autre perspective que de perpétuer le plus longtemps ses avantages d'autant plus qu'elle pense pouvoir compter sur l'apathie de la rue kinoise ainsi que sur la poursuite du soutien massif de la communauté internationale même au- delà de la Transition...



3- A la veille de l'élection présidentielle, l'Union Européenne ne tient pas compte de l'avertissement de ses propres diplomates

Dans un rapport restreint du 5 mai 2006, le chef de la délégation européenne en RDC, Monsieur Carlo de Filippi soulève d'importantes questions :

“Depuis le début de la transition, la Communauté internationale n'a pas su ou pas voulu s'opposer aux manoeuvres dilatoires des dirigeants congolais. De ce point de vue l'installation au pouvoir, suite à Sun City, des anciens belligérants s'est révélée être une erreur tant elle a favorisé, sur fond de méfiance réciproque et les pratiques de corruption et de mauvaise gouvernance, et les manoeuvres dilatoires et leur volonté de rester au pouvoir coûte que coûte.

Si la Communauté internationale:, à travers le CIAT a paru, fin novembre 2005, vouloir enfin changer de ton vis-à-vis des dirigeants congolais, les choses ont malheureusement rapidement évolué suite au référendum constitutionnel du 18 décembre2005. Alors que lé risque de non-respect de l'échéance du 30 juin 2006 se posait déjà, la Communauté internationale, soudée en façade mais largement divisée en profondeur, a préféré agir en ordre dispersé dans la dénonciation des manoeuvres dilatoires des dirigeants congolais qu'il s'agisse de la promulgation de la Constitution et de la loi électorale ou de l'intégration de l'armée et des discussions sur la gouvernance.

Les dirigeants congolais depuis janvier 2006 ne prennent d'ailleurs plus de gants pour refuser tout dialogue avec la Communauté internationale : de fait les réunions avec l'espace présidentiel et celles des commissions mixtes sont devenues rarissimes et le CIAT préfère diffuser des communiqués relativement complaisants sur les problèmes de la transition congolaise. Or depuis la promulgation de la Constitution de la IIIème République, le non-respect de l'échéance du 30 juin 2006 constitue surtout un problème politique.

Sur un plan juridique, l'article 222 de la nouvelle Constitution permet en effet d'assurer la continuité des institutions de la transition au-delà du 30 juin 2006. Toutefois la marginalisation volontaire de I'UDPS, semble-t-il appuyée aujourd'hui par une partie de la hiérarchie catholique (Monseigneur Monsengwo), pourrait contribuer à compliquer cette nouvelle prolongation de la transition.

Dans un contexte d'extrême fragilité du processus de transition marqué entre autre par l'insécurité croissante à l'Est de la RDC, notamment en Ituri où le regain des milices cache mal le ingérences croissantes de l'Ouganda, par les atteintes répétées aux droits de l'Homme perpétrées surtout par l'armée congolaise, qu'elle soit intégrée 





ou pas, par la méfiance croissante des membres de l'espace présidentiel qui se présentent, presque tous, à l'élection présidentielle, la moindre déstabilisation pourrait entraîner une cascade d'événements non souhaitables et difficilement contrôlables. Par exemple, Jean-Pierre Bemba se plaint ouvertement que les troupes de Joseph Kabila, essentiellement la GSSP, n'ont pas été brassées, contrairement à la plupart de ses soldats. De plus, International Cri- sis Group souligne que le RCD, un des déçus probables du processus électoral en cours, pourrait être tenté de déstabiliser l'Est du pays



4- Le diplomate fait savoir qu'il est dangereux pour une partie de « la Communauté internationale » de soutenir ostensiblement Joseph Kabila

Le nombre, sans doute trop important, des candidats qui se présentent soit aux présidentielles, soit aux législatives, devait paradoxalement avantager Joseph Kabila.

a. C'est le seul qui se dégage vraiment de la liste des 33 candidats aux présidentielles. Avec beaucoup d'habileté, il est en train de réussir plusieurs choses :

- apparaître comme un candidat “indépendant” seul contre tous, transcendant les clivages ethniques et politiques ; sa séparation, de façade, avec le PPRD, constitue une bonne opération politique de même que les rumeurs sur son futur mariage, en juin prochain, qui sera béni par le Cardinal Etsou; - accélérer la décomposition du MLC-;

- donner l'impression de venir en aide au RCD sur la question de Minembwe sans pour autant s'exposer publiquement à l'impopularité qu'une telle décision entraînerait;

- favoriser un grand nombre de candidatures de complaisance qui se rallieront à lui juste avant le premier tour des présidentielles afin de provoquer un grand rassemblement, soit avant le deuxième tour, si un deuxième tour est nécessaire.

De fait il existe une forte chance que Joseph Kabila soit élu au premier tour : non seulement ses partisans en sont convaincus, certains faisant même courir le bruit qu'il y aurait un risque à organiser un deuxième tour des présidentielles mais surtout lui-même, par son côté “force tranquille”, donne l'impression que son élection constituera une simple formalité.

En outre, l'attitude d'une partie de la Communauté internationale accentue cette tendance en donnant l'impression qu'elle soutient Joseph Kabila. Ce comportement est extrêmement dangereux car l'opinion publique en RDC finit par en être convaincue ce qui risque de dénaturer un processus démocratique en offrant une fausse liberté de choix. De fait, certains acteurs bilatéraux membres du CIAT qui étaient jusqu'ici plutôt neutres par rapport au processus électoral, semblent maintenant vouloir changer d'attitude pour appartenir au “camp des vainqueurs”...

A l'opposé, l'actuel Président de l'union Africaine, Denis Sassou Nguesso, ferait tout pour compliquer la tâche de Joseph Kabila en incitant l'UDPS à participer au processus et en soutenant Jean-Pierre Bemba. 



b. S'agissant des législatives, la multitude des candidatures retenues par la CEI (9632) risque, sans grands partis vraiment structurés, d'accoucher d'un Parlement atomisé, donc faible et sans doute, à la botte de Joseph Kabila ».



5- Le diplomate rappelle l'union Européenne à son devoir de neutralité

La promesse des postes de haut niveau peut également favoriser des ralliements. Olivier Kamitatu étant de plus en plus convaincu d'être choisi par Joseph Kabila pour diriger le futur gouvernement issu des élections... Cette recomposition du paysage politique congolais “à la gabonaise” pourrait permettre d'aboutir à un certain consensus politique après les joutes électorales. Elle risque toutefois de donner, l'impression à l'électeur congolais que son vote a été détourné d'où l'appel récent de Mgr Monsengwo à une certaine transparence dans le processus électoral, “le peuple et l'opinion nationale autant qu'internationale” ayant “le droit de savoir s'il a des candidats alimentaires qui sont de simples figurants ou prête-noms et dont la candidature ne sert qu'à induire l'électeur dans l'erreur”.

Celle approche risque également de rompre l'équilibre qui avait été voulu par les auteurs de la Constitution de la IIIème République en faisant du Parlement une simple chambre d'enregistrement, les décisions essentielles se prenant à la Présidence. Devant le risque d'avoir un système démocratique dévié de ses objectifs, la communauté internationale, et surtout l'Union Européenne, doit rester très vigilante.

Tout d'abord en s'assurant que le processus électoral en cours soit au minimum crédible, c'est-à-dire en faisant tout pour que ce processus évite essentiellement de “légitimer par avance” Joseph Kabila. Dans ce contexte, il conviendrait pour la Communauté internationale :

- de veiller au strict respect du calendrier fixé ;

-d'afficher une stricte neutralité vis-à-vis des candidats aux législatives ainsi qu'aux présidentielles. Cette attitude sera difficile à observer vis-à-vis de certains candidats appartenant à l'espace présidentiel et qui sont incontournables si on veut maintenir un minimum de dialogue avec les dirigeants de la RDC. Elle sera encore plus difficile à observer de la part des Bats qui ont déjà publiquement manifesté leur préférence au point d'induire l'opinion publique congolaise en erreur ; - d'empêcher toute tentative de découplage entre législative et présidentielle, risque toujours possible si on finit par se rendre compte qu'il sera peut-être difficile d'organiser les élections législatives pour le 30juillet 2006. L'entourage de Joseph Kabila est naturellement très favorable à ce découplage faisant même courir le bruit que si les élections n'ont pas lieu avant le 30 juin 2006, il risque d'y avoir des troubles à Kinshasa...

- de veiller au respect d'une certaine déontologie en exigeant en particulier l'adhésion de tous les candidats à un code de bonne conduite lorsque les différentes campagnes électorales démarreront

- de permettre à la Haute Autorité des Médias de jouer son rôle en matière d'égalité d'accès aux médias, de transparence et de respect absolu de la liberté d'expression ;

- de poursuivre, sans compromission, l'objectif d'inclusivité du processus par exemple en essayant de convaincre l'UDPS à participer aux élections provinciales qui serviront à la désignation des sénateurs et gouverneurs - d'assumer une observation des élections qui soit performante ;

- d'accélérer l'arrivée de la force européenne qui devrait constituer une assurance contre toute tentation de dérapage, d'où qu'elle vienne.



6- Un rapport secret envoyé au cabinet de Louis Michel le 16 février 2006 à 15h16 confirme le choix de Joseph Kabila par Paris et Washington.

Il y a en réalité deux positions au sein de ce qui est qualifié de “communauté internationale “. D'une part celle représentée par la France et les Etats-Unis qui soutiennent déjà la désignation, ou plus exactement le maintien, de Joseph Kabila au pouvoir et d'autre part celle de certains membres de la Commission Européenne qui souhaitent plutôt la tenue d'un scrutin libre et incontesté. Des négociations et des actions de lobbying se multiplient néanmoins à Bruxelles pour convaincre certains dirigeants congolais de se ranger derrière Joseph Kabila.

Ses soutiens occidentaux se mobilisent beaucoup pour le rassurer de l'appui de la Communauté internationale c'est-à-dire essentiellement celui de la France et des Etats-Unis. Le Comité international d'accompagnement de la transition “ CIAT”, qui avait été mis en place pour servir de moyen de pression auprès des dirigeants congolais dans le but d'équilibrer le rapport de force politique, perd très vite de son autorité.

Les grandes puissances, qui ont déjà pris parti pour Joseph Kabila, ne souhaitent plus l'intervention du CIAT, tout au moins, dans le processus portant sur l'élection du Président de la République du Con- go. Dans un rapport secret envoyé le 16 février 2006 à 15h16 au cabinet de Louis Michel par la délégation européenne à Kinshasa, il est écrit “La France et les Etats-Unis continuent d'ailleurs d'estimer que le CIAT n'a pas pour fonction d'intervenir dans es affaires congolaises, surtout lorsqu'il s'agit de celles du chef de l'Etat “. On lit plus loin “ Dans ce contexte, la France qui visiblement pourrait avoir convaincu l'Allemagne, estime que les experts/techniciens travaillant sur le processus électoral devraient avoir un rôle limité et laisser l'aspect politique aux diplomates et aux ambassadeurs ».

Si la volonté de placer Joseph Kabila en position de vainqueur “ des prochaines élections devient incontestable et irréversible, une question néanmoins demeure. On comprend parfaitement que les Etats-Unis continuent de soutenir Joseph Kabila et Paul Kagame au vu de leur politique dans les Grands-lacs. Mais le suivisme de la France est moins évident. Est-ce pour la France un alignement aveugle sur la position des Etats-Unis ou est-ce une erreur d'appréciation de la personnalité de Joseph Kabila et de la nature de ses liens plus ou moins serrés avec Kigali ?



Une chose est certaine, le soutien de la France à Joseph Kabila n'a jamais placé cette dernière en position de force, ni au Congo ni au Rwanda. Chaque fois qu'il en a l'occasion, le Président rwandais, Paul Kagame, s'évertue à invectiver les dirigeants français ou à les tourner en ridicule. Cet ancien maquisard à la culture sommaire et à la courtoisie limitée s'en prend pêle-mêle aux ministres et aux diplomates français sans que personne ne lui porte une réplique digne de ses amabilités.

Jusqu'à présent, la “contre- offensive “ française dans les Grands Lacs est restée faible, peu ambitieuse et totalement insignifiante face à l'agressivité et à la stratégie anglo-américaine. Le dictateur rwandais a même poussé le zèle jusqu'à bannir le français au Rwanda pour faire de l'anglais la nouvelle langue officielle du pays et à intégrer le Commonwealth, au détriment de la France qui semble plus que jamais résignée à subir les tacles de ses alliés en Afrique. En vérité, Jacques Chirac ne voulait pas d'un affrontement avec George Bush, ni sur le Congo ni sur le Rwanda.

Eprouvé par la tension avec les Etats-Unis durant la guerre irakienne, dépassé par le déploiement militaire américain - notamment la force Africom - dans son pré carré, usé par son dernier mandat et acculé par le bouillant Nicolas Sarkozy qui cherchait à tout prix à entrer à l'Elysée, le chef de l'Etat français aspirait surtout à prendre une retraite tranquille. Il a finalement choisi d'être conciliant avec Washington, évitant un bras' de ter inutile.

Cette position transparaît clairement lorsque l'auteur du rapport secret souligne l'attitude de la France et des Etats-Unis : “ Si le délai du 30 juin 2006 n'est pas respecté, ces pays n'hésiteront pas à faire “porter le chapeau” aux “experts” ainsi qu'au PNUD plutôt que d'avoir à reconnaître leur complaisance vis-à-vis des autorités congolaises et leur inertie au sein du CIAT. Fidèle à sa stratégie, la France veut faire primer le discours politique du “tout va bien Madame la marquise” sur la nécessité d'une pression sur les principaux dirigeants de la transition s'agissant de la réalisation dans un délai raisonnable, entre autres, des aspects techniques d'organisation des scrutins, de diffusion du matériel, de formation de personnel, du dépôt de candidatures, de leur dépouillement et des recours éventuels et occulte ainsi le temps nécessaire et incompressible de ces différentes étapes.



Aider à la bonne réalisation de ces étapes dans les délais raisonnables, c'est permettre à la transition de se terminer dans les temps et sans heurts ! Il apparaît assez clairement que Kabila dicte sa ligne de conduite et possède ainsi un pied dans l'Union Européenne et que l'ambassade des Etats-Unis influence le CIAT à travers Bill Swing. Par ailleurs, au sein du CIAT, les Etats africains sont probablement influencés par la France et les Etats-Unis, tandis que la Chine et la Russie ne s'intéressent que de loin à la politique congolaise et/ou ne souhaitent pas faire de vagues ».

Le processus électoral ira finalement à son terme, conformément aux volontés affichées au sein de l'Union Européenne. Pour s'en rendre compte, il suffit simplement de suivre ici les commentaires dithyrambiques exprimés par ses représentants officiels dès premier tour du scrutin, qui voit Joseph Kabila arriver très largement entête avec officiellement plus de 44% des suffrages.



Javier Solana, Haut Représentant pour la Politique Étrangère et de Sécurité Commune de l'union Européenne (PESC), exprime le premier sa satisfaction : “ Je salue la tenue dans de bonnes conditions des élections présidentielles et législatives en République Démocratique du Congo ce dimanche 30 juillet. Je félicite le peuple congolais qui s'est rendu nombreux aux urnes et qui a pu s'exprimer, d'une manière générale, dans le calme et dans la dignité, exprimant sa détermination à construire un meilleur avenir pour son pays (...). L'Union Européenne reste fermement aux côtés de la population congolaise dans ces moments historiques et témoigne, entre autres par la présence de sa mission EUFOR, de son engagement en vue de voir aboutir les élections dans un esprit de réconciliation et de consensus national ».



Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l'aide humanitaire, parmi les plus fervents partisans de Joseph Kabila, ne boude pas son plaisir : “Le 30 juillet 2006 les premières élections démocratiques et pluralistes depuis 40 ans se sont tenues en République Démocratique du Congo. Il s'agit de l'aboutissement concret d'un rêve qui pour les Congolais vient de très loin, une vraie opportunité de renouveau qui est maintenant à portée de main. Je voudrais sincèrement féliciter le peuple congolais qui a montré une maturité et une appétence pour la démocratie. Je suis heureux d'avoir misé, depuis 1999, sur le peuple congolais qui était fatigué de la guerre et des conflits et qui a eu la volonté d'aller vers la démocratie, un processus irréversible. (...). A présent nous exhortons la population congolaise et toutes les parties concernées à poursuivre leur participation pacifique à ce processus dans un esprit de réconciliation nationale et de respect de la démocratie et de l'Etat de Droit dans l'intérêt général du pays. La Commission européenne, premier bailleur de fonds du processus électoral, continuera d'apporter son soutien au peuple et à l'Etat congolais dans cette nouvelle phase ».

Chronique de l' actualité politique avec Mfumu Ntoto congomikili


Chronique de l' actualité politique avec Mfumu Ntoto congomikili










Alain Deneault - Auteur avec William Sacher de Paradis sous terre, Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l’industrie minière mondiale (Écosociété) 9 octobre 2012 Canada

Un travailleur dans une mine de cuivre de la République démocratique du Congo. Le Canada n’a jamais donné suite à ces demandes du rapport d’experts mandatés par l’ONU en 2002, qui recommandait aux États d’enquêter sur les sociétés soupçonnées d’avoir profité du pillage des ressources au Congo pendant la guerre.
Photo : John Lehmann - The Globe and Mail/La Presse canadienne
Un travailleur dans une mine de cuivre de la République démocratique du Congo. Le Canada n’a jamais donné suite à ces demandes du rapport d’experts mandatés par l’ONU en 2002, qui recommandait aux États d’enquêter sur les sociétés soupçonnées d’avoir profité du pillage des ressources au Congo pendant la guerre.


C'est conforté par les contradictions de sa novlangue (dixit George Orwell, 1984) que le premier ministre canadien Stephen Harper se présentera au Sommet de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo, la semaine prochaine. 

M. Harper a déjà indiqué aux autorités congolaises, sans sourciller, qu’elles devaient engager des actions en faveur de la démocratie et du respect des droits de la personne. Cette posture de commandement consistera encore une fois pour Ottawa à couper court aux légitimes interrogations qui sont entretenues de toute part sur les responsabilités historiques d’entreprises canadiennes et du gouvernement canadien dans le conflit des Grands Lacs africains ayant fait par millions des victimes au Congo entre 1996 et 2003.


Les faits, les sources

Au début des années 1990, le pouvoir du kleptocrate Joseph Mobutu vacille. Celui qui avait régné en maître absolu pendant plus de trente ans sur le Congo (ex-Zaïre) en ponctionnant allègrement les budgets des sociétés d’État dans le secteur minier se voit lâché par ses anciens soutiens, notamment la Belgique, la France et les États-Unis. Mis sous pression par la Banque mondiale, il ouvre alors à la privatisation le secteur minier. L’aire d’exploration de 82 000 km2 qu’il concède alors à la société aurifère canadienne Barrick Gold fait écarquiller les yeux. Justin Kankwenda, un temps adjoint au Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les Grands Lacs, présente cette entente dans un de ses livres comme le signal envoyé au monde à savoir que tout est désormais à prendre au Congo.

Il s’ensuivra le déclenchement d’un conflit autour du contrôle des ressources minières, sanglant et traumatisant pour tout un peuple. Au dire du Haut Commissariat sur les droits de l’homme quant aux violations des droits fondamentaux au Congo pendant cette période (le rapport « Mapping » de 2010), des groupes rebelles armés et des représentants d’intérêts gouvernementaux se sont fait la guerre pour sécuriser les gisements, qu’ils concédaient ensuite à des sociétés privées précisément pour financer la poursuite de leur guerre.

Un autre rapport onusien sur la question, publié celui-là en 2002, cite neuf sociétés minières ayant un lien d’inscription au Canada, par exemple l’AMFI, Banro et First Quantum Minerals, parce qu’elles contreviendraient aux principes directeurs de l’OCDE en matière éthique destinés aux multinationales.

Dans la foulée de productions onusiennes, le Parlement congolais à peine sorti des secousses de la guerre a créé au milieu des années 2000 une commission chargée d’étudier les contrats signés en temps de guerre, et conclut dans son rapport, signé par son président Christophe Lutundula, un nombre impressionnant d’ententes outrancièrement inégales signées par des sociétés privées et l’État en guerre entre 1996 et 2003. Ces contrats ultra-avantageux concernent plusieurs sociétés canadiennes, celles que cite l’ONU par ailleurs de même qu’Anvil et Emaxon notamment. Certaines ont ratifié ces ententes à partir de leurs filiales dans les paradis fiscaux.

Une Commission de « revisitation » des contrats miniers a ensuite été mise en place pour avaliser un certain nombre de ces contrats en les restructurant superficiellement, effarouchée de déplaire aux investisseurs étrangers.


Enquêtes

Parmi les sources onusiennes mentionnées plus haut, le rapport d’« experts » mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU du 16 octobre 2002 (S/2002/1146) recommandait aux États d’enquêter sur les sociétés soupçonnées d’avoir profité du pillage des ressources au Congo pendant la guerre. Il ajoute sans équivoque aucune : « Les principes directeurs de l’OCDE offrent en outre un mécanisme qui permet de porter à l’attention des gouvernements des pays d’origine, c’est-à-dire des pays où ces entreprises sont enregistrées, les violations, par elles, de ces principes. Les gouvernements dont la juridiction s’exerce sur ces entreprises se rendent coupables de complicité en ne prenant pas les mesures correctives nécessaires. » Les experts onusiens ajoutent qu’ils n’ont pas eux-mêmes les prérogatives requises pour mener à bien de telles enquêtes.

Or, le Canada n’a jamais donné suite à ces demandes. Il a tout au plus gagné du temps en organisant des Tables rondes consultatives avec différents acteurs concernés, sur le mode stérile de la bonne gouvernance. Le « consensus » qui en est sorti n’a abouti à rien, sinon qu’à la nomination à Ottawa d’un « conseiller en éthique » privé de tout pouvoir, conférant ainsi au Canada son rôle de paradis réglementaire et judiciaire du secteur minier mondial. Aujourd’hui, 75 % des sociétés minières choisissent de s’enregistrer dans le cadre législatif canadien parce qu’il est avantageux pour elles, à maints égards, dans leurs opérations à l’extérieur de nos frontières.


Un Canada néocolonial

Les Québécois et Canadiens mus par des convictions éthiques en sont au même point que l’étaient les Européens à la fin du XIXe siècle. Tout concourt à empêcher l’identification pourtant impérative des responsables des graves souffrances infligées à tout un peuple. À l’époque de la domination coloniale belge au Congo, un simple gestionnaire qui n’y avait jamais mis les pieds, le Britannique Edmund Dene Morel ainsi que le pamphlétaire étatsunien George Washington Williams avaient soulevé les premières interrogations sur les sévices commis par des Européens dans ce pays africain riche en ressources, soutenant des hypothèses graves à partir du croisement de sources et de documents variés. Le diplomate Roger Casement avait ensuite confirmé ces allégations dans le cadre d’une enquête diligentée par le gouvernement britannique. Aujourd’hui, au Canada, une telle enquête n’a toujours pas eu lieu. On se trouve plutôt face à un gouvernement rétrograde qui cherche par tous les artifices d’une propagande d’inspiration coloniale à s’arroger le rôle du grand frère démocrate auprès du Congo, alors que la pression devrait en réalité peser sur lui.

http://www.ledevoir.com/politique/canada/360929/la-guerre-c-est-la-paix




François Hollande lors de la conférence de presse conjointe avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, mardi 9 octobre à Paris.
François Hollande lors de la conférence de presse conjointe avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, mardi 9 octobre à Paris.
AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

Par Ursula Soares

A quatre jours du sommet de la Francophonie qui se tiendra dans la capitale congolaise, les relations se sont encore tendues entre Paris et Kinshasa. Le président français, François Hollande a, une nouvelle fois, critiqué les autorités congolaises, ce mardi 9 octobre, en déclarant que la situation démocratique en République démocratique du Congo (RDC) est « tout à fait inacceptable ». Kinshasa n’a pas tardé à riposter en estimant que le président français était « mal informé ».
Alors qu’il tenait, à Paris, une conférence de presse avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le président français n’a pas mâché ses mots pour décrire sa vision de la RDC et critiquer frontalement Joseph Kabila et son gouvernement. François Hollande – attendu samedi 13 octobre dans la capitale congolaise pour le sommet de la Francophonie - a notamment déclaré que la situation démocratique en RDC était « tout à fait inacceptable ».

François Hollande
Président de la République française
La situation dans ce pays est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition.
09/10/2012 par Guillaume Thibault


La réaction de Kinshasa ne s’est pas fait attendre. Joint par RFI, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a aussitôt rétorqué en estimant que le président français était « mal informé » et que sa déclaration ne correspondait pas à la réalité du pays.
Lambert Mende
Porte-parole du gouvernement de Kinshasa
Pourquoi ne pas reconnaître à François Hollande la liberté d’une opinion ? Nous disons simplement qu’il est mal informé.
09/10/2012 par Guillaume Thibault

Martin Fayulu
Le député membre du groupe des Forces acquises au changement, allié de l’UDPS.
La déclaration du président français est tout à fait juste parce que nous n'avons pas de démocratie, parce qu'il y a une crise de légitimité.
10/10/2012 par Bruno Minas


La France hausse le ton
Ce durcissement des positions de la France intervient alors que, durant l’été, une grande partie de l’opposition congolaise et plusieurs associations, en France, avaient demandé à François Hollande de ne pas se rendre à Kinshasa, pour ne pas cautionner un « régime illégitime en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme ». Le président français a finalement décidé d’y aller mais en promettant d’y rencontrer « l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile » et de « tout dire, partout ».


La déclaration du président français de ce mardi « est un acte volontaire, dans la continuité de ce que nous avons déjà dit », explique l’entourage du chef de l’Etat français qui ajoute : « Nous voulons un dialogue franc et direct. »

David Assouline
Porte-parole du Parti socialiste.
C'est important d'envoyer ce message. Le fait de choisir d'y aller c'est de tout dire aussi. c'est une autre diplomatie que celle de Nicolas Sarkozy, celle de la clarté.
10/10/2012 par RFI





Et si à Kinshasa l’expression « la situation des droits de l’homme est inacceptable » a froissé, énervé et « n’est pas digne d’un chef de l’Etat », selon un proche du président congolais Joseph Kabila, un conseiller de l’Elysée affirme, de son côté, que « François Hollande ne sera jamais la caution de ce gouvernement congolais ».

Rappelons que la France avait demandé un procès « équitable et transparent » des responsables de l’assassinat, en 2010, du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya, mais une audience cruciale de ce procès a été reportée après le sommet.
La France avait aussi demandé une réforme de la Commission électorale, très critiquée lors des élections controversées de 2011, mais la réforme est toujours en discussion à l’Assemblée. Par ailleurs, la création d’une Commission consultative des droits de l’homme a été annoncée mais pas encore votée.





Quand Hollande fâche la RDC

AFP-BELGA                                                

Mis en ligne le 09/10/2012

Une sortie française qui a le don d'énerver Kinshasa.

Trois jours avant sa première visite en Afrique, le président français François Hollande a haussé le ton mardi vis-à-vis de Kinshasa, jugeant la situation démocratique en République démocratique du Congo (RDC) "tout à fait inacceptable". Au côté du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite à Paris, M. Hollande a vivement critiqué la politique de l'immense pays d'Afrique centrale présidé par Joseph Kabila depuis l'assassinat de son père, Laurent Désiré, en 2001.

"La situation dans ce pays est tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition", a-t-il déclaré. Il est attendu samedi dans la capitale congolaise avec une vingtaine d'autres chefs d'Etat et de gouvernement pour le 14ème sommet de la Francophonie.

La riposte de Kinshasa n'a pas tardé. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a affirmé que ce jugement de M. Hollande ne correspondait "à aucune réalité". "C'est au peuple congolais d'accepter ou ne pas accepter une situation au Congo", a-t-il insisté auprès de l'AFP. "Nous sommes le pays le plus avancé dans les droits de l'opposition", a soutenu le porte-parole, suggérant au président français de "compléter son information" pour rendre son voyage à Kinshasa "très utile"...

Ce durcissement des positions intervient alors que, durant l'été, une grande partie de l'opposition congolaise et plusieurs associations en France avaient demandé à M. Hollande de ne pas se rendre à Kinshasa, pour ne pas conforter un "régime illégitime en matière de démocratie et de respect des droits de l'homme" après les élections contestées de novembre 2011 qui ont conduit à la réélection de M. Kabila et à la victoire de son camp aux législatives. M. Hollande avait finalement décidé d'y aller, mais en avertissant qu'il pourrait "tout dire, partout".

De Kinshasa, "pays marqué par un certain nombre de difficultés démocratiques", M. Hollande entend s'adresser "à tous les francophones mais aussi aux Africains" pour leur dire que le français est "une langue de valeurs, de principes". Il a cité "la démocratie, la bonne gouvernance et la lutte contre toutes les corruptions".

Au plan diplomatique, le président français a toutefois pris la défense de la RDC, en évoquant "l'agression" dont le pays est l'objet dans sa partie est et en réclamant la protection de ses frontières. Le conflit du Nord-Kivu y oppose l'armée congolaise au Mouvement du 23 mars (M23), né d'une mutinerie d'officiers tutsis soutenus, selon l'ONU, par le Rwanda voisin.

A Paris, Clément Boursin, de l'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), a salué les "paroles fortes" de M. Hollande qui traduisent "certainement le mécontentement de Paris vis-à-vis de toutes les promesses faites durant l'été par les autorités congolaises et qui n'ont pas été tenues". La France demandait un procès "équitable et transparent" des responsables de l'assassinat, en juin 2010, du militant des droits de l'homme Floribert Chebeya Bahizire. Mais une audience cruciale a été reportée après le sommet. L'ONG fondée par Chebeya, qui accuse l'ancien chef de la police nationale, le général John Numbi, d'être le "suspect numéro 1", a dénoncé une "manoeuvre dilatoire".

La France avait aussi demandé - tout comme la Belgique et d'autres membres de la communauté internationale - une réforme de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), très critiquée pour l'organisation des élections controversées de 2011. Réforme qui reste en discussions à l'Assemblée, de même que la création d'une Commission consultative des droits de l'homme, annoncée mais pas encore votée.

"La promesse de délivrer une invitation officielle de l'Etat congolais au cinéaste belge Thierry Michel, auteur d'un documentaire sur l'affaire Chebeya, n'a pas non plus été tenue", relève Clément Boursin. Mardi, Audrey Gaughran d'Amnesty International a regretté, dans un communiqué, que l'"impunité pour les violations du droit international" soit "devenue la règle en RDC".