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lundi 11 novembre 2013

Majorité et opposition refusent un «accord » entre Kinshasa et le M23

Majorité et opposition refusent un «accord » entre Kinshasa et le M23

Les participants au VIIè sommet extraordinairedes chefs d'Etat de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) à Kampala (Jeudi 5 septembre 2013)


Le gouvernement congolais et les ex-rebelles du M23 devraient signer un accord de paix ce lundi 11 novembre à Kampala au terme de leurs pourparlers qui durent depuis onze mois. Mais à Kinshasa, des ténors de l’opposition et du pouvoir ne veulent pas d’un «accord » entre les deux parties. La majorité souhaite  «Déclaration» de reddition du M23, tandis que l’opposition estime qu’après la victoire militaire des FARDC sur le M23, un accord équivaudrait à une trahison.

« L’accord est prêt et nous attendons que tout le monde revienne lundi pour le signer » à Kampala, avait déclaré vendredi 8 novembre le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo, précisant que l’ONU et l’Union africaine (UA) seraient représentées. Cette information a été confirmée le même jour à Paris  par le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda.
L’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour les Grands Lacs, Mary Robinson, a pour sa part salué l’annonce de la signature de cet accord, estimant que «c‘est un pas très important pour la paix dans la région des Grands Lacs ».

Mais cette approche n’est pas applaudie par une bonne partie de la classe politique congolaise. Dimanche 10 novembre, une vingtaine de députés et personnalités de la majorité présidentielle ont condamné « ce jeu de qui perd gagne auquel se livre le gouvernement ougandais dans son soutien aux ex-rebelles ».
Ils sont plutôt favorables à la signature d’une déclaration du M23 renonçant à la guerre. Ces acteurs politiques qui ont par ailleurs demandé  à l’Ouganda de renvoyer en RDC les ex-rebelles du M23 se trouvant sur son territoire doutent du nombre des combattants qui auraient traversé la frontière. Kampala évoque le chiffre de 1 600 combattants du M23 alors que «d’autres sources renseignent que le nombre des ex-rebelles M23 serait compris entre 200 et 400», affirment ces membres de la majorité.
Les Forces acquises au changement (Fac) abondent dans le même sens. Pour cette plate-forme de l’opposition, la signature d’un accord en l’état actuel des choses équivaudrait à « une trahison du peuple congolais ».
Les Fac ont condamné les récentes déclarations des officiels ougandais sur la signature d’un accord entre le gouvernement et le M23 qui «confirment la thèse d’un complot et laissent un goût amer de la victoire totale des FARDC»

Martin Fayulu, le coordonnateur des Fac, demande aussi à Kampala de clarifier sa position sur la présence d’ex-rebelles du M23 sur son sol :
«L’Ouganda soutient que le chef rebelle [Sultani Makenga] et ses combattants seront placés sous la protection de l’Ouganda, jusqu’à ce que les gouvernements régionaux, y compris ceux du Rwanda et du Congo, s’entendent sur la manière dont doivent être traités les éléments négatifs présents dans la région. Les FAC demandent à l’Ouganda d’expliciter cette position, à tout le moins de respecter l’accord-cadre d’Addis-Abeba.»
Avec cette déclaration, poursuit la même source, «l’Ouganda veut se disculper et prétendre qu’il n’est pas parrain des mouvements rebelles qui opèrent en RDC, y compris le M23. Les dirigeants du M23 sont en voie de bénéficier du même traitement de la part de l’Ouganda comme c’est fut le cas pour Laurent Nkunda, Jules Mutebusi et tant d’autres de la part du Rwanda.»
Auteur d’une mutinerie en 2004, puis de la rébellion du CNDP en 2008, Jules Mutebusi et Laurent N’kunda, deux officiers des Forces armées de la RDC, se sont réfugiés au Rwanda et n’ont jamais été extradés en RDC malgré les sollicitations de Kinshasa.

Les chefs militaires du M23 sont issus de l’ex-rébellion du CNDP. En mai 2012, le M23 a pris les armes au Nord-Kivu pour réclamer au gouvernement la pleine application de l’accord signé le 23 mars 2009 avec le CNDP et qui consacrait la réintégration dans l’armée. Le M23 a occupé pendant une dizaine de jours la ville de Goma fin novembre 2012. Il s’en était retiré sous la pression des dirigeants de la région des Grands Lacs en échange des pourparlers entamés avec le gouvernement congolais en décembre de la même année.
Fin octobre 2013, l’armée congolaise appuyée par la brigade d’intervention de la Monusco créée en mars dernier a défait les rebelles du M23. Une partie des rebelles, dont le nombre est sujet à controverse, s’est réfugiée en Ouganda. Le Rwanda et l’Ouganda qui assure la médiation entre Kinshasa et le M23 sont accusés par la RDC et l’ONU de soutenir le M23. Ces deux pays ont toujours nié ces accusations."




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