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mercredi 29 janvier 2014

Treize années de décadence :


La "catastrophe nationale" du 26 janvier 2001

L’investiture de Joseph Kabila, le 26 janvier 2001

Ce dimanche 26 janvier 2014, "Joseph Kabila" va commémorer le treizième anniversaire de son avènement à la tête de l’Etat congolais. On imagine que le champagne va couler à flots. Les membres de la "majorité présidentielle" et autres aigrefins de la République vont manger, chanter et danser. Il y aura des rires aux éclats. Pour la grande majorité de la population congolaise, ces treize années sont vécues comme un long cauchemar (a nightmare). Cette dernière reste demandeuse d’une révolution pour changer d’avenir et de société. Ata Ndele. Tôt ou tard...

La journée de jeudi 16 janvier dernier marquait le treizième anniversaire de la mort du président Laurent-Désiré Kabila, assassiné, dit-on, par un de ses gardes du corps nommé Rachidi Kasereka. Celui-ci a été éliminé à son tour. C’était le 16 janvier 2001.

Le 16 janvier 2001, il est environ 13h00 lorsque des tirs nourris à l’arme automatique sont entendus au palais de marbre où se trouvent la résidence et le bureau du président de la République. Qui tire sur qui ? Mystère. Vers 13h45, des médias internationaux annoncent que le Mzee a été victime d’un attentat et qu’il serait touché mortellement. A Kinshasa, c’est le blackout. Le gouvernement continue à soutenir que le chef de l’Etat est blessé mais en vie.

Vers la fin de l’après-midi, le corps sans vie de LD Kabila est transporté aux services des urgences de la clinique Ngaliema. Le médecin présent constate des impacts de balles sur le cadavre. Etrangement, la victime ne baigne pas dans son sang alors qu’elle avait l’aorte sectionnée. Pour ce praticien, la conclusion est simple : «Le décès est antérieur aux impacts de balles».

Kabila est mort, vive "Kabila"!

Des sources bien informées assurent que quelques jours avant la date fatidique, "Papa Kabila" souffrait d’une grave crise d’hypertension artérielle. Diabétique, le chef de l’Etat congolais avait pris beaucoup de poids au grand dam de ses médecins cubains. «Le Mzee était sous perfusion le 15 janvier 2001, confie un habitué du Palais de marbre. C’est pour cette raison qu’il avait retardé son voyage au Cameroun où se tenait un sommet franco-africain ».

Dès le lendemain de l’«attentat», le ministre de la Communication d’alors, Dominique Sakombi-Inongo, annonce que «le général major Joseph Kabila a été désigné pour assumer l’intérim à la tête de l’Etat». «Les membres du gouvernement avaient désigné Joseph Kabila à la tête de l’Etat par vote secret», dira She Léonard Okitundu, alors ministre des Affaires étrangères, dans une interview au quotidien français «Le Monde ». Quels sont les critères ayant présidé à ce choix? Silence.

Procès à huis clos

Treize années après, des questions restent sans réponse : Qui a tué le Mzee ? Qui a commandité ce crime? Quel en est le mobile ? Pourquoi la dépouille du défunt président a été transférée à Harare, au Zimbabwe, avant d’être ramenée à Kinshasa pour les obsèques? A qui profite le crime ?

Dans son allocution d’investiture, le 26 janvier 2001, "Joseph Kabila" aura ces mots : "Je rassure le peuple congolais qu’une enquête judiciaire est déjà ouverte afin que la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat de l’illustre disparu". La promesse ne sera nullement tenue. Le méga-procès des présumés assassins de Mzee ne sera d’aucun secours. La plupart des audiences se sont déroulées à huis clos. Etrange.

Dans un rapport confidentiel que l’auteur de ces lignes a pu parcourir, un expert en balistique a estimé que la thèse de meurtre par balles est «scientifiquement impossible». Selon cet expert, une balle tirée sur la tempe aurait dû ressortir de l’autre côté. Pour lui, seule une balle tirée à une distance de 50 mètres pouvait être logée dans la tête. Le rapport de souligner la stupéfaction des trois médecins consultés en tant qu’experts en médecine par la Cour. Pour eux, la position du corps du défunt, telle que décrite par les témoins, ne leur parait pas être celle qu’aurait dû adopter une personne décédée des suites d’un traumatisme causé par des balles. "De même, poursuit le rapport, ils se sont inquiétés de l’absence de saignement alors qu’une balle avait sectionné l’aorte, conduit principal du sang. En effet, le saignement aurait dû être d’autant plus abondant qu’en plus, immédiatement après les coups de feu, le docteur Mashako Mamba prétend avoir procédé à un massage cardiaque".

La conclusion de ces trois médecins tombe comme une sentence : "(...), les blessures faites par balles n’ont pu intervenir qu’après le décès". Autrement dit, LD Kabila était déjà mort au moment où son corps a été criblé des balles. Qui a pu orchestrer cette macabre mise en scène? Quel en est le but?

Dans un rapport publié en 2002 sur l’état des droits humains au Congo-Kinshasa, l’organisation non gouvernementale "African Centre for Peace democracy and Human Rights" basée à Bukavu faisait état notamment de l’arrestation, le mercredi 2 janvier 2002, du docteur Armand Kabunga Mutombo, par des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Chef de staff médical adjoint à la clinique de Ngaliema à l’époque, Dr Kabunga assurait la permanence au service de réanimation le jour de l’assassinat du président LD Kabila. Il lui est reproché d’avoir subtilisé les habits que portait ce dernier. Dans le verdict rendu le 7 janvier 2003 par la Cour d’ordre militaire, on peut lire que le médecin a été "renvoyé devant son juge naturel"... pour "vol".

A qui profite la mort de LD Kabila?

Il y a d’abord la fratrie "Kabila" qui est sortie de l’anonymat. Jaynet Désiré "Kabila" Kyungu (sic!) est propulsée à la tête de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila. Celle-ci brasse en toute opacité d’importantes sommes d’argent reçues en guise de dons. La Fondation n’a jamais présentée ses comptes annuels à la comptabilité nationale. Dès 2006, un autre "Kabila" prénommé "Zoé" fait son apparition. Sept années après, ce jeune homme impécunieux, sorti du néant, est à la tête de deux "business" : un centre omnisport ultramoderne "Le Shark Club" et un restaurant VIP dénommé «O’Café» à un jet de pierres de l’ex-hôtel Intercontinental. La nouvelle "famille présidentielle" s’est "enrichie" récemment d’un nouveau membre. Il s’agit de la jeune Kabila Ruwez Mtwale, présentée par "Grands Lacs Magazine" comme étant la "petite-sœur biologique" du "raïs". Qui en serait la mère? Sifa Mahanya? Dans son ouvrage "Les quatre présidents du Congo", publié en 2002 aux éditions Secco & Cedi, Célestin Kabuya Lumuna Sando soutient que, pour des raisons de sécurité, l’actuel chef de l’Etat a porté plusieurs noms dont celui de... Mtwale. François Soudain d’ajouter les patronymes "d’emprunt" de Kabange et de Kanambe (voir la revue pour l’intelligence du monde juillet/août 2006). Ouf!

Les Baluba du Nord Katanga (Balubakat) viennent en second lieu. LD Kabila était rattaché à cette communauté tribale par son père. On rappelle cette polémique suscitée par les critiques articulées par Daniel Mulunda Ngoy, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), à l’encontre de "Joseph Kabila" dont il dénonçait l’"ingratitude" devant quelques notables lubakats. C’était en février 2013 à Lubumbashi. Informé, Nday Ngoy Matembo, alors président de l’association culturelle des Baluba du Katanga (Buluba-i-Bukata), prit sa plus belle plume pour rappeler Mulunda à l’ordre : «Le président Kabila est pour notre communauté une mine d’or très précieuse que nous devons tous protéger quelles que soient ses erreurs». Sans commentaire.

Il y a enfin le maître de Kigali Paul Kagamé. Dans une interview accordée à la journaliste Sonia Rolley de RFI, l’ex-patron des services d’espionnage rwandais, le colonel Patrick Karegeya, assassiné début janvier dernier, a confirmé que tous les mouvements "rebelles congolais" ont été montés de toutes pièces par le potentat rwandais. Outre l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), c’est le cas du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) mais aussi du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et du Mouvement du 23 mars dit «M23».

Le coup d’Etat du 16 janvier 2001

Une chose paraît sûre : la disparition de LD Kabila a permis au "régime militariste" au pouvoir au Rwanda de réaliser son ambition consistant à noyauter les institutions du Congo-Kinshasa en y infiltrant des militaires et officiers issus des prétendues «rébellions congolaises». Kagamé a toujours clamé sa volonté de voir s’installer un "régime ami" à Kinshasa. Plusieurs officiers dits "rwandophones" dirigent des bases militaires. D’autres sont promus à la tête des régions militaires. Sans omettre, l’état-major général de l’armée congolaise. Tous les secteurs névralgiques de la vie nationale sont infiltrés. Une situation inimaginable à l’époque de M’zee trahi par les siens.

Comment ne pas conclure, dès lors, que ce qui s’est passé le 16 janvier 2001 à Kinshasa n’est ni plus ni moins qu’un coup d’Etat camouflé. Une oligarchie a succédé à une autre avec ce que cela implique de règlements de compte et de course aux privilèges. Des innocents croupissent depuis treize années dans la prison centrale de Makala pendant que les véritables coupables continuent à parader.

Treize années après l’arrivée de "Joseph Kabila" au sommet de l’Etat, les Congolais sont désillusionnés par la décadence ambiante. Ils restent demandeurs d’une vraie révolution pour changer d’avenir et de société. "Ata Ndele" (tôt ou tard), avait chanté le musicien congolais Adou Elenga...


B.A.W 
© Congoindépendant 2003-2014


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