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vendredi 21 mars 2014

Présidentielle 2016 : "Réunion de crise" à Kingakati

Présidentielle 2016 : "Réunion de crise" à Kingakati



Des sources convergentes à Kinshasa indiquent que "Joseph Kabila" et les "durs" de son régime ont les nerfs à vif. En cause, le désarroi du "clan" face à l’échéance du 19 décembre 2016 qui marque la fin du deuxième et dernier mandat du "raïs". Celui-ci aurait convoqué, pour ce mercredi 19 mars, une "réunion de crise" aux allures de "brain storming". Un seul point à l’ordre du jour : Que faire pour permettre au successeur de Mzee à demeurer à la tête de l’Etat au-delà de 2016? "Joseph" tient à se succéder à lui-même sans pouvoir dire le "rêve" qu’il propose aux Congolais après treize années chaotiques et des promesses non-tenues. Quel sera le prochain thème de campagne après "Artisan de la paix", "Les Cinq chantiers du chef l’Etat", "Faire du Congo la Chine de 2011", "La révolution de la modernité"? "Joseph Kabila" qui "a perdu" l’Est semble faire la sourde oreille face à son impopularité grandissante aux quatre coins du pays. Et pourtant. Les débats diffusés par certains médias tels que RFI et radio Okapi sont révélateurs de la soif de changement qui étreint la population congolaise. La soif d’un autre avenir.
C’est une vérité de La Palice : "Joseph Kabila" aime le pouvoir. Le problème? L’homme n’est porteur d’aucun "rêve". Il aime le pouvoir pour le pouvoir. Aussi fait-il la sourde oreille face à la méfiance grandissante des citoyens à l’égard du régime qu’il incarne. Un régime inefficace. Un régime incapable d’assurer la défense du territoire national et surtout de permettre à la population de satisfaire ses besoins essentielles. La nation a perdu sa cohésion à l’intérieur et sa respectabilité à l’extérieur.

On apprenait mardi 18 mars que "Joseph Kabila" compte réunir, ce mercredi, tous les "grands manitous" de la très sulfureuse "majorité présidentielle" dont il est "l’autorité morale". Il faut dire que les animateurs des grands corps de l’Etat étiquetés "MP" seront présents dans la ferme présidentielle de Kingakati. Sont attendus : les chefs des partis politiques, le Premier ministre et les ministres en charge des départements régaliens, les gouverneurs des provinces, les hauts magistrats du siège et du parquet, les patrons des "services", le haut commandement militaire. Des hommes et des femmes dont la très grande majorité doit sa carrière ou son ascension sociale à un homme : "Joseph Kabila". Celui-ci est élevé au rang de "bienfaiteur". L’enjeu est donc crucial pour les uns et les autres. De quoi vont-ils parler? "Ils vont examiner tous les scénarios ayant pour but le maintien de Joseph Kabila à la tête de l’Etat, au-delà de 2016", commente un analyste politique proche de la mouvance kabiliste.

Dans ce Congo démocratique où tout le monde claironne sans conviction "l’Etat de droit" à tout bout de champ alors que la gestion de la Cité est caractérisée des "pratiques informelles", il est difficile de faire une analyse rationnelle des événements socio-politiques. Et ce, faute de données objectives voire intangibles. A l’instar du Président Mobutu Seko Seko qui avouait décider "seul face à ma conscience", "Joseph" exerce un pouvoir solitaire. Entouré de quelques proches, le "raïs" prend des ukases au gré de son bon plaisir ou humeur. Dans cette ambiance empirique, une seule certitude : "Joseph Kabila" veut demeurer calife à la place du calife.

"Services d’études stratégiques"

En l’absence des données rationnelles, bonjour la spéculation et les supputations. Un confrère kinois s’est hasardé récemment à présenter Augustin Matata Ponyo en "dauphin". En clair, on devrait assister à un jeu de chaine musicale "à la Poutine" où l’actuel chef du gouvernement prendrait la tête de l’Etat. "Joseph" prendrait la primature. "C’est de la pure spéculation, tempête un observateur du sérail kabiliste. Le Premier ministre Matata est réputé pour sa tendance à manipuler les médias. Au Congo, c’est connu de tous : il suffit de payer pour que la presse écrive selon les desiderata de celui qui paie...". Quelques mois auparavant, le nom de la "première dame" Olive Lembe di Sita revenait sans cesse chez les "pronostiqueurs". Ceux-ci se fondaient sur des "travaux" menés, semble-t-il, par des "services d’études stratégiques" de la Présidence de la République. Il semble bien que le "raïs" serait - était? - décidé "à céder" momentanément son fauteuil à son épouse. C’est très touchant!

Que dire des récentes déclarations de Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, selon lesquelles "le président Joseph Kabila respectera strictement le prescrit de la Constitution" en ce qui concerne la limitation du nombre de mandat? C’était le 9 mars dernier sur TV5 Monde. "Les propos de Mende ont pour but d’endormir les prétendants à ce poste mais aussi une certaine communauté internationale qui tient au respect de la Charte fondamentale du pays", confie un confrère. "Mende est le porte-parole du gouvernement, répliquait le lendemain, sur RFI, Vital Kamerhe, président de l’Union de la nation congolaise. Nous aurions souhaité que Joseph Kabila le dise lui-même". L’enthousiasme de Mende a été "tempéré" par un secrétaire national du PPRD qui a annoncé le lancement prochain d’une pétition en vue de la révision de la Constitution.

Que va faire "Joseph Kabila"? Va-t-il écouter les "conseils" des "super faucons" de son clan, des individus sans foi ni loi décidés à tripatouiller la Constitution? D’aucuns parlent de l’instauration d’un régime présidentiel fort et d’un poste de vice-président de la République. Sans oublier l’élection des députés provinciaux au suffrage indirect. D’autres évoquent carrément le changement de la forme de l’Etat. Ou va-t-il écouter la voix de la sagesse pour quitter le pouvoir par la grande porte de l’Histoire?

Un mandat de trop...

Treize années après son accession au pouvoir suprême dans les conditions que l’on sait, "Joseph Kabila" reste un vrai mystère pour la population congolaise. Une population dont il s’évertue à éviter. L’homme sait parfaitement que ses "concitoyens" le scrutent avec suspicion. Plus à raison qu’à tort, le "rais" est considéré comme un "agent" au service de la sécurité nationale du Rwanda de Paul Kagamé et de l’Ouganda de Yoweri Museveni. A preuve, la présence massive des "colonels" et "généraux" aux patronymes "exotiques" dans les rangs de l’armée congolaise, de la police et la magistrature.

Lors de son passage à Goma le 30 novembre 2013, "Joseph Kabila" a pu prendre la température de son rejet par la masse. Il fut froidement accueilli par les Gomatraciens. Un sentiment de défiance partagée par la grande majorité de la population congolaise. A Goma et à Bukavu, "Joseph" avait fini par renoncer à l’idée de tenir des meetings au lendemain de la défaite annoncée des rebelles du M23 pour animer une sorte de "causerie morale" dans la salle de réunion d’un hôtel. Des griefs sont là, à titre exemplatif. Premier magistrat du pays, il a attendu deux bons mois (avril-juin 2012) avant de prendre position sur la mutinerie des éléments des FARDC étiquetés CNDP, rebaptisés M23. L’éviction de l’ADG de la RTNC (média d’Etat), Christophe Kolomoni, pour avoir autorisé la retransmission en direct d’une "matinée politique" du parti présidentiel (PPRD) au cours de laquelle le potentat rwandais a été brocardé, a laissé un vrai trouble dans les esprits. Certains Gomatraciens avaient interpelé le "raïs" sur des promesses non tenues dans le cadre des "Cinq chantiers". Ce dernier bredouilla que "tous les projets ont été suspendus à cause de la guerre". "Garant de la nation", "Joseph" a attendu plus d’un an avant d’aller exprimer la "compassion nationale" aux compatriotes du Nord Kivu terrorisés par la guerre.

En visite à Goma, début février dernier, "Olive" a pu à son tour vérifier l’impopularité de son présidentiel d’époux. C’était lors de la pose de la première pierre de la Cathédrale de Goma. La foule scandait "Muwaji" (tueur!) chaque fois que "la première dame" citait le nom de son mari. Pour l’homme de la rue, celui-ci serait le commanditaire de l’assassinat du colonel Mamadou Ndala. Près de trois mois après ce crime odieux, le magistrat instructeur désigné, le général Timothé Mukuntu Kiyana, proche de la Présidence, se tait dans toutes les langues. "Munaïsha kuona baba anahuwa mutoto yake?", s’indignait "Olive" sous des hués. Traduction : "Avez-vous déjà vu un père tuer son propre enfant?".

Un analyste politique de conclure : " Joseph Kabila est conscient qu’en face de lui il n’existe aucune force capable de l’empêcher de briguer un troisième mandat présidentiel. Un troisième mandat qui pourrait se révéler comme un mandat de trop...". Rendez-vous ce mercredi à Kingakati.

Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2014


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