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jeudi 14 août 2014

Alternance 2016 :


Jeannot Mwenze Kongolo montre à «Joseph Kabila»... la porte

Jeannot Mwenze Kongolo


 Ancien tout-puissant ministre de la Justice sous la présidence de LD Kabila et en charge brièvement de l’Ordre et de la sécurité sous «Joseph», Jeannot Mwenze Kongolo, 54 ans, vient d’accorder une interview à un journal en ligne (www.congosynthese.com) en réaction à la confirmation faite, mardi 29 juillet, par Evariste Boshab sur la volonté du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) de faire réviser la Constitution. 

«Joseph Kabila ne peut pas briguer un troisième mandat en 2016, c’est la Constitution qui le dit!». C’est la déclaration faite par l’ex-homme fort du régime mis en place un certain 17 mai 1997 par AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre). Bien que poursuivant sa
«traversée de la savane» depuis 2002, Jeannot Mwenze Kongolo reste «intouchable» en dépit de ses critiques. L’homme fait partie de quelques dignitaires dépositaires d’un «grand secret d’Etat» : les circonstances exactes ayant abouti à la désignation de «Joseph Kabila» comme successeur de son "père". C’était un certain 26 janvier 2001.

Face un intervieweur qui avait de la peine à garder une certaine neutralité, l’ancien ministre Mwenze - qui est à la tête du « Parti des kabilistes Mzee» - est apparu taquin et ironique. Le PPRD ? «C’est un parti qui est déjà mort», lance-t-il. Ajoutant : «Il ne lui reste que le secrétaire général».

Réagissant aux propos d’Evariste Boshab selon lesquels « réviser la Constitution, c’est aussi la respecter», Mwenze d’ironiser : «Moi, j’ai été contre cette Constitution après son adoption par référendum en 2005 ». Il se dit surpris d’entendre le secrétaire général du PPRD vouer aux gémonies cette loi fondamentale qui arrangeait bien le régime en place. En 2006, dira-t-il, on a
«voté» (les guillemets sont de lui) «Joseph Kabila». En 2011, il a été «réélu».
«Personne n’a broché à l’époque». «L’actuel président ne peut pas se représenter en 2016, souligne-t-il. C’est la Constitution qui le dit ».

Pour Mwenze, l’alternance est nécessaire pour permettre au pays de
«respirer» et de repartir avec un souffle nouveau. Pour lui, il n’est plus besoin de recourir à la lutte armée «pour changer l’ordre institutionnel». Le changement, pour lui, doit intervenir dans le respect strict de la Constitution. Arborant un grand sourire, « Jeannot » de suggérer à la majorité actuelle de
«présenter un autre candidat que Joseph Kabila». «La population est fatiguée». Pour lui, le Congo a besoin d’un nouveau Parlement ainsi que d’un nouveau président de la République.

Déviationnisme

Depuis qu’il n’est plus aux affaires, Jeannot Mwenze a, à maintes reprises, décoché des flèches en direction d’un « Joseph Kabila » qu’il accuse d’avoir trahi les « idéaux » de Mzee. Dans certains journaux kinois, il parle de
«déviationnisme». Dans une interview accordée à Congo Indépendant en décembre 2010, il n’a pas changé son discours : «(…). Il y a donc plusieurs années depuis que je dénonce ce comportement indigne d’un fils par rapport à son propre père. Un comportement qui se traduit par la destruction systématique de toutes les oeuvres de son géniteur quand bien même des Congolais y trouvent leur compte. Comment devrait-on appeler cela?»

Comment explique-t-il l’apparente "impunité" dont il jouit face aux "faucons du régime" ? «Je n’ai jamais émis des critiques dans le but d’attirer l’attention de l’entourage présidentiel. Je le fais à l’intention particulière de la population congolaise. Il s’agit pour moi d’une démarche pour le moins normale de la part d’un politicien qui se soucie du destin collectif. La contestation et la dénonciation que vous appeler «blâme» ne sont en réalité que des méthodes les plus légitimes.»

S’agissant des informations selon lesquelles il ait pu jouer un "rôle de premier plan" dans l’avènement de «Joseph» à la tête de l’Etat, «Jeannot» reste droit dans ses bottes. Pour lui, il a joué son «rôle de nationaliste en toute honnêteté». En posant cet acte, ajoutera-t-il, il espérait que « c’était la meilleure façon d’assurer la pérennité de l’oeuvre de Mzee et surtout d’honorer son nom et sa mémoire. Hélas !»

Réfectoire national

Depuis le mois de décembre 2010, l’ancien ministre Mwenze a tissé des liens de "partenariat politique" notamment avec l’Union pour la Nation Congolaise de Vital Kamerhe. En janvier 2014, « Jeannot » tenait un point de presse pathétique pour dénoncer la «perquisition sans mandat» de sa ferme à Lubumbashi, au Katanga. Sic transit gloria mundi? Ainsi passe la gloire de ce monde. Connaissant les mœurs du régime, Mwenze redoutait que les «enquêteurs» chargés de visiter sa propriété n’y dissimulent quelques armes pour l’accuser par la suite de « détention illégale d’armes de guerre ».

Tout en reconnaissant à l’ex-ministre Mwenze Kongolo le droit d’exprimer ses opinions, des observateurs s’interrogent si l’homme aurait eu la même attitude critique s’il avait gardé sa place au «réfectoire national»…

B.A.W 
© Congoindépendant 2003-2014



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