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lundi 1 septembre 2014

Joseph Kabila : Ses sept péchés capitaux – Partie I -








Joseph Kabila : Ses sept péchés capitaux – Partie I -


Les sept péchés capitaux de Joseph Kabila (Partie I)
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A la tête de la RDC depuis 2001 et à deux ans du terme de son mandat constitutionnel, au moment où l’actualité sociopolitique de la RDC tourne autour de l’avenir politique du président Kabila, DESC tente de relever les ratés de ce personnage politique incompris des Congolais et dont l’arrivée au pouvoir avait pourtant suscité un certain espoir en termes d’instauration d’un nouvel ordre politique fondé sur la démocratie et l’Etat de droit.

1. Kabila est incapable de sécuriser la RDC en créant une armée républicaine et dissuasive

Depuis qu’il a accédé au pouvoir en 2001 et son maintien à la tête du pays par la suite, soit treize ans déjà, Joseph Kabila s’est donné huit principales priorités : 1) Réunifier le territoire national morcelé ; 2) Rétablir la paix dans le pays et avec les Etats voisins ; 3) Réconcilier la nation ; 4) Réhabiliter l’Etat et restaurer l’autorité de l’Etat ; 5) Former une Armée nationale, républicaine et performante ; 6) Instaurer la démocratie et l’Etat de droit ; 7) Stabiliser le cadre macroéconomique et de relancer la croissance; Cool Amorcer la reconstruction du pays et s’occuper du social des congolais

S’il a réussi avec brio la tâche de réunification du pays et parvient à maîtriser relativement le cadre macroéconomique tout en assurant au pays une croissance économique respectable et en amorçant un début de reconstruction sur fonds de corruption, il peine cependant à stabiliser le pays ni à rétablir l’autorité de l’Etat.
Là où Kabila semble avoir lamentablement échoué c’est son incapacité de sécuriser totalement le pays, malgré son discours en trompe-l’œil du 29 juin 2014 qui a éludé la descente sécuritaire aux enfers au Katanga, la persistance de plusieurs zones d’instabilité dans la partie orientale de la RDC. Il faut également noter son manque de volonté politique de doter la RDC d’une armée républicaine et performante. Les conditions de vie des militaires congolais en témoignent. A ce jour, la loi de programmation militaire censée améliorer le vécu social du militaire peine à être voté, malgré son discours effet d’annonce de décembre 2012 consacrant ce domaine priorité des priorités. On ne peu constater que 20 mois après, rien n’a bougé et il continue à être distrait! A la place, Kabila a préféré s’aligner sur le modèle de Mobutu en faisant coexister une armée prétorienne, ethnique, sur-militarisée et mieux lotie aux côtés d’une armée évoluant encore de manière féodale, mal entretenue et mal payée avec le moral à zéro. Résultat de la course, cette armée, au moral à zéro, est incapable, sans l’appui de la MONUSCO, de réussir seul le défi sécuritaire en RDC. Ce sont plus de 30 groupes armés qui continuent à faire la loi dans l’est du pays. Les attaques des Bakata Katanga pourraient même emporter le régime tant elle est la résultante des contradictions du régime.


2. Kabila échoue à créer la cohésion nationale autour de sa fonction présidentielle

Si entre 2001 et 2006 Kabila, en réunifiant la RDC, est parvenu bon an mal an à réconcilier la nation, depuis qu’il a modifié le mode de scrutin électoral en 2011, il s’est tiré lui-même la balle sur le pied. Par l’instauration d’un scrutin présidentiel à tour unique, Kabila, préoccupé davantage par son pouvoir personnel que par la réconciliation de la société post-conflit qu’est la RDC a réimplanté les germes de la division du pays.
En effet, l’élection d’un président à tour unique peut permettre à un candidat qui n’a pas obtenu la majorité absolue des urnes d’accéder quand même à la magistrature suprême. Les études ont démontré qu’un scrutin à tour unique dans un contexte des sociétés africaines à la fois post-conflit et dominées par le phénomène ethnique, présente l’inconvénient d’entraîner l’élection d’un président de la République par une minorité de ses composantes. C’est ce qui s’est déroulé en 2011, malgré les fraudes orchestrées par le Pasteur Mulunda pour relever le score électoral de Kabila élu dans certains coins à plus de 100 % du corps électoral (Mathématiques Congolaises). Les constitutionnalistes et politologues africanistes sont unanimes pour dire que [ce mode de scrutin est vivement déconseillé ]car il est conflictogène, particulièrement dans un pays où le clivage ethnique et géopolitique Ouest-Est semble marqué.

Comme on l’a vu en RDC, le passage en force dès le premier tour de Kabila a visiblement posé un problème de légitimité qui plombe son action politique actuelle malgré une certaine performance réalisée par Augustin Matata. Cela a engendré des frustrations que les concertations convoquées en septembre 2013 ne sont pas parvenues à apaiser.On le voit avec la difficulté que Kabila éprouve à mettre en place son fameux gouvernement de cohésion nationale, annoncée imminent depuis octobre 2013.
Lorsqu’on exige dans les États en quête de stabilité politique qu’un pouvoir soit légitime, on demande que celui qui le détient ait un juste titre pour le détenir ; lorsqu’on invoque la légalité d’un pouvoir, on demande qu’il soit exercé justement, c’est-à-dire d’après les lois établies. Or dans un cas ou l’autre, le pouvoir actuel au Congo jouit de très peu de légitimité et est devenu champion d’illégalité en violant constamment ses propres dispositions constitutionnelles et légales. Pour un peuple, la légitimité du pouvoir d’une autorité est le fondement de son devoir d’obéissance à l’autorité alors que la légalité du pouvoir est la garantie principale de son droit de ne pas être opprimé.

De la sorte, en présence d’un pouvoir déficitaire sur le plan de la légitimité, c’est la crise de confiance qui s’installe.  Celle-ci est en général analysée comme le résultat de l’individualisme, du repli sur la sphère privée, de la césure du peuple et des élites accusées de renoncement. Le désenchantement vient de la perte de confiance dans la volonté en politique.
Ainsi donc, l’absence de légitimité pousse le pouvoir à recourir à un mode de gouvernance répressif en faisant de la RDC un État de non droit, réputé pour ses fréquentes violations des droits fondamentaux humains. Ce qui creuse davantage la fracture sociale et le pacte républicain entre le pouvoir autocratique et ses gouvernés.


3. Kabila n’a pas été au rendez-vous du social et poursuit l’œuvre kleptocratique de Mobutu

A la tête d’un pays potentiellement riche, Kabila n’est pas parvenu à améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. Aujourd’hui, tous les indicateurs du bien-être humain, de la gouvernance et autres indiquent la RDC au zéro pointé. Alors qu’il a placé son mandat de 2006 sous le signe de mettre fin à la récréation, on constate que le grand festin des vautours bat son plein au sein de son entourage et de ses alliés internationaux qui ne cessent de s’enrichir considérablement. La paupérisation des populations vivant sous le seuil de la pauvreté et leur sentiment d’abandon par les pouvoirs publics est une autre crise sociale qui pourrait, comme à l’époque des pillages en 1991 et 1992, emporter d’un trait son régime.
Dans son ouvrage : Congo, la mascarade de l’aide au développement, le chercheur belge Théodore Trefon constate qu’ »il y a eu une certaine reprise macroéconomique depuis l’accession de Joseph Kabila au pouvoir en 2001 et depuis la fin de la guerre. Mais l’augmentation de la production du chiffre d’affaires n’a pas donné lieu à une distribution socialement équitable. (pp.61-62) (…) Le climat des affaires est peu attrayant. (p.63)… La plupart des activités économiques en RDC se produisent en dehors de l’économie officielle (p.64). Il ne fait aucun doute que l’octroi du statut de point d’achèvement du Congo était beaucoup plus fondé sur des considérations politiques que des résultats macroéconomiques. Il y avait une motivation politique pour stabiliser Kabila (candidat du blanc) en vue des élections présidentielles de 2011… Les clichés sur la corruption du Zaïre sous Mobutu sont encore d’actualité. »(p.146). La corruption est monnaie courante dans les transactions commerciales publiques et privées, en dépit de la législation. La corruption et la prédation vont de pair et constituent l’un des points communs de l’histoire du Congo de Léopold II, à Joseph Kabila.(p.149). Le triple péché politique de la corruption, de la prédation et du patrimonialisme est mis à nu par un accord troublant négocié entre le Congo et deux compagnies britanniques (SOCO International et Dominion Petroleum)… (p.49).

En bref, ce que le professeur Trefond qualifie de « changement sans amélioration » et de conclure : « Malgré les arguments convaincants de la légendaire joie de vivre congolaise, la pauvreté est vraiment omniprésente. » (p.178). Ainsi, avec « la (dés)information et la propagande comme éléments clés de la mascarade et de la culture politique congolaise, Lambert Mende, ministres des médias et de la Communication, est le tsar de la (dés)information de Joseph Kabila. Son rôle est de donner l’impression, dans le pays et à l’étranger, que tout va bien au Congo, grâce à la détermination et à la bonne gouvernance du président Joseph Kabila. » (p.140). « Cultiver la confusion et l’incompréhension,reformuler des explications officielles avec des mise à jour et envoyer des messages contradictoires sont des tendances clairement identifiables dans la politique de communication congolaise. »(p.141).
La politique clientéliste et ethnorégionaliste de Kabila ne cesse de laisser jour après jour des masses congolaises sur le bord de la route. Etant conscient de cet échec, le gourou de Kingakati-Buene – où coule le champagne et le lait pour les honorables dignitaires du régime – sait que pour se maintenir au pouvoir, il faut éviter de croiser le fer électoral avec le souverain primaire. Tous les stratagèmes sont désormais bons pour contourner le peuple via une sorte de centralisme démocratique à la soviétique. Une démocratie où les décisions prises à Kingakati-Buene doivent s’appliquer via une parodie d’élections ou de référendum pour en donner un caractère démocratique.

Le désordre politique clientéliste trouve généralement son écho dans le secteur financier et économique. En clonant le style et les méthodes de gouvernance de Mobutu, le régime Kabila reconstruit au Congo un nouveau système patrimonial de type autocratique et féodal qui n’a absolument plus besoin du Peuple congolais pour fonder son pouvoir mais bien du fusil pour le mâter et l’embastiller. C’est lepéché capital de la « colère«  qui s’exprime par la répression, la violence politique et les meurtres caractéristiques de son régime. Le pouvoir de Kabila, qui n’a que faire des Congolais, est également fondé sur l’exploitation illicite des minerais, du pétrole et sur des business sales en ouvrant les frontières congolaises grandement à qui veut venir s’y servir et piller tant qu’il contribue à renforcer son régime répressif et non à nourrir le peuple Congolais. Le Congolais qui n’est pas heureux en RDC n’a qu’à s’en aller. Il y aura bien des rwandais et autres qui viendront manger grassement dans leur assiette. Le délestage alimentaire est d’ailleurs une réalité quotidienne au Congo où l’on mange en alternance un jour sur deux dans plusieurs ménages.

La gouvernance effondrée de Kabila est aujourd’hui le facteur principal de la rupture du consensus démocratique et social. Il s’agit là du péché capital appelé « avarice » qui consiste en accumulation démesurée des richesses pour son plaisir personnel et non l’intérêt général. Avec un taux de chômage qui atteint plus de 80% de la population, les faibles revenus des ménages, l’insatisfaction croissante des besoins sociaux de base, l’insalubrité des villes, les conditions de vie miséreuses dans les villages et une justice sociale inégalitaire ; c’est tout le social et le vécu quotidien du Congolais qui subit l’échec de la politique sociale de Kabila.


Fin de la Première partie. A suivre 

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