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mardi 28 octobre 2014

CPI: une plainte en gestation contre MENDE




CPI: une plainte en gestation contre MENDE























(KINSHASA)- Des professeurs et chercheurs congolais de la diaspora s’attèlent à finaliser une plainte qu’ils comptent déposer contre le ministre congolais de la communication et médias à la cour pénale internationale. Ils reprochent au leader de la Convention des congolais unis d’avoir planifié les attaques xénophobes contre les religieux non originaires de Lodja. Des enquêteurs de la Fédération internationale des droits de l’homme se préparent déjà à descendre au Congo-Kinshasa pour mener des investigations sur toutes ces atrocités. A Kinshasa au siège du Mouvement Lumumbiste Progressiste, on indique que le caractère sélectif des crimes perpétrés contre les prêtres et sœurs catholiques non originaires du chef-lieu du Sankuru est un acte répréhensible devant la justice internationale. Dans un document limpide de sept pages, le député Franck Diongo, président national du Mlp explique, analyse et motive le sens de cette action qui doit être dirigée contre le porte-parole du gouvernement Kabila. L’opposant décrit les faits et leurs conséquences sur le plan moral, politique et établit clairement la responsabilité du président de la CCU et de l’état congolais sur ces événements malheureux survenus à Lodja. L’élu de la Lukunga a fait parvenir le document sur sa lecture des incidents de Lodja au président de l’assemblée nationale avec copie pour information au cardinal Mosengwo, au président de la Cenco, au président du sénat, au premier ministre, au ministre de l’Intérieur, au patron des renseignements, au commissaire général de la police ainsi qu’aux chefs des missions diplomatiques accrédités à Kinshasa et aux responsables des organisations de défense des droits de l’homme. Son souci est de montrer à la face du monde que Lambert Mende est le principal commanditaire et responsable des actes de violence contre les religieux non originaires de Lodja, a assuré l’un de ses lieutenants.


NOTRE LECTURE
DES ATTAQUES PERPETREES PAR DES MILITANTS DE LA CCU CONTRE L’EGLISE CATHOLIQUE ET LE CLERGE A LODJA
Points de vue juridique, moral et politique

LES FAITS
De violents incidents ont éclaté à Lodja les 12 et 13 octobre 2014. Des membres de la « Convention des Congolais Unis », CCU en sigle, ont vandalisé des couvents et s’en sont pris violemment à des prêtres et à des religieuses. Le motif de ces agressions barbares : la lecture, au cours d’une messe, du message de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) sensibilisant les chrétiens catholiques à dire non à la révision de la Constitution de la République.
Selon les témoins des événements, l’expédition punitive menée contre les religieux aurait été conduite et coordonnée par Messieurs DIUMU Boniface, ONEMA et OKANGADO Papy, tous membres de la CCU, parti de Lambert MENDE, Ministre de la communication et des médias au gouvernement central.
Le plus lourd bilan de ces troubles donne :
- Un prêtre grièvement blessé (Abbé Pascal DJONGELO) avec une jambe fracturée ;
- Une religieuse (Sœur Hélène KOMBA) rouée de coups et dénudée, se
trouvant actuellement dans un état grave ;
- Des meubles et vitres cassés ;
- Des panneaux solaires alimentant le couvent en électricité mis hors service.
Il a été également remarqué que les agresseurs des religieux ont opéré sur les deux jours sans qu’aucune force de police, pourtant appelée au secours, ne soit intervenue.

POINT DE VUE JURIDIQUE
Les actes posés par cette bande de militants de la CCU ont été prémédités. Cette préméditation est d’autant plus coupable que le caractère xénophobe des agressions est évident.
En effet, pour l’agression du prêtre ayant officié la messe du 12 octobre, les agresseurs ont attendu la fin de la messe et surtout le départ des fidèles pour aller exécuter leur sale besogne. De même, le 13 octobre, ils ont attendu la nuit pour aller saccager le couvent des Sœurs et molester la Sœur Hélène KOMBA, préfète de Lycée.
Toutes les victimes de cette agression sont originaires d’autres territoires que celui de Lodja.
A la lumière de ce qui précède, nous ne sommes pas très loin d’une association de malfaiteurs montée pour semer la terreur au sein du clergé, et particulièrement les membres de ce clergé non originaires de Lodja, sans compter les voies de fait et autres destructions méchantes des biens de l’Eglise.
La police, et les autorités administratives qui ont été informées de la situation sans tenter aucune intervention de secours ni de protection des victimes peuvent se retrouver dans un cas de non assistance à personne en danger.
POINT DE VUE MORAL
Avec cette profanation de l’Eglise et des résidences des religieux, il faut se dire que c’est une nouvelle barrière qui vient d’être franchie par les auteurs des violences incriminées. L’Eglise qui a été profanée est pourtant, depuis toujours, la plus importante des rares institutions qui, dans ces contrées abandonnées, pauvres parmi les pauvres, du Sankuru, soutiennent tant bien que mal les populations démunies (écoles, hôpitaux, assistance humanitaire etc.). Aucun régime ayant dirigé le Congo d’après l’indépendance n’a autant fait au Sankuru sur le plan social que l’Eglise catholique ; encore moins les politiciens originaires qui ne s’illustrent souvent que pour exploiter la misère ambiante à des fins électoralistes. A ce titre, les commanditaires et exécutants des dernières violences eux-mêmes doivent beaucoup à cette Eglise. Une Eglise mère aujourd’hui humiliée, violentée, violée. En pareille occurrence, l’interrogation qui se pose à toutes les bonnes consciences est de savoir : « lorsqu’on a été capable de violer sa propre mère, jusqu’où peut on aller, ou mieux jusqu’où ne peut-on pas aller » ?
Pour retrouver des atrocités similaires (profanation des lieux des cultes, graves agressions physiques sur les prêtres et religieuses, pillages des couvents etc.) il faut remonter l’histoire jusqu’aux sombres heures de la rébellion muleliste des années soixante. Mais généralement, les éléments rebelles qui posaient ces actes n’étaient pas originaires du Sankuru, ni du Kasaï oriental en général.
POINT DE VUE POLITIQUE
Les derniers événements de Lodja ne sont qu’un épisode d’une histoire qui se répète, malheureusement, sous les yeux indifférents sinon condescendants des autorités nationales censées être des garants de la paix et de la sécurité de tous les congolais sans discrimination. C’est le moins que l’on puisse en penser à la lumière des évidences ci-après :
· Les auteurs des violences des 12 et 13 octobre à Lodja sont des membres ou sympathisants du Parti politique fondé et présidé par Lambert MENDE, actuelle ministre de la communication et membre de la majorité présidentielle. Interrogé à ce sujet au cours d’une émission télévisée, le Ministre a qualifié les agissements de ses militants comme faisant partie « du débat politique que les Evêques auraient eu tort de ramener au sein même de l’Eglise par la lecture du communiqué de la CENCO. » Drôle de façon de débattre. !!
· Les casseurs et membres de la CCU n’en sont pas à leur première implication dans des actes de violence du genre. En effet, à plusieurs reprises, ils ont été mêlés à des violences extrêmes, partant de simples invectives (y compris sur les ondes de la Radio de la CCU) à des menaces de mort, des incendies des maisons et des assassinats commis au grand jour. Tout dernièrement, et ce pour la première fois depuis plusieurs années de terreur imposée à une partie de la population par ces malfaiteurs, le Gouverneur de province a dû descendre en personne à Lodja avec des renforts de police pour tenter de ramener le calme. Il peut témoigner de tout le mal qu’il a eu et qu’il continue certainement à éprouver dans cette tâche. Et pour cause ! Le Chef patenté de cette espèce de milice de la CCU, un nommé JACOB, avait été arrêté à cette occasion, parmi d’autres, pour l’assassinat d’un Monsieur appelé EKETO (lui aussi non originaire de Lodja). Après quelques jours passés à Kinshasa, ces individus ont été libérés sans jugement. Pour célébrer cette impunité, la maison d’un « autre non originaire » a été brûlée avec femme et enfants. En 2006, un nommé DJUBE (encore un non originaire) a été mortellement poignardé par la même clique pour la simple raison qu’il arborait une photo du candidat Jean Pierre BEMBA. Tous ces meurtres sont restés impunis jusqu’à ce jour.

· Les violences commises ont presque toujours un fondement xénophobe particulièrement vis-à-vis des originaires des territoires de Lubefu et de Katako-Kombe. Ceci n’est en fait qu’une résurgence des vieux démons de la division orchestrée au lendemain de l’indépendance du Pays par des politiciens en mal de pouvoir, et qui, par opportunisme cynique, ont été réveillés par la CCU depuis la tenue des deux dernières élections législatives dans le territoire de Lodja.



· Dès lors, ce n’est pas un hasard si l’actuel Evêque de Tshumbe (diocèse comprenant le territoire de Lodja), de surcroît Président de la Conférence épiscopale du Congo, n’est pas originaire du territoire de Lodja, et que les prêtres et religieuses agressés par les fameux militants de la CCU, sont tous d’autres territoires que celui de Lodja. Ce n’est pas non plus un hasard que le communiqué des Evêques qui a été lu ce jour là dans toutes les églises catholiques à travers le Pays n’ait provoqué de telles violences qu’à Lodja. Dieu seul sait combien y a-t-il de chrétiens catholiques dans la majorité présidentielle – et des meilleurs –, et qui ont pris part à des messes dites ce jour là à travers le Pays, et ont suivi le même message des Evêques sans verser dans la barbarie pour exprimer leur désapprobation.

· Chaque fois qu’on essaie de porter la question de la terreur qui sévit à Lodja sur la place publique nationale, Monsieur MENDE, profitant de son pouvoir et de sa position de Ministre de la communication, entreprend aussitôt d’organiser des émissions sur les antennes de la Radiotélévision nationale consacrée à la minimisation sinon à la négation même de la réalité sur le terrain. Les personnes qui tentent de dénoncer ou de combattre les violences commises sont diabolisées. Le Gouverneur de province, NGOY KASANJI, et bien d’autres sont passé par là, et aujourd’hui c’est l’honorable député national Franck DIONGO qui se voit même gratifié d’une plainte déposé contre lui devant la Justice par le Ministre MENDE pour « dénonciation calomnieuse ».

· Le silence et l’inaction relative des autorités attitrées pour étouffer dans l’œuf le développement de ce qui ressemble fort à une milice privée reste très troublant. Cet état des choses tend à confirmer les informations qui indiquent que plusieurs autorités administratives et de la police locales auraient été mises en place sous l’influence du Ministre MENDE. Faudra-t-il alors que les victimes de ces violences organisent à leur tour une contre milice et que la situation dégénère à l’instar de ce qui se passe à l’Est du Pays pour que les sapeurs pompiers de tout bord s’intéressent enfin au drame qui se déroule sous nos yeux ? Ne sera-t-il pas alors trop tard ? L’on se rappelle que la floraison de groupes Mai-Mai qui ravagent des villages et commettent toutes sortes de crimes à l’Est du Pays étaient partie d’un simple et unique groupe d’autodéfense locale…..

· Y a-t-il un réel dividende politique pour le Chef de l’Etat et sa majorité à laisser pourrir cette situation d’intolérance, de haine et de violence à caractère tribal, voire d’épuration ethnique entretenue par un parti de la majorité?
RESPONSABILITE DU PRESIDENT DE LA CCU
Monsieur MENDE, en tant que président de la CCU, partage la responsabilité des actes posés par ses préposés dans le cadre des activités du parti. Comme nous l’avons démontré plus haut, la violence pratiquée par les responsables et militants de son parti à Lodja ne date pas d’aujourd’hui. Mais aucune fois Monsieur MENDE ne s’est désolidarisé d’aucun des malfaiteurs qui remplissent les rangs de son parti. D’ailleurs, un président de parti politique peut-il sérieusement convaincre l’opinion que des événements comme ceux qui se sont déroulés les 12 et 13 octobre dernier à Lodja peuvent être planifiés et exécutés par les responsables locaux de son parti sans qu’il en ait été au moins tenu informé ?…. Il aurait été alors, dans ce cas, le premier à livrer les malfaiteurs à la justice parce qu’ils auraient ainsi trahi tant son parti que la nation toute entière. Depuis plus de cinq ans que quelques militants de son parti incendient des maisons, pillent, assassinent…. le président de la CCU n’a jamais condamné ces actes ni, encore moins, invité ses adeptes à la raison. Ces derniers l’ont, du reste, toujours chargé publiquement en clamant haut et fort qu’ils agissaient pour le compte de la majorité présidentielle et que leur Président de parti est un parapluie politique à toute épreuve.

RESPONSABILITE DE L’ETAT
Lors des tristes événements des 12 et 13 octobre, les services compétents de l’Etat ont fait preuve d’une passivité coupable. Il en est de même lors des autres crimes commis précédemment par des membres de la même milice CCU.
C’est avec beaucoup de peine que nous entendons plusieurs responsables de l’Etat réclamer des «preuves » des faits dénoncés pour agir. Cela ressemble à une fuite en avant de la part de la puissance publique qui dispose de tous les moyens de renseignement et d’investigation sur tous les faits relevés. Les victimes directs et indirects de l’épuration ethnique qui est en train de germer lentement mais surement à Lodja attendent que l’Etat leur fasse justice et que soit mis hors d’état de nuire tous les bandits et autres malfaiteurs qui, sous prétexte de servir la majorité présidentielle ou le Chef de l’Etat règlent plutôt leurs propres comptes à leur adversaires politiques en attisant la haine et la division tribales. Aveuglé par l’égoïsme, les commanditaires et exécutants de cette politique jouent tout simplement avec le feu.

 
Franck DIONGO
Député National / MLP

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