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mardi 16 juin 2015

CHAUDE PLÉNIÈRE CHEZ MINAKU : Jaynet Une phrase de trop à la tribune et les opposants ont tiré à boulets rouges sur elle









































« A quelque chose malheur est bon » dit un adage. Cet adage s’est vérifié dans l’affaire Filimbi sur laquelle une commission de l’assemblée nationale avait enquêtée et dont les conclusions étaient soumises aux députés le vendredi 12 juin passé lors d’une plénière à huis clos.
Outre que les députés nationaux ont balayé d’un revers de la main toutes les « débilités » débitées par l’agence nationale des renseignements (ANR) pour maintenir en détention, sous l’oeil complice d’une Justice caporalisée, les activistes de Filimbi ; les débats houleux subséquents ont été instructifs à plus d’un titre. L’ANR a été totalement démolie par le bon sens et ses accusations de terrorisme sont tout simplement grotesques. L’évidence de l’incurie de l’ANR était telle que les députés ont recommandé au gouvernement la relaxe pure et simple des activistes de Filimbi. Quel désaveu pour un Service supposé d’intelligence. « N’importe quoi me Service » a lâché un député de l’opposition pour qualifier l’ANR. Une autre de la majorité a qualifié d’agence amateur spécialisée à créer des problèmes à Kabila au lieu d’en résoudre. Et les faits sont là pour l’accabler. Vivement la réforme des services de sécurité. Cette agence a fait subir l’enfer à des simples citoyens, les faisant passer pour des « terroristes », l’une des incriminations les plus graves dans le droit moderne, à côté du génocide notamment. Si l’ANR manipule les gens du pouvoir pour les besoins de la cause, il n’en est rien de la Représentation nationale où les députés de l’Opposition se sont affrontés violemment avec certains de leurs collègues de la Majorité sur le dossier Filimbi.
Les opposants, notamment José Makila, ont tellement chargé Kabila que sa soeur jumelle Jaynet s’est sentie obligée d’intervenir pour voler au secours de son frère. Elle a essayé en vain de démontrer que son frère de président n’avait rien avoir avec le malheur des jeunes gens de Filimbi. Pour Jaynet, cette affaire ne concerne que l’ANR et non son frère. Dans son élan affectif pour défendre son frère, Jaynet a laissé échapper une phrase de trop, sans doute sous le coup de l’émotion, phrase qui en dit long sur les desseins cachés de la Kabilie. « Si vous vous voulez critiquer Kabila attendez 2017 » a-t-elle dit lors de cette séance à huis clos. Voilà qui a fait bondir les députés de leurs bancs, Makila le premier, et qui a répliqué en disant à Jaynet que vous préparez le glissement tant redouté mais que cela ne marchera pas. Pourquoi Jaynet Kabila, qui n’est pas n’importe qui dans la Kabilie, parle de 2017 au lieu de 2016 année constitutionnelle de l’élection présidentielle. Il n’en fallait pas plus pour alimenter les suspicions légitimes que nourrit nombre d’acteurs politiques de l’opposition et de la Majorité ainsi que de la société civile quant aux velléités du pouvoir de prolonger son bail à la tête de l’Etat. Les députés de l’opposition, surtout eux, ont tenu tête à Jaynet, en lui disant qu’il n’y aura pas glissement car les élections présidentielles se tiendront belles et bien en 2016. Prévision confortée par le rejet, par l’Assemblée nationale, de la loi sur la répartition des sièges pour les élections locales, municipales et urbaines. Ce qui renvoie notamment les élections locales, contestées et contestables, aux calendes grecques. Autre chose dans le débat sur le Rapport Filimbi, dans leur suivisme, certains députés de la Majorité ont qualifié les activistes de Filimbi d’avoir introduit des terroristes étrangers au pays. Ridicules une fois encore ces accusations de la Kabilie! Makila leur a rafraîchi la mémoire en démontrant que ce sont eux qui avaient introduit les vrais étrangers dans ce pays, rwandais et ougandais. Etrangers qui ont occupé des postes clé jusqu’au poste de ministre de la Défense échu à James Kabarebe en 1998. L’affaire Filimbi a démontré les desseins obscurs du pouvoir a violer la constitution en créant les conditions d’un glissement. Dans cette lugubre quête a-t-elle pensé à l’obstacle populaire ?

MATTHIEU KEPA

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