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mardi 20 octobre 2015

Congo : « La vie est normale à Brazzaville », assure le gouvernement


Congo : « La vie est normale à Brazzaville », assure le gouvernement

Congo : Manifestation anti-référendum : Scènes de guerre dans plusieurs villes du pays, des morts et des blessés signalés, l’armée tire à balles réelles sur des manifestants



















L’ultimatum de l’opposition a expiré. Mardi 20 octobre au matin, des manifestants hostiles au pouvoir du président Denis Sassou Nguesso ont commencé à brûler des pneus et à se rassembler dans les quartiers sud de Brazzaville, la capitale congolaise. Ils réclament l’annulation du référendum sur une nouvelle Constitution qui permettrait au chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir. Denis Sassou Nguesso, 72 ans dont une trentaine à la tête du Congo, ne peut pas briguer de troisième mandat en l’état. Si le texte soumis à consultation le 25 octobre était adopté, il pourrait conserver son poste quinze ans de plus.


Lire aussi : Congo : Sassou-Nguesso veut s’accrocher au pouvoir


Tensions à Brazzaville

De la fumée noire s’élevait de plusieurs points de la capitale dans la matinée. Des jeunes gens ont été vus en train de brûler des pneus. Un déploiement inhabituel de forces de l’ordre (police et gendarmerie) a pu être observé dans le sud de la ville, considéré comme un des bastions de l’opposition. Partout, magasins, écoles et administrations sont restés fermés.
D’après Paul Marie M’Pouele, responsable du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad), contacté par Le Monde Afrique, trois commissariats ont été incendiés dans les quartiers de Diata, Makélékélé et Kinsoundi. « Les forces de l’ordre tirent en l’air à balle réelle, lancent des gaz lacrymogènes, et un hélicoptère survole les manifestants au moment où je vous parle », témoignait l’opposant depuis Brazzaville. La foule, qui convergeait vers le stade de Bacongo, a été dispersée.


La contestation bat son plein choses, la résistance s'organise, #Brazaville #Congo #Sassoufit #iwiri @afpfr @RFIhttps://t.co/GUP1QpZeBA
— blackosiris242 (@Perfect 242)


Difficile pour le moment d’établir un bilan précis des heurts. Selon des sources médicales sur place citées par l’AFP, l’hôpital de Makélékélé a reçu 7 blessés, dont cinq par balles et dans un état grave. Deux autres ont été atteints par des éclats de grenades lacrymogènes. Le correspondant de l’agence dit avoir assisté en début d’après-midi à l’admission d’un autre blessé, touché à l’abdomen.
Au moins trois personnes ont été tuées, affirme de son côté un journaliste de Reuters, assurant avoir vu les corps à la morgue. L’ancien ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat Guy Brice Parfait Kolélas, interrogé par Le Monde Afrique, a évoqué pour sa part « un mort par balle au quartier Château-d’eau ».
Lieu de ralliement prévu des protestataires, le boulevard des Armées, dans le centre de la capitale, était désert dans la matinée.

Le gouvernement dément tout affrontement

« L’appel à la désobéissance civile de l’opposition a échoué, dit pour sa part le ministre de l’éducation, Anatole Collinet Makosso, joint au téléphone à Pointe-Noire. Nous assistons à une guerre des communiqués. Le climat de psychose créé par l’opposition a sans doute incité la population à adopter une attitude attentiste dans les premières heures de la journée mais les gens se sont ensuite rendus normalement sur leur lieux de travail quand ils ont vu qu’il ne se passait rien d’anormal ».
Quid des violences relatées par les membres de l’opposition ? « Les échauffourées de Brazzaville sont le fait de jeunes désoeuvrés qui ont cru pouvoir profiter de la situation pour piller des épiceries. On verra, lorsque ceux qui ont été arrêtés pour ces faits seront présentés à la population, si l’opposition les reconnait comme ses militants ».
Même constat du côté du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Thierry Lézin Moungalla :


« La vie est normale à Brazzaville, de même que la campagne pour le référendum se déroule normalement. Si l’oposition veut organiser des meetings dans ce cadre, elle le peut. En revanche, si elle décide de marcher sur la présidence, la police réagira en conséquence. »


La présidence appelle au calme

Dans un communiqué diffusé lundi 19 octobre, la présidence a appelé « tous les Congolais et tous ceux qui ont choisi le Congo comme deuxième patrie à vaquer normalement à leurs occupations ». Le message, émis par le cabinet de Denis Sassou Nguesso, met en garde contre les « déclarations de certains hommes politiques et des écrits anonymes incitant à la sédition et à la violence » pour créer « une psychose au sein de la population ».

RFI et Internet mobile coupés

L’Internet mobile, les services SMS et le signal de la radio française RFI ont été coupés dans la matinée à Brazzaville à quelques heures de la manifestation de l’opposition.

#CongoB Etat d'#alerte. Ce 20/10 Manifs réprimées, tél, électricité, Internet coupés, signal RFI interrompu. Référendum de tous les dangers.
— FrancisLaloupo (@Francis Laloupo)

Quelques habitants de #Brazzaville utilisent le signal de #Kinshasa pour avoir l'internet mobil #Sassoufit
— Bensum_2012 (@The Voice)


Le ministre de l’information, Thierry Lézin Moungalla, dément une interruption volontaire du signal de RFI par le gouvernement, et évoque un éventuel problème de maintenance.




° http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/10/20/brazzaville-internet-mobile-et-signal-rfi-coupes-avant-un-meeting-de-l-opposition_4793082_3212.html

"Heurts à Brazzaville : les anti-Sassou bravent l’interdiction de manifester"
° http://www.france24.com/fr/20151020-brazzaville-anti-sassou-interdiction-manifester-referendum-congo
Des heurts ont éclaté, mardi, dans la capitale du Congo entre forces de l'ordre et opposants au référendum. Un scrutin qui pourrait permettre au président Nguesso de se maintenir au pouvoir. Analyse de la situation avec un responsable de la FIDH.

La situation se tend à Brazzaville, où le pouvoir semble décidé à museler l’opposition au président Sassou Nguesso. Bien qu’interdits par les autorités, des rassemblements ont bien eu lieu, mardi 20 octobre, dans la capitale, avant de rapidement dégénérer. Il y a plusieurs blessés dans les rangs des manifestants, selon des témoins contactés par France 24. Des sources hospitalières, citées par les agences Reuters et AFP, font état de blessés par balles, laissant entendre que les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles.Contacté par France 24, le ministre congolais de la Communication, Thierry Moungalla, a démenti tout incident : "À ce stade, il n’y a aucun événement qui matérialiserait une insurrection ou de manifestation de grande ampleur. Nous n’avons aucune connaissance de décès consécutifs aux échauffourées du matin."

Entretien avec Florent Geel, responsable du bureau Afrique de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme).

France 24 : Quelle est actuellement la situation au Congo-Brazzaville ?

Florent Geel : La situation est grave. Les mails que j’ai pu envoyer ces dernières heures sont restés sans réponses. Le signal radio de RFI a été coupé et, selon certaines sources que j’ai tout de même pu contacter, des grenades lacrymogènes ont été tirées pour disperser les rassemblements. Certains témoins ont également vu des policiers tirer à balles réelles pour disperser les manifestants.

Le pouvoir est-il train de changer ?

Les Congolais sont au bout d’un cycle, ils veulent changer d’ère. Le peuple congolais voit des transitions démocratiques s’opérer avec succès dans d’autres pays africains. Alors il se dit légitimement, "pourquoi pas nous ?" Le président Denis Sassou Nguesso pensait certainement que le choix du référendum [prévu le 25 octobre, NDLR] lui permettrait de conserver le pouvoir par la voie démocratique. Les manifestations de l’opposition de ces derniers jours ont certainement dû le surprendre car il ne devait pas penser qu’après 30 années passées à la tête de l’État, un tel rapport de force ce serait mis en place. La répression des manifestants et les diverses restrictions des communications montrent bien que Sassou Nguesso a choisi de passer en force. Le pays s’apprête donc à vivre des temps extrêmement durs.
Reste que le changement proposé par l’opposition n’est pas forcément non plus rassurant. Celle qui s’est constituée ne semble pas toujours plus porteuse d’espoir pour la démocratie.

La communauté internationale peut elle agir ?

Florent Geel : Il faut à tout prix que la communauté internationale se saisisse dès maintenant de ce dossier. Trop souvent, les instances internationales réagissent au lieu d’anticiper. L’ONU doit rappeler au président Denis Sassou Nguesso qu’il ne peut pas modifier les règles du jeu électoral au risque de plonger son pays dans le chaos. L’organisation onusienne doit se mobiliser en aval pour éviter d’avoir à envoyer dans quelques mois des missions de la paix. Car il y a un vrai risque d’embrasement du pays et un risque de contamination dans toute la région. L’Union africaine doit elle aussi se mobiliser. Pour l’heure, on ne sait pas ce qu’elle va faire face à la manœuvre de l’actuel président. Il est à craindre que ses membres attentent un mouvement plus large pour se prononcer. L’Union africaine doit se positionner en fonction de sa charte de bonne gouvernance. Elle y est parvenue au Burkina Faso, cela peut également se faire au Congo-Brazzaville."

"Congo : « Nous allons marcher sur le palais présidentiel »"
° http://www.lemonde.fr/afrique/video/2015/10/20/marcel-makome-nous-allons-marcher-sur-le-palais-presidentiel_4793329_3212.html#g4OTuFxhjQTDUQV5.99

"Congo-Brazzaville: l'opposition dans la rue contre le référendum"
° http://www.rfi.fr/afrique/2min/20151020-congo-brazzaville-opposition-rue-contre-referendum-reforme-constitution-troisi

° http://www.rfi.fr/afrique/2min/20151020-congo-brazzaville-observateurs-inquiets-montee-violence-referendum-denis-sasso
° http://www.bbc.com/afrique/region/2015/10/151020_brazza
° http://information.tv5monde.com/en-continu/brazzaville-internet-mobile-et-signal-rfi-coupes-avant-un-meeting-d-opposition-61362



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