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mercredi 17 août 2011

Electricité : spectre d’une coupure généralisée sur Kinshasa








De nouvelles en provenance d’Inga ne sont guère rassurantes : un étiage sévère se constate sur le site. Le fleuve n’est plus qu’un filet d’eau qui coule. Or, les turboalternateurs du site d’Inga ne peuvent produire de l’énergie électrique qu’avec une quantité suffisante d’eau sur le fleuve. Des machines en bon état de fonctionnement sont mises volontairement à l’arrêt. Une véritable calamité risque de se produire, si dans les tout prochains jours, le cycle des précipitations ne s’enclenche pas. «Pas de panique», rassure la Snel.
Les efforts fournis par la Snel, pour «gérer» cette véritable «bombe» sont certes louables et à encourager. Mais, face à ce caprice de la nature, l’humain est totalement désarmé. Faute d’eau, le barrage hydroélectrique d’Inga ne vaut pas un seul franc congolais. Sur place, les roches, recouvertes traditionnellement d’eau du fleuve, s’offrent gracieusement en spectacle aux visiteurs. L’eau s’est sensiblement retirée sur une distance estimée à deux kilomètres de part et d’autre des rives, à en croire le directeur du site d’Inga.
L’ingénieur Mbuyi s’est évertué à démontrer à une forte délégation des professionnels de médias que l’étiage actuel est très sévère. «Pareille situation remonte à 1905», a-t-il souligné.

Gestion prudentielle

«La situation de la production hydroélectrique du site d’Inga est caractérisée par une baisse de production limitée à +/-350 MW suite à la calamité naturelle qui frappe le site par l’étiage sévère du fleuve Congo et, par conséquent, la diminution très sensible du plan d’eau dans le canal d’amenée d’eau aux deux centrales», précise le directeur Mbuyi Tshimpanga. Tout a commencé le 30 avril, lorsqu’il a été constaté sur le site d’Inga que le niveau d’eau avait atteint le seuil de 151,61 mètres  sur le canal d’amenée et 150,70 mètres sur le fleuve. Depuis, la courbe ne s’est plus relevée. Une pénurie sévère devant les barrages d’Inga I et II a induit une réadaptation à la situation provoquée par cette calamité naturelle. Les trois groupes disponibles à Inga I ne tournent plus que pour produire 4 MW chacune au lieu de 58 MW traditionnellement produits par ces machines en temps normal. Un véritable gâchis !

De même, le constat sur Inga II n’est guère différent : des trois machines en état de fonctionnement, les responsables du site, en accord avec la direction de la Snel, ont décidé de mettre volontairement à l’arrêt le G23 afin de permettre une reconstitution du niveau d’eau sur le canal d’amenée. La G23, l’unique turboalternateur en parfait état, puisqu’ayant subi une opération de fiabilisation, est régulièrement mise hors réseau à la suite du manque d’eau suffisante.

Au lieu de cracher une puissance de plus de 500 MW, les trois machines d’Inga II produisent largement en deçà de leur capacité. L’autre caractéristique de la situation à Inga c’est la sédimentation du canal d’amenée. Il entre dans ce canal «257,4 tonnes de sédiments par heure, soit 6.177,6 tonnes par jour». Avec cette indication, «seuls 50% sont sucés par les machines et/ou évacués par les digues deversantes, les autres sont déposés dans le canal», indique le directeur Mbuyi. Présentement, la capacité d’évacuation solide de la Snel est de 230m3 par heure. Conséquence, il subsiste toujours des dépôts importants qui obstruent le passage des eaux vers les turbines particulièrement celles d’Inga I.

Face à cette situation pour le moins préoccupante, la Snel a opté pour une gestion prudentielle afin de ne pas s’exposer à un black-out faute d’eau pour alimenter les turboalternateurs. Le groupe 3 d’Inga II, ainsi que deux autres en état de fonctionnement sont contraints à l’arrêt volontaire.
Manque d’anticipation

Les graphiques produites par les services du site d’Inga démontrent la situation que rien n’était rassurant. En effet, déjà au mois de janvier 2011, la courbe était anormalement en deçà de la moyenne. Personne à la Snel n’a vu venir cette calamité. Incompétence ou manque de vision ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant, à en croire une source de la Snel, sous le couvert de l’anonymat, «l’alarme était donnée déjà au mois de novembre 2010».

Si cette allégation s’avérait vraie, la responsabilité des gestionnaires de la Snel est engagée. S’il s’avérait tout aussi vrai que cette information avait été répercutée auprès du gouvernement, il serait dès lors judicieux de considérer que les autorités, à tous les niveaux, ont brillé par un manque d’esprit d’anticipation. La deuxième drague, acquise pourtant en 2007, n’est pas toujours opérationnelle. Mbuyi Tshimpanga le reconnaît : «la deuxième drague, d’une capacité d’évacuation solide de 600 m3 par seconde, acquise en 2007 sera opérationnelle incessamment». Qu’est-ce qui peut justifier une telle période d’attente pour la mise en service d’une drague livrée à destination depuis des lustres ? Il est vrai que « la situation actuelle de la production hydroélectrique du site d’Inga est essentiellement liée à l’étiage sévère du fleuve Congo et non à la sédimentation du canal d’amenée et encore moins à l’état des machines productrices d’électricité».

Il demeure cependant constant et vrai que l’étiage, à lui seul, ne peut justifier le caractère sévère du délestage en cette période. Rien d’autre ! L’état préoccupant des turbines à Inga n’a pas changé d’un iota. En dehors du G23 à Inga 2, les autres groupes ne répondent pas aux standards. Des pistes de solutions allant dans le sens d’amener davantage d’eau dans le canal pouvait être envisagée et proposée au gouvernement. Personne n’en parle comme s’il existerait une certitude que dans les années à venir, pareil étiage ne se ferait pas signaler.

A partir du 30 avril 2011, tous se sont résignés attendant que le ciel fasse un geste. Or, les calamités naturelles, il faut savoir les dompter ou en limiter les conséquences au strict minimum. Pour le cas de l’actuel étiage, si l’esprit d’anticipation habitait les managers, dès que la moyenne de 41.520 m3 par seconde était franchie, une alerte devrait être donnée et des mesures conséquentes envisagées.

Tout  Kinshasa dans le noir

Au 13 aout 2011, le niveau relevé était de 148,74 m3 par seconde. Il faut remonter à 1905 pour retrouver un tel niveau sur le site d’Inga. Ce niveau le plus bas était atteint au milieu du mois de juillet 1905 et la courbe a retrouvé aussitôt sa marche ascendante. Dès lors, les précipitations pourraient-elles revenir dans les tout prochains jours ? Ce n’est pas certain avec le changement climatique qui se fait sentir. L’ADT de la SNEL indique que le retour à la normale pourrait intervenir vers la fin du mois de septembre. Si les précipitations ne reviennent pas rapidement estime un observateur, «Kinshasa sera dans le noir d’ici septembre 2011, parce que les premières pluies sont attendues au début du mois de septembre». Pour Daniel Yengo Masampu, 

Administrateur directeur général de la Société nationale d’électricité, SNEL, il est plutôt rassurant : «il y aura toujours un minimum d’énergie électrique produit. Ce n’est pas un optimisme dans le vide».
Un black-out intégral sur Kinshasa serait pratiquement l’explosion d’une bombe atomique dans le secteur. L’économie en subirait un sérieux coup. L’entrée en ébullition du front social provoquerait des remous difficilement maîtrisables. Le pays n’en a pas besoin en cette période de reconstruction. Sans être prophète de malheurs, Le Potentiel se veut responsable face à une situation qui ne devrait plus se reproduire, si les autorités avaient précédé les événements au lieu de toujours les subir.

Les conséquences d’une coupure généralisée du courant électrique sur Kinshasa, en attendant les pluies, devraient être «gérées».
http://lejalonducongo.unblog.fr/2011/08/17/electricite-spectre-dune-coupure-generalisee-sur-kinshasa/

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