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samedi 29 octobre 2011

Elections, ça tire à Mbuji-Mayi !




Depuis le lancement officiel de la campagne électorale en République Démocratique du Congo, ce vendredi 28 octobre 2011, le chef-lieu du Kasaï-Oriental, la ville de Mbuji-Mayi connaît une situation troublante sur fond de violences et affrontements entre Kabilistes et Tshisekedistes. On y signal au moins un mort et plusieurs actes de vandalisme impliquant même la police congolaise.
Des incidents ont encore éclaté ce matin dans la partie Nord et Est de la ville. Le cortège du gouverneur de province a été attaqué au niveau de la permanence de l’UDPS, sa jeep officielle est sérieusement endommagée. La résidence d’un catcheur garde du corps du gouverneur est mis à sac dans la commune de Dibindi . Le domicile de la présidente d’un
parti politique proche du pouvoir endommagé. Des informations rapportées notamment par la Radio Okapi.
En représailles, la police a « investis » le siège de l’UDPS, en tirant en l’air et continue de contrôler la permanence du parti cher à Etienne Tshisekedi au quartier appelé SIMIS, toujours d’après la même source. On signal d’autres accrochages dans divers quartiers de la ville.
Via le micro de la radio Onusienne, le secrétaire fédérale chargé de la communication de l’UDPS/Mbuji-Mayi, Jean Pierre Dikoma, a appelé les militants de ce parti au calme.
La Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni) s’est dit quand à elle préocuppée par cette situation. Lors d’une intervention toujours à la radio « de la paix », le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, a appelé encore une fois toutes les parties au processus électoral au sens de responsabilité.
Pour rappel, la police a dispersé les militants de l’UDPS, vendredi 28 octobre, alors qu’ils lançaient la campagne électorale de leur parti à Mbuji-Mayi. Déjà la veille tard dans la soirée, à la suite des affrontements entre militants de l’opposition et de la majorité, le porte-parole du gouvernement provincial a annoncé que l’UDPS est interdite de manifestation sur la voie publique durant toute la campagne électorale, prévue jusqu’au 26 novembre.
Vendredi toujours, la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a annoncé un mort et trois blessés après que la «police ait ouvert le feu» pendant une marche du Parti travailliste à Mbuji-Mayi, capitale de la province du Kasaï Oriental (centre) et fief du leader de l’UDPS Etienne Tshisekedi, l’un des onze candidats à la présidentielle.
Inquiètes de cette «dégradation de la situation sécuritaire», 41 ONG humanitaires et des droits de l’Homme, nationales et étrangères, ont appelé vendredi «tous les acteurs congolais et internationaux concernés à prendre des mesures urgentes pour prévenir la violence électorale, mieux protéger les civils et assurer des élections crédibles, libres et transparentes».
Depuis mars, l’ONG Human Rights Watch a de son côté relevé «des dizaines de cas de discours haineux manifestement basés sur des critères ethniques, ainsi que d’incitation à la violence, de la part de candidats politiques et de leurs partisans», dans plusieurs provinces du pays, notamment à l’est, une région instable où des groupes armés sont toujours actifs.
Autre inquiétude: la tenue effective le 28 novembre des deux scrutins à un tour. Depuis quelques semaines et avec une insistance accrue à mesure que l’échéance approche, les regards sont tournés vers la Commission électorale nationale indépendante (Céni) pour savoir si elle arrivera à respecter ce calendrier serré.
Des observateurs électoraux du Centre Carter ont évoqué récemment une «menace sérieuse» sur le maintien de la date, due à des retards et contraintes logistiques et techniques, et ont demandé à la Céni de redéfinir un calendrier «alternatif et réaliste», si nécessaire.
Il n’y aura «ni report ni découplage» des scrutins, ne cesse pourtant de répéter le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Céni.
La Commission électorale, aidée par la Monusco, doit relever le défi de déployer en un mois quelque 186.000 urnes et 64 millions de bulletins dans les 62 000 bureaux de vote répartis dans un pays grand comme près de quatre fois la France et aux infrastructures délabrées.
M. Tshisekedi, qui avait boycotté les élections de 2006 en les jugeant «entachées d’irrégularités», entamera en début de semaine prochaine une tournée dans l’est de la RDC.
Dans le camp de la majorité, on assure que le président sortant Joseph Kabila «visitera toutes» les 11 provinces du pays où 32 millions d’électeurs sont appelés aux urnes.
Deux autres principaux candidats à la présidentielle, les opposants Vital Kamerhe, ex-président de l’Assemblée nationale qui a quitté la majorité en 2010, et Léon Kengo, président du Sénat, devraient cibler plus particulièrement certaines provinces, selon leur entourage.

Benjamin Litsani Choukran,
Direct.cd

Le lancement de la campagne électorale fait un mort et des blessés



Ngoy Mulunda, président de la Ceni, annonce lors d'une conférence de presse le début des campagnes présidentielle et législative.
Ngoy Mulunda, président de la Ceni, annonce lors d'une conférence de presse le début des campagnes présidentielle et législative.
AFP PHOTO/Junior KANNAH

Par RFI
Une personne a été tuée et trois autres blessées par balles, vendredi 28 octobre 2011, dans le centre de la République démocratique du Congo, à Mbuji-Mayi, lors d'une manifestation du Parti travailliste, qui marquait le début de la campagne pour les élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011.

Des militants de l’opposition sont descendus dans la rue pour célébrer le début de la campagne électorale. La police est alors intervenue pour les disperser, selon des témoins joints par RFI à Mbuji-Mayi. Les forces de l'ordre ont utilisé des armes à feu pour briser la résistance des manifestants.
Après cette intervention musclée de la police, la foule en furie a détruit deux habitations appartenant à quelques membres de la majorité présidentielle. Mbuji-Mayi, c’est le chef lieu du Kasaï-Oriental, le fief de l’éternel opposant Etienne Tshisekedi, leader de l’UDC.
Très préoccupé par ces événements, Roger Meece, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, a demandé au gouvernement d’ouvrir « immédiatement » une enquête sur cette affaire. « La liberté de rassemblement, le débat politique libre et démocratique, la liberté d’expression doivent être protégés durant la campagne électorale », a aussi déclaré la Monusco.

Manodje Mounoubaï
Porte-parole de la mission de l'ONU en RDC (Monusco)
Des coups de feu ont été tirés par la police nationale. Une personne est décédée et trois autres sont à l'hôpital. Il y avait déjà eu des incidents entre partis politiques.
 

29/10/2011 par Sarah Tisseyre
Cependant, contrairement à la rumeur qui circulait, concernant les coups de feu à Lubumbashi, à proximité de la résidence présidentielle, après vérification, ce n’était que des feux d’artifice lancés à partir des quartiers environnements.
Couplage ou découplage
L'opposant Vital Kamerhe, leader de l'UNC, l'Union pour la nation congolaise, ne partage pas l'avis de l'Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS) qui s'est prononcée en faveur du découplage des élections presidentielle et législatives du 28 novembre prochain. Pour Vital Kamerhe, commencer par l'élection présidentielle constitue un danger.

Vital Kamerhe
Président de l'Union pour la nation congolaise (UNC)
Qu'est-ce que nous devons faire ensemble pour éviter qu'au 28 novembre, nous constations que nous n'avons pas de bonnes élections, qui vont nous plonger dans des violences inutiles ? Nous disons non au découplage : il faut faire les élections présidentielles et législatives au même moment pour que la démocratie triomphe.
 

29/10/2011 par Kamanda Wa Kamanda
Enfin, pour pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Comission électorale, il n'y aura « ni report ni découplage » des scrutins. La Commission, aidée par la Monusco, doit déployer en un mois quelque 186 000 urnes et 64 millions de bulletins dans les 62 000 bureaux de votes.


Accrochages entre militants du pouvoir et ceux de l’opposition



 – Une vue aérienne de la ville de Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental (RDC).  Panoramio.com/Ph. VINCENT Francois– Une vue aérienne de la ville de Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental (RDC). Panoramio.com/Ph. VINCENT Francois











Des partisans de la Majorité présidentielle (MP) et ceux de l’opposition se sont affrontés, ce samedi 29 octobre matin, dans la partie Nord et Est de la ville de Kasaï-Oriental. Ces incidents ont fait des dégâts matériels de part et d’autre. La  jeep officielle du gouverneur Ngoy Kasanji a été sérieusement endommagée.
Les violences ont éclaté tôt le matin de ce samedi au quartier Simis qui constitue le bastion de l’UDPS. Les militants disent avoir été provoqués par le cortège du gouverneur de province qui battait campagne dans cette partie de la ville.
Selon des témoins, la résidence d’un sportif, garde du corps du gouverneur, a été mis à sac et celle de la présidente de l’ACDD, un parti politique proche du pouvoir, endommagé par les membres du parti de l’opposant Etienne Tshisekedi.
En  représailles, les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui soutient Joseph Kabila, ont attaqué la résidence d’un candidat député de l’UDPS, située juste à côté de la représentation dela Banque centrale du Congo (BCC). Sur place, tous les insignes du parti ont été arrachés et mis à feu.
La police a saccagé la permanence de l’UDPS au quartier Simis, ont indiqué les mêmes sources.
Le secrétaire fédérale chargé de la communication de l’UDPS/Mbuji-Mayi, Jean Pierre Dikoma, a appelé les militants de ce parti au calme:
«Nos combattants doivent garder leur moral toujours très haut. Ils ne doivent pas céder à la provocation et ne doivent pas non plus provoquer les gens, pour que nous puisions atterrir en douceur.»
Ce samedi, jusqu’à midi (heure locale), les deux camps se regardaient toujours en chien de faïence.
Appel de la Ceni
Suite à cette tension qui a prévalu à Mbuji-Mayi, samedi, soit un jour après le lancement officiel de la campagne électorale pour la présidentielle et législatives du 28 novembre, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) se dit préoccupée.
Dans cet extrait sonore, le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, a appelé encore une fois toutes les parties au processus électoral au sens de responsabilité:

La police a dispersé les militants de l’UDPS, vendredi 28 octobre, alors qu’ils lançaient la campagne électorale de leur parti à Mbuji-Mayi.
Déjà la veille tard dans la soirée, à la suite des affrontements entre militants de l’opposition et de la majorité, le conseil provincial de sécurité s’est réuni.
Au terme de la rencontre, le porte-parole du gouvernement provincial a annoncé que l’UDPS est interdite de manifestation sur la voie publique durant toute la campagne électorale, prévue jusqu’au 26 novembre.

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jeudi 27 octobre 2011

TIRANT LES CONSÉQUENCES DU PROBABLE REPORT DES ELECTIONS


 

Ce qui se disait hier dans des cercles fermés est presque connu aujourd’hui du grand public: les élections devraient être reportées à une date ultérieure. A un jour du début de la campagne électorale, les acteurs impliqués dans le processus électoral devraient se retrouver afin de négocier un nouveau calendrier.

«Malgré son courage et son zèle, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda sera obligé de reporter les élections prévues le 28 novembre prochain, jurait un député de l’opposition. Il est en train de chercher comment annoncer cette nouvelle». De son côté, le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le professeur Jacques Ndjoli se montrait modéré. Partout il passait, il avait un discours mesuré.
Il faut dire que les autorités de la CENI manquaient, jusque-là, du courage pour annoncer ce report depuis plusieurs mois. En effet, plusieurs sources affirment que lors de la dernière rencontre entre les acteurs politiqués congolais et la CENI à Addis-Abeba, en Ethiopie, les délégués de l’organe organisateur des élections avouaient que «leur institution était prête à organiser des élections politiques le 28 novembre, mais qu‘elle n‘était pas techniquement à cette date».
Selon des sources proches de la CENI, les acteurs impliqués dans le processus électoral en RDC devraient se retrouver autour d’une table à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO). En clair, le bureau de la CENI, les partis politiques, le gouvernement et peut-être la Société civile (oubliée dans l’organisation des élections en RDC) se retrouveront pour négocier un nouveau calendrier électoral.
Pour tout dire, la Majorité présidentielle (MP) conduite par Joseph Kabila, l’opposition dans sa dimension plurielle et les autres acteurs impliqués dans le processus électoral en RDC devraient se parler pour trouver un modus vivendi quant à la tenue des élections. Selon certaines indiscrétions des discussions en vue risquent d’être difficiles dans la mesure où l’opposition aile Tshisekedi compte remettre en cause la légitimité du Chef de l’Etat en place.

Des rumeurs des couloirs
Il y a quelques jours, des rumeurs persistantes circulaient à propos du report des élections. Selon certains indiscrétions, l’élection présidentielle devrait être maintenue à la date du 28 novembre 2011 et les législatives, elles, devraient être organisées le 15 janvier 2012. Reste à savoir si les futures négociations entre les différents acteurs impliqués dans le processus aboutiraient à ce schéma.
L’annonce de ce report des élections va certainement soulever des débats houleux dans les milieux politiques. Mardi soir sur les antennes de la RTVS1, Franck Diongo, vice-président de la Dynamique Tshisekedi Président (la structure qui soutient la candidature du leader de l’UDPS) déclarait que son camp n’est pas prêt à reconnaître à Joseph Kabila les qualités de Chef de l’Etat si l’élection présidentielle n’a pas lieu le 28 novembre prochain. Que va-t-il se passer le 7 décembre 2011, un jour après l’expiration du mandat constitutionnel de Joseph Kabila à la tête du pays?

Consulter la Cour Suprême
Interroger à ce sujet par nos confrères de la RTVS1, l’honorable Christophe Lutundula, juriste de formation, a reconnu la Constitution, dans le cadre de la continuité de l’Etat, stipule que le président en fonction quittera son fauteuil le jour de l’intronisation du nouveau président élu. La même disposition, a-t-il soutenu, vaut pour les députés nationaux et les sénateurs.
Toutefois, a soutenu Christophe Lutundula, la Cour Suprême, régulateur du pouvoir doit être consultée afin de donner son avis. Certes, la Cour Suprême ne posera aucun problème pour prolonger le mandat de députés, mais surtout du Chef de l’Etat. D’aucuns veulent connaître la position des leaders de l’opposition. La fin de cette semaine risque d’être riche en événements politiques en RDC.
Thomas NABOR

mercredi 26 octobre 2011

Dolly Ibefo, directeur exécutive de la VSV à la presse :


La communauté  internationale continue à appuyer les acteurs du mouvement associatif congolais des droits de l'homme dans le dossier de l'assassinat de Floribert Chebeya en République Démocratique du Congo (RDC), a indiqué dimanche le directeur exécutif de la Voix des Sans Voix VSV), Dolly Ibefo.
« La communauté internationale ne nous a pas abandonnés. En septembre 2011, il y avait un forum africain sur la démocratie, tenu à Kampala en Ouganda. La communauté internationale a rappelé le dossier Che baya. Elle continue à demander que la lumière soit faite dans le dossier Chebeya », a-t-il confié, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la VSV.

« Nous avons le droit et le devoir de savoir ce qui s'est réellement passé avec le double assassinât de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ? », a-t-il martelé.

« La VSV est inquiète du silence suspect de la Haute Cour militaire (HCM) concernant le dossier de l'assassinat de ses deux membres effectifs dans la nuit du 1er au 2 juin 2010 » a rappelé la porte-parole de l'ONGDH, Laurette Misenga.

M. Dolly Ibefo a précisé que la délégation de la VSV s'est rendue il y a quelque temps à la Haute cour militaire pour savoir s'il y a eu des injonctions tombées pour le classement du dossier.

« Le dossier ne peut être classé sans suite perce qu'il y a eu mort d'homme », a répliqué le chargé administratif du Premier président de la Haute cour militaire, le colonel Ekofo qui a évoqué « un délai raisonnable » lié à un calendrier à suivre, selon l'ordre d'arrivée des dossiers.

La VSV a déploré que plus de 3 mois après, l'affaire n'ait jamais été fixée. Elle a également exprimé ses craintes sur ce qu'elle considère comme « des raisons politiques » qui sont à la base, selon elle, « du gel de ce dossier devant la HCM au moment où l'opinion tant nationale qu'internationale continue à attendre d'être éclairée sur les circonstances réelles de ce double et ignoble assassinat ».

Le gel de ce dossier constitue « une interpellation pour nous tous », a affirmé le directeur exécutif de la VSV. « Lorsque le responsable de l'Etat profitant de sa compétence commence à tuer dans le bureau, on ne i5eut pas accepter cela », a souligné M. Ibefo, dénonçant « une grande impunité qui est en train de se restaurer et de s'implanter » à l'échelle nationale.

La VSV est d'avis que la démocratie est de plus en plus menacée par l'impunité en RDC, comme en témoigne, selon elle, la systématisation des répressions brutales et sanglantes des manifestations pacifiques.

« Aucune manifestation publique n'est subordonnée à l'autorisation préalable de l'autorité administrative sur' les voies publiques ou en plein air», a noté la VSV.

« En observant de près et minutieusement ce qui se passe lors des manifestations pacifiques, l'on est tenté de relever que les causes réelles des répressions des manifestations pacifiques sont entre autres la volonté politique de favoriser un climat de terreur et de psychose générale au sein de la population et des partis politiques, afin de réduire ceux-ci au silence et de les empêcher de jouir de leurs droits et libertés fondamentales. Pire encore, pendant toutes les marches pacifiques, les professionnels des médias deviennent la cible privilégiée des auteurs des répressions brutales, alors qu'ils sont en plein exercice de leur travail », a-t-elle noté. La VSV a cité, à titre illustratif, la répression des manifestations pacifiques organisées en juillet, août, septembre et octobre 2011 par l'UDPS et ses alliés.

« La RDC ne peut pas évoluer en dehors des droits humains », a souligné de son côté le directeur exécutif adjoint de La VSV, Rostin Manketa. « Toutes ces répressions violentes et sanglantes sont loin de consolider l'Etat de droits et de démocratie en RDC », a-t-il fait savoir.

La VSV demande à la Cour pénale internationale (CPI) de suivre de près, « pour toutes fins utiles » le déroulement du processus électoral en RDC.

 Jay Kumuaf 

mardi 25 octobre 2011

Élections 2011:


Monsengwo : «La politique doit promouvoir le bien commun et la solidarité»


Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya dans la Basilique de Koekelberg. Photo CIC

Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, a officié, dimanche 23 octobre, une «célébration eucharistique festive» à la Basilique de Koekelberg à Bruxelles. Monseigneur Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles a participé à cette célébration. Parlant par paraboles, le Cardinal a axé son homélie sur la compassion à l’égard de ceux qui souffrent - incarnés notamment par l’immigré, la veuve et l’orphelin - tout en rappelant que la «politique» doit promouvoir le bien commun, la solidarité et le partage. Usant toujours de parabole, l’évêque Monsengwo a invité les Congolais à voter, le 28 novembre, selon «le choix du bon Dieu». Il s’agit, selon lui, de choisir des prétendants dotés de ressources intellectuelles et morales et qui connaissent le pays.
«L’heure belge»

Pas moins de 1.500 personnes, à majorité d’origine congolaise, ont pris d’assaut dimanche 23 octobre la grande chapelle de la Basilique de Koekelberg pour aller écouter l’archevêque de Kinshasa. Prévue à 15 heures, la cérémonie a débuté un quart d’heure plus tard. Ce qui est en soi une «performance» pour une manifestation congolaise. C’est malheureux à dire mais les ex-Zaïrois ont la fâcheuse réputation de prendre des libertés avec la gestion du temps. Le respect de la ponctualité. Aussi, l’arrivée au rendez-vous à l’heure dite devient-elle un événement.

A 15h15 donc, le cardinal Monsengwo et Mgr Léonard étaient déjà installés à l’autel avec d’autres curés. Prenant la parole le premier, Mgr Léonard a félicité les prêtres africains pour le «regain de dynamisme» que leur présence a apporté dans les paroisses où ils sont affectés en Belgique. «Vous nous avez aidés à nous "dégeler" un peu par votre spontanéité ainsi que votre simplicité dans la manière de louer Dieu». Friand du bon mot, l’archevêque de Malines-Bruxelles n’a pu s’empêcher de complimenter l’assistance d’avoir respecté «l’heure belge».

Succédant à Mgr Léonard, le cardinal Monsengwo a commencé par rendre hommage au «travail missionnaire» accompli par des prêtres belges au Congo. «Notre pays est reconnaissant vis-à-vis de la Belgique», a-t-il souligné.

Promouvoir le bien commun, la solidarité et le partage

Monsengwo change aussitôt de registre en invitant l’assistance à «prier» et surtout «à demander au Seigneur d’accompagner le Congo dans les jours difficiles» à venir en prévision des élections du 28 novembre prochain. «Prions pour la paix», lance-t-il. Maîtrisant à merveille les règles de la communication, il s’est gardé d’ennuyer l’assistance avec une longue prédication où le prédicateur s’entend parler. Il a prononcé son homélie en une dizaine de minutes. Thème : l’amour du prochain. Le Cardinal d’inviter l’assistance à considérer comme «prochain» «toute personne en détresse» ; «toute personne qui est dans le besoin». Pour le prélat catholique, «la charité doit exclure toute forme de discrimination ethnique ou raciale parce que Dieu ne fait aucune distinction entre les hommes.»

Se gardant de quitter son statut de représentant du pouvoir temporel, le prélat catholique a parlé par paraboles en invitant les chrétiens à «aimer tous les oubliés de la terre comme ils s’aiment eux-mêmes». «La politique doit promouvoir le bien commun, la solidarité et le sens du partage», ajoute-t-il. Laurent Monsengwo de s’interroger : Le Congo peut-il être fier de ses fils qui se disent chrétiens? Qu’avons-nous fait de notre pays et de notre société? Et de conclure en lingala : «Oyo azali na matoyi ya koyoka ayoka…». Traduction : A bon entendeur salut. La messe a pris fin à 17h5’. La chorale d’entonner aussitôt le chant
«Kinshasa, teleme, ongenge». Une exhortation aux habitants de la capitale congolaise de sortir de leur «profond sommeil».

Entretien

Une heure après l’eucharistie, le Cardinal, en tenue de ville, a bien voulu répondre à quelques questions des représentants de la presse congolaise de la diaspora. L’église catholique va-t-elle publier des lettres pastorales, comme en 2006, pour inviter les Congolais à faire le «bon choix» lors des élections? «Plusieurs lettres pastorales ont été publiées invitant les électeurs à voter en connaissance de cause. Le bon choix dépend des Congolais. Il faut vous mettre à l’esprit que les évêques ne peuvent qu’encourager les citoyens à choisir les personnes valables. Il y a quelques critères notamment : les ressources intellectuelles, la sagesse, la connaissance du pays etc.» Laurent Monsengwo de relever que ce genre de question lui rappelait ce que disait son professeur en 6ème Latine chaque fois que les élèves étaient incapables de répondre à une de ces questions : «J’ai pilé du saka-saka, je l’ai cuit, je vous l’ai mis en bouche. Il ne vous restait plus qu’à mâcher et à avaler et vous ne le faites même pas». Comprenne qui pourra…

Au cours de l’entretien, le cardinal a confirmé que l’église catholique va déployer 30.000 observateurs. Ceux-ci vont travailler avec d’autres observateurs. «Ils iront dans tous les bureaux pour observer et informer la Conférence épiscopale», a-t-il relevé en soulignant que la Conférence n’hésitera pas à «dénoncer» les cas éventuels de «tricheries massives».

"Le choix du bon Dieu"

Revenant sur le contenu de son homélie, le cardinal conteste d’avoir parlé par paraboles : «Je n’ai pas parlé par paraboles. Mes propos étaient clairs. J’ai interpellé les chrétiens en posant la question de savoir si l’église du Congo pouvait être fière de ceux qui portent le nom «chrétien». Il faut commencer par aimer notre peuple. C’est ça la charité dont je parlais». En faisant quoi concrètement ? «Il faut aimer le peuple congolais. La plupart de ceux qui dirigent le pays aujourd’hui se trouvaient à l’étranger comme vous. Dès qu’ils sont rentrés, ils se sont empressés de faire comme les autres. Pour aimer ce peuple, vous devez poser des actes. Par exemple, investir.» Quid de l’insécurité juridique et judiciaire? "Et nous qui vivons au pays, nous n’affrontons pas cette insécurité?".

Notons qu’à Bruxelles, le cardinal Laurent Monsengwo a procédé au lancement d’une Fondation qui porte son nom. «La Fondation va s’occuper de l’enfance abandonnée de Kinshasa et pour la formation de la jeunesse», a-t-il précisé.

Représentant du pouvoir spirituel, le cardinal Laurent Monsengwo a évité d’affronter de face les tenants du «pouvoir temporel» autant que le personnel politique. En "grattant" un peu, il apparaît que le prélat catholique reproche aux gouvernants congolais de ne pas accomplir leur mission au nom de l’intérêt de tous. Le bien commun. Et de ne pas s’occuper des personnes précarisés qu’il symbolise par "la veuve et l’orphelin". Aux anciens opposants politiques ayant accédé au pouvoir, il reproche le double langage. L’un, progressiste tant qu’on milite dans les rangs de l’opposition. L’autre, conformiste, dès qu’on accède à un poste. Aussi, l’archevêque de Kinshasa exhorte-t-il le corps électoral congolais à donner son suffrage à des prétendants «valables». C’est le vote selon "le choix du bon Dieu".

Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2011