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vendredi 26 août 2011

Kinshasa: les journalistes manifestent contre Yves Kisombe



 – Des journalistes Kinois marchent contre les propos du député national Yves Kisombe à l’endroit d’une journaliste de Kinshasa le 26/08/2011. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo– Des journalistes Kinois marchent contre les propos du député national Yves Kisombe à l’endroit d’une journaliste de Kinshasa le 26/08/2011. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Plus de deux cents journalistes sont descendus dans la rue pour réclamer des sanctions contre le député national Yves Kisombe. Les hommes des médias lui attribuent un enregistrement sonore qui circule sur Facebook. L’auteur des propos enregistrés insultait Eugénie Ntumba, journaliste de la chaîne de Radiotélévision RTVS1 émettant à Kinshasa. Les manifestants ont aussi remis un mémorandum au président de l’Assemblée nationale. Les journalistes demandent entre autre la déchéance du député national.
Pour eux, l’attitude d’Yves Kisombe n’est pas digne d’un député.
«C’est quelqu’un qu’on a eu à suivre depuis le début de cette législature, il fait parti des ces députés qui peuvent donner l’élan au pays. Mais il nous déçoit. Je ne pouvais pas imaginer ça de lui. Ses propos ont foulé au pied la dignité de la femme congolaise,» a déclaré une manifestante.
Dans leur mémorandum, les journalistes demandent qu’une action disciplinaire soit affligée au député  national.
Pour le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab, lorsqu’il y a injure, imputation dommageable ou calomnie, il faut porter l’affaire devant les cours et tribunaux.
«Nous devons bien nous entendre, on doit respecter la spécificité de chaque institution. Votre consœur qui aurait été incommodée dans sa vie a le droit de saisir les cours et tribunaux pour que les lois de notre pays soient appliquées,» a indiqué Evariste Boshab. 
Mécontents de la réponse du président de la chambre basse du Parlement, les journalistes ont quitté la salle.
En dehors des sanctions à l’encontre d’Yves Kisombe, les journalistes réclament aussi dans leur mémo plus de sécurité surtout pendant la période électorale et l’harmonisation de la liste de ses représentants au Conseil supérieur de l’audiovisuel.  
 – Des journalistes Kinois marchent contre les propos du député national Yves Kisombe à l’endroit d’une journaliste de Kinshasa le 26/08/2011. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
 – Des journalistes Kinois marchent contre les propos du député national Yves Kisombe à l’endroit d’une journaliste de Kinshasa le 26/08/2011. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
 – Des journalistes Kinois marchent contre les propos du député national Yves Kisombe à l’endroit d’une journaliste de Kinshasa le 26/08/2011. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

                                                                                                                  
Joseph Kabila évite à tout prix de commettre l'erreur de 2006. Un peu dans la panique et la précipitation, son camp vendit au Palu la peau de l'ours avant coup. Mais l'ours abattu fin octobre 2006, jour du vote du second tour de la présidentielle, la désillusion fut au rendez-vous. Le report des voix de l'escarcelle d'Antoine Gizenga à celle d'e Kabila ne fut pas à la hauteur des attentes.

En dépit du mot d'ordre clair du Patriarche, le challenger de Kabila au second tout lui infligea une défaite au Bandundu.

Bemba tournait globalement autour de 60 pour cent, pendant que Joseph Kabila flirtait avec la quarantaine.

A l'Equateur, la situation fut pire. Nzanga, qui avait réussi à glaner 5 pour cent au premier tour ne fut juste capable que de concéder I pour cent à Kabila. Trop maigre en tout Cas. En dépit de cette contre performance électorale, l'Udemo avait déjà empoché au préalable une vice primature, un ministère, quelques vices ministères ainsi que des mandats publics au sein du portefeuille national.

Le Palu reçut plus. La primature, des ministères stratégiques (au nombre desquels les Mines, le Budget et les Transports), sans compter les vices ministères et les postes de commandement au sein des entreprises publiques.

Pour la première fois dans l'histoire de la démocratie, la Majorité parlementaire dut produire une pyramide complètement inversée. Avec 34 députés, le Palu prit la primature au détriment du PPRD qui en possédait 111.

L'autorité morale de la Majorité a, de cette mésaventure électorale ; retenu une leçon radicale : jamais il ne donnera à personne le Bon Dieu sans confession. Nul ne peut désormais revendiquer quoi que ce soit sur la simple base de ses prétentions électorales. Tout le monde a l'obligation d'aller à Canossa le 28 novembre prochain.

Vieux de la vieille

Du Côté de l'Udps, Tshisekedi, qui a blanchi sous le harnais de la politique et a eu le mérite de tout voir et apprendre, de la félonie à la plus insoutenable des mascarades, la triste expérience de Kabila en 2006 a eu un écho plus qu'interpellateur.

Pour la première fois de sa longue et rude carrière, le sphinx de Limete a une approche similaire avec celle du pouvoir.

Comme Kabila chez lui à Kingankati, Tshisekedi, à la 10ème rue, rejette avec la dernière énergie tout projet de partage préalable et nominal du pouvoir au sein de l'opposition.

L'unique concession qu'il a faite, est celle d'avoir défini au préalable une grille de réparation du pouvoir en cas de double victoire de l'opposition. A la présidentielle et aux législatives.

La fameuse grille prévoit que la primature revienne à un parti autre que l'Udps, notamment celui qui aura aligné le plus grand nombre de députés nationaux et provinciaux. La présidence de la chambre basse du parlement va échoir à la formation qui se placera en tête du hit aux législatives nationales en dehors, bien entendu, de l'Udps et du parti du Premier ministre. Et le sénat reviendra à celui qui aura le plus de sénateurs, l'Udps, le parti du Premier ministre et celui du numéro 1 de l'Assemblée nationale exclus.

La prochaine législative s'annonce impitoyable. Elle menace de démarrer sous les chapeaux des roues et ne compte faire de cadeau à personne. Gare aux paresseux et autres parasites politiques.
LP

RDC: la double peine des femmes violées

Plus de 200 femmes ont été violées le 11 juin lors d'une énième attaque dans l'est de la République démocratique du Congo. Beaucoup ont été répudiées ou sont marginalisées.

Des femmes victimes de violences sexuelles, au Sud-Kivu, RDC, le 6 septembre 2007. 
REUTERS/James Akena

«Ils ont commencé par piller des biens, de l'argent et des médicaments à         l'hôpital de Nakiele. Le soir, ils sont entrés dans les différentes maisons où les femmes et les filles mineures étaient en majorité restées seules pour les violer.»
Le coordonnateur national de l'ONG Arche d'Alliance, Baudouin Kipaka, raconte 
comment 150 hommes ont attaqué le 11 juin Nakiele, Kanguli et Abala, des villages 
du territoire de Fizi, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les agressions sexuelles sont récurrentes dans cette partie du pays. Les victimes, 
principalement des femmes, mettent régulièrement en cause des éléments 
appartenant aux groupes rebelles ou aux Forces armées de la RDC (FARDC). 
Qu’en est-il du 11 juin? Les habitants ont attribué les exactions à des 
déserteurs de l'armée nationale emmenés par le colonel Nyiragire Kulimushi, 
alias «Kifaru». L’ancien milicien Maï Maï, qui s’est rendu depuis, avait démenti toute 
implication.

A l’arrivée des assaillants, la plupart des hommes avaient gagné la brousse pour 
ne pas être contraints de transporter leurs bagages. L’époux d’U., 29 ans, 
mère de quatre enfants, n’était pas parti très loin. «Le mari était caché dehors 
dans un champ lorsqu'on était en train de violer sa femme. Il entendait comme elle 
criait», indique un rapport du Comité de coordination des actions de paix (CCAP), 
basé comme Arche d’Alliance dans la province du Sud-Kivu, où se trouvent les trois 
villages.

«Il l'a chassée du lit, elle dort sur une natte»

Plus de 276 femmes auraient été violées ce jour-là. «Dont 72 à Kanguli, 135 à 
Nakiele et 69 à Abala», selon des rapports médicaux et des enquêtes d’ONG 
nationales et internationales cités par Baudouin Kipaka. Il ajoute qu’une «enquête 
judiciaire a été ouverte début juillet par le parquet militaire du Sud-Kivu» et qu’Arche 
d’Alliance a offert une assistance à 75 victimes ayant accepté de comparaître 
devant l’auditeur militaire, une sorte de procureur.

En apprenant l'agression de leur épouse, des dizaines d’hommes sont partis 
pour «une destination inconnue», laissant leurs femmes subvenir seules à leurs 
besoins et ceux des enfants. Certains ont même refait leur vie.
«Son mari est parti à Mukera, et on a informé son épouse qu'il a déjà une
deuxième femme», lit-on dans le rapport du CCAP, qui relate aussi le
témoignage d'une femme dont le conjoint «a déménagé chez [ses] autres
épouses».
Quant aux chefs de famille restés au foyer, ils observent en majorité une séparation 
de corps. «Il ne passe plus la nuit dans la même chambre, il ne parle plus à son 
épouse et ne lui donne plus la ration», poursuit le rapport. L'histoire de cette 
mère de quatre enfants est représentative, d’après les 57 femmes âgées entre 18 
et 50 ans qui se sont livrées.
«Il l'a chassée du lit, elle dort sur une natte»«La femme dort dans la
cuisine et le mari dans la chambre»«Il dort sur le lit et la femme dort
par terre».
Craignant le même sort, des épouses ont passé leur viol sous silence. En vain.
«Il y avait des évidences, commente François Mionda, secrétaire
exécutif du CCAP.Des femmes violées par les militaires sont allées vomir,
d’autres ont pleuré toute la nuit ou sont allées à l’hôpital sans présenter
de signes de maladie, ce qui a éveillé les soupçons. Dans d’autres cas,
les auteurs des viols avaient emporté tout ce qu’il y avait dans la maison,
alors les maris ont compris ce qu’il s’était passé…»

Des femmes «consentantes»

Pourquoi cette stigmatisation?
«Lors des enquêtes menées à Nakiele, nous avons identifié 17 cas
de femmes répudiées au motif que, conformément aux us et
coutumes chez les Babembes, le viol est une cause d’indignité
qui mérite cette sanction», explique Baudouin Kipaka.
Bien des maris considèrent aussi que leurs épouses n'ont pas été violées 
mais ont volontairement eu des relations sexuelles avec ceux qu'elles 
accusent de les avoir agressées. Le CCAP a recueilli plusieurs exemples:
«Il la gronde tout le temps [en lui disant] qu'elle est la femme de Kifaru»
«Le mari a écrit à son épouse qu'il ne veut plus vivre [avec elle] ou la
revoir dans sa vie parce qu'elle est devenue femme des militaires»
«Il est devenu furieux. Il dit que comme elle a couché avec les Banyamulenge,
elle ne peut plus être son épouse» 
Les hommes évoquent par ailleurs la peur de partager leur lit avec une 
femme peut-être contaminée par le virus du sida:
«J'ai vécu une situation similaire à Minembwe: les Banyamulenge qui
avaient des armes disaient qu'ils allaient semer des maladies
sexuellement transmissibles, confie A., 47 ans, l'un des dix hommes
rencontrés par le CCAP. C'est pourquoi j'ai peur de me rapprocher
de mon épouse sexuellement.»
Il se dit toutefois prêt à reprendre la vie conjugale si sa femme «passe 
le test des maladies transmissibles». Les ONG et associations savent 
qu’il n’est pas le seul à exprimer cette doléance, qu’elles prennent souvent 
en compte dans leur médiation pour la réconciliation des couples.

Habibou Bangré

La CPI, une justice à deux vitesses

Depuis sa création en 2002, la Cour pénale internationale, qui vient d'engager des poursuites contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al islam ainsi que le patron des services secrets, a été vivement critiquée pour sa justice à deux vitesses, car seuls des Africains ont été poursuivis.
Justice sends mixed messages, by Dan4th via Flickr CC
 
L'affaire a été vite entendue. Le 26 février 2011, soit quelques jours après le début de l’insurrection libyenne, le Conseil de sécurité des Nations unies votait à l'unanimité une résolution pour saisir le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) afin de poursuivre Kadhafi pour crimes contre l'humanité et génocide. Le 16 mai, le procureur de la CPI Luis Moreno Ocampo a déposé une requête afin d'émettre trois mandats d'arrêt internationaux contre Mouammar Kadhafi, Seif Al islam Kadhafi ainsi que le chef du renseignement militaire Abdoullah al-Senoussi pour des crimes contre l’humanité commis en Libye depuis février 2011. En trois mois, l'affaire est bouclée, bien que la Libye n'ait jamais signé le Statut de Rome, ne fasse pas partie des pays membres de la CPI ni ne reconnaisse cette juridiction.

La raison du plus fort est la meilleure, et, depuis sa création, la CPI n'aura entamé de procédures que contre des pays africains (Ouganda, République Démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan et Kenya). Cinq pays auxquels il faut maintenant ajouter la Libye, par ailleurs premier pays arabe à être poursuivi, signant peu glorieusement l'entrée du monde arabe à la CPI —même si cette Cour ne juge pas les Etats, mais les individus.

Une vingtaine de mandats d'arrêt ont déjà été émis par l’institution, tous concernant des ressortissants africains. A ce jour, un seul chef d'Etat a été inculpé. Il s'agit d’Omar el-Béchir, président soudanais et destinataire d'un mandat d'arrêt international depuis mars 2009, malgré une résolution de l'Union africaine refusant d'exécuter ce mandat. Le Soudan avait pourtant signé le Statut de Rome en septembre 2000, mais sitôt sa mise en accusation en juillet 2008 —sur pression des Etats-Unis— pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour, Omar El Béchir, dont le pays n'avait pas encore ratifié la convention, se retirait de la CPI le mois suivant.

Aujourd'hui, tout porte à croire que Kadhafi sera le deuxième chef d’Etat —même s'il n'a officiellement aucune fonction précise dans l'organigramme officiel de la Libye— à être condamné par la CPI.

Signer n'est pas ratifier

Créée le 1er juillet 2002, la Cour est compétente pour statuer sur les crimes de guerre, génocides et crimes contre l'humanité à compter de la date de sa création. Pourtant, après cette date, les crimes d'Israël contre des civils, les tortures et meurtres de civils en Irak et en Afghanistan par les Américains ou ceux des Russes dans le Caucase et la Tchétchénie, n'ont jamais été suivis de poursuites —l'absence d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies d'une part, et leur non signature et/ou ratification du traité de la CPI de l'autre les ayant toujours protégés.

A ce jour, 114 membres sur les 192 que reconnaît l'ONU ont signé et ratifié le traité, 139 l'ont uniquement ratifiée, la Russie et la Chine, à l'instar de la Libye, ne l’ont jamais signé, et dans le monde arabe, seule la Jordanie a adhéré à la Cour, signant et ratifiant le traité.

Les Etats-Unis et Israël ont signé le traité mais ne l'ont jamais ratifié de peur de se voir inculpés, la ratification entraînant l'adhésion et la reconnaissance de la CPI comme autorité judiciaire, et prévoit que l'un des membres du traité peut être poursuivi pour crimes contre l'humanité sans le vote préalable du Conseil de sécurité des Nations unies.

La Libye, victime d'un consensus, aura donc fait les frais d'un vote unanime au Conseil de sécurité sans n'avoir jamais reconnu la CPI. Trois mois après l'insurrection libyenne, les choses se sont rapidement compliquées; Obama détient 30 milliards de dollars (21 milliards d’euros) libyens aux Etats-Unis par un gel unilatéral et Kadhafi père et fils seront recherchés par la justice internationale. Ils finiront probablement en prison, s'ils ne sont pas tués avant par les frappes de l'Otan, autre organisation à géométrie variable. Qui est le plus fort? Personne, et tout le monde.

Chawki Amari

Présidentielle 2011 : «Joseph Kabila» et ses zélateurs





De gauche à droite E. Boshab et Emile Bongeli. Photo Tele50.com

Misère sociale, stagnation économique, dérive autoritaire, exécutions extrajudiciaires, insécurité pour les personnes et les biens, impuissance de l’Etat face aux bandes armées, corruption, impunité, retour en force du tribalisme et du régionalisme. En dépit de ce bilan globalement négatif, plusieurs individualités et autres organisations font assaut de leur soutien au président sortant «Joseph Kabila». L’appât du gain pour les uns, la préservation des privilèges et avantages acquis pour les autres, semblent être les principales motivations. L’intérêt de la grande majorité de la population n’est guère pris en compte.

Analyse

«Joseph Kabila doit être réélu. Son bilan est largement positif». C’est le discours que claironnent les zélateurs du «kabilisme». Dimanche 21 août, à l’issue de deux jours de congrès, les militants du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), ont investi le président sortant «Joseph Kabila» comme «candidat» à l’élection présidentielle du 28 novembre prochain. Selon Evariste Boshab, secrétaire général de cette formation politique, «la personnalité et les atouts politiques du candidat à la présidentielle sont déterminants pour le développement du pays.» Des congressistes ont souligné que «Joseph Kabila a fait preuve de vision et d’excellence dans la défense de la patrie et de l’intégrité du territoire national ainsi que dans la gestion de la chose publique». Quelle langue de bois!

Dans la déclaration finale du congrès, on apprenait que le choix exprimé découle notamment au fait que «Kabila» «a, en outre, toujours fait montre des qualités morales exceptionnelles en étant discipliné et constant dans ses promesses». Boshab n’a pas dit un mot sur le bilan du chef de l’Etat. Un homme qui est pourtant à la tête du pays depuis dix ans. Voilà une lacune incompréhensible de la part du parti majoritaire à trois mois de la fin de la législature. Comment peut-on demander à un peuple de reconduire l’homme qui le dirige depuis une décennie sans procéder au préalable à un inventaire de ce qui a été fait et ce qui est possible de faire pour l’avenir ? Devrait-on conclure que le PPRD demande à «Kabila» d’être candidat à sa propre succession juste pour conserver le pouvoir dans son giron?

Au cours de cette réunion politique, le gouverneur de la ville de Kinshasa, le PPRD André Kimbuta Yango, a pris la parole pour exprimer «la reconnaissance de la population kinoise» au président sortant «pour son programme de reconstruction et de développement de la capitale.» Kimbuta de promettre au «président-candidat» «le soutien des Kinois» «afin de lui permettre d’achever son programme des cinq chantiers qui contribue à la modernisation de la ville de Kinshasa.» Comme pour nuancer ce «serment de fidélité», les Kinois, mobilisés par l’association «SOS Kinshasa», ont manifesté leur mécontentement dans la soirée de ce même dimanche 21 août contre les coupures incessantes d’électricité. La veille, comme pour désamorcer ce mouvement citoyen, le chef de l’Etat nommait un nouveau conseil d’administration à la tête de la Société nationale d’électricité. «Cette décision du chef de l’Etat, note une dépêche de l’ACP, a été saluée par la population de la capitale confrontée à la recrudescence de la criminalité due au manque d’électricité dans de nombreux quartiers de Kinshasa.» Inutile de dire que pas d’électricité, pas d’eau courante.

Avant le PPRD, jeudi 18 août, le parti «La Convention des Congolais unis» (CCU) de l’actuel ministre de la Communication Lambert Mende Omalanga clôturait son congrès. Ici aussi, «Joseph Kabila» a été désigné «candidat à la présidentielle». Dans une petite allocution, Mende a justifié ce choix en relevant «les qualités de rassembleurs, d’homme pondéré et réfléchi» du président sortant. Pas une allusion sur le bilan du quinquennat.

Le monde associatif «au secours» de « Kabila» 

Pour les opportunistes, la période électorale est un moment propice pour se faire de l’argent facile. On assiste ainsi à un trop plein d’individualités et d’associations décidées à soutenir le «président-candidat». Ne dit-on pas que le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ?

Dans une tribune intitulée «Le président Kabila, la force tranquille au service du grand changement au Congo», publiée le 29 juin dernier, sur le site Digitalcongo.net, un militant du PPRD-France écrit que «le grand chambardement que connaît le paysage urbain et rural étonne plus d’un dans un pays dont les populations ont été bercées pendant plus de trois décennies de discours ambitieux sur un prétendu devenir à la portée de la main.» Et d’ajouter : «Aujourd’hui, avec moins de moyens financiers comparativement aux années de lustre, le président Kabila insuffle une énergie inhabituelle après avoir mis fin à une guerre d’agression de cinq ans qui aurait pu démanteler tout l’édifice national.» Pour cet activiste potilique, le président sortant «est l’homme d’Etat qui incarne la renaissance du Congo. Il est et sera le père de la modernité au Congo.»

«Pourquoi Kabila fait peur ?», enchaîne un internaute nommé Junior Kalenga. Celui-ci commence par rappeler que «Joseph Kabila» a accédé à la magistrature suprême le 6 décembre 2006. Il s’était engagé «à pacifier complètement tout le territoire de la République, à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, à moderniser l’armée, la police et les services de sécurité, à assurer le fonctionnement harmonieux des institutions issues des élections de 2006, à redresser l’économie du pays, à améliorer le vécu quotidien des congolais, à protéger le patrimoine national culturel et écologique, à assurer au pays sa place dans le concert des Nations et à redonner à la jeunesse la fierté et l’espoir d’être et de demeurer congolais.» Kalenga de rappeler au passage que «le président de la République annonce sa vision et son programme ayant pour thème « les cinq chantiers pour changer le Congo».

Qu’en est-il du bilan ? "Junior" se contente de relever que «ce programme est en cours d’exécution». Selon lui, «les choses changent d’année en année». Pas un mot sur les réalisations accomplies. Sauf la modernisation «comme jamais auparavant» du boulevard du 30 juin, le boulevard Triomphal, le boulevard Lumumba, l’avenue du tourisme «et bien d’autres». La réfection d’une route relève-t-elle de la compétence d’un chef d’Etat ?

A en croire Kalenga, l’économie congolaise se porte bien. La «production» a repris, «le chef de l’Etat s’active à faire de l’économie congolaise, l’une des économies émergentes du monde.» En faisant quoi? Silence radio. Il poursuit : «Le climat des affaires» s’améliorant davantage, "des investisseurs n’hésitent plus à engager leurs capitaux dans l’économie congolaise. La floraison de banques et de structures de communication, le boom dans le secteur de l’immobilier, pour ne citer que ces secteurs, en sont des illustrations parlantes. En 2008, les investissements directs étrangers étaient estimés à plus de 2,5 milliards de dollars américains. Le secteur privé est devenu plus viable et plus compétitif.» Et de conclure que «ces nouveaux investissements permettent de résorber le chômage qui frappe de plein fouet la société congolaise en général et la jeunesse congolaise en particulier. Ceci permet de matérialiser le volet emploi du programme d’action du chef de l’Etat. C’est la preuve criante que le social n’est pas en reste.» Quelle confusion entre projet et réalisation?

«Ensemble pour Kabila», c’est la dénomination d’une association kinoise dirigée par un certain Brandon Midagu. Celui-ci se veut apolitique. Il est l’initiateur d’un projet de marketing qui «a pour objet d’offrir au candidat Joseph Kabila une plus grande flexibilité permettant de convaincre et de persuader davantage les électeurs au-delà des lignes traditionnelles pouvant lui offrir les organisations politiques classiques.» Midagu voudrait mobiliser les
«sympathisants» du président sortant lors de la présidentielle pour l’aider «à finir ce qu’il a commencé... ».

L’enjeu électoral

Plusieurs autres associations se bousculent au portillon pour offrir leur "soutien" à «Kabila». C’est le cas notamment de l’ONGD «Réseau solidarité laborieuse» (RESOL). Cette organisation est dirigée par Joséphine Kilonda Makiona. Le groupement «soutient la candidature de Joseph Kabila aux échéances électorales de 2011.» Selon la présidente Kilonda, «plusieurs raisons militent en faveur d’un second mandat pour Joseph Kabila, notamment, sa ferme détermination à vouloir reconstruire la RDC dont les actions sont remarquables à travers les cinq chantiers avant de saluer la paix retrouvée.»

Le dernier mot revient au ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Adolphe Lumanu Mulenda Bwana N’sefu. En séjour dans son Kabinda natal, au Kasaïl Oriental, il a «invité» les populations de ce district «à renouveler leur confiance» au président «Joseph Kabila» lors du scrutin présidentiel de novembre prochain. Et ce «pour lui donner l’opportunité de parachever son projet de société défini dans le cadre des cinq chantiers de la République pour l’intérêt du pays en général et celui de la communauté Songye en particulier.» L’histoire ne dit pas si Lumanu avait commencé par expliquer aux «Kabindais» les réalisations déjà accomplies au Kasaï Oriental en général et au Kabinda en particulier.

On le voit, le 28 novembre prochain, l’enjeu électoral en RD Congo va tourner autour d’un "affrontement" entre d’une part une minorité d’opportunistes, soucieux de préserver des intérêts particuliers et de l’autre, la grande majorité de la population congolaise précarisée. Une population qui a soif du Changement. Une population qui ne se fait plus d’illusion sur l’aptitude du président sortant «Joseph Kabila» à lui redonner l’espérance. C’est un rendez-vous avec l’Histoire!

B.A.W 
© Congoindépendant 2003-2011