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lundi 27 février 2012

MORT DE RICHARD KWEBE

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Me Richard KWEBE LIRIS

La défense de Jean-Pierre Bemba vient d'être décapitée suite au décès - dans des circonstances troubles - de son principal avocat Me Richard KWEBE LIRIS. Ceci, à quelques mois du début de la présentation des témoins à décharge.

Que son âme repose en paix. Une perte considérable pour la RDC, un brillant avocat vient de partir avec lui dans sa tombe avec innombrables secrets sur l'affaire Jean Pierre BEMBA.

La mort de l’avocat Nkwebe Liriss


Me Nkwebe Liriss.
C’est un des ténors du barreau de Kinshasa qui s’en va. Nkwebe Liriss faisait partie de l’équipe d’avocats chargés d’assurer la défense de Jean-Pierre Bemba Gombo, président du Mouvement de libération du Congo (MLC). Il est décédé dans la nuit du dimanche 26 et lundi 27 février dans la capitale congolaise. 
«Il souffrait depuis plusieurs mois», a déclaré lundi un cadre du MLC. Le juriste Nkwebe Liriss tire sa révérence pendant que l’affaire «le procureur contre JP Bemba Gombo» - dans laquelle il avait investi toute son expérience juridique et judiciaire - est toujours pendante devant la Cour pénale internationale (CPI). Le leader du MLC, lui, entame sa quatrième année de détention. Sans jugement.

La notoriété de l’avocat Nkwebe a franchi les frontières du Congo-Kinshasa lorsqu’il a rejoint l’équipe d’avocats chargés d’assurer la défense de l’accusée Bemba aux côtés notamment d’Aimé Kilolo-Musamba. Lors de la première audience qui a eu lieu le 22 novembre 2010, «Liriss» a laissé la réputation d’un juriste percutant et combatif. C’est à lui que revenait le "privilège" de faire la «déclaration liminaire» de la Défense.

«Les accusations portées contre M. Bemba n’ont absolument aucun fondement», déclarait-il avant de qualifier l’enquête menée en République Centrafricaine par le procureur Luis Moreno-Ocampo de «partiale et bâclée». Pour lui, les investigations menées n’ont apporté aux juges «aucune preuve telle qu’il ne subsiste aucun doute raisonnable». Pour étayer sa thèse, Nkwebe de citer notamment à l’appui, le fait que «lors de l’audience de confirmation des charges, la Chambre préliminaire a été amenée à demander à l’accusation de refaire son travail». Au motif que «le crime allégué ne dérive pas d’une participation conjointe». «M. Bemba, dira-t-il, n’a pas commis de crime directement et, si ces crimes étaient avérés, sa responsabilité ne relèverait pas de l’article 25-3-a mais de l’article 28-a : M. Bemba n’a pas commis de crime individuellement, en tant que coauteur avec M. Patassé ; d’après les juges auteurs de l’arrêt, il semblerait plutôt qu’il soit accusé d’imprudence dans l’exercice de son commandement et de tolérance vis-à-vis du risque de commission de crimes».

De mémoire de juriste, l’avocat Nkwebe avait de la peine à comprendre l’«absolution» donnée aux responsables politiques et militaires de l’ère Patassé. Pour lui, «l’accusation aurait dû incriminer également le coauteur, M. Patassé.» A l’instar d’autres conseils du leader du MLC, il a été surpris d’entendre le procureur Moreno-Ocampo expliquer à la presse, par la bouche de son assistante d’alors Fatou Bensouda, «qu’aucune preuve compromettante n’avait été trouvée à l’encontre de M. Patassé.» Nkwebe peinait également à comprendre l’absence à La Haye du commandant Mustapha Mukiza qui dirigeait les combattants du MLC déployés sur le sol centrafricain.

«Au lieu de citer à comparaître, poursuivait-il, des témoins admettant avoir fait partie de la chaîne de commandement, l’accusation les a ignorés et préfère se concentrer sur des témoins d’importance secondaire pour incriminer Jean-Pierre Bemba, qui se trouvait à plus de 1 000 km du champ de bataille, et tous ses anciens collaborateurs du MLC qui occupent maintenant des postes haut placés au sein du régime de M. Kabila, l’opposant politique de Jean-Pierre Bemba. Ce choix jette un doute sur la crédibilité de l’enquête, d’autant plus qu’à un moment donné, ces personnes ont nié tous ces crimes, comme nous saurons le démontrer.»

Me Nkwebe Liriss concluait cette «déclaration liminaire» par ces mots: « Après la présentation des preuves de l’Accusation et de la Défense, vous n’aurez plus qu’une chose à faire : acquitter Jean-Pierre Bemba Gombo.» Paix à son âme!

Joint au téléphone dans la soirée de lundi, Maître Aimé Kilolo-Musamba, l’autre membre de l’équipe, cachait difficilement sa vive émotion. "Me Nkwebe était profondement humain et généreux, dit-il de son collègue qui était le "conseil principal" de la défense de Bemba. Il a rejoint l’équipe des avocats chargés de défendre le sénateur Jean-Pierre Bemba sans exiger de rémunération". "La disparition de Me Nkwebe, poursuit-il, est une grande perte. Conscient de ses ennuis de santé, il avait pris soin de me déléguer un certain nombre d’éléments. Je garde de lui l’image d’un confrère qui avait le sens du contact humain au point qu’il n’hésitait pas à créer une ambiance conviviale tant avec les avocats de la partie adverse qu’avec les magistrats de la CPI".
Issa Djema 
© Congoindépendant 2003-2012

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