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vendredi 15 août 2014

Révision constitutionnelle







La Majorité se rallie 

sous réserve au MSR









Au sein de la Majorité présidentielle (MP), ce n’est pas encore la panique. Toutefois, la déclaration faite le mardi 12 août  par le  MSR (Mouvement social pour le renouveau) en rapport avec le projet de révision constitutionnelle a fait bouger les lignes. Si dans la MP, personne ne dénie au parti de Pierre Lumbi le droit de participer aux débats, on estime cependant que le Bureau politique de la MP s’accorde une marge de manœuvre avant de battre le rappel des troupes en vue d’engager un débat interne autour de la question. C’est donc avec réserve que la MP se rallie à la démarche du MSR, sans pour autant se détourner de son objectif de retoucher certaines dispositions de l’actuelle Constitution.


Le débat sur la révision de la Constitution fait rage au sein de la Majorité présidentielle (MP). Si certains partis de la Majorité, dont le PPRD et le CCU de Lambert Mende, se sont clairement prononcés en faveur de ce projet de révision, le bureau politique affiche encore un silence de marbre sur la question. Le secrétaire général de la MP et président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, s’est, lui aussi, dit favorable à ce projet au cours d’une émission animée à Kinshasa, ce n’est pas pour autant pas l’occasion d’affirmer que le bureau politique se serait formellement prononcé sur la question.
Vu l’ampleur prise par le débat, au sein de la Majorité, des fissures apparaissent sur l’édifice. Prenant son courage en main, le MSR, la deuxième force politique de la MP, a fait, le mardi 12 août 2014, une déclaration qui avait tout l’air d’un recadrage de la stratégie qu’emprunte la MP, en ce qui concerne particulièrement le dossier sensible de la révision constitutionnelle.
Rappelant que « la Majorité présidentielle est une coalition politique suffisamment structurée et organisée » et exprimant son « profond désir » de voir  cette famille politique « demeurer fidèle à ses engagements et aux textes qui la régissent », le MSR a dit avoir saisi le secrétaire général de la Majorité présidentielle pour lui faire part de sa position.
Alors que le débat enfle autour de la question de la révision constitutionnelle – la MP s’étant pratiquement lancée au front pour plus d’adhésion à ce projet - le MSR pose le préalable d’un « débat interne franc et responsable dans le but de dégager une option commune sur la question ».
La déclaration a relancé le débat au sein de la classe politique. Et, l’onde de choc s’est répandue jusque dans l’Opposition. Chacun cherche à décrypter, à sa manière, le message du MSR. Est-ce un désaveu ? Serait-on déjà en face d’une rupture au sein de la MP ? Les interrogations sont allées dans tous les sens. Les conjectures aussi.
C’est finalement de la Majorité qu’est venue la mise au point dissipant toute crise éventuelle au sein de la majorité présidentielle. L’on ne s’est donc pas rapproché d’une quelconque rupture, moins encore d’une rupture entre le MSR et la MP.

La MP acquiesce, mais…
Approché mercredi par la presse, Luzanga Shamandevu, porte-parole de la MP, a levé toute équivoque sur ceux que d’autres ont qualifié, à tort, d’un son cacophonique au sein de la MP.
Il a estimé que « Le MSR a raison quand il attend certains partis politiques et quelques personnalités de la Majorité présidentielle se prononcer sur la révision constitutionnelle. C’est pourquoi il demande que cela soit débattu au sein de la Majorité présidentielle ». Il pense cependant que « le MSR ne peut pas empêcher aux autres partis politiques ou personnalités de la Majorité de s’exprimer sur cette question ».
La déclaration du MSR porte-t-elle la marque des divisions internes qui rongent la MP au sujet de la révision de la Constitution ?  Y aurait-il crise au sein de la MP ? A ces questions, Luzanga s’est montré plus précis : « Il n’y a aucune crise au sein de la Majorité. Il n’y aucune amalgame ».
Lorsque le MSR appelle à un « débat interne franc et responsable » autour de la question, le porte-parole de la MP semble adhérer à cette démarche. Il note cependant que « pour la Majorité, la préoccupation n’est pas à l’heure actuelle l’article 220 », dont le déverrouillage permettrait au président de la République, autorité morale de la MP, de se représenter en 2016. Et de renchérir : « L’article 220 n’est pas notre préoccupation. Nous avons reçu un mandat de cinq ans. Il y a encore deux ans. Nous sommes à mi-parcours de notre mandat. A deux ans et demi, notre préoccupation est celle de savoir ce que nous pouvons faire pour notre peuple. Ce qui nous préoccupe est la mise en œuvre du programme de la Révolution de la modernité du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange ».
« Le moment viendra, rassure-t-il, où le bureau politique va se prononcer là-dessus ».
Comme bien d’autres acteurs de la Majorité, il est d’avis que « la Constitution prévoit elle-même sa révision ». C’est au peuple, seul souverain qu’il reviendra de trancher. « Si les acteurs politiques n’arrivent pas à s’accorder, c’est au souverain primaire de décider. On va recourir à ce souverain primaire si on ne peut pas s’accorder », rappelle-t-il.
Apparemment acquis à la voie de la sagesse suggérée par le MSR, il confirme que « le moment venu nous en parlerons. Il faut que ce problème soit débattu au sein de la Majorité ».
Autant dire que le MSR n’a pas prêché dans le désert. Sa déclaration a donc trouvé du répondant au sein de la Majorité. Faudrait-il encore que le Bureau politique fasse diligence en réunissant tous les partis et personnalités de son obédience pour tracer définitivement la voie à suivre afin que tous ses membres soient au même diapason face aux enjeux de l’heure. 

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