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vendredi 13 novembre 2015

Burundi: l’UE évacue une partie de son personnel, la Belgique conseille à ses ressortissants de partir



Burundi: l’UE évacue une partie de son personnel, la Belgique conseille à ses ressortissants de partir













Nairobi - L’Union européenne a décidé d’«évacuer» les familles et des personnels non essentiels de sa délégation au Burundi, secoué depuis six mois par une violente crise politique, et la Belgique a «conseillé» à ses ressortissants de quitter le pays.
«Nous avons décidé d’évacuer temporairement les familles et une partie du personnel non essentiel, mais la délégation continuera de fonctionner normalement», a déclaré vendredi un responsable européen. «La décision a été prise sur la base d’une nouvelle évaluation des risques liés à la situation au Burundi.»
«On a réduit le volume de nos personnels de façon à le réduire au staff essentiel. On voit bien que la situation est dangereuse à Bujumbura, nous prenons donc des mesures pour notre personnel et les familles» qui devraient quitter le pays «dans les jours qui viennent», a expliqué un autre responsable européen.
À Bujumbura, un membre de la délégation de l’UE a estimé que cette décision était «surtout une mesure de précaution», alors que «les tensions et les risques deviennent de plus en plus grands à cause des accusations portées par certains dirigeants burundais et une hostilité grandissante».
Au moins 240 personnes ont été tuées et plus de 200 000 ont fui le pays depuis que la crise a éclaté fin avril à l’annonce de la candidature du chef de l’Etat à un troisième mandat, prohibé selon ses adversaires par la Constitution et l’Accord d’Arusha qui a permis la fin de la guerre civile (300 000 morts) entre 1993-2006.
Les violences quasi quotidiennes, attribuées à la police, aux partisans du pouvoir ou à ses adversaires qui se sont armés, laissent craindre un retour de violences à grande échelle dans un pays à l’histoire post-coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi.
La Belgique, ancienne puissance coloniale, a conseillé vendredi à ses ressortissants «dont la présence n’est pas essentielle de quitter le pays tant que les conditions normales le permettent», en raison notamment de «propos hostiles à la Belgique et des menaces (proférées) à l’encontre des ressortissants belges».
«Il ne s’agit pas d’un mot d’ordre d’évacuation générale mais nous conseillons aux Belges d’examiner leur situation et de quitter le pays si leur présence n’est pas essentielle», a précisé un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères, qui estime qu’environ 500 de ses ressortissants sont actuellement présents au Burundi.

Le président du parti présidentiel CNDD-FDD, Pascal Nyabenda, avait accusé mercredi «le colonisateur belge» de financer et d’armer les opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, et dénoncé les «déclarations apocalyptiques» des «lobbies belges et leurs réseaux de l’UE» sur la menace de «génocide», visant selon lui à la «recolonisation du Burundi et de son peuple».

Il s’en était également pris fin octobre à l’UE l’accusant de vouloir «forcer son peuple à renoncer à (sa) souveraineté», alors que l’Union a ouvert la première étape d’un processus prévu dans les Accords de Cotonou, pouvant mener à terme à suspendre l’aide au développement versée au Burundi.
La communauté internationale s’est en outre inquiétée début novembre de discours «incendiaires» aux «connotations ethniques» tenus par des durs du pouvoir.
Ex-rébellion hutu qui affronta avec d’autres l’armée dominée alors par la minorité tutsi durant la guerre civile, le CNDD-FDD du président Nkurunziza s’en prend régulièrement à la Belgique, où se sont exilés de nombreux opposants burundais et qui a suspendu son aide au début de la crise.
Les 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE, qui se retrouvent lundi à Bruxelles, doivent notamment faire le point sur la situation au Burundi.
Vendredi, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a demandé à la «Force est-africaine en attente de préparer rapidement un déploiement au Burundi si la situation empirait», a déclaré à l’issue d’une réunion sur le Burundi le Commissaire à la Paix et la Sécurité Smaïl Chergui.
«C’est une mesure préventive, nous devons être prêts afin de n’avoir aucune surprise», a-t-il expliqué.
Le ministère français des Affaires étrangères a de son côté indiqué avoir pour l’heure recommandé à ses quelque 500 ressortissants au Burundi de faire preuve de prudence.
La France est à l’initiative d’une résolution adoptée jeudi soir par le Conseil de sécurité de l’ONU qui, en termes vagues, demande le renforcement de la présenc" de l’ONU au Burundi, sans mentionner explicitement l’envoi de Casques bleus.
Elle évoque aussi de possibles "mesures supplémentaires" contre ceux qui incitent à la violence et entravent la paix, sans utiliser expressément le terme de sanctions.
Le camp présidentiel et les anti-troisième mandat se sont tous deux déclarés "satisfaits" de cette résolution, en donnant chacun une lecture différente.

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