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samedi 17 décembre 2011

Interpellation du ministre des A.E belge par le CDH

Je disais donc, la position du CDH est on ne peut plus clair sur le hold-up électoral en R.D.C., et ils l'ont fait comprendre en interpellant le ministre des affaires étrangères en session de la commission des affaires extérieures.

Voir ci-bas les propos du député CDH George Dallemagne :

> 01.09 Georges Dallemagne (cdH): Monsieur le vice-premier ministre, à
> mon tour, je vous félicite pour votre prise de fonction. Vous
> commencez directement très fort, probablement avec le dossier le plus
> difficile et le plus compliqué pour la diplomatie belge.
>
> On ne vous a pas laissé beaucoup de temps pour vous y familiariser
> mais je pense que vous le connaissiez déjà au travers de vos autres
> fonctions.
>
> Je vais en venir directement au constat que notre groupe pose quant à
> la situation au Congo. Je me joins aux collègues qui ont estimé qu'il
> est difficile de prétendre aujourd'hui que les résultats des urnes
> sont crédibles. Je pense qu'ils ne sont pas conformes à la vérité;
> c'est aussi ce que disent les organisations que la Belgique a
> financées, notamment la Fondation Carter dont M. Van der Maelen et
> d'autres ont repris certains extraits du rapport. M. Van der Maelen se
> demandait d'ailleurs quel était le passage le plus lourd à charge dans
> ce rapport.
>
> Personnellement, au-delà des faits extrêmement graves qui ont été
> rapportés, il y a un passage dans ce rapport - qui a été peu repris
> publiquement -, qui me paraît particulièrement préoccupant, s'agissant
> du monitoring d'un processus électoral: les observateurs
> internationaux n'ont pas eu accès au point central de compilation de
> tous les résultats à Kinshasa. Pour avoir participé à plusieurs
> processus électoraux, je sais que c'est là qu'il faut se trouver
> pendant toute la nuit et les jours qui suivent puisque, entre un
> procès-verbal qu'on reçoit électroniquement ou manuellement et la
> transcription dans un ordinateur central, il peut se passer toutes
> sortes de choses. Je pense que l'absence d'observation électorale à
> cet endroit apporte un grand bémol à tout le travail d'observation,
> malgré la grande qualité de ce travail dans tous les bureaux de vote,
> malgré les milliers d'observateurs nationaux et internationaux et le
> travail considérable qu'ils ont mené. Il y a une faiblesse majeure,
> tragique, dans l'observation électorale.
>
> De plus, le président de la Conférence épiscopale nationale
> congolaise, encore une organisation que nous avons financée, remet un
> rapport estimant que ces résultats ne sont ni conformes à la vérité,
> ni conformes à la justice. Il semble qu'il dispose de chiffres et,
> dans sa déclaration sur les ondes de la RTBF ce matin, il va même
> jusqu'à remettre en question l'ordre d'arrivée des résultats.
>
> Il faut être de bon compte et dire aujourd'hui que personne ne connaît
> le véritable résultat du scrutin. En réalité, personne ne sait ce qui
> a pu sortir des urnes. Cependant, nous disposons de quatre types de
> résultats: ceux de la CENI, ceux de l'opposition, mais aussi ceux de
> la Fondation Carter et ceux de la Conférence épiscopale nationale du
> Congo. Celle-ci avait 35 000 observateurs sur le terrain. Tenant
> compte du fait qu'il y avait 63 000 bureaux de vote, elle avait un
> observateur pour deux bureaux de vote. Sa légitimité est donc grande.
> En effet, non seulement nombreux étaient les observateurs sur le
> terrain, mais ces derniers sont également Congolais et indépendants
> politiquement.
>
> Nous nous retrouvons, aujourd'hui, face à une situation explosive avec
> deux candidats estimant chacun avoir gagné. Il est vrai qu'un des
> candidats bénéficie de l'appui de la CENI et, peut-être, à l'avenir,
> d'autres institutions congolaises. Mais on sait aussi – cela a été
> relevé par beaucoup de mes collègues – à quel point tout ce processus
> électoral était, dès le départ, mal embarqué. On se souviendra des
> changements constitutionnels qui, visiblement, étaient faits pour
> permettre au candidat sortant de gagner. On se souviendra également
> des moyens mobilisés massivement par l'État en faveur de ce candidat.
> On se souviendra, enfin, des médias qui ont largement travaillé
> toujours en faveur dudit candidat.
>
> Malgré tout cela – c'est une observation qui me semble capitale –, on
> se trouve, aujourd'hui, face à un fait politique majeur dans la mesure
> où l'opposition fait bien plus que de la figuration; elle engrange des
> résultats, quels que soient ceux que l'on retient, qui montrent qu'il
> existe bel et bien une réalité politique, mais aussi une désespérance
> du peuple congolais face à sa situation sociale.
>
> Je rappelle simplement que, selon un récent rapport du PNUD, le Congo
> arrive en 187ème place sur 187 – difficile de faire pire – en termes
> d'indice sur le développement humain. La "froideur" de cet indice
> montre la réalité sociale de ce pays; elle traduit la misère et la
> précarité dans lesquelles vit l'ensemble du peuple congolais.
>
> Même si je pense, pour ma part, que cette situation résulte
> essentiellement d'un problème de gouvernance nationale, cela doit nous
> amener à nous poser des questions quant à la manière dont nous devrons
> conduire, à l'avenir, notre coopération dans un pays qui est le
> premier bénéficiaire de notre coopération bilatérale et multilatérale.
>
> Je voudrais ajouter qu'il est évident que la violence n'arrange rien.
> Qu'elle se manifeste à Bruxelles ou à Kinshasa, il faut s'inscrire
> dans un processus politique, mais un processus dans lequel la
> communauté internationale doit continuer à être présente et même
> peut-être plus présente qu'elle ne l'a été jusqu'ici et ce, pour faire
> en sorte qu'une situation qui, aujourd'hui, nous semble sans issue,
> reste une situation sous un contrôle politique et avec des solutions
> politiques.
>
> Je reviens justement sur certaines propositions formulées par mes
> collègues pour les préciser. Tout le monde a entendu le rapport des
> collègues qui sont allés sur le terrain le jour des élections. Il
> semble que, ce jour-là, les opérations de scrutin se soient passées à
> peu près correctement. C'est en tout cas le rapport qui en a été fait
> par l'AWEPA et l'Union africaine avec quand même un grand bémol, à
> savoir qu'on ne sait pas très bien ce qui s'est passé à l'intérieur du
> pays. Dans tous les bureaux de vote où il y a eu des observateurs – et
> ils étaient très nombreux –, on peut dire que les procès-verbaux des
> bureaux de vote représentent probablement la réalité ou, en tout cas,
> s'approchent de la réalité qu'a été le vote du peuple congolais.
> Par contre, on sait aussi qu'entre ce procès-verbal et la compilation
> centrale, il y a eu toute une série de manipulations. Je pense qu'il
> ne serait pas très compliqué de refaire la compilation à partir des
> procès-verbaux des bureaux de vote. C'est d'ailleurs l'appel de
> plusieurs organisations, dont la MONUSCO, la Conférence épiscopale, et
> d'autres observateurs comme International Crisis Group. Comme les
> procès-verbaux ont été affichés sur les bureaux de vote, il y aurait
> là une difficulté à les manipuler car, dans la plupart des cas, la
> population des quartiers a été prendre bonne note des résultats qui
> sont sur ces bulletins de vote. Je pense que cet exercice est
> techniquement possible. Il s'agit de 63 000 procès-verbaux et non pas
> de 20 millions de bulletins de vote. Ce processus devrait être fait,
> pour le coup, avec une observation tant nationale qu'internationale,
> d'un bout à l'autre. Il pourrait être terminé en quelques semaines et
> pourrait accroître considérablement la légitimité du résultat des
> urnes. Notre groupe plaide donc pour que l'on analyse rapidement,
> urgemment, cette possibilité, afin de répondre à l'appel des
> organisations extrêmement crédibles que nous avons nous-mêmes
> financées sur place.
> Comme d'autres l'ont fait, vous avez vous-même plaidé ce matin pour
> que les contestations se fassent devant la Cour suprême. M. Kamerhe,
> au nom de l'ensemble de l'opposition, puisque le fils de M. Tshisekedi
> l'accompagnait, a introduit un recours. Il ne faut cependant pas en
> rester là! Il faut aussi aider la Cour suprême. Plutôt que de garder
> certains résultats sous le coude, il faudrait plaider auprès des
> organisations que nous avons financées pour que leurs résultats soient
> publiés. Cela permettrait aussi de connaître leur vérité, leur
> travail, leur manière de collecter les choses. C'est extrêmement
> important!
>
> Ensuite, selon moi, il faudrait que la communauté internationale ne se
> contente pas de l'existence d'institutions congolaises. En effet,
> comme Dirk Van der Maelen le rappelait, dix-sept magistrats viennent
> d'être nommés à la Cour suprême; comme l'une en avait été exclue, il
> en restait neuf auxquels s'ajoutent donc les dix-sept. Et chacun
> connaît toutes les suspicions à propos du travail de cette Cour
> suprême.
>
> Il serait aberrant d'admettre que la Cour a fait son travail et de
> tourner la page. À mon avis, pour la stabilité du Congo, pour la
> légitimité du processus démocratique et pour l'affermissement de la
> démocratie sur l'ensemble du continent africain, il reste à réaliser
> un travail politique d'accompagnement, de médiation pour tenir en
> compte cette demande de la société civile congolaise, du peuple
> congolais et de ce fait politique majeur apparu au Congo.
> Je souhaitais dire cela. En outre, il me paraît indispensable de
> connaître les chiffres et les données qui seront publiés par l'Union
> européenne. J'ignore quand sortira ce rapport, mais il faut l'inciter
> à l'éditer rapidement.
>
> En conclusion, je me sens quelque peu mal à l'aise de la démarche du
> ministre Tambwe-Mwamba envers la Belgique – tout en ignorant l'objet
> de sa demande ou de sa question –, en période d'affaires courantes au
> Congo.

Nous avons également pris contact avec les autres partis francophones et néerlandophones (qui sont plus ferme avec Kabila que les francophones). Dans la mesure du possible, nous vous tiendrons au courant du feed-back des représentants de ces différents partis.

To ko lemba te, ata to yebi que nzela e za mulayi pe semer d'embûches ! 

Bon, na ke se préparer nanu, pour descendre sur Bruxelles, et rejoindre la manifestation qui s'annonce déjà chaude, sur le froid bruxellois !!!

Paix profonde !
Correspondance particulière

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