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SACREBOPOL

lundi 16 avril 2012

« Nous n’avons pas entendu le président dire Bosco doit être arrêté »

Exclusif. CNDP : « Nous n’avons pas entendu le président dire Bosco doit être arrêté »


Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a estimé, le mercredi 11 avril dernier à Goma, qu’il y avait des raisons d’arrêter le général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), mais affirmé qu’il n’agissait pas sous pression de la communauté internationale. Le représentant du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en France, ex-rébellion dont est issu M. Ntaganda, qui est devenu depuis Général dans l’armée régulière, le Colonel Jean-Paul Epenge, réagit face à ce revirement plus ou moins spectaculaire. Interview exclusive Direct.cd
Direct.cd – Bonjour M. Epenge, quelle est la réaction du CNDP par rapport à la décision du président Kabila d’arrêter Bonsco Ntaganda ?
M. Epenge - Nous n’avons pas entendu le président dire « Bosco doit être arrêté ». Le président s’est tout simplement projeté dans l’avenir et a voulu calmer le jeu. En RD Congo, il ne faut pas s’attarder à l’analyse des propos, mes des actes.
Bien sur  que le CNDP soutient toujours le général Bosco. Comprenez qu’il a joué un rôle déterminant dans le démantèlement du CNDP originel. Il a choisi Kabila afin de court-circuiter les pourparlers qui étaient en cours à Nairobi entre le vrai CNDP du Général Nkunda et le gouvernement congolais sous l’égide de la communauté internationale. Il a choisi de faire confiance à Joseph Kabila donc, nous pensons qu’ils vont s’entendre comme ils l’ont fait en 2009 pour des raisons de la paix, non seulement à l’Est, mais dans tout le pays.
Direct.cd - Le CNDP soutient-il Bosco ? Dans l’affirmatif entrerait-il en guerre contre le gouvernement ?
M. Epenge - Avant de rejoindre les FARDC, le général Bosco Ntaganda faisait partie des militaires du CNDP. Il fut d’abord Chef d’état-major adjoint, avant d’en devenir titulaire après le départ du général Kakolele. En qualité de chef d’état major, il a été utilisé par Kinshasa pour évincer Laurent Nkunda celui là même qui l’avait accueilli lors de son retour d’Ituri. Mais ceci est derrière nous.
Il est inconcevable que le Président Kabila – suite aux diverses pressions – puisse se défaire de son allié pour la paix. D’ailleurs les faits qu’on reproche au général Ntaganda datent de l’époque où il fut numéro 4 de l’UPC de Thomas Lubanga. Il faisait partie d’un grand ensemble. Le Statut de Rome ne reconnaissant pas la notion de la responsabilité collective, nous nous posons sérieusement la question de savoir s’il n y a pas eu manipulation. Et qui tire les ficelles ? Pour qui et pourquoi ? Comment peut-on inculper en 2006-2008 le commandant en chef de l’UPC Thomas Lubanga et sauter la 2ème, la 3èmepersonnalité pour inculper la 4ème ? Puis se rétracter en 2012 en citant cette fois les autres ? Quelle est cette magie qui déjà en 2006 avait réuni des éléments nécessaires à l’inculpation de Bosco et non de ses chefs hiérarchiques ?
La déclaration du chef de l’Etat de le traduire devant une juridiction militaire – si cela se réalise un jour – sera une avancée significative sur l’indépendance de la justice dans notre pays. Bosco s’expliquera et sera acquitté car le dossier de la CPI n’est que manipulation.
Nous avons perdu Laurent Nkunda en chemin sans broncher. Et depuis, perdu aussi beaucoup de temps. Nous ne souhaitons pas l’arrestation du général Ntaganda bien qu’il ne soit pas question pour l’instant d’entrer en guerre contre qui que se soit pour le défendre. L’amour du Congo est au dessus des individualités. Le CNDP est entré au gouvernement, non pour faire la guerre mais la paix. Cependant, lorsqu’on analyse la situation du traitement des militaires et la non-mise en place des accords d’Ihusi en 2009, il y a de quoi se poser des questions sur l’avenir de la paix en RD Congo.
Direct.cd - Avec la situation actuelle, pensez vous qu’il y a un risque d’éclatement à l’Est de la RD congo ?
M. Epenge - Bien sûr. Le risque de division est permanent dans tout le pays. Il suffit de voir les agissements des Katangais, même si cela n’attire pas l’attention des médias locaux et internationaux comme au Kivu.
Avec l’absence permanente de la paix et l’irresponsabilité des autorités de Kinshasa, les kivutiens se demandent s’ils ne seraient pas mieux chez eux que dans une RD Congo budgétivore et malade. En l’état actuel des choses, il est nécessaire de se poser toute sorte de question. Cette crise ne sera pas résolue par des bataillons de militaires venus de l’ouest pour servir de « chair à canon » comme en 2008, mais par une approche responsable et citoyenne. Depuis longtemps les militaires sont clochardisés. Les veuves et orphelins de ceux tombés au champ d’honneur sont abandonnés à leur triste sort. Les salaires sont détournés en toute impunité. La traque des FDLR se fait avec une mollesse inquiétante : ce qui éloigne chaque jour qui passe, les chances de la paix à l’Est. Il faudra encore combien de mémos et émissaires à Kinshasa pour qu’enfin la voix de la raison soit entendue ? Que des promesses ! Si le gouvernement n’assume pas pleinement ses responsabilités régaliennes, il est possible que les provinces s’assument et en premier le Kivu. Ce ne sera pas la faute des ex-CNDP, mais une conséquence logique d’une gestion irresponsable de l’Etat.
Direct.cd – Que préconisez vous comme solution au problème Kivutien?
M. Epenge - Les kivutiens sont laissés pour compte – comme d’ailleurs la majorité de congolais – dans la réalisation des projets de l’Etat. Pour résoudre leur problème, seule la bonne gouvernance est nécessaire. Qu’on gère bien les militaires, que les fonctionnaires soient payés, les opérateurs économiques protégés, rassurés, la population et nos frontières sécurisées. Que les FDLR et autres forces soient DE-FI-NI-TI-VE-MENT mises hors d’état de nuire. La coexistence pacifique de tous les enfants du Kivu : Nyanga, Rega, Hunde, Tutsi, Fulero, Hutu et sans discrimination ni ségrégation aucune. Les richesses du kivu doivent bénéficier avant tout aux fils et filles du Kivu. Est-ce trop demander ? Si le gouvernement se complait dans la jouissance Kinoise oubliant la réalité, c’est l’unité du pays qui finira par en pâtir. A court terme…
Direct.cd – Merci M. Epenge
M. Epenge – Merci à vous.
Propos recueillis par BLC, Direct.cd

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