Un portrait-géant de "Joseph Kabila" en feu lors de la présidentielle de 2006.
Des incidents graves ont suivi, lundi 5 septembre, le dépôt de la candidature d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba à la Présidence de la République. Un bureau du parti présidentiel, le PPRD, a été vandalisé sur l’avenue Sendwe. L’acte a été attribué aux «combattants» de l’UDPS. Mardi, aux alentours de 2 heures du matin, le siège de ce dernier parti à Limete a été incendié par des «inconnus». Le secrétaire général de l’UDPS pointe un doigt accusateur en direction des éléments de la garde présidentielle de «Joseph Kabila» et des «services». On apprenait le même mardi que les studios de la Radio-Lisanga «RLTV» de Roger Lumbala ont été détruits par le feu. Face à l’animosité grandissante entre les partisans des deux camps rivaux, des observateurs redoutent un embrasement général au lendemain ou avant le vote du 28 novembre prochain. Une perspective plus qu’inquiétante.
Adieu le «Code de bonne conduite» auquel personne ne faisait foi à l’exception du président de la très controversée Ceni (Commission électorale nationale indépendante) ainsi que le staff dirigeant de la Monusco. Le décor paraît désormais planté pour le «grand affrontement». Entre le candidat Etienne Tshisekedi wa Mulumba et le président sortant «Joseph Kabila» l’heure est à l’épreuve de force. Chaque camp a pris la résolution de rendre coup pour coup. Œil pour œil. Dent pour dent. L’antagonisme entre les deux rivaux qui s’ignorent cordialement a atteint le point de non-retour. Qui prendra un avantage décisif sur l’autre? La RD Congo serait-elle à la veille d’une «guerre civile»?
En deux actes, la capitale congolaise a failli s’embraser lundi 5 et mardi 6 septembre. Le candidat Tshisekedi s’est rendu lundi à un bureau de la Ceni au Quartier Royal où il a procédé au dépôt de sa candidature. Tout s’est passé sans heurts. «Un monde fou escortait le cortège de Tshi-Tshi de Limete à la Gombe, raconte un Kinois joint au téléphone mardi. Parti de sa résidence de la 12ème rue aux environs de 10 heures, le président Tshisekedi a mis près de 6 heures de temps pour atteindre la Gombe. Les combattants chantaient : «Kabila rwandais» ; «Ya Tshi-Tshi zongisa ye na Rwanda». Le cortège a quitté la Ceni aux environs de 15h30». Il faut dire que pour la grande majorité des militants et sympathisants de l’opposition congolaise en générale et de l’UDPS en particulier, "Joseph Kabila" souffre d’un grand désamour. L’homme passe pour un "imposteur". Un "agent de l’étranger" chargé "d’achever le travail de destruction commencé par les Rwandais et les Ougandais".
Attaque
Premier acte. Au retour, un incident s’est produit sur le boulevard Sendwe, commune de Kalamu. Une banderole déployée devant cet immeuble portait ces mentions : «Otumoli Kabila, otumoli ba-jeunes». Traduction : Celui qui s’attaque à Kabila trouvera les jeunes sur son chemin. «Arrivé au niveau d’un bureau du PPRD situé sur cette artère, l’équipe d’avance du cortège a été attaquée par des militants de cette formation politique, explique le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo, joint au téléphone mardi matin à Kinshasa. C’est ainsi que nous avons fait dévier le véhicule transportant le président Tshisekedi qui a rejoint Limete en passant par les avenues de la Victoire, Bongolo et Université.» Selon diverses sources, le bureau du PPRD a été «vandalisé». L’acte est imputé aux «combattants». Ceux-ci disent avoir été «provoqués». Selon Shabani, vers 19heures, la direction de l’UDPS a aussitôt reçu des messages indiquant clairement qu’une «riposte» était en préparation. «Des combattants ont été chargés de monter la garde devant la Permanence avant de se replier vers la résidence du président.» «J’ai téléphoné au général Oleko lui demandant de mettre un dispositif de sécurité pour assurer la protection du siège de l’UDPS et la résidence du président Tshisekedi. Mon interlocuteur s’est mis à rire...», souligne le secrétaire général de l’UDPS.
Deuxième acte. Vers 2 heures du matin, le siège de l’UDPS est incendié. Pour le secrétaire général de l’UDPS, «l’opération a été menée par des éléments de la garde présidentielle et des agents de l’Agence nationale de renseignements». Selon une source, des experts de l’UDPS ont pu suivre les conversations dans le réseau de «talkies walkies» des «services». La rédaction de Congo Indépendant a été tenté sans succès de joindre le gouverneur de la ville de Kinshasa ou un des responsables de la police.
Depuis l’annonce, en septembre dernier, de la candidature du leader de l’UDPS à l’élection présidentielle, le climat politique a quitté sa torpeur pour se muer en une dynamite qui n’attend qu’une étincelle. "La Présidence de la République et les services sont devenus très nerveux", commente un observateur. Le président sortant qui se voyait rempiler sans peine, faute d’adversaires, a été contraint de revoir toute sa stratégie de conservation du pouvoir. Une stratégie qui paraît se fonder non pas sur des réalisations mais sur le triptyque «corruption, intimidation et tricherie».
Intimidation
Lundi 29 août, les «Bami» sud kivutiens Jean-Désiré Kabare, de Kabare, et Pierre Ndatabaye, de Ngweshe, ont été reçus par «Kabila». Les deux chefs traditionnels ne sont pas sortis les poches vides de Kingakati. A l’issue de l’audience, ils ont fait savoir leur volonté de voir le programme des cinq chantiers se poursuivre. Le 1er septembre, l’UDPS et quelques autres partis ont organisé une marche qui devait aboutir devant le siège de la Ceni. Les «marcheurs» ont été réprimés par des éléments de la police anti-émeutes «épaulés» par des karateras et autres judokas, affiliés dans la «Ligue des jeunes» du PPRD. Dans un communiqué daté du 4 septembre, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans-Voix» fustigeait «l’instrumentalisation» des unités de la police nationale mais aussi des Forces armées de la RD Congo (FARDC) et des agents des services de sécurité «par la famille politique du chef de l’Etat». L’association dénonçait également «le recrutement des Congolais pratiquants des arts martiaux pour le compte du PPRD en vue de s’attaquer aux autres congolais en pleine manifestation pacifique.»
Mardi 6 septembre, les militants de l’UDPS et la police se regardaient en chiens de faïence. «La police n’a pas fait son travail, fait remarquer Shabani. Elle devait assurer une égale protection à tous. Ce qui s’est passé n’est rien d’autre que de l’intimidation. L’UDPS et son président ne se laisseront nullement intimider.» On apprenait mardi qu’un manifestant a été abattu à la 7ème rue à Limete. Plusieurs blessés graves sont à déplorer.
Les élections présidentielles et législatives prévues le 28 novembre prochain auront-elles lieu à cette date? Des observateurs y croient de moins en moins...
En deux actes, la capitale congolaise a failli s’embraser lundi 5 et mardi 6 septembre. Le candidat Tshisekedi s’est rendu lundi à un bureau de la Ceni au Quartier Royal où il a procédé au dépôt de sa candidature. Tout s’est passé sans heurts. «Un monde fou escortait le cortège de Tshi-Tshi de Limete à la Gombe, raconte un Kinois joint au téléphone mardi. Parti de sa résidence de la 12ème rue aux environs de 10 heures, le président Tshisekedi a mis près de 6 heures de temps pour atteindre la Gombe. Les combattants chantaient : «Kabila rwandais» ; «Ya Tshi-Tshi zongisa ye na Rwanda». Le cortège a quitté la Ceni aux environs de 15h30». Il faut dire que pour la grande majorité des militants et sympathisants de l’opposition congolaise en générale et de l’UDPS en particulier, "Joseph Kabila" souffre d’un grand désamour. L’homme passe pour un "imposteur". Un "agent de l’étranger" chargé "d’achever le travail de destruction commencé par les Rwandais et les Ougandais".
Attaque
Premier acte. Au retour, un incident s’est produit sur le boulevard Sendwe, commune de Kalamu. Une banderole déployée devant cet immeuble portait ces mentions : «Otumoli Kabila, otumoli ba-jeunes». Traduction : Celui qui s’attaque à Kabila trouvera les jeunes sur son chemin. «Arrivé au niveau d’un bureau du PPRD situé sur cette artère, l’équipe d’avance du cortège a été attaquée par des militants de cette formation politique, explique le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo, joint au téléphone mardi matin à Kinshasa. C’est ainsi que nous avons fait dévier le véhicule transportant le président Tshisekedi qui a rejoint Limete en passant par les avenues de la Victoire, Bongolo et Université.» Selon diverses sources, le bureau du PPRD a été «vandalisé». L’acte est imputé aux «combattants». Ceux-ci disent avoir été «provoqués». Selon Shabani, vers 19heures, la direction de l’UDPS a aussitôt reçu des messages indiquant clairement qu’une «riposte» était en préparation. «Des combattants ont été chargés de monter la garde devant la Permanence avant de se replier vers la résidence du président.» «J’ai téléphoné au général Oleko lui demandant de mettre un dispositif de sécurité pour assurer la protection du siège de l’UDPS et la résidence du président Tshisekedi. Mon interlocuteur s’est mis à rire...», souligne le secrétaire général de l’UDPS.
Deuxième acte. Vers 2 heures du matin, le siège de l’UDPS est incendié. Pour le secrétaire général de l’UDPS, «l’opération a été menée par des éléments de la garde présidentielle et des agents de l’Agence nationale de renseignements». Selon une source, des experts de l’UDPS ont pu suivre les conversations dans le réseau de «talkies walkies» des «services». La rédaction de Congo Indépendant a été tenté sans succès de joindre le gouverneur de la ville de Kinshasa ou un des responsables de la police.
Depuis l’annonce, en septembre dernier, de la candidature du leader de l’UDPS à l’élection présidentielle, le climat politique a quitté sa torpeur pour se muer en une dynamite qui n’attend qu’une étincelle. "La Présidence de la République et les services sont devenus très nerveux", commente un observateur. Le président sortant qui se voyait rempiler sans peine, faute d’adversaires, a été contraint de revoir toute sa stratégie de conservation du pouvoir. Une stratégie qui paraît se fonder non pas sur des réalisations mais sur le triptyque «corruption, intimidation et tricherie».
Intimidation
Lundi 29 août, les «Bami» sud kivutiens Jean-Désiré Kabare, de Kabare, et Pierre Ndatabaye, de Ngweshe, ont été reçus par «Kabila». Les deux chefs traditionnels ne sont pas sortis les poches vides de Kingakati. A l’issue de l’audience, ils ont fait savoir leur volonté de voir le programme des cinq chantiers se poursuivre. Le 1er septembre, l’UDPS et quelques autres partis ont organisé une marche qui devait aboutir devant le siège de la Ceni. Les «marcheurs» ont été réprimés par des éléments de la police anti-émeutes «épaulés» par des karateras et autres judokas, affiliés dans la «Ligue des jeunes» du PPRD. Dans un communiqué daté du 4 septembre, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans-Voix» fustigeait «l’instrumentalisation» des unités de la police nationale mais aussi des Forces armées de la RD Congo (FARDC) et des agents des services de sécurité «par la famille politique du chef de l’Etat». L’association dénonçait également «le recrutement des Congolais pratiquants des arts martiaux pour le compte du PPRD en vue de s’attaquer aux autres congolais en pleine manifestation pacifique.»
Mardi 6 septembre, les militants de l’UDPS et la police se regardaient en chiens de faïence. «La police n’a pas fait son travail, fait remarquer Shabani. Elle devait assurer une égale protection à tous. Ce qui s’est passé n’est rien d’autre que de l’intimidation. L’UDPS et son président ne se laisseront nullement intimider.» On apprenait mardi qu’un manifestant a été abattu à la 7ème rue à Limete. Plusieurs blessés graves sont à déplorer.
Les élections présidentielles et législatives prévues le 28 novembre prochain auront-elles lieu à cette date? Des observateurs y croient de moins en moins...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011