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SACREBOPOL

vendredi 31 août 2012

Insécurité en RDC : la diplomatie congolaise K.O. debout !


« Les États n’ont pas d’amis les États n’ont que des intérêts » disait De Gaulle, bout de phrase célèbre qu’aucun observateur averti des relations internationales ne saurait démentir.

Les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila
Les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila

Il serait donc naturel de concevoir que dans une situation de crise entre deux États, leurs autorités politiques respectives puissent appliquer ce principe dans sa plus grande rigueur.
Et il ne fait aucun doute que le moyen par excellence de la politique étrangère d’un État est sa diplomatie. Par cette diplomatie, un État peut éviter une guerre, accroître son influence et par ricochet asseoir son autorité.
Malheureusement pour la RDC, une grande part de ses sempiternels problèmes d’insécurité semble être la conséquence logique de ses manquements et incohérences dans le domaine diplomatique particulièrement à l’égard du RWANDA.
Si la diplomatie était un combat de boxe, le visage affreusement boursouflé de la RDC aurait certainement contraint son camp à jeter l’éponge tant il serait inhumain de le laisser continuer à subir une telle domination sans réaction adéquate.
Il est en effet révolu le temps où le Grand Congo, principal sous-traitant de la politique américaine en Afrique centrale dictait sa loi aux pays de la région. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et Le Congo n’est plus le relais valable de l’impérialisme américain en Afrique centrale. Beaucoup de spécialistes s’accordent pour justifier cette réorganisation structurelle de la sous-traitance américaine en citant 3 faits majeurs : la chute du mur de Berlin en 1989, le renouvellement de la classe politique américaine dès 1993 soucieuse de mettre à jour certains accords bilatéraux à sensibilité stratégique et enfin la tragédie rwandaise de 1994.
Vous comprendrez donc que le faiseur des rois ait jeté son dévolu sur ce territoire Est-Africain de 26338 km2, grâce aux garanties lui apportées par son sherpa attitré, PAUL KAGAME.
C’est donc avec une certaine assurance que le Rwanda s’ingère quand bon lui semble dans les problèmes internes de son cher voisin prétextant à chaque fois la présence quasi permanente des FDLR sur le sol congolais depuis le génocide de 1994.
A ce jour, il se constate que tous les accords signés entre les deux pays penchent en faveur du Rwanda.
Qu’en est-il aujourd’hui? M23 mouvement rwandais ou mutinerie des FARDC?
Des récents événements, les observateurs et autres analystes tant nationaux qu’internationaux paraissent déboussolés autant par la nébulosité des intentions des « mutins du M23 » que par les réponses apportées par le gouvernement congolais.
L’un des premiers signes de cet apparent embrouillamini est venu de la réaction apathique du gouvernement congolais après qu’une fuite d’une annexe du rapport des experts des Nations Unies relayée par la BBC le 28 mai 2012 ait fait état de l’implication du Rwanda dans la mutinerie du M23.
Interrogé, le porte-parole du gouvernement, le ministre des Médias Lambert Mende, avait nettement pris la défense de Kigali. «Il n’est pas exclu que l’on soit en face d’une provocation de gens qui veulent perturber davantage la situation en créant des problèmes entre le Rwanda et nous. Une vérification est en cours, mais a priori nous n’avons pas d’élément qui puisse confirmer de telles accusations», avait-t-il alors déclaré.
Le 09 juin 2012 soit 12 jours plus tard, nous apprenions par la bouche du même Ministre MENDE que les éléments du rapport faisant état de l’implication du RWANDA étaient corroborés par les conclusions des enquêtes tripartites RDC-RWANDA-MONUSCO initiées le 01 juin 2012 suite aux révélations de la dite annexe (conclusion réfutée par le Rwanda) , mais qu’il n’était nullement question d’agir avec précipitation afin « de ne pas mettre en péril les efforts de paix ». Aux regards des conséquences désastreuses de cette annonce tardive, nous pouvons affirmer sans crainte d’être contredit que le gouvernement a mal apprécié la situation car la confiance de l’opinion nationale en particulier la population kivutienne à l’égard de la loyauté des troupes combattantes s’est quelque peu fissurée faisant ainsi des ces vaillants défenseurs du territoire national les bouc-émissaires d’une gestion calamiteuse de la crise. Ainsi comme un effet domino associé à la conjonction de plusieurs éléments déstabilisateurs les troupes congolaises entamèrent le cycle des revers militaires alors qu’ils avaient jusque là réussi à faire battre en retraite les troupes ennemies, renouant au passage avec certaines vieilles pratiques indignes tels que le pillage et le dépouillement de la population dans les localités d’Epulu le 27 juin 2012, et de Walikale-centre 19 juillet 2012.
Rebelote, le 27 juin 2012, à la suite du même exercice communicationnel, nous assistions avec stupéfaction à une contradiction consternante du ministre par rapport à ses précédentes sorties du 9 juin et du 28 mai. Nous apprenions ainsi de sa bouche que le gouvernement congolais avait initié depuis janvier 2012 une enquête interne suite à la désertion de quelques officiers et que les infos récoltées allaient dans le sens des conclusions du rapport tripartite concluant à la duplicité avérée du RWANDA. Reconnaissant implicitement un mensonge dans sa déclaration du 28 mai cité ci-haut et explicitement une rétention volontaire d’informations.
Par cette révélation passée inaperçue aux yeux de la presse aussi bien nationale qu’internationale, le gouvernement congolais semblait reconnaitre ce que naguère certaines opinions indépendantes lui reprochaient, son apparente complicité.
Car comment expliquer que le gouvernement congolais étant au courant de l’implication du Rwanda dans la mutinerie et ce bien avant la fuite du rapport des Nations Unies, commençât d’abord par défendre le même gouvernement rwandais comme rapporté ci-haut et quelques temps après simulât sa participation dans la commission mixte de vérification pour enfin reconnaitre à demi-mot ce que tout le monde savait y compris lui-même. Cette théâtralisation d’un mauvais genre semblait très peu faire cas des vies humaines en jeu, des centaines de milliers de déplacés congolais ayant placé leur ultime espoir sur ce même gouvernement.
Cerise sur le gâteau, le gouvernement congolais semble s’auto congratuler à chacune de ses sorties s’octroyant à chaque fois un satisfécit « mérité » pour sa conduite diplomatique, ils paraissent complètement ignorants de la réelle cristallisation du mépris populaire pour cette désinvolture affichée.
Autre exemple de flagrance
Le 19 juin 2012 la ministre des affaires étrangères du Rwanda Mme Louise Mushikiwabo était reçue en grande pompe par les autorités congolaises pour échanger sur la situation à l’Est alors que Kinshasa détenait tous les éléments confirmant l’implication du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC. Les autorités congolaises avaient quant à eux justifié cette rencontre par le souci de privilégier le dialogue afin de mettre fin à cette situation.
Cette réunion était donc l’occasion de taper du point sur la table et d’intimer l’ordre au Rwanda de retirer ses troupes de l’Est du Congo. Au lieu de cela les autorités congolaises se sont faites très subtilement remonter les bretelles par la non moins pugnace Louise Mushikiwabo, les sermonnant à la limite et les invitant à « éduquer » la population congolaise à avoir assez de jugeote pour comprendre définitivement que le Rwanda souhaite la pacification du Congo.
Cette petite fessée diplomatique qui sous d’autres cieux pouvait froisser la bonne entente entre 2 États voisins est passée inaperçue dans la presse congolaise tant les autorités elles-mêmes n’en avaient fait cas.
Nous apprenions un jour plus tard soit le 20 juin que La RDC avait saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies lui demandant de condamner fermement le Rwanda suite aux preuves rapportées par ses experts.
À la question de savoir pourquoi les autorités congolaises recevaient la Ministre rwandaise à Kinshasa pour dialoguer et adressaient en même temps une lettre au Conseil de Sécurité lui demandant de condamner le Rwanda , l’un des porte-paroles de la majorité présidentielle au pouvoir à savoir Mr Papy Tamba rétorqua sur le plateau de l’émission Télé Matin de la chaine Télé 50 en date du 23 juin 2012 que l’envoi de cette lettre était consécutive aux propos incendiaires du président KAGAME à Kigali le jour même où se tenait la rencontre bilatérale à Kinshasa entre les 2 pays.
Cette lettre serait donc une réponse ferme du gouvernement congolais, pensions-nous.
Sauf que nous apprenions par la suite que cette correspondance du gouvernement à l’égard du Conseil de Sécurité datait du 14 juin et non du 20 comme a essayé de le faire croire Mr Tamba. La date du 20 juin correspondait en réalité à la date de sa réception officielle.
Élément qui vide de tout son sens l’argument congolais et remet sur la table la question légitime que tout congolais est en droit de se poser : quelles stratégies diplomatiques appliquons nous? Quelles en sont les finalités ?
Le summum de l’ineptie politique est arrivé avec l’acceptation par la RDC du fameux « principe» de la mise sur pied d’une force internationale neutre afin “d’éradiquer” les rébellions actives dans l’est de la RDC et surveiller la frontière commune Rwando-congolaise.
L’absurdité de cet accord réside dans certaines de ses lignes qui consacrent une part belle à la traque des FDLR, revendication ultime du Rwanda. On se demande donc par quelle formule magique les revendications rwandaises ont été retenues en supplantant à la limite celles congolaises alors que la conférence avait été convoquée presque exclusivement pour celui-ci et à la demande de ses autorités.
Quel tour de passe-passe KAGAME a dû utiliser pour sortir de cette conférence sans aucune condamnation de la CIRGL ni de l’Union africaine alors que c’était l’un des objectifs affichés par la diplomatie congolaise. Cette rencontre appelé au départ au chevet du Congo malade a vu ses attentions se retourner vers le Rwanda bien portant.
Le mode opératoire de cette nouvelle opération armée demeure inconnu à ce jour. Hormis l’information selon laquelle l’Union africaine à travers la CIRGL assurera sa mise sur pied. Sa composition et son financement restent un mystère, tout comme la coordination sur le terrain des opérations aux côtés de la Monusco.
Hier encore Nous apprenions par les ondes de la BBC que la traque de Joseph Kony semblait compromise par manque des troupes, d’équipement et de fonds selon le chef de la force de l’Union africaine chargée de le traquer, nous nous questionnons donc sur l’opportunité de la mise sur pied de cette force neutre à déployer le long de la frontière commune par l’union africaine. Kinshasa ne vient-il pas de subir son énième K.O diplomatique???
Et qu’en est-il des dernières condamnations de la communauté internationale?
Serait-ce à cause de la pression du gouvernement congolais?? Une petite analyse s’impose.
Nous avons démontré plus haut que n’eut été le rapport des experts des Nations Unis le monde n’allait découvrir le rôle joué par le Rwanda dans sa déstabilisation du Congo alors même que le principal concerné à savoir le gouvernement congolais continuait à se montrer fébrile sur le sujet.
Souvenons nous le 28 juin nous apprenions que L’administration américaine faisait pression sur l’ONU pour empêcher la diffusion dudit rapport. En essayant de comprendre cette protection des États-Unis de son meilleur allié de la région nous pouvons supposer qu’une mise en cause étayée du rôle du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC pourrait également éclabousser les USA à cause de ses liens privilégiés avec Kigali. Et la cohérence de sa politique étrangère exigerait qu’ils ne soient associés ni de près ni de loin à de telles activités. Le samedi 30 juin 2012 soit 2 jours après, le Département d’Etat franchissait un pas supplémentaire en demandant au Rwanda « d’arrêter et d’empêcher tout soutien à la rébellion congolaise depuis son térritoire ».
Comment se fait-il que l’administration américaine ait finalement tourné casaque en autorisant la publication de ce rapport l’adjoignant d’une suspension de l’aide militaire de 200000 dollar et d’un durcissement de ton face à son traditionnel allié?
Comme dit ci-haut au nom de la cohérence de sa politique étrangère car ayant depuis 4 ans défini la ligne de sa politique étrangère au nom du « smart power » impliquant une prudence au cœur de l’action diplomatique en rupture franche avec la politique prônée par les néo-conservateurs, celle du « hard power » .
Depuis plus de 10 ans l’ONU et plusieurs organisations non-gouvernementales produisent des rapports accusant le Rwanda d’être impliqué dans la tragédie congolaise et le silence associé à l’inaction des USA pourrait à la longue s’interpréter comme un permis d’assassiner, de violer et de piller. Pour Un Etat qui prône les valeurs démocratiques, ces pratiques des alliés font tâche.
Face donc à ce travail mal fait du Rwanda pouvant occasionner des dommages collatéraux graves il fallait se montrer ferme et exemplaire en envoyant un signal fort.
Quant à ceux qui pensent que les USA ne veulent plus soutenir KAGAME à cause de son implication dans le conflit congolais détrompez vous, l’administration américaine ne redéfinit pas sa politique étrangère au gré des humeurs. Ils veulent simplement le punir d’avoir laissé des traces dans son forfait. Cela se confirme d’ailleurs par les déclarations sous anonymat d’un membre du conseil de sécurité à qui il était demandé si la requête congolaise sur la condamnation des officiels rwandais cités dans le rapport avait une chance d’être acceptée? « J’en doute, car il n’y a aucun appétit au sein du conseil pour sanctionner des officiels rwandais. L’idée est plutôt de pousser le Rwanda et la RDC à négocier »
Ainsi, au nom de la communauté d’intérêt et de l’action solidaire la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Allemagne ont emboité le pas aux USA.
Aux regards des éléments démontrés ci-haut nous ne pouvons que recommander aux autorités congolaises d’affuter dès à présent ses armes vers une ligne diplomatique plus claire plus agissante et plus dissuasive ou de déposer car comme dit le proverbe « l’ambition dont on n’a pas le talent est un crime », et dans ce cas le crime est commis envers son propre peuple.

Charis Basoko

Jambonews.net

Le Rwanda retire 280 soldats de RD Congo en accord avec ce pays


Rédaction en ligne

vendredi 31 août 2012, 21:27

Le Rwanda a annoncé vendredi retirer du territoire de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) environ 280 de ses soldats qui étaient engagés dans des opérations conjointes de pacification avec l’armée de ce pays. Le Rwanda ne précise pas le nombre exact de soldats concernés, mais une compagnie est constituée d’environ 140 hommes en général. A Kinshasa, un porte-parole militaire congolais a déclaré à l’AFP « pouvoir confirmer » ce départ. Kinshasa avait « exprimé aux autorités rwandaises » son « souhait » de voir les soldats rwandais partir, a précisé pour sa part à l’AFP le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntamabo. « La présence de ces troupes ne se justifie plus dans le cadre du mécanisme nouveau qui a été mis en place en vue de combattre les forces négatives dans la région », a ajouté le ministre.

http://www.lesoir.be/actualite/le_fil_info/2012-08-31/le-rwanda-retire-280-soldats-de-rd-congo-en-accord-avec-ce-pays-935243.php




RDC: le Rwanda retire environ 280 soldats en accord avec Kinshasa


Le Rwanda a annoncé vendredi retirer du territoire de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) environ 280 de ses soldats qui étaient engagés dans des opérations conjointes de pacification avec l'armée de ce pays.
"A la suite de consultations avec la RDC et la Monusco (mission de l'ONU déployée dans ce pays), le Rwanda retire les deux compagnies de ses forces spéciales qui travaillaient aux


RDC: le Rwanda retire environ 280 soldats en accord avec Kinshasa© AFP

côtés de leurs homologues des FARDC (forces armées de RDC) dans un bataillon conjoint opérant à Rutshuru, dans le Nord Kivu", indique un communiqué du ministère rwandais de la Défense, précisant que les soldats rwandais retourneront dès samedi sur le sol rwandais.
Le Rwanda ne précise pas le nombre exact de soldats concernés, mais une compagnie est constituée d'environ 140 hommes en général.
A Kinshasa, un porte-parole militaire congolais a déclaré à l'AFP "pouvoir confirmer" ce départ.
Kinshasa avait "exprimé aux autorités rwandaises" son "souhait" de voir les soldats rwandais partir, a précisé pour sa part à l'AFP le ministre de la Défense de RDC, Alexandre Luba Ntambo. "La présence de ces troupes ne se justifie plus dans le cadre du mécanisme nouveau qui a été mis en place en vue de combattre les forces négatives dans la région", a ajouté le ministre.
Le ministre fait ainsi allusion aux récentes décisions de principe de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, une organisation des Etats de la région, de déployer une "force neutre" de plusieurs milliers de soldats pour mettre un terme aux agissements de plusieurs milices armées dans l'Est de la RDC.
"A la suite des affrontements entre les FARDC et (le mouvement rebelle) M23, l'environnement opérationnel a changé et en conséquence nous avons planifié et négocié notre retrait depuis un certain temps", a commenté de son côté le général Joseph Nzabamwita, porte-parole de l'armée rwandaise.
Le bataillon conjoint composé de deux compagnies rwandaises et deux compagnies de soldats des FARDC était en place depuis mars 2011, précise le communiqué rwandais.
Le retrait des soldats rwandais apparaît comme un geste de détente de Kigali à l'égard de Kinshasa, après les tensions de ces derniers mois nées des accusations de l'ONU selon lesquelles le Rwanda soutenait militairement un mouvement rebelle dans l'Est de la RDC, le mouvement du 23 mars (M23), ce que Kigali dément catégoriquement. La nouvelle force internationale neutre actuellement en discussion doit notamment viser à neutraliser cette guérilla.
L'armée congolaise combat depuis mai les mutins du M23, issus d'une ex-rébellion congolaise: le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), qui a été intégré dans l'armée en 2009.
L'armée rwandaise était intervenue début 2009 sur le sol de la RDC, aux côtés des FARDC, dans le cadre des opérations intitulées Kimia II et Umoja Wetu, pour combattre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Cette milice est composée de rebelles hutu rwandais, dont certains sont impliqués dans le génocide perpetré contre la minorité tutsi au Rwanda en 1994.
"Le Rwanda et la RDC ont menées des opérations conjointes depuis les opérations Umoja Wetu de janvier février 2009", affirme le ministère rwandais de la Défense, à propos de la présence à ce jour de ses soldats sur le sol de RDC.
Ce mécanisme conjoint, "public" et "officiel", a "succédé" aux opérations militaires de 2009 et les troupes rwandaises restées jusqu'à présent avaient un mandat d'"observation" des mouvements des FDLR au Nord-Kivu, où cette milice commet des exactions contre les civils, a précisé de son côté à l'AFP le ministre de la Défense de RDC Alexandre Luba Ntambo

http://www.jeuneafrique.com/actu/20120831T195940Z20120831T195938Z/rdc-le-rwanda-retire-environ-280-soldats-en-accord-avec-kinshasa.html

Cartes sur table: les quatre vérités du général James Kabarebe



Exclusif : les quatre vérités de James Kabarebe, Ministre de la Défense du Rwanda

A la veille des élections au Congo, l’automne dernier, vous affirmiez que si vous pouviez aider ce pays à se stabiliser davantage, vous le feriez. Au vu de la situation actuelle, qu’est ce qui a mal tourné ?


Ce n’est pas seulement à la veille des élections que nous avons tenté d’aider le Congo. En 2009 déjà, nous avions tenté de résoudre le problème du CNDP (Conseil national pour la défense du peuple), ce qui avait débouché sur l’arrestation du général Laurent Nkunda et la mise à l’écart de beaucoup d’autres groupes, le Pareco, les Mai Mai Kifwawa, le groupe de Nakabaka, le FRC… Tous avaient fini par être intégrés au sein des troupes gouvernementales. Depuis lors, nous avons rétabli les relations diplomatiques avec le Congo, nos présidents se sont rencontrés plusieurs fois. Une évolution aussi positive surprenait tout le monde, y compris nous-mêmes.

Qu’est ce qui s’est passé ? 

C’est une question que nous nous posons aussi, mais personne n’est là pour nous répondre. Mais certaines personnes, surtout en Occident, ont décidé d’interroger le seul Rwanda sur ce qui se passe en RDC.


Au lendemain des élections, le président Kabila a été mis sous pression par la communauté internationale qui exigeait l’arrestation du général Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale. N’y a-t-il pas eu à ce moment une sorte d’accord entre Kinshasa et Kigali pour écarter le général et procéder à son remplacement ?


C’est là que la confusion a commencé.
Pour retracer la genèse de l’histoire, il faut remonter aux accords conclus en 2009 et savoir que, jusqu’au lendemain des élections au Congo et jusqu’au mois d’avril 2012, il n’y a pas eu de problème. En 2009, nous avions aidé à résoudre le problème du CNDP en appuyant l’intégration de ses soldats dans l’armée gouvernementale, de même que les militaires du Pareco, des Mai Mai Kifwawa, Nakabaka, soit une dizaine de groupes. Mais par la suite, la gestion de cette situation aurait du être l’affaire des Congolais eux-mêmes…
Le CNDP (Conseil national pour la défense du peuple) avait donc été intégré à la suite d’un accord signé à Nairobi, sous la supervision des présidents Obasanjo et Mkapa. Le Rwanda avait ainsi contribué à un accord qui, durant trois ans, avait permis de pacifier l’Est du Congo. Or aujourd’hui l’intégration de ces forces a échoué. Cet échec n’est pas le fait du Rwanda, mais il est du à la mauvaise gestion du processus d’intégration des militaires.


Que s’est il passé cette année ci ?

En décembre, au lendemain de son élection, le président Kabila dépêcha un envoyé spécial à Kigali, accompagné de quelques militaires. Le conseiller du président, feu Katumba Mwanke, apportait un message en quatre points : le premier c’est que le président Kabila souhaitait obtenir le soutien du Rwanda pour transférer vers d’autres provinces les soldats d’expression rwandaise qui se trouvaient dans l’Est du Congo. Il souhaitait également notre appui car les Occidentaux le pressaient d’arrêter le général Bosco Ntaganda. Après avoir réalisé ces deux points, nous aurions mené des opérations conjointes pour neutraliser les FDLR. Et enfin, forts d’avoir travaillé correctement ensemble sur les points précédents, nous aurions renforcé la coopération économique entre nos deux pays, relancé plusieurs projets demeurés en suspens.

La délégation nous expliqua que les soldats rwandophones refusaient d’être déployés ailleurs qu’au Kivu et elle espérait que nous réussirions à les convaincre, compte tenu de notre relation historique pas seulement avec les anciens soldats du CNDP mais aussi avec les autres officiers congolais.
D’après eux, ces hommes refusaient d’être transférés dans d’autres parties du pays car Bosco Ntaganda le leur interdisait…Comme de coutume nous avons proposé notre aide même si mon sentiment était que des problèmes de cet ordre devaient être résolus sur une base nationale.
Pour ce qui concerne Bosco Ntaganda, nous avons rappelé que la communauté internationale, qui exigeait l’arrestation de ce dernier, disposait au Congo d’une force de paix onusienne de 20.000 dotés de tanks, d’hélicoptères, de forces spéciales, une force se trouvant en partie à Goma, en face de chez Bosco. Avec lui, les officiers jouaient au tennis, ils fréquentaient les mêmes boîtes de nuit, les mêmes bars et restaurants. Pourquoi ne se sont ils pas chargés de l’arrêter, pourquoi nous ont-ils demandé de le faire ? Nous avons répondu que cette arrestation n’était pas notre affaire, qu’il était un officier congolais très proche du président Kabila, qu’ils avaient fait de curieux business ensemble. Vous souvenez vous de l’histoire de cet avion chargé d’or intercepté à Goma ? De très hauts dirigeants congolais étaient impliqués dans cette affaire. Ntaganda n’était plus sous notre contrôle…
Les membres de la délégation nous ont alors dit qu’ils allaient arrêter Bosco, mais sans le déférer devant la Cour pénale internationale. Nous étions le 5 février et la délégation regagna Kinshasa. Deux jours après cette rencontre, Katumba Mwanke trouva la mort dans un accident d’avion à Bukavu.
Fin mars, le président Kabila renvoya une autre délégation à Kigali, dirigée par le chef des services de sécurité, Kalev, par le colonel Yav Jean-Claude et d’autres. Ils souhaitaient toujours notre assistance car ils ne voulaient pas résoudre les problèmes de l’Est sans notre appui. Quel soutien ? Ils assuraient que Bosco Ntaganda bloquait le transfert de soldats rwandophones dans le reste du pays.
Nous avons alors proposé d’organiser une réunion, à laquelle Bosco Ntaganda participerait et où nous tenterions de le convaincre de le convaincre de laisser ces officiers être déployés ailleurs qu’au Kivu.
La réunion ayant été fixée au 8 avril, le jour dit, nous avons attendu ces gentlemen, mais ils arrivèrent sans Ntaganda car la rumeur avait couru selon laquelle les gouvernements du Rwanda et du Congo se préparaient à l’arrêter. Effrayé, il avait refusé de venir. Les Congolais arrivèrent avec trois officiers, le colonel Sultani Makenka, le colonel Faustin Muhindo et le colonel Innocent Zimurinda. La réunion était censée convaincre Ntaganda, mais ce dernier était absent. « Il a disparu la nuit dernière avec 200 de ses hommes hors de Goma…Peut être se trouve-t-il dans sa ferme du Masisi.. ». J’ai alors fait remarquer que « si Bosco n’est plus là, il ne peut plus empêcher le déploiement de ses officiers, le problème est alors résolu… »
On m’expliqua qu’en fait, il y avait encore un problème et que c’est pour cela que trois officiers étaient là. Nous avons écouté nos interlocuteurs, avec le désir d’aider la RDC, d’une manière amicale, fraternelle. L’importance de cette réunion du 8 avril, c’est qu’il s’agît d’une occasion manquée. Elle marqua le tournant de tout ce qui allait se passer par la suite au Congo.
Si nos interlocuteurs avaient écouté le conseil que nous leur avions donné ce jour là, les choses auraient été bien différentes.
Cette date est cruciale, car lors de cette réunion nous avons écouté les représentants du gouvernement dont Kalev le chef de la Sûreté et le général Yav. Ils ont accusé les officiers rwandophones de refuser d’être déployés ailleurs dans le pays, de ne pas faire partie du système…Kalev a expliqué que le président était déterminé à protéger Bosco Ntaganda, à ne pas le transférer à la CPI mais le faire traduire devant une juridiction congolaise.
Ils ont soulevé tellement de points, j’ai gardé toutes mes notes, les minutes de la réunion… Quant aux trois officiers rwandophones ils ont expliqué : « ce n’est pas Bosco qui nous bloque, mais le fait que beaucoup de points sur lesquels un accord avait été conclu en 2009 n’ont pas été réalisés. Comme préalable à notre déploiement dans d’autres régions du Congo, il fallait rétablir la sécurité au Kivu, régler le problème des FDLR, permettre que nos parents qui depuis tellement longtemps vivent dans des camps de réfugiés au Rwanda puissent rentrer chez eux. » Ils ajoutaient « notre intégration n’a jamais été complète, nous étions payés autrement que les autres militaires, nous avions reçu des grades mais ces derniers n’avaient jamais été confirmés par des arrêtés, et à tout moment nous risquions d’être chassés de l’armée. » Ces officiers évoquèrent la ségrégation, l’exclusion, le fait d’être considérés comme des militaires de deuxième classe… »
De plus ils mentionnèrent le fait que 50 de leurs compagnons d’armes, qui avaient été transférés à Dungu en Province Orientale, avaient été tués en une seule nuit et que le gouvernement n’avait jamais mené d’investigation. Ils citaient le nom du responsable de leur mort, un colonel toujours en service… » « Nous avons été intégrés, certes,mais nous sommes toujours frustrés. Nous étions prêts à contribuer à la paix au Kivu, mais on ne nous aide pas : nous manquons de transport, de communications, de véhicules, d’argent. Rien. Comment pourrions nous ainsi mener des opérations contre les FDLR et d’autres groupes armés ?
Et même lorsque nous entamons ces opérations, les FDLR en sont informés d’avance par des gens qui, depuis les rangs gouvernementaux, leur passent l’information. »
Il y avait tant de plaintes que je ne peux me les rappeler toutes. Je me suis alors adressé à Kalev, lui demandant s’il savait déjà tout cela. Il répondit devant les autres qu’il avait déjà entendu cela tant de fois, qu’il en avait souvent parlé au président mais qu’il n’avait rien pu faire !
J’ai alors demandé comment on pouvait sortir de cette situation. Ils ont répété qu’ils ne pouvaient se déployer hors du Kivu. Les autres ont dit que le gouvernement ne pourrait tolérer l’indiscipline et qu’ils devraient partir. J’ai alors prévenu les représentants du gouvernement, leur disant que cette situation était une bombe à retardement, qu’ils devaient trouver des solutions avant qu’il ne soit trop tard.
Comme je connais très bien la situation du Kivu, que je connais tout le monde là bas, j’ai conclu que l’on se trouvait à la veille d’une guerre. J’ai dit qu’il fallait éviter à tout prix d’en arriver là et que s’ils voulaient quelque assistance, nous étions disposés à les aider à trouver une solution. La guerre, disions nous, va affecter tout le monde, la population congolaise, le Rwanda. De notre point de vue, si la guerre éclate, les FDLR vont regagner du terrain.
A cette même période, le 8 avril, alors que nous recherchions une solution pacifique, le gouvernement congolais envoya vers Goma une importante force militaire, des lanceurs de fusée, des chars T52, des hélicoptères de combat. Goma fut soudain fortement militarisée. Au moment où, avec Kalev le chef de l’information civile et Yav le chef de l’information militaire, nous tentions de résoudre pacifiquement les problèmes, le chef d’état major, le général Etumba et le chef de l’armée de terre Tango Four Amisi débarquèrent à Goma pour renforcer l’effort militaire.
Nous répétions que l’option militaire n’était pas la meilleure, mais ils sont allés de l’avant.
C’ est à ce même moment que des officiers ont commencé à déserter leurs unités, que d’autres ont refusé le déploiement.
Je leur ai alors conseiller de réunifier l’armée, de stopper les transferts, car la situation devenait dangereuse, de se pencher sur l’administration de l’armée, car il y avait beaucoup trop d’irrégularités, de problèmes de commandement, le mécontentement était général.
A propos de Bosco Ntaganda, nous avons dit que s’ il était indiscipliné, cela ne pouvait être toléré, qu’il fallait l’arrêter, où qu’il soit. Ils m’ont dit que cela n’était pas possible car il se trouvait dans sa ferme. J’ai proposé de mener ensemble une nouvelle opération contre les FDLR, de la planifier, de la mener à bien. Quant aux commandants qui avaient refusé de se déplacer, à Kinshasa ou ailleurs, je leur ai conseillé de ne pas être trop durs avec eux, car cela allait créer du chaos. La situation était tellement volatile qu’utiliser contre eux la force militaire pouvait s’avérer dangereux.


Après cette réunion, le président Kabila est venu à Goma, où il a annoncé qu’à tout prix il fallait arrêter Bosco Ntaganda, à tout prix. Ce message était le contraire de ce que j’avais entendu la veille, où on me disait que Bosco pouvait rester dans sa ferme.
A ce moment, il se passait tant de choses ! Lorsque le colonel Zimurinda arriva à Goma, il fut désarmé, mais le même soir, on lui rendit ses armes et son escorte et il rejoignit immédiatement Bosco Ntaganda. Le jour suivant, le colonel Baudouin Ngaruye fut lui aussi désarmé et lorsque le soir on lui rendit ses armes après avoir négocié, il rejoignit Bosco. Le même jour, à Rutshuru le général Amisi donna l’ordre de désarmer tous les soldats de l’ex CNDP. Il y eut alors un clash entre tous ces militaires. Ensuite, à Fizi des officiers de l’ex-Pareco, Saddam et Nsabimana furent désarmés, il y eut des escarmouches et ils fuirent vers Uvira. Le commandant de la région, Delphin Kahimbi, déploya des forces pour les battre à Uvira et Bernard Nyamungu tenta de protéger les fuyards, avant de fuir lui-même vers Bukavu où il fut arrêté. C’est ainsi que commença le chaos.
Quant au colonel Makenga, il retourna à Bukavu après notre réunion. Lorsque le président Kabila arriva à Goma, Makenga était supposé y revenir pour assister à une réunion, et sur la route de Bukavu à Goma, il y eut une embuscade, montée par Delphin Kahimbi. Makenga y échappa et arriva tout de même à Goma mais ne revint jamais à Bukavu.



Cette version est controversée, car selon d’autres sources, Makenga aurait fui par le lac en direction du Rwanda…

Non, il a échappé à l’embuscade et après quelques jours il a appelé Jean-Claude Yav disant qu’il ne pouvait rentrer à Bukavu aussi longtemps que Kahimbi s’y trouverait et il resta à Goma..


Vous êtes sûr qu’il ne s’est pas rendu à Gisenyi à ce moment ?
Non, il est resté à Goma. Makenga n’avait pas l’habitude de venir au Rwanda car il nous en voulait d’avoir arrêter Laurent Nkunda dont il était très proche. Durant ces quelques jours, les combats commencèrent contre Bosco Ntaganda, les FARDC l’attaquèrent dans sa ferme et ils amenèrent des renforts depuis le Sud Kivu. Même Delphin Kahimbi remonta de Bukavu jusque Goma. Le voyant arriver, Makenga quitta Goma à son tour et se rendit à Runyionyi, un endroit qu’il connaissait très bien.
Ce mouvement du colonel Makenga en direction de Runyioni changea tout le scénario de la guerre ; si Bosco n’était pas populaire parmi les soldats, pas même auprès des rwandophones, il n’ en allait pas de même de Makenga : lui il était très populaire auprès des soldats…Son départ provoqua un mouvement de désertion parmi les FARDC..

Les ex CNDP, dans le Masisi, étaient pratiquement vaincus et ils se renforcèrent lorsqu’ils firent mouvement vers Runyonyi. C’est alors que l’on a évoqué l’appui du Rwanda…
C’est faux, hopeless. S’ils étaient vaincus, pourquoi ne furent ils pas capturés ?Entre Masisi et Runyoni, il y a une longue distance, plus de sept heures de route. On aurait pu les arrêter, les bloquer…
Mais un cessez le feu avait été décrété, qui leur a permis de fuir…

Non, il n’y a pas eu de cessez le feu. Ce qui s’est passé, c’est que cette force était intacte, avec ses armes et ses commandants, on ne peut pas dire qu’elle ait été défaite. On l’a peut-être laissée passer, intacte.
Ce qui est important, c’est que lorsque Makenga arriva à Runyonyi, il avait 200 soldats. Dans les jours qui suivirent, ils étaient des milliers : des soldats, des officiers firent alors défection et convergèrent pour rejoindre Makenga, il ne s’agissait pas seulement de rwandophones. D’après nos informations, 80% des forces du M23 sont des Hutus, anciens combattants du Pareco. Bashi, Bahutu, Nande, Barega, beaucoup d’autres groupes rejoignirent le M23. Même des membres de la garde rapprochée du président Kabila, des Katangais, des Kasaïens, firent défection et rejoignirent Makenga, tellement il y avait du mécontentement…


Le mauvais management des troupes est au cœur du problème. Comment pouvez vous envoyer des troupes en opération en leur donnant seulement une poignée de haricots secs ! Au lieu de leur envoyer de la nourriture, vous leur donnez un sac de haricots, sans eau, sans sel, sans riz, sans casserole ni bois de feu… C’est impossible.

On ne peut pas dire que l’armée congolaise a échoué à battre le M23, car le M23 était soutenu par le Rwanda. 

Non. Ils ont échoué parce qu’ils ne peuvent pas se battre, dans les conditions où ils se trouvent. Ils ne tueraient même pas un rat…..


Ils pourraient se battre s’ils étaient nourris correctement…

La nourriture ne suffit pas. Il faut aussi une bonne structure de commandement…Après avoir rejoint les rangs du M23, les soldats déserteurs commencèrent à mieux se battre. Pas seulement à cause de la nourriture, mais parce qu’ils se battaient contre un système qui les maltraitait… Dire que le Rwanda soutenait le M23, c’est faux et je vais vous le démontrer…

Vous dites qu’aucun renfort n’a traversé la frontière ?

J’ai connu cette région autrefois. Runyonyi ne se trouve pas sur la frontière, marcher depuis la frontière rwandaise jusque Runyonyi, cela prend au moins onze heures de marche, il faut traverser la forêt car il n’y a pas de routes, il n’y a aucun lien entre Runyonyi et le Rwanda. Toute cette histoire de soutien que le Rwanda aurait apporté est une manipulation. Mais une manipulation très compliquée. Elle implique le gouvernement congolais désireux de sauver la face après sa défaite militaire et sommé d’expliquer pourquoi ses soldats n’ont pas combattu. Elle est soutenue par l’Occident, déçu par le fait que Bosco Ntaganda n’ait pas été arrêté par la Cour pénale et que le Rwanda n’a pas coopéré à cette arrestation. Le Rwanda est puni car il n’a pas coopéré pas avec la Cour pénale internationale, cela, c’est le fond du problème. Tout le monde sait que le Rwanda n’a pas un seul soldat au sein du M23, ne lui donne aucun soutien. Même les Congolais savent cela, ils nous le disaient à titre individuel, mais ils devaient sauver la face…

Mais à Goma fin juin, des transfuges ont témoigné du fait qu’ils avaient été recrutés au Rwanda pour venir combattre au Congo…Que faut-il en penser ?

Vous connaissez le Congo, vous savez comment Goma, Bukavu, c’est un melting pot de mensonges, diffusés à la radio par le gouverneur, le ministre de l’information…

Tout de même, ceux qui ont diffusé ces témoignages que vous qualifiez de mensonges ont été nombreux, issus de différents milieux, y compris des observateurs des Nations unies…


C’est pourquoi je parle d’une machination contre le Rwanda, en connivence avec le gouvernement congolais et la communauté internationale. C’est ainsi. Le problème est là. La Monusco a été au Congo durant plus de dix ans, et elle n’a rien résolu. Elle fait du business avec les FDLR, fait commerce avec l’or, le coltan, nous savons tout cela.
Quant au groupe d’experts de l’ONU, ces jeunes hommes et femmes qui ont rédigé le rapport, comme Steven Hege, qui prône la négociation avec les FDLR, il a aussi été manipulé par le gouvernement congolais.
Comment les Nations unies peuvent elles désigner comme experts des gens aussi jeunes, aussi peu expérimentés, qui se perdent même dans les acronymes. Même leur intégrité est sujette à caution…Ils n’ont pas le niveau de compréhension minimum nécessaire dans cette région.
Pour nous, nous n’allons pas cesser d’avoir des contacts avec la RDC. Des le 1er mai, nous avons eu des contacts au niveau de l’état major. Ils nous ont demandé de les aider et nous allons le faire. Nous leur avons rappelé que le 8 avril ils avaient manqué une occasion d’éviter la guerre. Nous leur avons demandé de stopper les combats afin que nous puissions voir que faire, comment les aider.
A cette époque, nos interlocuteurs congolais nous demandaient explicitement de déplacer nos forces à l’intérieur du Congo, afin de les aider à régler le problème. Nous avons
refusé de bouger nos forces..


Cependant vous aviez des forces basées à Rutshuru…

Oui, elles étaient destinées à combattre les FDLR. Il s’agît de deux compagnies de forces spéciales, aux côtés de deux compagnies de forces spéciales congolaises. Cela fait deux ans qu’elles sont là et elles y sont toujours…

Le 3 mai nous avons eu une autre rencontre à Kigali, avec le ministre de la défense congolais et lui aussi nous a demandé d’intervenir. Mais nous ne pouvions pas voir comment on pourrait régler militairement ce problème. Le 12 mai, nouvelle rencontre des ministres de la défense à Rubavu, ils refont la même demande. Le 18 mai, autre réunion à Kigali, le 26 mai nouvelle rencontre, toujours à Kigali, incluant le ministre congolais des affaires étrangères. A ce moment, la défaite des forces gouvernementales était flagrante. Et c’est à cette réunion, que, pour la première fois, les Congolais ont commencé à accuser les Rwandais d’avoir aidé le M23, et cela alors que nous avions déjà eu tant de réunions, pour examiner comment les aider.
Ils ont seulement mentionné cette accusation et de notre côté nous avons dit que certains commandants avaient intégré des FDLR. Nous avons proposé de mettre en place un mécanisme de vérification commun.
Le 29 mai, les chefs d’état major ont lancé le mécanisme de vérification pour dissiper les rumeurs. Le 19 juin, il y eut un nouveau meeting à Kinshasa mais deux jours auparavant le gouvernement congolais, aux Nations unies, avait accusé le Rwanda…


Entre-temps, à Goma, des transfuges avaient expliqué à la Monusco qu’ils avaient été recrutés au Rwanda pour rejoindre le M23…


Nous avions été informés du fait que l’on était en train de fabriquer des preuves pour mettre en cause le Rwanda et nous en avions informé nos interlocuteurs congolais. Nous leur demandions pourquoi ils faisaient cela.
Il y a d’abord eu le cas de ces 11 personnes, des FDLR qui se trouvaient dans le camp de Mutobo et qui furent envoyés à Runyonyi. Après que j’en aie parlé au colonel Yav, l’histoire disparut. Mais elle resurgit ensuite et on retrouva ces 11 transfuges dans le camp de la Monusco. Kalev, le chef de l’ANR, est à l’origine de toutes ces manipulations, l’histoire a été fabriquée à Goma, présentée à la Monusco et de là elle est partie aux Nations unies…
Il y a tant d’histoires… Jusqu’à la dernière où il est question d’un capitaine Saddam qui fut capturé quelque part par les FARDC. On trouva sur lui une carte d’identité rwandaise et on le présenta au groupe d’experts de l’ONU. Or nous ne connaissons pas cette personne, il n’est pas repris sur les listes de notre armée… La vérité, c’est qu’alors que nous nous trouvions à Goma pour une réunion, le chef de l’intelligence militaire congolaise vint me voir dans ma chambre et, à propos de l’histoire de ce capitaine, il me dit « nous commettons une grande erreur en fabriquant ce genre d’histoires contre le Rwanda, cela nous a déjà coûté tellement cher…Ce capitaine Saddam appartient l’armée congolaise, mais c’est Kalev qui a décidé de fabriquer une fausse carte d’identité rwandaise et d’envoyer ce témoignage truqué aux Nations unies…Comment imaginer que des décisions soient prises sur de telles bases ? »


Si le Rwanda est victime d’une machination, elle est tout de même énorme, avec la participation de personnes différentes, c’est beaucoup…


Il y en a eu tellement, c’est vrai… Mais voyons maintenant les choses en face: les Congolais sont victimes d’un chaos qu’ils ont créé eux-mêmes, la communauté internationale le sait, j’ai les minutes de la réunion des onze ministres des affaires étrangères de la conférence sur la sécurité dans les Grands Lacs, à Nairobi. Le gouvernement congolais y déclare très clairement que la première cause de l’instabilité dans l’est du Congo, c’est la pression internationale mise sur l’arrestation de Bosco Ntaganda. Et ensuite, on met la responsabilité sur le Rwanda !
Quant à nous, nous poursuivons réunions et contacts avec les Congolais. Mais il nous est arrivé de voir débarquer à Kigali deux délégations venues du Congo., Chacune a son propre message, différent de l’autre, et refuse une réunion commune…C’est une confusion totale.
Mais ce qui est très clair, c’est que le président Kabila a été nourri de mensonges par ses gens sur le terrain…
Je crois qu’en commençant cette guerre, les Congolais ont pensé que ce serait une opération rapide. Ils se sont surestimés. Mais lorsque les choses ont commencé à changer sur le terrain, ils ont commencé à chercher un prétexte, et à désigner le Rwanda. D’autant plus facilement que chaque fois que quelque chose ne va pas au Congo, on désigne le Rwanda. A cela s’est ajoutée la frustration de l’Occident qui voulait arrêter Bosco Ntaganda et poussait le président Kabila à le faire. Tout cela engendré un grand chaos.


Je reviens avec la même question : vous pouvez mettre en cause les experts de l’Onu, leur compétence, leur niveau, vous pouvez dénoncer Kalev et les manipulations de l’ANR, mais ne croyez vous pas que les Américains, les Britanniques, et même les Belges ont eux aussi leurs sources d’information. Or tous confirment les mêmes faits. Sont ils tous victimes d’une hallucination collective ?


Nous avons de grosses ambassades au Rwanda, et elles ont les moyens de faire du renseignement. Elles surveillent certainement les mouvements de troupes, de logistique, les mouvements vers la frontière. Or depuis les six dernières années au moins, il n’y a aucun mouvement vers la frontière…Comment le Rwanda pourrait il combattre en RDC sans qu’aucun mouvement ne soit visible ?
Ce qu’elles racontent, ce sont des informations qui leur ont été transmises depuis l’autre côté de la frontière, rien de ce qu’elles ont constaté elles mêmes… Au Rwanda même, elles n’ont rien vu…
Comment, dans ce pays très peuplé, le passage de centaines de soldats, d’armes, de camions aurait il pu passer inaperçu ? Aucune preuve ne peut être fournie…


Le ministre belge Reynders a laissé entendre que des « éléments rwandais non contrôlés » pourraient être impliqués. Cela vous paraît il possible ?

Je suis sûr que les militaires rwandais sont plus contrôlés, mieux organisés que les Belges. Si des éléments incontrôlés existent quelque part, ce serait plutôt dans l’armée belge qu’au sein de l’armée rwandaise. L’armée rwandaise est solide, bien organisés, bien commandée, bien disciplinée, des éléments incontrôlés en son sein ne peuvent pas exister…

Et des recrutements incontrôlés, de Tutsis d’origine congolaise qui se trouveraient en territoire rwandais, c’est impossible aussi ?

Cela, c’est possible. Nous avons camps de réfugiés, à Buyumba, Gatsibo, Kibuye et Kigeme et d’autres réfugiés ne sont pas dans des camps. Qu’il y ait des recrutements dans ces milieux là, c’est très possible, à 100%. J’ai dit aux Congolais que s’ils avaient des informations à propos de ces recrutements, ils pouvaient nous les donner, pour que nous y mettions fin. Mais les Congolais préfèrent faire du bruit et accuser le Rwanda…


Des intérêts privés, mafieux, auraient ils pu être mêlés à tout cela ?

C’est de l’imagination, de la fantaisie, de la confusion totale. Comment le Rwanda pourrait il tolérer de tels mouvements ? La société rwandaise est très disciplinée, nous ne pouvons avoir de tels éléments…Et même si cela était, cela n’expliquerait pas comment toute une armée a pu être battue par quelques centaines d’éléments…Vingt deux mille éléments, équipés de tanks, d’hélicoptères ont été mis en échec par quelques centaines de mutins. Cela montre qu’au Congo il n’y a ni gouvernement ni armée, seulement un grand vide.


Tous ces constats étant faits, la pression étant mise sur le Rwanda, quelles sont les pistes de solution ?

Rwanda n’est pas sous pression. Croyez vous vraiment que les Nations unies pourraient mettre le Rwanda sous pression ? C’est un non sens. Même les sanctions ne nous effraient pas, elles ne signifient rien…

Mais si des fonds sont coupés, des budgets bloqués, cela peut faire mal…


L’argent ce n’est pas un problème. Dans la brousse nous avons déjà survécu sans ressources…Sans aide, nous nous développerons mieux, cela nous donnera plus d’énergie encore. S’ils en sont au point de baser leurs sanctions sur des mensonges, laissons les faire, cela ne risque pas d’influencer le Rwanda. Au Congo, nous n’avons pas commencé ces histoires, nous ne les avons pas soutenues et aujourd’hui nous n’allons pas y aller pour nettoyer leur désordre.
Nous compterons sur nous mêmes comme nous l’avons toujours fait…


Quelles sont les solutions possibles ?

C’est aux Congolais qu’il appartient de les trouver. Et aussi aux Etats membres de la Conférence internationale sur la sécurité dans les Grands Lacs, qui vont se revoir le 5 septembre. Je ne suis pas sûr que la force neutre verra jamais le jour. Par contre ce qui fonctionnera, c’est le mécanisme conjoint de vérification, qui sera composé de trois représentants de chacun des Etats membres de la conférence. Le commandement sera exercé par l’Ouganda, le numéro deux sera originaire de Brazzaville, les autres viendront de RDC, du Rwanda, du Burundi, de l’Angola, de la Tanzanie…Ces officiers vérifieront la frontière entre la RDC et le Rwanda, ils contrôleront aussi sur le terrain l’application du cessez le feu entre l‘armée congolaise et le M23 et la présence des FDLR sur le terrain. Tout cela en attendant l’éventuel déploiement de la force neutre. Si elle vient jamais…

Des négociations avec le M23 sont elles envisageables ?


Cela dépend de ce que décidera la conférence. Maintenant il faut laisser jouer les mécanismes régionaux. Nous nous référerons aux décisions de la Conférence présidée par l’Ouganda…
Si l’on veut sortir de cette crise, il faut que la communauté internationale comprenne qu’en exerçant des pressions sur le Rwanda à propos de la situation en RDC, elle ne fait pas de bien à la RDC : les problèmes sont nés là, c’est là qu’ils doivent être résolus. Et les Congolais doivent savoir que la solution à leurs difficultés ne viendra pas de la communauté internationale, mais d’eux-mêmes. C’est en comptant sur eux-mêmes, en construisant leurs propres mécanismes de gouvernance, leur propre système que les Congolais s’en sortiront… …
Si à Kinshasa ou au Kasaï les gens ont faim et se révoltent, en quoi le Rwanda est il responsable de cette situation ? Où est le lien… Si les Congolais continuent à rechercher à l’extérieur les causes de leurs problèmes, ils rencontreront plus de difficultés encore…C’est en eux-mêmes qu’ils doivent rechercher les solutions…


Propos recueillis à Kigali le 29 août
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/08/29/cartes-sur-table-les-quatre-verites-du-general-james-kabarebe/

jeudi 30 août 2012

Et si la guerre dans l’est du Congo était liée au pétrole?



Depuis le déclenchement de la rébellion du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo et le soutien supposé du Rwanda aux mutins, des questions se posent sur les réelles visées de cette énième rébellion.
Le Potentiel, quotidien paraissant à Kinshasa, la capitale, croit connaître la «cause profonde» de ce conflit.
«Kigali vise le contrôle du pétrole de Rutshuru», titre le journal.
Les mutins du M23 affirment ne pas bénéficier du soutien des voisins rwandais, alors que les derniers rapports des experts des Nations unies apportent des preuves du soutien de Kigali et des haut dignitaires du régime de Paul Kagame.
Un soutien qui vise le contrôle des minerais.
Selon Le Potentiel, «le régime de Kigali, friand des richesses congolaises, ne se contente plus que du coltan et autres terres rares. L’appât du pétrodollar est à la base de l’occupation de Rutshuru » (province du Nord-Kivu, Est de la RDC ndlr)».
Le pétrole congolais n’est pas seulement l’objet des convoitises du Rwanda. En province Orientale, l’Ouganda exploite déjà l’or noir dans les eaux profondes du Lac Albert. L’Angola aussi se sert dans les eaux territoriales congolaises.
Dans la partie qu’occupe le M23, jusqu’alors, le pétrole n’intéressait pas autant le Rwanda.
«Les réserves enfouies dans le sous-sol de Rutshuru seraient estimées à plusieurs milliards de barils. Des indices qui auraient vraisemblablement convaincu Kigali de tenter une nouvelle aventure dans la partie est de la RDC, en montant de toutes pièces une rébellion aux idéaux visiblement obscurs, note Le Potentiel. Kigali vient donc de se découvrir la vocation de se transformer également en pays exportateur du pétrole qui lui faisait cruellement défaut.»
Le quotidien de Kinshasa estime que les raisons avancées par les rebelles du M23 ne sont que prétextes.
«La guerre dans l’est a réellement l’odeur du pétrole. Les revendications, publiquement présentées par le M23, ne sont qu’une façon de détourner l’attention de l’opinion sur les gros enjeux de l’Est de la RDC», souligne le journal.
Les vraies motivations seraient de faire du Rwanda le sous-traitant des richesses de la RDC.
C’est sous cet angle qu’il faudrait analyser l’installation, récente, de l’administration de cette rébellion dans les zones sous leur contrôle.

Lu sur : Le Potentiel

http://www.slateafrique.com/93413/la-guerre-dans-l%E2%80%99est-du-congo-etait-liee-au-petrole

AFFAIRE JEAN-PIERRE BEMBA GOMBO: PROCÈS, TÉMOIGNAGES ...

L’expert a déclaré que M. Bemba ne commandait pas de troupes dans le pays en conflit
Selon l’expert, les forces armées de la RCA n’avaient pas pu laisser les soldats congolais conduire des opérations de manière indépendante et être perçus comme ceux qui auraient restauré l’ordre. « C’est une question de fierté nationale que de voir les forces armées nationales impliquées dans les opérations au lieu de les laisser à des forces étrangères », a-t-il déclaré. Par conséquent, les forces congolaises ne pouvaient avoir conduit leurs propres opérations militaires.
Le général Seara a servi dans l’armée française pendant 37 ans et est spécialisé dans le renseignement, les affaires civilo-militaires, la formation et le commandement. Il a également servi dans l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Bosnie-Herzégovine de 2004 à 2006.
L’expert a également déclaré aujourd’hui que Mustafa Mukiza, le commandant des troupes congolaises déployées dans le pays voisin, était en opération « loin des commandants [centrafricains] qui commandaient toutes les forces loyalistes ». Qui plus est, le général Mukiza « était sous les ordres des forces de la RCA et de personne d’autre ».
« Il a obéit aux ordres qu’il a reçu. Je ne vois pas comment il aurait pu agir autrement », a déclaré l’expert. « Ils [le MLC] avaient un rôle à jouer. S’ils avaient mené leurs propres opérations, ils auraient été expulsés ».
http://french.bembatrial.org/2012/08/lexpert-a-declare-que-m-bemba-ne-commandait-pas-de-troupes-dans-le-pays-en-conflit/
« Il n’aurait pas été possible dans les circonstances que nous connaissons que M. Bemba commande le colonel Mustafa en utilisant un téléphone Thuraya », a-t-il déclaré. Il a ajouté que toute information qui aurait été partagée entre les deux personnes aurait été une « information de source ouverte à tous ».
L’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba a demandé au témoin s’il était possible de commander une force située à l’étranger qui était impliquée dans des opérations conjointes avec d’autres forces. L’expert a répondu que cela n’était pas possible. Il a déclaré que, une fois que les soldats du MLC ont été appelés pour travailler avec les forces centrafricaines, été nourris, équipés, hébergés et devant honorer les ordres des autorités de ce pays, à ce moment-là ces soldats ont été intégrés aux forces nationales et ne pouvaient s’engager dans leur propre guerre.
« Tous les contingents d’une force multinationale sont sous le même commandement. Ils [le MLC] se sont engagés dans une guerre définie par la République centrafricaine », a affirmé le général Seara.
« M. Bombayake a reçu l’ordre d’organiser les forces de la RCA et les forces alliées, y compris le MLC. Le général Bombayake est devenu le chef de M. Mustafa », a expliqué l’expert. Le général Ferdinand Bombayake a dirigé la garde présidentielle centrafricaine qui a mené le combat contre les insurgés.
Entretemps, les documents présentés devant la Cour aujourd’hui ont montré que le gouvernement de la RCA a autorisé la fourniture d’éléments militaires, notamment l’attribution de fréquences radio, des équipements de communication, des armes, des uniformes et un soutien logistique aux troupes congolaises.
Le général Seara a déclaré que lorsque les troupes de l’accusé étaient arrivées en RCA, elles avaient été équipées et habillées « de la même façon » que les forces armées centrafricaines. Les uniformes fournis aux soldats étrangers n’étaient différents de ceux des forces nationales locales que par le fait qu’ils ne portaient pas de bérets, de grade et d’insigne.
L’expert a également indiqué que les autorités centrafricaines avaient offert aux soldats étrangers une indemnité pour acheter de la nourriture dans les marchés de la capitale Bangui.
« Lorsque vous avez mené votre analyse, y avait-il des cas de pillages ou de vols dus au manque de nourriture ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.
« Non. Au contraire, les témoins que j’ai interviewés à Kinshasa étaient totalement satisfaits de la manière dont ils avaient été nourris », a répondu le général Seara.
L’expert blâme les rebelles de M. Bozizé pour les atrocités « J’ai remarqué dans les documents que j’ai analysés et dans les interviews conduites que les personnes subissaient des pressions pour rester loyales aux forces rebelles et pour coopérer dans la mesure du possible avec ces forces que cela leur plaise ou non », a déclaré aujourd’hui l’expert, le général Jacques Seara. « Nous devons savoir que M. Bemba avait d’autres préoccupations en dehors de celles de la RCA. Il avait d’autres brigades au Congo pour des questions plus immédiates d’ordre politiques », a déclaré le général. Il a expliqué qu’il était important de ne pas confondre le rôle de M. Bemba joué dans son pays en tant que commandant en chef du MLC avec le rôle qu’il a joué en mettant à la disposition de M. Patassé certaines de ses troupes.

mercredi 29 août 2012

Hollande participera au sommet de la Francophonie à Kinshasa


Hollande et le piège de Kinshasa


Le XIVe Sommet de la Francophonie doit se tenir à Kinshasa en octobre prochain. Un bien mauvais endroit et un très mauvais moment pour le président François Hollande, qui hésite encore à se rendre en République démocratique du Congo (RDC). Paris a demandé des gages à Kinshasa sur le dossier des élections "frauduleuses" de 2011 et le procès Chebeya. Il semble peu probable que les autorités congolaises fassent la moindre concession. En se rendant à Kinshasa, François Hollande sera perdant sur tous les tableaux. Explications.

siège OIF francophonie.jpg
A deux mois du Sommet de la Francophonie de Kinshasa, fixé en octobre prochain, la venue de François Hollande dans la capitale congolaise fait toujours débat. Depuis les "graves irrégularités" des élections de novembre 2011, dénoncées par la mission de l'Union européenne, le nouveau président français semblait hésiter à se rendre à Kinshasa. L'opposition congolaise, soutenue par de nombreuses ONG internationales étaient vent debout pour dénoncer le régime du président Joseph Kabila. Un régime, qui "n'est pas un Etat de droit, mais policier", selon le principal parti d'opposition, l'UDPS. Pour les opposants au président Kabila, le Sommet de la Francophonie "n'a rien à faire à Kinshasa, un pays où l'on truque les élections et où on assassine les militants des droits de l'homme".

Deux dossiers "chauds"

Le 9 juillet, après une rencontre entre François Hollande et Adbou Diouf, à la tête de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l'Elysée estimait que « les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». Deux dossiers sont particulièrement embarrassants pour le nouveau président français. Il y a tout d'abord les élections "frauduleuses" de novembre 2011, qui nécessitent une réforme complète de la CENI (la Commission électorale) et le départ de son président Daniel Ngoy Mulunda, jugé trop proche de Joseph Kabila. Le deuxième dossier concerne le procès de l'assassinat du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, qui doit aller à son terme. Toutes les pistes convergent vers la mise en accusation de John Numbi, le chef de la police. Mais cet ancien bras droit du président Kabila chargé de la sécurité, n'est toujours pas arrêté.

"Kabila ne lâchera pas Mulunda"

Paris a donc souhaité que Kinshasa donne rapidement des gages de bonne volonté sur ces deux dossiers. Selon un spécialiste bien informé de la région, il semblerait que Kinshasa ne fera aucune concession sur ces deux sujets. Concernant la réforme de la CENI, toujours d'après ce spécialiste, "Kabila ne veut pas lâcher Mulunda", le très contesté président de la CENI et ce, "malgré les fortes pressions internationales". Un projet de loi serait pourtant à l'étude à l'Assemblée nationale pour le 15 septembre. Compte tenu de l'importance du sujet, il y a donc peu de chance que ce projet soit voté avant la tenue du Sommet, prévu le 12 octobre. Le "toilettage" de la CENI se fera donc "à minima", le projet de réforme proposé par l'opposition en juin 2012 étant déjà très timide. Du coup, le calendrier électoral reste toujours au point mort, avec un grand point d'interrogation concernant la tenue des élections provinciales, qui bloquent par conséquent, la bonne marche du Sénat. Côté financier, les bailleurs ne sont toujours pas au rendez-vous, devant le flou électoral maintenu par Kinshasa. Sur ce dossier, il y a donc peu de chance que Paris obtienne des actes forts de la part de Kinshasa. Et si concessions il y a, "elles seront cosmétiques" selon ce spécialiste.

Numbi arrêté et… relâché

Le deuxième dossier brûlant entre Paris et Kinshasa concerne le procès Chebeya qui passe actuellement en appel. L'assassinat de ce célèbre militant des droits de l'homme en juin 2010 avait profondément choqué l'opinion internationale. L'enjeu principal de l'appel consiste à remonter à John Numbi, le "commanditaire" présumé du meurtre. Chef de la police congolaise à l'époque, Numbi était aussi le monsieur sécurité du président Kabila. Mis "au vert" par Kabila lui-même, les parties civiles demandent sa comparution devant le tribunal… en vain. Paris souhaitait également dans ce dossier que la justice puisse faire son travail. Mais il y a peu de chance de retrouver John Numbi dans le box des prévenus. Il y a déjà eu une tentative d'arrestation (peu médiatisée) de Numbi à la mi-juillet 2012 à Lubumbashi, au Katanga. L'ancien chef de la Police a été brièvement interpelé pendant deux jours, puis relâché après "une longue discussion avec Joseph Kabila". Comme Mulunda, il semble donc peu probable que le président congolais laisse tomber Numbi après l'épisode de la tentative d'arrestation.

Le dossier rwandais s'invite à Kinshasa

Autre mauvais timing : la reprise de la guerre à l'Est de la RDC, où une rébellion, le M23, soutenue par le Rwanda, tient tête à l'armée congolaise au Nord-Kivu. La rébellion contrôle plusieurs localités, dont Bunagana et Rutshuru. Le Sommet de la Francophonie constituera la première sortie africaine de François Hollande. Le nouveau président français va donc se rendre dans un pays virtuellement en guerre contre son voisin rwandais, ce qui pose évidemment un sérieux problème pour la France, compte tenu des relations orageuses entre Paris et Kigali, depuis le génocide de 1994. La guerre à l'Est, met François Hollande dans un embarras politique certain, d'autant que la RDC a poussé Paris à prendre des positions publiques contre le Rwanda. Pour François Hollande, le Sommet de Kinshasa se déroule donc au mauvais moment, au mauvais endroit.

Selon des observateurs de la région, François Hollande sera "perdant-perdant" en rendant à Kinshasa. Selon un spécialiste, "le président français risque de perdre sur tous les tableaux : sur les concessions qu'il n'obtiendra pas, sur le dossier rwandais et enfin (peut-être le plus important) sur ses propres principes (démocratie, bonne gouvernance, droits de l'homme… )". Faire le Sommet de la Francophonie à Kinshasa, c'est "récompenser les mauvais élèves au détriment des bons". Toujours selon ce spécialiste, "d'autres pays auraient d'ailleurs pu accueillir le Sommet de la Francophonie : le Sénégal, où les élections se sont déroulées convenablement ou encore en Tunisie, où il faut au contraire appuyer une transition politique. La solution aurait pu être de délocaliser le Sommet comme pendant la crise de Madagascar en 2010" (le Sommet s'était tenu en Suisse, ndlr).

Décision "imminente"

La diplomatie ayant horreur de la "chaise vide", le boycott du Sommet de la Francophonie semble exclu par le président français, "personne ne comprendrait" aurait-on dit à l'Elysée. Reste la délocalisation ou le discours "musclé" sur la démocratie et les droits de l'homme. La première solution serait sûrement la bonne, mais un peu tardive, la seconde risque de placer François Hollande devant ses propres contradictions : vouloir donner une "leçon à l'Afrique", comme un certain Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007.

Christophe RIGAUD
Photo : Siège de l'OIF à Paris © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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Hollande ira à Kinshasa, et promet de 'tout dire' et de rencontrer l'oppositionHollande ira à Kinshasa, et promet de "tout dire" et de rencontrer l'opposition© AFP
François Hollande a tranché: il se rendra bien, en octobre, en République démocratique du Congo pour le sommet de la Francophonie. Mais, pour ne pas servir de caution au régime de Joseph Kabila, le président français promet de "tout dire" et de rencontrer l'opposition.
Cette visite en RDC - ancien Congo belge et ex-Zaïre - sera le premier voyage officiel en Afrique du nouveau président français élu en mai. Ces derniers mois, plusieurs associations congolaises et françaises avaient demandé au président français de "ne pas se rendre à Kinshasa", pour éviter de conforter le régime autoritaire et contesté de Joseph Kabila. Au pouvoir depuis 2001, Kabila a été élu à la présidentielle de 2006, réélu en 2011, mais ces scrutins ont été entachés d'irrégularités relevées par des missions d'observation nationales et étrangères. Et le pays reste en guerre dans l'Est où des combats opposent depuis mai l'armée à des mutins. Lundi, dans un discours évoquant la "nouvelle donne" qu'il veut établir avec l'Afrique, M. Hollande a souligné l'importance d'un "enjeu": "en 2050, 80% des Francophones seront africains, 700 millions de femmes et d'hommes". Puis il a officiellement confirmé sa participation au 14e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa. "J'y rencontrerai l'opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C'est le sens de la nouvelle politique africaine de la France: tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait", a-t-il assuré. Cette annonce met fin à un débat "ira ou n'ira pas à Kinshasa?" sans réel suspense. "Cela aurait vraiment été rêver que de croire que le président français ne vienne pas à un sommet sur la francophonie", a aussitôt commenté le porte-parole du gouvernement congolais, satisfait. Pays francophone le plus peuplé au monde, la RDC n'a jusqu'à présent jamais accueilli de sommet de la Francophonie. En 1991, la conférence prévue à Kinshasa avait été délocalisée à Paris en raison des violations des droits de l'Homme du régime de Mobutu (1965-1997), rappelle-t-on à l'OIF. Cette fois encore, le principal parti d'opposition en RDC, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), avait réclamé la délocalisation du sommet. Mais d'autres voix s'étaient élevées pour plaider une participation au sommet de Kinshasa pouvant permettre de "briser l'isolement des militants des droits de l'Homme locaux", selon le député socialiste français Pouria Amirshahi. "Il aurait été très facile de dire à propos de Kabila: +ce type-là est infréquentable, je ne le fréquente pas+, mais un boycott ne ferait en rien avancer la situation en RDC", a également plaidé Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), interrogé par l'AFP. "Certes, Hollande n'ira pas faire un procès de Kabila mais il pourra faire passer un message fort", a-t-il estimé. Le 9 juillet, M. Hollande avait lui-même affirmé: "les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l'Etat de droit", dans un pays marqué en 2010 par l'assassinat du militant des droits de l'homme Floribert Chebeya. Depuis, le pouvoir congolais a mis à l'ordre du jour parlementaire un projet de réforme de la Commission électorale, évoqué la création d'une commission des droits de l'Homme. . . "Des résultats encore bien trop minces pour être satisfaisants", juge Cécile Marcel de l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) France. "François Hollande aurait parfaitement pu se faire représenter à Kinshasa par un ministre" et "a manqué l'occasion de concrétiser la rupture promise", a estimé le président de l'association Survie, François Tarrit. "Il ne se démarque pas vraiment de la politique africaine de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy était allé en 2009 en RDC et on avait vu cela comme un empressement à aller gagner des marchés pour la France", a-t-il rappelé.
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Le Président se rend à la Françafrique

Hollande ira finalement à Kinshasa pour le sommet de la francophonie.

Par THOMAS HOFNUNG
On allait voir ce qu’on allait voir. Durant la campagne, le candidat Hollande avait laissé planer la menace d’un boycott du 14e sommet de la francophonie, prévu à Kinshasa les 13 et 14 octobre (Libération d’hier), dans un pays gangrené par la corruption et la violence. Le tombeur de Nicolas Sarkozy promettait de marquer ainsi la rupture avec l’ère de la Françafrique, quand bien même la république démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge, n’en fait pas historiquement partie.
Plan B. Mais le principe de réalité diplomatique l’a finalement emporté. Hier, lors de la conférence des ambassadeurs à Paris, le chef de l’Etat a annoncé qu’il se rendrait à Kinshasa dans quelques semaines. Ce sera son premier déplacement en terre africaine. L’Elysée a estimé que la France avait plus à perdre qu’à gagner en pratiquant la politique de la chaise vide. Paris craignait notamment que le président Kabila «envoie tout valdinguer» en annulant la tenue du sommet. Il aurait fallu actionner un plan B : transférer le sommet à Paris. Du plus mauvais effet au moment où François Hollande affirme vouloir instaurer une nouvelle relation - «d’égal à égal» - avec le continent africain et où il tente de favoriser l’émergence d’une coalition d’Etats africains pour une intervention militaire, sous mandat de l’ONU, dans le nord du Mali, qualifié hier par le Président d’«entité terroriste».
Or, son absence aurait non seulement froissé le président congolais, Joseph Kabila, mais aussi ses pairs africains francophones qui ont tous plaidé, cet été, en faveur de sa venue à Kinshasa. Tout comme le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’ex-président sénégalais Abdou Diouf, qui reproche à la puissance mère de la francophonie son manque d’intérêt pour la défense de sa langue à l’étranger. Avec plus de 70 millions d’habitants, la RDC est, aujourd’hui, le premier pays francophone au monde. «En 2050, 80% des francophones seront Africains, 700 millions de femmes et d’hommes», a relevé hier Hollande.
Pour amorcer son virage de Kinshasa, il a dépêché en RDC, fin juillet, sa ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui. Celle-ci y a rencontré les autorités, l’opposition, les ONG et les Eglises. Et en a retiré la conviction que le président français devait impérativement participer au sommet. «Sur place, nous avons été frappés par l’exacerbation du sentiment antifrançais, provoquée par ce débat sur le boycott», dit un conseiller de la ministre. La majorité de ses interlocuteurs congolais ont plaidé pour la participation de la France.
«Principes». Lors de ce déplacement, Yamina Benguigui affirme aussi avoir obtenu des garanties de la part des autorités locales sur l’amélioration de la situation des droits de l’homme. «Paroles, paroles, paroles…» réagit un bon connaisseur de la scène locale. «L’important, c’est le message que fera passer le chef de l’Etat à Kinshasa», justifiait hier son entourage. «J’y réaffirmerai que la francophonie, ce n’est pas simplement une langue en partage, mais aussi une communauté de principes et d’idéaux», a lancé hier le chef de l’Etat.
Un rappel d’autant plus nécessaire que la dernière présidentielle en RDC, fin 2011, a été marquée par des fraudes massives. L’Europe a critiqué de manière inhabituellement vive son déroulement.«[Hollande] doit dire avec nous qu’il faut des élections démocratiques partout en Afrique», déclarait Alassane Ouattara, fin juillet au JDD. Après le discours de La Baule, le discours de Kinshasa ? En 1990, après la chute du mur de Berlin, François Mitterrand avait prononcé dans cette station balnéaire un discours sur la nécessaire démocratisation du continent africain, conditionnant l’aide de Paris à des progrès substantiels en la matière.Une profession de foi restée très largement lettre morte.

Hollande ira à Kinshasa, et promet de "tout dire" et de rencontrer l'opposition


François Hollande s'adresse aux ambassadeurs le 27 août 2012 à Paris AFP Bertrand Langlois
François Hollande a tranché: il se rendra bien, en octobre, en République démocratique du Congo pour le sommet de la Francophonie. Mais, pour ne pas servir de caution au régime de Joseph Kabila, le président français promet de "tout dire" et de rencontrer l'opposition. Cette visite en RDC - ancien Congo belge et ex-Zaïre - sera le premier voyage officiel en Afrique du nouveau président français élu en mai. Ces derniers mois, plusieurs associations congolaises et françaises avaient demandé au président français de "ne pas se rendre à Kinshasa", pour éviter de conforter le régime autoritaire et contesté de Joseph Kabila. Au pouvoir depuis 2001, Kabila a été élu à la présidentielle de 2006, réélu en 2011, mais ces scrutins ont été entachés d'irrégularités relevées par des missions d'observation nationales et étrangères. Et le pays reste en guerre dans l'Est où des combats opposent depuis mai l'armée à des mutins. Lundi, dans un discours évoquant la "nouvelle donne" qu'il veut établir avec l'Afrique, M. Hollande a souligné l'importance d'un "enjeu": "en 2050, 80% des Francophones seront africains, 700 millions de femmes et d'hommes". Puis il a officiellement confirmé sa participation au 14e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa. "J'y rencontrerai l'opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C'est le sens de la nouvelle politique africaine de la France: tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait", a-t-il assuré. Cette annonce met fin à un débat "ira ou n'ira pas à Kinshasa?" sans réel suspense. "Cela aurait vraiment été rêver que de croire que le président français ne vienne pas à un sommet sur la francophonie", a aussitôt commenté le porte-parole du gouvernement congolais, satisfait. Pays francophone le plus peuplé au monde, la RDC n'a jusqu'à présent jamais accueilli de sommet de la Francophonie. En 1991, la conférence prévue à Kinshasa avait été délocalisée à Paris en raison des violations des droits de l'Homme du régime de Mobutu (1965-1997), rappelle-t-on à l'OIF. Cette fois encore, le principal parti d'opposition en RDC, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), avait réclamé la délocalisation du sommet. Mais d'autres voix s'étaient élevées pour plaider une participation au sommet de Kinshasa pouvant permettre de "briser l'isolement des militants des droits de l'Homme locaux", selon le député socialiste français Pouria Amirshahi. "Il aurait été très facile de dire à propos de Kabila: +ce type-là est infréquentable, je ne le fréquente pas+, mais un boycott ne ferait en rien avancer la situation en RDC", a également plaidé Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), interrogé par l'AFP. "Certes, Hollande n'ira pas faire un procès de Kabila mais il pourra faire passer un message fort", a-t-il estimé. Le 9 juillet, M. Hollande avait lui-même affirmé: "les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l'Etat de droit", dans un pays marqué en 2010 par l'assassinat du militant des droits de l'homme Floribert Chebeya. Depuis, le pouvoir congolais a mis à l'ordre du jour parlementaire un projet de réforme de la Commission électorale, évoqué la création d'une commission des droits de l'Homme... "Des résultats encore bien trop minces pour être satisfaisants", juge Cécile Marcel de l'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) France. "François Hollande aurait parfaitement pu se faire représenter à Kinshasa par un ministre" et "a manqué l'occasion de concrétiser la rupture promise", a estimé le président de l'association Survie, François Tarrit. "Il ne se démarque pas vraiment de la politique africaine de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy était allé en 2009 en RDC et on avait vu cela comme un empressement à aller gagner des marchés pour la France", a-t-il rappelé. http://www.slateafrique.com/93565/hollande-ira-kinshasa-et-promet-de-tout-dire-et-de-rencontrer-lopposition