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SACREBOPOL

samedi 13 août 2011

Bemba séjournerait moins d’une heure à Kinshasa pour s’enrôler



Elections 2011 : Bemba séjournerait moins d’une heure à Kinshasa pour s’enrôler

image Jean-Pierre BEMBA

Selon l’accord conclu avec la Cour pénale internationale (CPI), Jean-Pierre Bemba séjournerait moins d’une heure à Kin, pour s’enrôler à un bureau spécial de la CÉNI à l'aéroport international de N'Djili.
Selon l’accord conclu, notre compatriote arriverait incognito, atterrirait par jet privé affrété à ses frais, séjournerait moins d’une heure, serait bourré d’une nuée de policiers de la CPI, d’agents secrets et d’avocats, s’enrôlerait à un bureau spécial de la CÉNI et redécollerait aussitôt en s’abstenant de tout bain de foule malencontreux.
Si d’ici le 28 novembre 2011 - date annoncée de la Présidentielle couplée avec les Législatives - notre compatriote n’est pas condamné par un jugement irrévocable à la Cour Pénale Internationale, ce qui paraît de plus en plus probable au regard des procédures régissant devant la CPI, il bénéficie de la plénitude de ses droits civils et politiques et, guère concerné par l’«un des cas d’exclusion prévus par la loi électorale» (art. 72 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, 18 février 2006), Jean-Pierre Bemba Gombo pourra voter au pays et même concourir à la Députation nationale, à la Sénatoriale ou prendre la course de la Présidence de la République s’il souhaite postuler à l’un de ces mandats. Légalement, rien ne lui interdirait rien. 
Du coup, le président du MLC - Mouvement de Libération du Congo - a tout droit de se faire inscrire sur les nouvelles listes électorales ouvertes par le pasteur président de la CÉNI Daniel Ngoy Mulunda Nyanga. 

Or, se trouvant présentement sur le sol étranger, la loi r-dcongolaise n’autorisant pas le vote des compatriotes séjournant hors du territoire national, s’il veut accomplir ce devoir citoyen, Jean-Pierre Bemba Gombo qui continue de diriger le MLC - comme il vient récemment d’en donner la preuve éclatante en convoquant le Congrès de ce parti depuis La Haye et en prenant des décisions de limogeage et de radiation de son Secrétaire général François Muamba Tshishimbi qui le lui contestait à tort arguant que détenu à la CPI, le président du MLC avait perdu tout exercice de ses droits civils et politiques - ne peut que se rendre à un bureau ouvert par la CÉNI sur le territoire du pays. Détenu à La Haye, son cas se complique encore plus. 

«MÉDIATIQUEMENT PRÉSENT SUR SCENE, DONC J’EXISTE».

Il lui faudrait en effet une autorisation d’un juge de la CPI inattaquée et inattaquable par le procureur de la Cour Pénale Internationale qui le poursuit pour crimes perpétrés par les soldats de son armée en Centrafrique du temps de la rébellion du MLC. Il lui faudrait aussi et surtout l’autorisation des Dirigeants du pays, en l’occurrence, le ministère de l’Intérieur de R-dC - et certainement le Président de la République Joseph Kabila Kabange - la R-dC du coup garantissant au Sénateur détenu toute la sécurité physique requise. 
Jean-Pierre Bemba Gombo aurait par courrier adressé à Kinshasa demandé la prise des «mesures exceptionnelles», ce qui lui aurait été répondu qu’il n’en était pas question, le pays vivant en paix, la sécurité physique du Sénateur était d’office garantie. 

Mais Bemba est loin d’être au bout de ses peines. N’étant pas un détenu comme un autre, ne pouvant voyager à bord d’un avion de ligne - ce que peu de compagnies aériennes accepteraient pour des raisons sécuritaires évidentes -, il lui faudrait un convoi aérien spécial. Mais ce ne sont pas les moyens qui font défaut à Jean-Pierre Bemba Gombo, longtemps Vice-président de la République en charge de l’Économie et des Finances du régime 1+4 après avoir dirigé sa rébellion des années durant dans la partie Nord-Est riche du pays et dont la famille disposait d’un colossal pactole financier. Reste que l’ancien VIPI n’a pas eu recours à l’un des avions de sa flotte aérienne personnelle. Pas évident - on peut comprendre aisément - pour déplacer un contingent international de la CPI...
Pour monter son dossier et lui donner plus de crédibilité et de chance d'aboutir devant un juge de la Cour, il a fait positionner un jet affrété sur une piste aérienne proche de Scheveningen, le quartier de sa détention à La Haye. 

Ses avocats ont offert toutes les garanties pour que cet aller-retour éclair au pays soit possible: le président du MLC arriverait quasi incognito sur la piste de l’aéroport international de N’Djili dans la Capitale Kinshasa, serait accompagné d’une flopée de policiers de la CPI, d’agents des services secrets en civil, de gardes du corps, de ses avocats et des conseillers du procureur de la CPI. 

Sauf s’il se fait inscrire sur la piste à l’aéroport - ce qui est envisageable, la CÉNI ayant donné par courrier début juin toute garantie à ce propos - son convoi emprunterait un parcours gardé secret. L’ancien VIPI s’abtiendrait de tout bain de foule de ses partisans - à la plus grande désolation de ceux -ci - pour des raisons d’ordre public, ne rencontrerait personne hormis des fonctionnaires de la CÉNI et une poignée de dirigeants de son parti triés sur les volets en présence et sous la viligance de policiers et agents secrets armés de la CPI, passerait moins d’une heure sur le sol de R-dC - le temps d’atterrir, de se rendre à un bureau de la CÉNI, de se faire inscrire sur les listes électorales et de redécoller en direction de Scheveningen.

On pourrait objecter sur la fin mi-juillet des opérations d’inscription sur les listes électorales et sur un régime spécial qui serait appliqué au candidat malheureux de la Présidentielle de 2006, c’est oublier les dispositions pertinentes de la Loi électorale qui prévoient que tout candidat à une élection peut se faire «identifier et enrôler lors du dépôt de sa candidature» (art. 9, al. 5, La loi n°11/003 du 25 juin 2011 modifiant la Loi n° 06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, Journal officiel de la République Démocratique du Congo, 1er juillet 2011). 

Aux termes de l’art. 104 de cette loi, Bemba, désigné candidat à l’élection présidentielle par le congrès de son parti, fera acte de candidature auprès de la CÉNI, par une déclaration. Celle-ci comprendra, selon la loi (art. 104, de la Loi électorale, op. cit.): 
1. une lettre de consentement conforme au modèle fixé par la Commission Electorale Nationale Indépendante signée par le candidat; 
2. une fiche d’identité suivie d’un curriculum vitae détaillé, le tout se terminant par la formule «Je jure sur l’honneur que les renseignements ci-dessus sont sincères et exacts»;
3. quatre photos format passeport; 
4. un symbole ou un logo de son parti politique. 

Seront jointes à cette déclaration les pièces ci-après: 

a. un certificat de nationalité; 
b. un extrait de casier judiciaire en cours de validité;
c. une photocopie de la carte d’électeur; 
d. un récépissé du versement, dans le compte du Trésor public, d’un cautionnement électoral non remboursable de 50.000.000 de FC; 
e. la lettre d’investiture par son parti politique MLC ou, éventuellement par son regroupement politique UN; 
f. une photocopie certifiée conforme de ses diplômes en l’espèce de l’ICHEC.

Certes, rien n’était totalement acquis pour JPBG. Si, à La Haye, le go head est quasi acquis pour ce voyage éclair de Kinshasa - Bemba a fait montre d’un comportement exemplaire par deux fois où il a bénéficié d’une autorisation de sortie vers la Belgique, lors du deuil de son père Jeannot Bemba Saolona et de celui de sa belle-mère Josette Lenoir, l’avant dernière épouse de Bemba Sr - des milieux proches du dossier à Kinshasa expliquent qu’«il ne restait plus que quelques derniers réglages à faire». Le Chef de l’État qui regrette d’avoir perdu tout contact avec son ancien collaborateur du régime 1+4 et qui confiait au Soft International (n°1037 daté 15 mars 2010). dans une interview exclusive mi-mars 2010: «Quand on a travaillé avec un homme pendant autant de temps que j’ai eu à passer avec le Sénateur Bemba, on ne peut rien oublier...», ne trouverait aucun problème, a appris jeudi soir Le Soft International, à le laisser venir accomplir son devoir civique dans la Capitale. Ce dossier serait donc suffisamment avancé. 
Son dossier de candidature, JPBG aurait pu le faire déposer par un mandataire de son choix contre récépissé à la CÉNI (art. 105 de la Loi électorale, op. cit.).

En voulant accomplir lui-même ce devoir civique, en désirant effectuer ce coûteux voyage, Jean-Pierre Bemba Gombo adresse un message à ses troupes qui en ont bien besoin et dont l’élection pour certains dépend de l’engagement physique personnel de leur président. S’il veut faire exister son parti que nombre d’analystes donnent comme un ex-parti, le Chairman sait qu’il ne peut lésiner sur les moyens à engager. 
S’il sait que depuis La Haye, ses chances sont minces de rééditer l’exploit de 2006 quand il s’était offert la deuxième place à la Présidentielle et avait participé au duel du second tour alors qu’aujourd’hui de grands fauves sont déjà dans l’arène (Tshisekedi, Kengo, Kamerhe en attendant le président en exercice Joseph Kabila Kabange), guère en mesure jusqu’à preuve du contraire de s’engager personnellement, physiquement dans la course en battant lui-même sa campagne, Bemba sait que la seule façon d’exister pour lui et de maintenir la flamme de ses partisans allumée, est d’être présent quoique médiatiquement sur la scène. Comme qui dirait: Médiatiquement présent sur scène, donc j’existe politiquement.
D. DADEI/Le Soft