Au pouvoir au Burundi avec son parti depuis 2005, le président Pierre Nkurunziza n’a pas hésité samedi 25 avril à défier la communauté internationale. Au terme d’un Congrès extraordinaire aux allures de farce, le CNDD-FDD a validé la candidature du chef de l’Etat pour briguer un troisième mandat à la tête du pays, lors des élections de juin prochain. Pourtant, l’Accord de paix d’Arusha puis la Constitution limitent à deux le nombre de mandats d’un président. Pierre Nkurunziza a ignoré les mises en garde de la communauté internationale, qui voit se profiler le spectre d’une nouvelle guerre civile. Il n’a tenu aucun compte des protestations de la société civile burundaise. Son bilan est un pays au bord de l’explosion, miné par la corruption, par l’impunité de la milice Imbonerakure (les membres de la ligue de la jeunesse du CNDD-FDD), et plus encore par l’incurie. Le régime ne tient plus que par l’institutionnalisation progressive de la terreur. Il semble avoir fait sienne la définition du pouvoir despotique par Lin Biao, longtemps le dauphin de Mao Tsé-toung : « Le pouvoir politique, c’est le pouvoir d’opprimer les autres. »
En terme de développement le Burundi a fait du sur-place.
Le Burundi a été souvent décrit par les observateurs comme un « frère jumeau du Rwanda ». Un frère d’infortune : même composition « ethnique », même colonisateur (régime de tutelle) qui avait racialisé la lutte pour le pouvoir, mêmes problèmes : indépendance violente manipulée par Bruxelles, surpopulation, enclavement, manque de matières premières et immense pauvreté générale. Voici un quart de siècle, Burundi et Rwanda figuraient parmi les trois pays du monde aux plus bas revenus par habitant. Si le second est aujourd’hui un modèle sa bonne gouvernance, en terme de développement le Burundi a fait du sur-place.
Le Burundi, « laboratoire d’expérimentation »
En octobre 1993, l’assassinat du premier président burundais démocratiquement élu, le Hutu Melchior Ndadaye, par des militaires tutsi putschistes, a ouvert le cycle d’une quinzaine d’années de guerre civile. 300 000 morts plus tard – Hutu ici, Tutsi là – et un pays ravagé, l’heure a enfin sonné d’une négociation de partage du pouvoir. Le président sud africain Nelson Mandela avait mis dans la balance tout son prestige pour imposer aux protagonistes un frêle arrangement : les Accords d’Arusha pour le Burundi, signés le 28 août 2000. L’Afrique du Sud envoyait 700 militaires pour veiller à la mise en place de l’accord et assurer la sécurité des membres de l’opposition de retour d’exil. Une assemblée nationale de transition était élue et l’Accord se transformait en Constitution.
Entretemps, le génocide des Tutsi du Rwanda puis l’enchaînement des guerres du Congo avaient réveillé la conscience de la communauté internationale. L’urgence était d’éviter un second Rwanda au Burundi. L’ONG International Crisis Group le résumait dans un rapport d’avril 2000 : la communauté internationale et la région « avaient dans l’esprit de faire du Burundi un laboratoire d’expérimentation pour la solution africaine aux problèmes africains dans la région des Grands Lacs ».
« Ils ont même quasiment annoncé la victoire avant l’heure »
De nombreux spécialistes de la région avaient exprimé leur inquiétude sur une « usine à gaz » qui faisait l’impasse sur le jugement des coupables de tueries et partageait le pouvoir en quotas ethniques, ce système qui avait conduit le Rwanda à l’abîme.. L’objectif des négociateurs d’Arusha n’était évidemment pas de construire un « Hutuland » et un « Tutsiland », mais de relever un pays où les deux groupes auraient trouvé leur équilibre. Un exercice particulièrement difficile. Nombre de Tutsi modérés ont soutenu l’accord.
Ce dernier week end, malgré l’interdiction de toute manifestation (une disposition qui ne vise réellement que les partis d’opposition), on savait que les miliciens Imbonerakure tiendraient le haut du pavé. Les habitants de Bujumbura se sont terrés à domicile après avoir constitué des stocks alimentaires. Avant même le vote du congrès extraordinaire, les Imbonerakure fêtaient la victoire de Pierre Nkurunziza. La désignation n’était qu’une formalité pour le congrès extraordinaire du parti au pouvoir.
Selon la correspondante de RFI , « ils ont même quasiment annoncé la victoire avant l’heure, par une explosion de joie. « Pierre Nkurunziza est notre candidat », assuraient-ils, alors même que des officiels du parti disaient qu’à l’intérieur du siège du parti, le vote à huis clos et à main levé n’avait pas encore eu lieu. Il n’y avait donc aucun suspense ».
« Le jour où il [Nkurunziza] va se déclarer, il aura ouvert le feu. »
Depuis plusieurs mois, la communauté internationale multipliait déclarations et démarches pour réclamer à Pierre Nkurunziza l’engagement de ne pas se présenter pour un nouveau mandat
[i]. L’ensemble des diplomates occidentaux a ostensiblement boudé le congrès extraordinaire, à l’exception de l’ambassadeur de Russie. Le fait que le Burundi s’effondrerait sans l’aide internationale n’a eu aucun impact. Pierre Claver Mbonimpa, l’une des principales figures des droits de l’homme au Burundi, a formulé une crainte générale : « Le Burundi va vers un danger. Une fois que le président de la République réclamera son troisième mandat, le jour où il va se déclarer, il aura ouvert le feu. »
Les chancelleries occidentales ont invité leurs ressortissants à éviter tout déplacement qui ne serait pas indispensable.
Coupure des émetteurs relais des trois principales radios indépendantes du Burundi
Dimanche 26 avril, lendemain du coup de force constitutionnel, les opposants avaient promis de descendre massivement dans la rue pour protester. Le Général Pontien Gaciyubwenge, ministre de la Défense menaçait de faire intervenir l’armée burundaise si le président Nkurunziza le lui demande : « Sur réquisition du commandant suprême ou d’une autre autorité, je suis prêt à accompagner les autres acteurs de la sécurité pour résister aux détracteurs de la paix ».
Au moins deux personnes ont été tuées par balle au cours de la matinée de dimanche. à Bujumbura dans des heurts entre la police et des milliers d’opposants à la candidature pour un troisième mandat du président sortant.
Selon l’envoyée spéciale de RFI, « les émetteurs relais des trois principales radios indépendantes du Burundi – les radios Bonesha, Isanganiro et RPA – ont été coupés dimanche par le gouvernement, empêchant la réception des émissions en province. » Le gouvernement prétend que ces radios incitent la population « au soulèvement ». Elles sont accusées d’avoir diffusé des reportages en direct sur les manifestations de dimanche dans les quartiers de Bujumbura.
« L’épreuve de vérité que constituent ces élections risque de devenir une épreuve de force »
« Le Burundi s’apprête aux élections de 2015, nous constatons que certains faits peuvent perturber la paix et la sécurité dans notre pays », a expliqué Edouard Nduwimana, le ministre de l’Intérieur, au micro de RFI. Il pointe des « risques de débordements, à cause des médias, à cause essentiellement de la RPA, qui retransmet en direct ce genre de soulèvement. »
Selon l’International Crisis Group (ICC), une ONG dont les analyses de la vie politique au Burundi font autorité, « la situation est beaucoup plus grave que les élections ratées de 2010 : ce qui est en jeu à travers ce nouveau cycle électoral est le maintien de l’accord d’Arusha comme fondation du régime burundais. (…) l’épreuve de vérité que constituent ces élections risque de devenir une épreuve de force »
[ii] Son dernier rapport est un modèle de lucidité et de précision.
Lire ici le rapport complet d’ICG.
Vers une suspension de l’aide européenne ?
Selon la journaliste Colette Braeckman, « Tout indique que le Conseil de Sécurité dispose désormais d’informations confirmant les rumeurs qui traversent le Burundi depuis des semaines, selon lesquelles le parti au pouvoir serait prêt à prendre le risque d’une déstabilisation violente afin d’assurer la victoire électorale de son candidat, le président sortant et que le recrutement de jeunes miliciens, les Imbonerakure et la distribution d’armes dans toutes les provinces seraient organisées par l’ancien chef des services de renseignements, Adolphe Nshimiymana, l’un des hommes les plus redoutés du pays, devenu conseiller à la présidence. »
Pour l’ICG, seule une pression internationale très forte pourrait dissuader le régime de basculer définitivement dans la terreur politique, seul moyen de faire réélire Pierre Nkurunziza, alors que tous les sondages d’opinion démontrent son impopularité
[iii]. L’ICG propose notamment de faire savoir « aux responsables des services de sécurité burundais que des actes de répression contre la population conduiraient à une enquête de la Cour pénale internationale, une réduction ou une suspension des programmes de coopération policière et militaire des pays européens et des Etats-Unis, des interdictions de visas et l’interdiction pour les officiers en cause de servir dans des missions de maintien de la paix de l’UA et des Nations unies ». Leur retrait des missions de paix constituerait une menace sérieuse pour l’armée burundaise qui, par le jeu des roulements, en distribue les confortables bénéfices aux officiers et soldats. C’est pourquoi, selon l’ICG, « l’armée pourrait être beaucoup plus réticente que la police à agir contre les manifestants. »
L’Union européenne est pour sa part invitée à passer du dialogue politique renforcé aux consultations prévues par l’article 96 de l’accord de Cotonou
[iv]. Et en cas de besoin, de suspendre son aide institutionnelle au Burundi
[v].
Volonté d’intimider l’Eglise ?
L’ICG souligne le contexte d’exaspération populaire qui risque à tout moment de déborder les partis d’opposition, eux-mêmes harcelés par la police et le Parquet
[vi] : « Les actes de résistance populaire spontanée contre la police se multiplient, illustrant la nervosité de la population de Bujumbura et le refus de l’ordre imposé. L’arrestation d’un dirigeant étudiant a donné lieu à une descente des étudiants au commissariat dans lequel il se trouvait et à sa libération
[vii]. De même au principal marché de Bujumbura, les policiers font parfois face à des mouvements de foule hostiles et toute intervention semble comporter un risque d’émeute. »
L’Eglise catholique (plus de 60% de la population), a fermement pris position contre un troisième mandat par l’intermédiaire de la Commission épiscopale justice et paix (CEJP) qui n’hésite pas à dialoguer avec l’opposition. Pour le président Nkurunziza qui ne rate pas une occasion d’étaler sa populiste bigoterie, cet adversaire pèse d’un poids beaucoup plus lourd que la communauté internationale. Et son régime dispose de peu de moyens pour intimider l’Eglise.
Le mystérieux viol et assassinat de trois religieuses italiennes
Est-ce à cette aune qu’il faut interpréter les mystérieux viols et assassinats de trois religieuses italiennes du couvent de Kamenge, en périphérie de Bujumbura, en septembre 2014 ?.
Deux religieuses, sœur Lucia Pulici, 75 ans, et sœur Olga Raschietti, 83 ans, ont été tabassées, violées et égorgées. La troisième victime, sœur Bernadette Boggia, 79 ans, a été retrouvée un peu plus tard décapitée après avoir également subi un viol. Les assaillants ont agi avec une remarquable discrétion : deux autres religieuses, une Rwandaise et une Congolaise, qui dormaient également dans le couvent, n’ont rien entendu
[viii]. Difficile de croire en la version du directeur général adjoint de la police burundaise, le général Godefroid Bizimana, qui incrimine un unique suspect, « un jeune homme qu’on a vu fuir les lieux vers 17 heures […] lors d’une tentative de cambriolage menée par une personne déséquilibrée [qui] n’avait rien emporté ». La population de Kamenge s’est révoltée lorsqu’elle a appris qu’on incriminait ce faible d’esprit bien connu de tous.
Les mises en scènes macabre reviennent à l’approche de chaque échéance politique
L’enquête cyniquement bâclée de la police burundaise ouvre grand le champ des supputations. La scénarisation de crimes horribles est récurrente dans la violence politique au Burundi. Les mises en scènes macabre reviennent à l’approche de chaque échéance politique et de chaque visite de personnalités étrangères : les armes à feu sortent des cachettes, les cadavres sont étalés, etc., comme un message à bon entendeur.
Selon certaines sources, le meurtre barbare des trois vieilles religieuses pourrait s’inscrire dans un agenda machiavélique du pouvoir pour provoquer une « terreur muette » chez les Burundais et les Occidentaux présents au Burundi, un mode de contrôle social enseigné notamment à l’Ecole de Guerre à Paris dans le cadre de la « guerre antisubversive », c’est-à-dire la guerre totale contre « l’ennemi intérieur ». Le régime Habyarimana à l’agonie avait eu largement recours à ces techniques
[ix].
Un risque de fin du pacte entre élites tutsi et hutu
Jusqu’où peuvent aller les « durs » du régime pour imposer le troisième mandat du président sortant ? Selon l’ICG, « Le général Adolphe Nshimirimana a déclaré lors d’une réunion d’une association d’anciens combattants du CNDD-FDD qu’il faudra passer sur leurs corps pour éviter une nouvelle présidence de Nkurunziza. »
[x] Une posture classique d’auto-victimisation.
L’ONG s’inquiète de la réapparition de discours « racistes » d’acteurs du CNDD-FDD qui allèguent un risque de retour au pouvoir des Tutsi comme argument de mobilisation électorale, ou dénoncent la société civile comme une chasse gardée des Tutsi, etc., propos qui n’ont aucun fondement, pas plus dans les discours que dans les attitudes des personnalités politiques burundaises qui s’opposent au troisième mandat.
On a vu au Rwanda l’impact de discours haineux de ce type et de la stratégie du bouc-émissaire. Comme l’observe justement l’International Crisis Group, « les conséquences d’un tel scénario ne concerneraient pas seulement l’opposition et la structure des institutions. Elles remettraient en cause les fondations de la paix au Burundi. Non seulement l’opposition hutu serait exclue des institutions mais la fin du partage du pouvoir institutionnel signifierait aussi la fin du pacte entre élites tutsi et hutu – pacte dont les ramifications sont aussi bien politiques qu’économiques. »
Selon le scénario déjà évoqué d’un « agenda machiavélique », le trucage des prochaines élections risque de s’accompagner de « disparitions » d’opposants, de provocations de toute nature à la violence, notamment par le biais de la déjà sinistre milice Imbonerakure, qui n’est pas sans évoquer l’idéologie et le mode de fonctionnement des Interahamwe au Rwanda jusqu’au génocide des Tutsi en 1994.
Comparer la mise en condition des Burundais par le régime du président Pierre Nkurunziza en 2015 à la situation qui prévalait au Rwanda avant le génocide n’est pas un anachronisme d’intellectuels en mal de dramatisation, mais un cauchemar éveillé pour les 99% de Burundais qui ne sont pas des extrémistes. Plusieurs milliers, devant le regain de violence politique et le harcèlement des Imbonerakure se réfugient chaque semaine au Rwanda en déjouant les barrages de la milice. Une situation qui inquiète Kigali
[xi] et tous les pays voisins.
Paul Kagame a exprimé sa volonté de rester à l’abri de ce conflit et de préserver le dialogue diplomatique. Cependant, on voit bien que certains radicaux du régime de Bujumbura envisagent de susciter le chaos – voir de l’étendre aux pays voisins – pour prétendre être ensuite les seuls à pouvoir y remédier.
En conclusion de son dernier rapport, l’ICG écrit : « Dans les semaines à venir, le régime burundais va connaître son moment de vérité. Le choix d’un petit nombre de décideurs va être crucial pour l’avenir du pays. Ce choix peut être celui de l’apaisement et de l’esprit de dialogue et de consensus qui a conduit à la paix d’Arusha ou il peut être celui de la monopolisation du pouvoir et de la violence. Il faut tout faire pour éviter que cette épreuve de vérité ne se transforme en épreuve de force. »
On ne saurait mieux dire. Quinze ans après leur signature, les fragiles Accords d’Arusha pour le Burundi seront caducs si la communauté internationale ne réagit pas rapidement, et de façon pertinente.
Jean-François DUPAQUIER
[i] Pour la première fois depuis dix ans, le Conseil de sécurité s’est rendu au Burundi le 13 mars 2015 pour insister sur la nécessité d’élections apaisées et le secrétaire général des Nations unies a appelé le président Nkurunziza pour le dissuader de se représenter.
[ii] Les élections au Burundi : l’épreuve de vérité ou l’épreuve de force ? Rapport Afrique de Crisis Group N°224, 17 avril 2015.
[iii] Selon un sondage réalisé en 2014, 62% des Burundais sont contre un troisième mandat. Ce pourcentage était de 51% en 2012. Résultats du sixième tour d’Afrobaromètre au Burundi, Bujumbura, janvier 2015. Cité par Crisis Group, op. cit.
[iv] L’article 96 de l’accord de Cotonou prévoit notamment que si l’une des parties considère que l’autre manque à une obligation découlant du respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit, la situation doit faire l’objet d’un examen approfondi en vue de rechercher une solution acceptable par les parties de l’accord. À cet effet, elle invite l’autre partie à procéder à des consultations, afin d’examiner la situation de façon conjointe, approfondie et constructive et de permettre à la partie concernée de prendre les mesures appropriées pour y remédier. En cas d’échec, l’article 96 prévoit l’éventuelle suspension de la coopération européenne.
[v] L’Union européenne s’est notamment engagée à financer les élections à hauteur de 8 millions d’euros, la Belgique à hauteur de 4 millions, les Pays-Bas de 3 millions – les contributions de la France, la Suisse et l’Allemagne étant symboliques.
[vi] Pour se présenter aux prochaines élections, les opposants à Pierre Nkurunziza devraient produire une « attestation de non-poursuite judiciaire » qui n’est mentionnée dans aucune loi et que le Parquet général annonce se refuser à donner.
[vii] Un mouvement contre la vie chère a été créé au Burundi et appelle régulièrement à manifester. Lire « Au Burundi, le casse-tête financier des étudiants », AFP, 27 mars 2015.
[ix] Jean-François Dupaquier, Politiques, militaires et mercenaires français au Rwanda, chronique d’une désinformation, Paris, Karthala, 2014. Voir notamment le meurtre de la coopérante italienne Antonia Locatelli, assassinée le 10 mars 1992 par un gendarme rwandais, visiblement sur ordre, cité p 193 ; le meurtre du frère canadien François Cardinal le 25 novembre 1992 dans des conditions similaires, cité p. 218.
[x] Vidéo échangée sur les réseaux sociaux, Bujumbura, mars 2015. « Burundi : les ex-rebelles affichent leur soutien à Pierre Nkurunziza », RFI, 1er avril 2015.
[xi] Réécouter « Rwanda: le président Kagame rencontre son homologue burundais », RFI, 14 avril 2015.