Cet ancien membre influent du Mouvement des nationalistes congolais (MNC) de Patrice Emeri Lumumba et du Mouvement populaire de la révolution (MPR) du Maréchal Mobutu, a été plusieurs fois député national, sénateur et ministre.
Il a été élu sénateur en 2006.
Né en 1924 à Lowa dans le Maniema, Alphonse-Roger Kithima Bin Ramazani a été une des personnalités politiques congolaises ayant marqué l’époque du régime du feu président Mobutu avec splendeur et sagesse à côté des autres baobabs comme Kamanda wa Kamanda, Justin Bomboko…Quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Cet adage de la sagesse africaine trouve dans le décès du désormais feu Alphonse-Roger KITHIMA Bin Rama zani toute sa splendeur et sa profondeur. Cet homme qui est mort hier à la clinique Ngaliema représente une page mémorable de l’histoire politique et syndicale du pays. Une véritable bibliométrique car ayant traversé la faune et la flore syndicale et politique de ce pays depuis les premières heures de l’indépendance en passant par la 1ère et 2ème République.
Non seulement il avait joué un rôle capital et déterminant dans le combat syndical tout au long de la 1ère République, mais en plus il a été associé à la création du MPR comme l’un de membres de la fameuse commission chargée de rédiger le Manifeste de la N’sele, véritable bible de ce parti. Cela, aux côtés d’éminentes personnalités de la trempe d’Etienne TSHISEKEDI Wa Mulumba, Gérard KAMANDA Wa Kamanda, Joseph NSINGA Udjuu, Victor NENDAKA Bika, Justin-Marie BOMBOKO Lokumba, Gaston NSENGI Biembe, Paul-Henri KABAYIDI Wakabayidi, Jean-Jacques KANDE Dzambulate, Jonas MUNKAMBA Kadiata Nzemba, et bien d’autres dont la plupart ont été rappelés par le Très Haut.
Alphonse-Roger KITHIMA Bin Ramazani est né en 1924 à Lowa, l’une des localités principales de la tribu des BAKUSU du Maniema. Très jeune et après ses études primaires, il fut envoyé par ses parents à l’école des Frères Maristes de Stanley-Ville, aujourd’hui Kisangani. De 1946 à 1949, il travaille dans l’administration coloniale puis à l’Inter Congo de 1950 à 1959.
En 1959, il est désigné secrétaire du Bureau Politique du MNC/Lumumba à Léopoldville et en 1960 il devient secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs du Congo pour ensuite être désigné secrétaire général de la Confédération des Syndicats Libres du Congo.
En 1962, il est élu membre du Comité Exécutif Mondial de la Confédération des syndicats libres. C’est à Stanley-ville où il était agent de la colonisation belge qu’il fit la connaissance de Patrice Emery LUMUMBA qui était l’un des premiers noirs ayant bénéficié de la carte d’immatriculation et à être admis dans les cercles politique libéraux belges, ce qui lui permettait de fréquenter les milieux des Européens, notamment les restaurants, hôtels, bars et d’y rester jusqu’aux heures tardives de la nuit.
Fasciné par cet homme hors du commun, Alphonse-Roger KITHIMA Bin Ramazani se retrouva parmi les tout premiers membres du MNC et c’est dans ce cadre qu’il fonda en compagnie d’autres évolués de l’époque le tout premier syndicat libre pour la défense des droits des travailleurs noirs.
L’Un des « apparatchik » du MPR-parti Etat
Sa carrière politique démarre en 1966 suite à son élection comme sénateur du Maniema. En 1967, il est désigné Administrateur de la Gécamines. L’un des effets néfastes du lancement le 20 mai 1967 du Manifeste de la N’sele sonna le glas du pluralisme politique et syndical au Congo. Cela, malgré l’article pertinent de la Constitution qui prévoyait l’existence de deux partis politiques et la présence du parlement issu des élections démocratiques et pluralistes de 1964 qui donnèrent la majorité au cartel Tshombiste qui prônait le fédéralisme.
En perspective d’un parti unique et pour briser toutes velléités de contestation, les stratèges du MPR parvinrent à convaincre les trois grands courants syndicaux de fusionner en un seul mouvement. Alphonse-Roger KITHIMA fut élu secrétaire général du Conseil National des Syndicats du Congo et conseiller de l’UNTC des sa création en 1967. Leurs dirigeants furent nommés au gouvernement et les récalcitrants se retrouvèrent sur le pave ou sous les accusations de complot contre la sécurité intérieure de l’Etat.
Voilà comment le défunt fit son entrée dans la vie politique active. Il fut d’abord directeur politique du MPR et directeur permanent du Bureau politique en 1967 qu’il entra au gouvernement comme ministre du Travail et Prévoyance Sociale avant de passer au ministère de l’Education Nationale. Avant d’être élu commissaire du peuple en 1977, il avait été désigné secrétaire général du Comité Exécutif du MPR en 1971. En 1972, il est commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et secrétaire exécutif du parti en 1977. De 1080 à 1990, il est membre du Comité Central. Il exerçait alors les fonctions de Secrétaire Permanent du Comité Central et du Bureau Politique avant de devenir le N° 2 du Régime par sa nomination comme secrétaire général du MPR Parti Etat de 1986 à 1990.
Pendant les trois années de sa traversée du désert, de 1967 à 1970, il survécut grâce à ses activités commerciales et agro-pastorales au Maniema et dans la Province Orientale jusqu’au jour où il avait plu au Maréchal et Guide suprême de le nommer vers la fin des années 1971 comme Secrétaire exécutif du parti: Alphonse-Roger KITHIMA se fit remarquer de l’opinion en animant des conférences académiques retransmises par la chaîne nationale à travers tout le territoire national, des séances publiques d’animation culturelle et toute autre activité politique à la gloire du guide suprême de la Révolution. Il fut à la base de la mise en place de la fameuse et terrible commission permanente de discipline devant laquelle plusieurs cadres du parti furent jugés et condamnés et d’autres démis de leurs fonctions.
On lui doit l’instauration des comités révolutionnaires aussi bien dans les entreprises publiques et d’économie mixte que dans les universités et instituts supérieurs. Au niveau national, il fut créé au sein du gouvernement un département ou ministère chargé de l’animation culturelle et révolutionnaire avec des ramifications dans les provinces ou régions au niveau des commissaires sous-régionaux, chargés de l’animation culturelle et politique qui siégeaient aux côtés des commissaires des régions ou gouverneurs. D’une manière générale, Alphonse-Roger KITHIMA fut le grand artisan et animateur du MPR parti- Etat. Sa carrière politique s’arrêta net le 24 avril 1990 à l’issue du discours dit historique de l’instauration du multipartisme politique.
L’ironie du sort : c’est à N’sele où fut fondé le 25 mai 1967 le MPR que fut sellé son sort par son propre fondateur et devant les grands apparatchiks dont Kithima en personne. Les images de l’époque avaient montré Alphonse-Roger KITHIMA tétanisé et presque en pleurs lorsque le Maréchal et Guide suprême de la Révolution avait prononcé sa démission du MPR-parti Etat. L’Editeur du Phare et les membres de la Rédaction profitent de ces colonnes pour adresser à la famille de l’illustre disparu leurs condoléances les plus attristés et prient le Très haut d’accorder le repos éternel à cet homme qui ne passait pas inaperçu, car immortalisé par plusieurs scènes du Théâtre
National.
F.M./Le Phare