Les incidents enregistrés pendant la période préélectorale en RDC pourraient mettre en péril le processus électoral et engendrer des violences postélectorales. L’Onu l’a souligné dans un rapport publié, hier mercredi, sur les violations des droits de l’Homme perpétrées entre le 1er novembre 2010 et le 30 septembre 2011.
Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) vient de publier un rapport sur les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales perpétrées pendant la période préélectorale en RDC. C’était, hier mercredi 9 novembre, au cours d’une conférence de presse animée par la Monusco à Kinshasa.
Saisissant cette opportunité, l’ONU avertit que «de tels incidents pourraient mettre en péril le processus démocratique et également engendrer des violences post-électorales».
Dans son rapport, le BCNUDH dit avoir répertorié, entre le 1er novembre 2010 et le 30 septembre 2011, «188 violations des droits de l’Homme apparemment liées au processus électoral».
«Ces violations portent le plus souvent atteinte à la liberté d’expression des individus, au droit à l’intégrité physique et au droit à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi qu’au droit de réunion pacifique», précise-t-il. Avant d’ajouter : «Des exemples de violences et d’atteintes à l’ordre public par des militants des partis politiques ont également été constatés».
MENACES CONTRE DES ACTIVISTES DES DROITS DE L’HOMME
Par ailleurs, le BCNUDH signale que le rapport n’énumère pas «de manière exhaustive les violations des droits de l’Homme et actes de violence, les violations documentées incluent des incidents tels que des menaces de mort contre des défenseurs des droits de l’Homme».
D’après la source, des menaces de mort contre des activistes des droits de l’Homme «qui ont dénoncé les réformes, de mauvais traitements et arrestations des civils pour le seul port de tee-shirts d’un parti politique de l’Opposition, des convocations répétées à l’Agence nationale de renseignements, de mauvais traitements d’un civil pour avoir posé une question «antipatriotique» et l’arrestation et mauvais traitements de quatre individus pour avoir eu une discussion politique dans un salon de coiffure».
LIBERTES D’EXPRESSION ET D’ASSOCIATION LIMITEES
L’ONU constate dans son rapport que «la préparation des élections a eu lieu dans un climat où les libertés d’expression et d’association étaient limitées».
«La liberté d’expression est essentielle en période électorale dans la mesure où les personnes ne peuvent effectivement exercer leur droit de vote que s’ils sont en position de prendre une décision avisée», estime le BCNUDH.
Et de renchérir : «Au regard des violences engendrées par des élections 2006, ainsi que la situation générale particulièrement précaire des droits de l’Homme en RDC, les élections 2011 (présidentielle et législatives) constituent un défi majeur pour les droits de l’Homme, la sécurité et la consolidation de la démocratie dans le pays».
La source affirme que «la plupart des violences perpétrées impliquent directement des agents de la Police nationale congolaise ou de l’Agence nationale de renseignements».
Réagissant à ce rapport, la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a déclaré : «Je suis persuadée que le peuple congolais partage mon espoir d’élections pacifiques, libres et justes et d’exercice sans heurts de leur droit fondamental de vote».
«Le type d’intimidation, menaces, incitation, arrestations arbitraires et violences que nous avons documentées est inacceptable et a un effet dissuasif sur les électeurs», a déploré Navi Pillay. Avant de poursuivre : «Le gouvernement et les dirigeants des partis politiques doivent établir clairement qu’il existe une tolérance zéro contre de telles actions limitant gravement l’exercice du droit de vote».
SITUATION SECURITAIRE DANS L’EST
Selon le rapport du BCNUDH, la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC «est particulièrement inquiétante». Il déplore le fait que «les partis politiques auraient été visés et leurs membres placés en détention, maltraités et menacés».
La même source rapporte que «la plupart des violations ont ciblé des membres et militants des partis politiques d’Opposition et en particulier ceux de l’UDPS et de l’UNC».
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la RDC et chef de la Monusco, Roger Meece, a salué les progrès accomplis dans certains domaines. Notamment en ce qui concerne le comportement de certaines unités de la police formées par la Monusco dans le maintien de l’ordre durant les manifestations politiques.
Il a, toutefois, exprimé son inquiétude face à la hausse de la tension politique à l’approche des échéances électorales. A ses yeux, cette situation «peut contribuer à un risque de violations des droits de l’Homme et d’autres actes de violence» pendant le processus électoral.
«Il revient à chaque candidat, aux dirigeants politiques et à leurs militants de faire leur possible pour assurer des conditions adéquates pour des élections paisibles, ouvertes et démocratiques», a-t-il indiqué.
Il a, par la même occasion, rappelé aux Congolais que «le non respect des droits de l’Homme et libertés fondamentales ou de violents affrontements mettent en péril le processus démocratique et contribuent ainsi à une possible violence post-électorale».
RECOMMANDATIONS
Il sied «au gouvernement congolais d’intensifier sa coopération avec la Société civile, de diffuser des messages publics appelant les agents de l’Etat, particulièrement les membres des forces de sécurité, à promouvoir et respecter les droits de l’Homme et à lutter contre l’impunité des agents de l’Etat ayant perpétré des violations des droits de l’Homme», souhaite «instamment» le BCNUDH dans son rapport.
Aux partis politiques, il demande de «procéder à des déclarations publiques visant à promouvoir la participation paisible dans le processus électoral et d’appeler leurs militants, particulièrement les jeunes, à s’abstenir de recourir à la violence et de respecter les lois nationales et l’ordre public».
L’ONU appelle, en outre, la Communauté internationale «à accroître son soutien au gouvernement, à la Société civile et à d’autres acteurs, dans leurs efforts pour former les forces de sécurité et les autorités judiciaires, et promouvoir des élections libres et justes, surveiller ces élections».
C.LN
Conférence de presse des Nations Unies du mercredi 09 Novembre 2011 et Rapport Droits de l’homme /Elections
Verbatim de la Conférence de presse des Nations Unies du mercredi 09 Novembre 2011 et CP Rapport Droits de l’homme Elections
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9 Novembre 2011
L’ONU tire la sonnette d’alarme sur les violations des droits de l’homme perpétrées pendant la période pré-électorale en RDC
GENEVE/KINSHASA – Un rapport des Nations Unies publié ce jour révèle un nombre inquiétant de violations des droits de l’homme pendant la période pré-électorale en République démocratique du Congo, avertissant que de tels incidents pourraient mettre en péril le processus démocratique et également engendrer des violences post-électorales.
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Entre le 1er novembre 2010 et le 30 septembre 2011, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH**) a documenté 188 violations des droits de l’homme apparemment liées au processus électoral. Ces violations portent le plus souvent atteinte à la liberté d’expression des individus, au droit à l’intégrité physique et au droit à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi qu’au droit de réunion pacifique. Des exemples de violences et d’atteintes à l’ordre public par des militants des partis politiques ont également été constatés.
Alors que le rapport ne répertorie pas de manière exhaustive les violations des droits de l’homme et actes de violence, les violations documentées incluent des incidents tels que des menaces de mort contre des défenseurs des droits de l’homme ayant tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont dénoncé les réformes; des mauvais traitements et arrestations de civils pour le seul port de tee-shirts d’un parti de l’opposition; des convocations répétées à l’Agence nationale de renseignements; des mauvais traitements d’un civil pour avoir posé une question « antipatriotique » et l’arrestation et des mauvais traitements de quatre individus pour avoir eu une discussion politique dans un salon de coiffure.
Le rapport constate que « la préparation des élections a eu lieu dans un climat où les libertés d’expression et d’association étaient limitées ».
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« La liberté d’expression est essentielle en période électorale dans la mesure où les personnes ne peuvent effectivement exercer leur droit de vote que s’ils sont en position de prendre une décision avisée. »
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Le rapport ajoute qu’« Au regard des violences engendrées par les élections de 2006, ainsi que la situation générale particulièrement précaire des droits de l’homme en RDC, les élections de 2011 (présidentielles et parlementaires) constituent un défi majeur pour les droits de l’homme, la sécurité et la consolidation de la démocratie dans le pays. »
La plupart des violations perpétrées impliquent directement des agents de la Police nationale congolaise ou de l’Agence nationale des renseignements.
« Je suis persuadée que le peuple congolais partage mon espoir d’élections pacifiques, libres et justes et d’exercice sans heurts de leur droit fondamental de vote », a affirmé la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
« Le type d’intimidation, menaces, incitation, arrestations arbitraires et violences que nous avons documentées est inacceptable et a un effet dissuasif sur les électeurs. Le Gouvernement et les dirigeants des partis politiques doivent établir clairement qu’il existe une tolérance zéro contre de telles actions limitant gravement l’exercice du droit de vote », a ajouté Pillay.
Ce rapport note que la situation à l’est du pays et particulièrement inquiétante. Les partis politiques auraient été visés et leurs membres placés en détention, maltraités et menacés.
La plupart des violations ont ciblé des membres et militants des partis d’opposition et en particulier ceux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et alliés…
Le représentant spécial du Secrétaire-général pour la République démocratique du Congo et chef de la MONUSCO, Roger Meece, a salué les progrès accomplis dans certains domaines, notamment en ce qui concerne le comportement de certaines unités de la police formées par la MONUSCO dans le maintien de l’ordre pendant les manifestations politiques. Il a toutefois exprimé son inquiétude face à la hausse de la tension politique à l’approche des échéances électorales, qui peut contribuer à un risque de violations des droits de l’homme et d’autres actes de violence.
« Il revient à chaque candidat, aux dirigeants politiques et à leurs militants de faire leur possible pour assurer des conditions adéquates pour des élections paisibles, ouvertes et démocratiques », a t-il souligné. « Le non-respect des droits de l’homme et libertés fondamentales ou de violents affrontements mettent en péril le processus démocratique et contribuent ainsi à une possible violence post-électorale. »
Dans ce rapport, le BCNUDH demande instamment au Gouvernement congolais d’intensifier sa coopération avec la société civile, de diffuser des messages publics appelant les agents de l’Etat, particulièrement les membres des forces de sécurité, à promouvoir et respecter les droits de l’homme et à lutter contre l’impunité des agents de l’Etat ayant perpétré des violations des droits de l’homme.
Il demande également aux partis politiques de procéder à des déclarations publiques visant à promouvoir la participation paisible dans le processus électoral et d’appeler leurs militants, particulièrement les jeunes, à s’abstenir de recourir à la violence et de respecter les lois nationales et l’ordre public.
Le rapport appelle, en outre, la communauté internationale à accroître son soutien au Gouvernement, à la société civile et à d’autres acteurs, dans leurs efforts pour former les forces de sécurité et les autorités judiciaires, et promouvoir des élections libres et justes et surveiller ces élections.
Les élections nationales sont prévues pour avoir lieu le 28 novembre 2011 et constitueront les deuxièmes élections démocratiques de l’histoire de la RDC depuis l’indépendance du pays en 1960.
FIN
* Les rapports complets, en français et anglais, sont disponibles sur: www.monusco.org
** Le 1er février 2008, la Division des droits de l’homme (DDH) de la MONUC et le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) en RDC ont fusionné créant ainsi le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH).