Les expulsés, évalués à plus de 300, viennent pour la plupart de Dolisie et de Pointe-Noire, d’où ils ont été violemment chassés sans aucun respect de la dignité humaine.
La traque et les expulsions massives, par voie fluviale, des congolais de Kinshasa habitant le Conga-Brazzaville, sur ordre du gouvernement de ce pays, ont repris de manière inquiétante depuis la semaine dernière. Encore une fois, cette opération se fait dans des conditions infra humaines, non respectueuses de la dignité inhérente à la personne humaine.
La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV) qui tire la sonnette d’alarme, précise que des vagues d’expulsions ont été observées au Beach Ngobila depuis le lundi 18mai dernier. Plus d’une centaine de RD Congolais interpelés à Pointe Noire et à Dolisie ont été ramenés, par train, jusqu’à Brazzaville, pour être expulsés par canots rapides, embarquant au Beach de Brazzaville et débarquant au Beach Ngobila, à Kinshasa, avec au moins 16 passagers par vacation.
Enfermés durant une semaine dans des cachots
Hier mardi 19 mai, 66 hommes, 15 femmes et 5 enfants ont été sauvagement évacués dans des conditions déplorables. Selon des sources, 105 hommes, 30 femmes et 19 enfants ont fait partie de ce lot arrivé à Kinshasa le lundi 18 mai dernier. Le samedi 16mai, il y avait t8 hommes, 6 femmes, 20 jeunes filles, 15 jeunes garçons expulsés depuis Brazza. Parmi, eux, renseignent des sources, une jeune femme aurait perdu son enfant en bas âge. Elle a aussi vu ses effets personnels arrachés, dont son téléphone portable. Au total, 299 Congolais viennent d’être chassés du pays de Marien Ngouabi supposé être un Etat frère de la République Démocratique du Congo, avec la même population, la même culture, les mêmes ancêtres et quasiment la même histoire.
A en croire des témoignages recueillis auprès de certaines victimes, ces dernières ont fait l’objet de mauvais traitements. Les pauvres ont été enfermés durant une semaine dans des cachots, avant d1être refoulés. Fatigués et traumatisés, ils n’ont gardé, comme bagages, que de petits sachets’ contenant des brosses à dents, et autres savons de toilettes, contraints d’abandonner tout ce qu’ils avaient comme objets de valeur. Ces compatriotes n’ont même pas eu la possibilité de se laver une semaine durant.
Comme si cela ne suffisait pas, à leur arrivée au Beach Ngobila, ils ont été abandonnés à leur triste sort après leur enregistrement et identification par les services de la Direction Générale des Migrations (DGM).
Il y a une année, « Mbata ya Mukolo » avait déversé plus de 250 000 RD congolais à Kinshasa, sans aucune disposition ni respect des normes en la matière. Tabassés, violés, volés, dénigrés, c’est dans ces conditions que ces compatriotes ont regagné leur pays.
Ni excuses ni regrets
Les autorités de Kinshasa ont traversé le fleuve par deux fois, notamment le gouverneur André Kimbuta, pour essayer, en vain, d’arrêter l’hémorragie. Mais les expulsions n’avaient pas pour autant pris fin.
Le maire de la ville de Brazzaville, Hugues Ngwelondele, avait été chaleureusement accueilli par son homologue de Kinshasa, ne fût-ce qu’un petit pardon aux RD Congolais.
Le président Sassou Nguesso s’est déplacé en personne jusqu’au Palais de la Nation à Kinshasa, par hélicoptère. Mais l’objet était plutôt de solliciter le soutien de la RDC à l’élection du secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, plutôt que de trouver des solutions à ce problème d’évacuation barbare. C’était une insulte à la République Démocratique du Congo et un manque de considération à l’égard du peuple congolais.
Par LEFILS MATADY
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