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SACREBOPOL

mardi 27 septembre 2011

Le "perroquet de la République"





Le "dernier des raïs" lors d’un de ses rares points de presse.

Dire de quelqu’un qu’il parle ou répète comme un perroquet n’a jamais été un compliment. Cela signifie tout simplement que le locuteur en face déverse des paroles sans comprendre le sens. Ni peser le poids des mots. Le «discours-bilan» prononcé le mercredi 15 septembre, à Kingakati, par le «dernier des raïs», alias l’autorité (im) morale de la majorité présidentielle, alias la "haute hiérarchie", est au centre de toutes les conversations dans le landerneau politique et… judiciaire congolais. Dans son harangue, le président de la République très très démocratique du Congo a claironné l’épithète «positif» en parlant du bilan de son double quinquennat. Les femmes violées de l’Est apprécieront. Que dira la population congolaise terrassée par l’indigence au point de ne pouvoir étancher sa soif. Faute d’eau courante. Au lieu de s’arrêter là, le "dernier des raïs" s’est aventuré à égrener les «actions à impact visible», (selon une formule très chère à à "Yandi ve") qui ont été accomplies au plan "social". C’est le cas du salaire des magistrats qui serait passé de 704 dollars en 2008 à 1600 en 2009. Stupeur et effroi dans la magistrature!

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-Lez-Immondices, le discours du «dernier des raïs» est en passe de devenir du pain bénit pour tous les "laissés pour compte" du "kabilisme joséphite". La première salve a été tirée par des magistrats en poste au Nord-Kivu. La main sur le cœur, ces admirateurs de Montesquieu assurent n’avoir jamais perçu le montant annoncé par la «haute hiérarchie». "My Gosh", aurait juré un British. Rusés comme des renards, dit mon ami, les magistrats gomatraciens préfèrent s’en prendre au Premier sinistre, pardon, le Premier ministre Muzito. «Ngwashi Adolphe» est ainsi sommé de verser sans délai le «nouveau barème» que la haute hiérarchie dans sa grande générosité a énoncé. Avec «effet rétroactif», s’il vous plaît. A défaut, c’est la grève ! Aïe!

A en croire mon ami, la même stupéfaction est observée à Kinshasa. Ici, nos «justiciers», réputés pour leur vénalité, sont regroupés dans un «Syndicat autonome». Ils exigent le paiement illico presto du salaire annoncé par le Calife sortant. Dans le cas contraire, ils menaçaient de cesser le travail dès samedi 17 septembre…sur toute l’étendue du territoire national. «Le raïs a ouvert la boîte de Pandore», dit mon ami qui me fait remarquer que contrairement aux dires du fermier de Kingakati, le salaire-plancher dans la magistrature s’élève en réalité à 495 dollars yankee. Pas un sengi de plus ni de moins. Le lendemain du «discours-bilan», les magistrats avaient déserté leurs bureaux.

Selon mon ami qui sait décidément tout, l’allocution de Kingakati a revigoré certains rivaux du «raïs». C’est le cas notamment de Vital Kamerhe, alias «VK». Désireux de devenir Calife à la place du Calife, «VK» a sorti l’orgue de Staline pour pilonner les positions du Calife sortant. C’était vendredi 16 septembre au cours d’un point de presse. Pour lui, aucun secteur n’a marché au cours des cinq dernières années. C’est donc un zéro pointé sur tous les plans. Il cite à l’appui le chômage, la pénurie d’eau et d’électricité. Mon ami de confirmer que certaines communes sont privées d’électricité durant trois mois successifs. Avec ma candeur habituelle, j’ai demandé à mon ami si le Kamerhe dont il parle est le même que l’auteur de l’ouvrage «Pourquoi j’ai choisi Kabila ?». Réponse : "Bien sûr !» Mon ami d’ajouter : «N’oublies pas que la politique est dynamique. Et que VK n’a jamais cessé d’alerter le Calife sortant sur les méfaits du «gouvernement parallèle» qui le roulait dans la farine..."

Mon ami de conclure : «Le dernier des raïs ressemble aujourd’hui à un serpent qui se mord la queue. Durant son double quinquennat, il s’est comporté en "perroquet de la République" en récitant consciencieusement les hérésies de ses scribes. Il va réaliser à ses dépens que les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs.»

Issa Djema 
© Congoindépendant 2003-2011





Sacrebopol

Les «kabilistes» et nous !





Le pouvoir, l’argent et les honneurs rendent-ils les hommes sourds et aveugles au point de ne pas voir ni entendre la misère ambiante et la soif du Changement? Les partisans du président sortant «Joseph Kabila» seraient-ils incapables de voir la lutte pour la survie (the struggle for life) à laquelle se livrent les Congolais au quotidien pour sataisfaire les besoins inhérents à la dignité de la personne humaine? Ces hommes et femmes qui entourent le "raïs" seraient-ils incapables de faire le départ entre leurs intérêts corporatifs et l’intérêt général?

Depuis plusieurs mois, on assiste à une agitation dans le «clan kabiliste». Il ne se passe plus une semaine sans que l’on apprenne que tel ou tel autre «bonze» de la majorité présidentielle ou du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), le parti présidentiel, est allé dans l’arrière-pays. But : inviter la population de son «fief» à «voter massivement» pour le chef de l’Etat sortant. Un chef d’Etat dont le bilan au plan social, après dix années passées à la tête de l’Etat, est un échec éblouissant.

Les zélateurs du régime kabiliste ont engagé le pari risqué de jouer la carte de l’ethnicité. Ils font croire aux «frères et soeurs de tribu» que l’homme qui a été insensible aux conditions sociales de cette population durant une décennie s’est découvert comme par enchantement la vocation d’un «humaniste». Aussi, faudrait-il lui accorder un nouveau bail de cinq ans.

En février dernier, l’ancien procureur général de la République, Luhonge Kabinda Ngoy, devenu sénateur, s’est rendu «chez lui » dans le district de Tanganyika, au Katanga. Mulubakat, l’ex-haut magistrat du parquet n’a pas trouvé mieux que d’inviter «tous les Balubakat» de la ville de Kalémie à s’enrôler massivement et à voter pour le président sortant. Luhonge est resté en revanche muet sur les réalisations socio-économiques accomplies par «Kabila» pour les habitants de cette partie du pays et ce que celui-ci peut faire pour l’avenir..

Au cours de ce même mois de février, un «conclave» a été organisé par des notables balubakats à Kamina (District du Haut Lomami). Plusieurs "usufruitiers" du régime finissant étaient présents : le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo, le «général» John Numbi Banza de la police nationale, les députés Jean Mbuyu et Vicky Katumwa, le ministre des Hydrocarbures Célestin Mbuyu, le président de l’assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, l’actuel procureur général Flory Kabange Numbi etc. Un seul point était à l’ordre du jour : élaboration des stratégies pour assurer la victoire de «Joseph Kabila Kabange» à l’élection présidentielle de novembre 2011.

En ce mois de septembre, un certain Jean-Paul Kassanga, secrétaire fédéral du PPRD chargé de l’idéologie et la formation des cadres pour le district de la Funa (Kinshasa) et candidat député national, s’est cru en droit de lancer un appel à la population de son «fief» de Katako-Kombe, en pays tetela au Kasaï oriental, pour que cette population «se range derrière la candidature de Joseph Kabila» lors de la présidentielle du 28 novembre prochain. Kassanga considère donc les habitants de Katako Kombe comme des simples "moutons" dont le destin est de se ranger sans se poser des questions derrière un prétendu "berger".

Le fameux Kassanga est allé plus loin en déclarant : «Katako-Kombe, le territoire d’origine du héros national Patrice Emery Lumumba, doit faire honneur à ce dernier en soutenant massivement Le président de la République sortant et continuateur de l’œuvre de Lumumba à l’instar de son père feu Laurent-Désiré Kabila.» Et d’ajouter : «Joseph Kabila est au jour d’aujourd’hui, le porteur du flambeau allumé par Patrice Lumumba et du projet politique de M’Zee L.D. Kabila et cela pour faire échec à tous ceux qui veulent constamment tirer la RDC vers le bas pour l’affaiblir en vue de sa balkanisation.» Quel blasphème ! Plus flagorneur, tu meurs!

Que conclure? Il n’y a qu’une seule conculsion : pour permettre à leur «leader» de conserver le pouvoir – et à eux-mêmes de continuer à jouir des privilèges acquis sans la moindre contrepartie en termes de service rendu à l’Etat -, les «kabilistes» sont prêts à engager le destin des 60 millions des Congolais. C’est une grave responsabilité qui les exposent à un sévère jugement de l’Histoire !

Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2011

L'Administration publique, la Police nationale, l'Armée républicaine, la Justice sont des entités républicaines et doivent rester apolitiques selon les directives de la Constitution congolaise. Comment peut-on penser que le Procureur Général de la République rende justice avec équité lorsqu'il participe aux politiques du parti au pouvoir? Ne serait-il pas en conflit d'intérêt?
Comment un gouverneur de Province peut-il participer aux réunions du parti au pouvoir?

Sous d'autres cieux, ces gens devraient démissionner mais comme en RDC, le ridicule ne tue pas, ils sont là.
Qu'il sache cependant que le cycle du changement est en cours, ils tomberont cette fois, qu'ils le veuillent ou pas.

Sam à Kinshasa
Sacrebopol

LE PROCESSUS EN DANGER :


La CENI ne s'est pas fait obéir. En tout cas, presque personne n'a mis en exécution son rappel à l'ordre pour mettre fin à la campagne anticipée. Les candidats laissaient flotter encore banderoles, panneaux et guirlandes dans le ciel de Kinshasa sous le regard passif du gouverneur André Kimbuta Yango censé appliquer la décision de l'institution de Daniel Ngoy Mulunda. Les candidats avec Joseph Kabila en tête qui est passé carrément à la campagne proprement dite. L'un de ses fidèles, Claude Mashala, est intervenu sur un plateau de télévision pour affirmer que les banderoles et affiches de Kabila sont le fait de la volonté populaire et non du PPRD. Peut-il défendre la même position s'agissant des gros panneaux de Kabila qui trônent au croisement des avenues Batetela et des Cliniques et à côté de l'INA, Institut national des arts, avec l'inscription «Ensemble pour la victoire», Un autre a été placé juste la semaine dernière sur l'avenue du commerce. Un autre encore est prévu pour être planté sur le boulevard Lumumba. Qui a dit que la campagne n'a pas encore commencé. Cela dénote l'état d'esprit des hommes au pouvoir qui trahissent une tentation de faire selon ce que bon leur semble. Ils ne pensent donc pas se soumettre à la CENI aujourd'hui ni à quoi que ce soit d'autre demain. Cette campagne anticipée est surtout manifeste dans les médias, notamment certaines chaînes de télévision. Du côté de Kabila, c'est Télé 50 de Jean Marie Kasamba qui vante les réalisations du régime à longueur de journées. La RTNC en rajoute chaque matin avec l'émission Tôt Gaiété du thuriféraire Lushima Ndjata. Sa spécialité, des attaques personnelles contre les opposants en crédit, notamment Etienne Tshisekedi. Il a commencé sa carrière comme griot dans l'émission Barza avant de se découvrir le talent de propagandiste. Côté opposition, la RLTV de Roger Lumbala a trouvé l'ingénieuse idée de présenter un dessein animé qui montre Etienne Tshisekedi déjà comme Président de la République. Maintenant que le CSAC s'est doté de son bureau, vivement qu'il se penche très vite sur la régulation avant et pendant la campagne. En 2006, la HAM, Haute autorité des médias, s'était montrée elle-même partisane.

Elle avait sanctionné, suspendu des médias sans même avoir donné aux tiers l'occasion de présenter leurs moyens de défense. Du jamais vu dans une démocratie. Elle avait même aidé le camp présidentiel é éviter le débat contradictoire prévu pourtant dans la Constitution. Ce débat était perçu par Jean Pierre et les siens comme l'arme la plus redoutable contre Kabila. Fidèle Babala l'a qualifié d' «arme de destruction massive». Si ce débat avait eu lieu, l'issue de l'élection présidentielle aurait peut-être été tout autre. Hélas, ce qui est fait est fait. C'est la démocratie qui a perdue en qualité là où en Côté d'Ivoire Alassane Ouattra et Laurent Gbagbo se sont affrontés dans un débat de haute facture.

Mathieu KEPA
En espérant vivement que cette fois, un débat contradictoire sera organisé entre les candidats. Surtout qu'on ne vienne pas nous dire qu'à cause du grand nombre de candidats, le débat ne saurait être organisé. Ça serait irresponsable, incivique et irrespectueux à l'endroit du peuple qui n'aura entendu aucun candidat. Sur quels critères le peuple votera-t-il?
Sacrebopol