Le 14e Sommet de la Francophonie de Kinshasa a pris fin dimanche
sur une note sévère à l'endroit des pays qui malmènent les droits de la
personne, notamment la République démocratique du Congo (RDC), qui a accueilli
le rendez-vous de cette année.
La
RDC a été vivement critiquée par plusieurs participants pour son sombre bilan
sur la question du respect de la liberté d'expression et de la fraude
électorale, dont est accusé le président Joseph Kabila.
Le
président hôte du sommet s'est retrouvé quasiment isolé depuis le début des
travaux. C'est après l'insistance des plus hautes autorités congolaises que
Stephen Harper et Pauline Marois ont accepté de rencontrer en privé le premier
ministre de la RDC, Augustin Matata Ponyo.
Stephen
Harper en a profité pour rappeler au chef de l'exécutif congolais les
inquiétudes exprimées lors du sommet sur la question des droits de l'homme, des
faiblesses de la gouvernance et des violences sexuelles perpétrées surtout dans
la région du Kivu.
M.
Harper aurait aussi insisté « sur la nécessité d'améliorer le climat des
affaires en RDC, surtout dans le secteur des ressources naturelles ». Il a par
ailleurs annoncé l'octroi 20 millions de dollars sur quatre ans pour le soutien
à la transparence des industries extractives, une façon d'encourager la gestion
responsable des ressources naturelles.
Le
premier ministre canadien a souhaité que les prochains rendez-vous de la
francophonie se tiennent dans des pays démocratiques.
Pour
le Canada, les ratés du processus électoral ayant mené Joseph Kabila à la tête
de la RDC étaient « complètement inacceptables », tout comme les abus commis sur
le plan des droits de la personne, a souligné M. Harper.
Stephen
Harper a d'ailleurs déjà menacé de ne pas se rendre au Sri Lanka pour la
prochaine rencontre du Commonwealth, à moins que le pays respecte davantage les
droits de la personne.
Une
participation utile
Tout
d'abord réticent à prendre part au sommet, Stephen Harper a reconnu que sa
visite lui avait permis de rencontrer des gens de la société civile qui font
vraiment changer les choses en République démocratique du Congo.
« Ce
qui m'a le plus frappé n'était pas ce qu'ils ont dit en particulier, mais
évidemment le courage dont tous ces gens ont fait preuve, en menant leur cause,
en exprimant leur opposition à un endroit où ce n'est évidemment pas facile de
le faire », a-t-il expliqué en point de presse.
Dans
un tête-à-tête avec M. Ponyo, la première ministre du Québec Pauline Marois a
pour sa part mentionné à son homologue congolais qu'elle espérait « des
progrès » au plan démocratique. Elle lui a aussi proposé l'aide du Directeur
général des élections (DGE) pour l'organisation des prochaines élections
au pays.
Sur
la tenue des prochains sommets dans des pays démocratiques, Mme Marois a
toutefois une approche nuancée.
« Quand
on le dit directement chez eux, c'est plus gênant, je crois, que de le dire
quand on est loin. On se sent moins concernés », a-t-elle soutenu.
Pauline
Marois a admis qu'il régnait un malaise chez les chefs d'État en présence de M.
Kabila au cours du Sommet.
L'un
des 60 points de la déclaration finale du Sommet comprend la réaffirmation « de
la nécessité d'organiser des élections libres, fiables et transparentes ».
Harper
commente sa rencontre avec Pauline Marois
Le
premier ministre Harper a commenté dimanche sa rencontre la veille avec Pauline
Marois. Qualifiant l'entretien de « cordial », il a précisé que les discussions
ont surtout porté sur l'économie.
« Évidemment,
Mme Marois et son gouvernement ont une préoccupation avec la gouvernance
souverainiste, comme elle l'appelle, et j'ai une préoccupation avec l'unité
canadienne », a-t-il relevé.
« Si les gouvernements ont des positions différentes, nous
avons l'intention de respecter les champs de compétence. » — Stephen Harper premier ministre du Canada
Samedi,
la Pauline Marois avait dit de la rencontre qu'elle avait été « presque
chaleureuse », mais avait convenu avoir réservé les pommes de discorde pour une
réunion future.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/10/14/005-sommet-francophonie-bilan-dimanche.shtml