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SACREBOPOL

mercredi 22 février 2012

Diplomatie congolaise : Thambwe répond aux «trois diplomates» de Londres




Le ministre congolais des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. Photo ACP

 
Dans un communiqué de presse publié le mardi 21 février, le ministre congolais des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, réagit à la déclaration de «dissidence» de trois diplomates congolais en poste à Londres. En date du 6 février, ces fonctionnaires annonçaient leur "cessation d’activité" en protestation du «hold-up électoral» perpétré par "Joseph Kabila" en se maintenant au pouvoir «par la force» alors qu’il n’a pas gagné la présidentielle du 28 novembre dernier. Le chef de la diplomatie congolaise en prend également pour son grade. Il est accusé de «détourner» les salaires de «certains» diplomates et de n’avoir conduit aucune action pour réformer la diplomatie congolaise.

«Le ministère des Affaires étrangères informe l’opinion tant nationale qu’internationale que les motivations à la base de la démarche des signataires dudit article (paru dans la presse kinoise, Ndlr) ne sont pas liées à des considérations politiques, dit le communiqué revêtu de la signature du ministre Alexis Thambwe Mwamba. En personne. Les concernés, objet d’un rappel définitif à la Centrale, ont par leur communiqué entrepris cette démarche dans le seul but de trouver, en Grande-Bretagne, le statut de réfugié politique».

«Objection de conscience»

Qui sont ces diplomates «dissidents» anciennement en poste à Londres? Il s’agit de deux hommes et d’une femme. Leurs noms : S. Kabengele Mamba, 2ème secrétaire ; Madame Yaya Efunga et B. Kazadi Mosonzo, 1er secrétaire d’Ambassade. Qu’ont-ils dit ?

Dans un document intitulé «Déclaration des diplomates en poste au Royaume Uni, Objection de conscience», le «trio» commence par décrire la situation socio-politique au Congo démocratique en dénonçant le «hold-up électoral du président Kabila» pour «conserver le pouvoir par la force, et ce au détriment de la volonté populaire exprimée» lors du vote du 28 novembre 2011.

Abordant le volet économique, les trois diplomates font état de «désastre économique culminé par des affaires de concussion, de corruption et de spoliation de l’économie congolaise dont s’est rendu coupable le régime du président Kabila». Ils citent à l’appui notamment le rapport fait le 18 novembre dernier par le député britannique Eric Joyce, qui a révélé «la complicité du pouvoir en place dans le bradage des ressources minières» du Congo «évalué à plus ou moins 5 milliards de dollars américains».

«Un régime ignoble et inhumain»

Parlant de la diplomatie congolaise, les rédacteurs de cette déclaration ont déploré que «les grands discours traçant des perspectives pour redorer le blason terni de notre politique diplomatique sur l’échiquier international» n’aient pas été suivis d’effets. Selon eux, «c’est le clientélisme et le militantisme qui priment». Dans le même registre, ils relèvent «le détournement de la paie de certains diplomates» par «le ministre». «Cette activité délictuelle, expliquent-ils, est rendue possible grâce à un stratagème consistant à inscrire les rémunérations de ces diplomates comme poste de dépense dans la loi budgétaire, mais à en détourner l’affectation au détriment des bénéficiaires». «En ce temps particulier de rude hiver, nos maisons manquent cruellement de chauffage, faute de payement de nos factures de gaz. Nous sommes victimes d’un régime ignoble et inhumain», clament-ils. Pour eux, «le rêve de l’instauration d’un Etat de droit» au Congo démocratique «s’est évanoui avec le hold-up électoral opéré par Monsieur Joseph Kabila». Aussi, ont-ils décidé de cesser l’exercice de leur mandat de diplomate et d’invoquer leur «droit à l’objection de conscience face à la tyrannie despotique conformément (…) à la Constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule en son article 64 : «Tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente constitution…»

«Une réaction à la Congolaise»

La réaction d’Alexis Thambwe Mwamba surprend par sa platitude. Ce ministre a réagi «à la Congolaise» et non en homme politique conscient de ses responsabilités. Les ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Finances, de la Défense et des Affaires étrangères sont universellement considérés comme des «ministères de souveraineté». La souveraineté renvoie à la sécurité et à l’indépendance nationale. Si ce ministre avait pris la peine d’examiner froidement le problème posé par les fonctionnaires précités, il aurait réalisé qu’au-delà du coup de gueule, il y a un vrai malaise au sein de ce département.

Depuis plusieurs années, l’Etat congolais «a perdu l’habitude» de rémunérer ses fonctionnaires en postes à l’étranger. Commencé sous la deuxième République, ce phénomène a pris une tournure d’un "sabotage" depuis la «libération» du 17 mai 1997. Le personnel est resté pléthorique. Le Congo démocratique «entretient» plus ou moins 70 missions diplomatiques et consulaires. Sans moyens financiers conséquents. Pire, la rotation a disparu dans le déroulement de la carrière du diplomate (quatre ans à l’étranger, deux ans au pays). Les diplomates fin terme sont d’autorité rayés des listes de paie et privés des titres de séjour diplomatiques pendant qu’ils attendent un improbable rapatriement. Les remplaçants sont affectés pendant que leurs prédécesseurs sont abandonnés à leur triste sort dans le pays d’accueil. Un cercle vicieux. Une trentaine de diplomates sont morts dans les pays accréditaires comme indigents. Sans domicile fixe.

Le ministre Thambwe falsifie la vérité lorsqu’il allègue que la démarche de ces trois fonctionnaires est un prétexte «dans le seul but d’obtenir, (…), le statut de réfugié politique». En réalité, l’Etat congolais a réduit ses diplomates à vivre dans un perpétuel "état de nécessité". Thambwe qui est juriste est sans ignorer que l’état de nécessité est une "infraction" commise pour "neutraliser un péril actuel et imminent".

A titre simplement d’illustration, dans un message n°131.1.2.1/0134/507/2009 daté du 18 mai 2009, le ministre Thambwe informait les diplomates en poste à La Haye, au Pays-Bas, que leur «poste étant fermé», «tous les diplomates» sont «rappelés». Ils étaient par conséquent «priés» de «prendre toutes les dispositions pour rejoindre Bruxelles à la date qui sera communiquée.» Et ce «pour prendre place à bord» de «l’avion affrété pour eux et leurs familles pour regagner le pays». Les intéressés attendent toujours la communication de la fameuse date d’arrivée de cet aéronef. Cela fait bientôt trois ans. Tout récemment, la radio Okapi faisait état de la détresse de sept diplomates congolais en poste à Bujumbura, au Burundi. Rappelés au pays depuis une année, ces agents de l’administration publique congolaise attendent leur rapatriement. Le ministère des Affaires étrangères les a rayés de la liste de paie. A en croire le porte-parole du ministre Thambwe, une «commission interministérielle» étudierait la manière d’apporter une «solution globale» sur la situation de l’ensemble des diplomates. En attendant, comment font ces hommes et femmes pour payer le loyer de leur appartement ou maison? Comment vivent-ils ? Qu’en est-il de la scolarité de leurs enfants? Quid de leur état de santé? Ce sont là les questions que devrait se poser non seulement l’actuel ministre des Affaires étrangères et son futur successeur.

Lors de l’avènement de Thambwe à la tête du "Minaffet", d’aucuns espéraient - à tort ? – que l’homme allait conduire d’une profonde réflexion pour réformer la diplomatie congolaise. C’est à dire l’administration centrale et les postes diplomates. C’est la désillusion! Les trois diplomates de Londres ont-ils demandé le statut de réfugié? Les Britanniques auraient répondu : So what?

Baudouin Amba Wetshi 
© Congoindépendant 2003-2012

"Nous sommes indépendants depuis 1960 et nous n’avons pas de leçons à recevoir d’eux."

"Nous sommes indépendants depuis 1960 et nous n’avons pas de leçons à recevoir d’eux."
Lambert Mende
C’est la réponse faite par le porte-parole du gouvernement congolais après les déclarations, vendredi dernier, de l’Union européenne, du Centre Carter, de la Monusco (Mission de l’Onu au Congo) et de la Belgique, regrettant la répression, jeudi, de la Marche des chrétiens contre la fraude électorale et la fermeture de médias catholique et d’opposition.
L’ambassadeur de France à Kinshasa, Luc Hallade, a répondu à M. Mende par une déclaration sur Radio France Internationale : "Quand il s’agit de respecter la liberté d’expression, de manifestation de la population congolaise, cela nous paraît important de s’y intéresser. Nous sommes partenaires et des amis et quand on est des amis et des partenaires, on doit pouvoir se dire y compris des choses qui quelquefois froissent éventuellement, mais contribuent à ce que le pays avance aussi dans la bonne direction."