Alors que la Communauté internationale ne semble pas pressée de se prononcer : Majorité – Opposition ; le choc des stratégies !
L’Opposition radicale est formelle : il faut un dialogue politique suivant l’esprit et la lettre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Pour la coalition UDPS-UNC et Alliés, ce dialogue doit être convoqué par la communauté internationale à travers l’ONU. L’exigence du dialogue va d’ailleurs constituer le clou de la marche pacifique de l’Opposition prévue pour ce samedi 27 septembre. Les opposants ont décidé de demander à la Monusco de convoquer ce dialogue.
Enlisement
Au niveau de la Communauté internationale cependant, on ne perçoit plus la même détermination à poursuivre la convocation, puis la tenue d’un dialogue politique en Rdc. Après la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, le secrétaire général de l’Onu avait insisté sur l’organisation d’un processus politique crédible en Rdc avec comme point d’orgue la réforme institutionnelle.
Depuis, son appel, la communauté internationale n’a entrepris aucune action concrète en faveur du dialogue politique. Nommée envoyée spéciale du Sg de l’Onu dans les Grands Lacs, Mary Robinson a quitté sa fonction sans laisser la moindre ébauche du fameux dialogue.
L’Algérien dépêché pour pourvoir à son remplacement semble coincé. Son arrivée avait pourtant été placée sous le signe de la réactivation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Pour beaucoup d’observateurs, le successeur de Mary Robinson venait comme une sorte de déménageur pour accélérer le processus consacré dans l’Accord-cadre.
Entre deux urgences
Mais, rien ne semble avancer. Et comme pour le manifester publiquement, l’Opposition a pris le parti de bousculer la communauté internationale à travers la Monusco. Clair que les choses clochent quelque part. il se pose dès lors la question de savoir quel est l’entendement de la communauté internationale face au dialogue inclusif exigé par l’Opposition.
Le moins que l’on puisse dire à ce stade, c’est que les Usa très actifs depuis la signature de l’Accord-cadre n’ont jamais fait allusion à la nécessité d’un dialogue politique en Rdc. Autant John Kerry, lors de son passage à Kinshasa que Russel Feignold, envoyé spécial d’Obama pour les Grands Lacs ou la Maison-Blanche, n’ont jamais fait dudit dialogue un préalable à la normalisation de la vie politique au Congo.
Toutes les fois que les membres de l’administration américaine se sont prononcés sur la situation de la Rdc, le mot dialogue n’a jamais été prononcé. Même chose en ce qui concerne l’Union européenne.
Quand ils évoquent la question congolaise, les Américains comme les européens se focalisent sur le respect de la Constitution et la nécessité d’une présidentielle en 2016. A plus d’une reprise, ils ont exigé un calendrier électoral global qui s’étend jusqu’en 2016. Or, le dialogue inclusif est l’arme favorable de l’Opposition.
Il devient impérieux de s’interroger si l’urgence pour la communauté internationale, c’est le respect de la Constitution pour 2016 ou la convocation d’un dialogue voulu inclusif.
Contradictoire
N’importe comment, il sied de noter que les deux exigences sont fondamentalement contradictoires. Tout comme la révision de la constitution est le dada de la Majorité.
En effet, qui tient au dialogue politique doit dire adieu à l’échéance de 2016 et donc tourner le dos au débat sur la révision constitutionnelle. Car, qui dit dialogue inclusif induit la reconfiguration du contexte politique et institutionnel en vigueur. C’est une manière de remettre le compteur à zéro et de lancer un nouveau processus.
A l’inverse, qui se bat contre ou pour la révision constitutionnelle reste fidèle au cadre institutionnel et politique en vigueur et tient à la continuité du processus entamé à Sun City dans le respect de la Constitution du 18 février 2006. Il devient dès lors contradictoire de réclamer à la fois la convocation du dialogue politique ainsi que de s’opposer à la révision constitutionnelle. C’est là le grand dilemme qu’il faut arriver à résoudre.
LP