20 décembre 2011 – 30 mars 2012. Exactement 100 jours depuis la prestation de serment de Joseph Kabila Kabange en tant que président réélu au terme des élections du 28 novembre 2011. Le temps de la fin de la période de grâce. Le moment idéal de premières évaluations.
Le 20 décembre 2011, Joseph Kabila Kabange prêtait serment d’investiture, à la Cité de l’Union africaine, en qualité de président réélu. Ce, au terme de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. A ce jour, le 30 mars 2012, il vient de totaliser 100 jours en sa qualité de président de la République pour un second mandat.
100 jours, le temps conventionnel pour une période de grâce. Elle vient donc de prendre fin. En fait, selon certains, on ne peut parler de «période de grâce » pour un président réélu. Aux affaires depuis son élection en 2006, il a la maîtrise de la situation. Mais qu’à cela ne tienne, ces 100 jours, disons conventionnels, doivent être interprétés comme le moment d’un nouvel élan à prendre pour la poursuite de la gestion des affaires de l’Etat.
Ceci dit, ces 100 jours imposent naturellement les premières évaluations. Le moment idéal de faire un état des lieux, d’apprécier les premiers pas avant de reprendre cette longue marche de ce nouveau quinquennat.
Brouillard
A la première lecture de ces 100 jours, les premiers signaux ne sont pas du tout encourageants. Tout se passe encore comme si l’on naviguait à vue, sans repères. Il y a ce fait que depuis le 1er janvier 2012, le gouvernement, même assumant les affaires courantes, ne dispose pas de budget. Certes, la loi prévoit devant ces circonstances, que le gouvernement s’appuie sur le 1/10 du budget précédent pour continuer à gérer l’Etat. Entre-temps, il s’organise à faire voter les crédits provisoires.
Dès lors que l’on ignore le niveau d’exécution du précédent budget, en plus de ce fait que l’Assemblée nationale, autorité budgétaire, a clos la précédente législature sans que le gouvernement ait déposé le projet de loi financière, l’on se demande comment l’Exécutif est en train de s’y prendre. Puisqu’on a évoqué les crédits provisoires, ceux-ci devraient être adoptés par le Sénat. Rien n’a été fait dans ce sens. L’Exécutif, du moins l’équipe qui continue à assumer les affaires courantes, gère dans le brouillard.
Brouillard en ce qui concerne l’Assemblée nationale. Certes, cette institution été mise en place. Malheureusement, la session extraordinaire est élastique à telle enseigne que la Constitution a été violée du fait de la non convocation de la session ordinaire le 15 mars. Il faudra attendre que le Bureau définitif de cette institution soit élu et installé pour que cette session intervienne, avec déjà 15 jours de retard. Au 100ème jour de la prestation de serment du président Kabila, l’Assemblée nationale ne dispose pas de bureau définitif.
Comme si cela ne suffisait pas, on ne peut encore nommer un Premier ministre qui doit provenir de la majorité. Pas de n’importe quelle majorité : une nouvelle majorité parlementaire consécutive à la nomination d’un Informateur le 8 mars et qui a clôturé officiellement sa mission le 28 mars 2012. Une nomination, l’on conviendra avec nous, qui sort de l’ordinaire quelles que soient les bonnes intentions visant à assainir l’environnement politique. Car, en fait, au regard des résultats publiés par la CENI, la nomination d’un Informateur ne s’imposait pas du tout. Mais puisqu’il s’agissait certainement d’une majorité virtuelle, le chef de l’Etat a trouvé sage de nommer un Informateur pour dissiper le brouillard.
Brouillard, c’est cette crise politique qui s’affirme chaque jour. En témoigne justement cette nomination de l’Informateur comme si l’on évitait à reconnaître le mal et la vraie crise. Et pourtant, un problème se pose au niveau de l’Assemblée nationale avec la décision d’un parti politique, l’UDPS, intimant ordre à ses députés, au risque d’être exclus du parti, de ne plus siéger au sein de la Chambre basse. Bien plus, l’UDPS a refusé de s’entretenir avec le ministre belge des Affaires étrangères en séjour à Kinshasa. Car, pour l’ UDPS, le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, est Etienne Tshisekedi. La communauté internationale est partagée sur ce point. Et pour dissiper les nuages afin qu’il n’y ait plus de brouillard, Didier Reynders a invité les Congolais au dialogue. Le séjour laborieux du ministre belge des Affaires étrangères s’est déroulé donc dans le brouillard avec un résultat mitigé pour autant qu’il n’a rien dit d’officiel sur l’attitude de la Belgique vis-à-vis de la RDC à la suite des élections du 28 novembre 2011.
Le sort de la CENI est maintenant incertain. Critiquée par la communauté nationale et internationale avec les rapports des misions d’observations, notamment le Centre Carter et l’Union européenne, la CENI vient d’être désavouée par toute la clase politique congolaise. Affirmation de l’Informateur Mwando Nsimba. Comment va-t-elle continuer sa mission dès lors que les vrais protagonistes lui ont retiré la confiance ? Va-t-elle demeurer, par défi, dans ce brouillard et préparer les prochaines échéances électorales ? Ce serait une véritable catastrophe. Le bon sens recommande que le bureau de la CENI démissionne.
Trahison
Celui qui est perdu dans cet épais brouillard n’est d’autre personne que le peuple congolais. Trahi par une classe politique inconstante ; ignoré par une communauté internationale plus intéressée par des intérêts économiques en cette période de crise financière sans précédent, le peuple congolais vit dans le brouillard le plus épais. Difficile de scruter l’avenir avec espoir dès lors qu’il n’a plus de repères.
Et pourtant, il s’est comporté dignement le 28 novembre 2011 en accomplissant son devoir citoyen en toute responsabilité. Hélas ! Il ne doutait pas qu’un immense brouillard allait couvrir le ciel congolais. Rendant ainsi tout décollage et tout envol hypothétique. Tel est le constat atypique des 100 premiers jours de la présente législature
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