Joseph KABILA et Yoweri MUSEVENI
Le territoire Mahagi et plusieurs villages d’Ituri sont occupés
par l’armée ougandaise depuis lundi matin. Kampala affirme avoir mis en
application l’accord de Ngurdoto signé à Arusha en Tanzanie en 1997. Cet accord
d’après Museveni accordait une partie de l’ITURI à l’Ouganda en contre partie de
soutien militaire de l’armée ougandaise à Joseph Kabila. Le pétrole du lac
Albert, et les minerais de l’ITURI sont sous contrôle de Museveni. C'était 08
septembre 2007, que les présidents Kabila et Museveni ont apposé leur signature
sur le document portant Accord de Ngurdoto. Témoin de l’événement historique,
Jikaya Mrisho Kikwete, président de la République unie de
Tanzanie.
ACCORD DE NGURDOTO de 2007 à ARUSHA
Le 08 septembre 2007, Il était exactement 21h18’, heure d’Arusha, soit 19h18
minutes, heure de Kinshasa, lorsque les présidents Kabila et Museveni ont apposé
leur signature sur le document portant Accord de Ngurdoto, de coopération
bilatérale République démocratique du Congo et l’Ouganda. Témoin de l’événement
historique, Jikaya Mrisho Kikwete, président de la République unie de
Tanzanie.
Cet accord porte sur la Défense, Sécurité et la Coopération économique. Bien
sûr, il s’étend également dans le domaine politique. Mieux la diplomatie avec
cette perspective de procéder à la réouverture des ambassades entre les deux
pays dans les prochains mois.
Toutefois, c’est le président Kabila qui a donné l’essence de cette rencontre
en s’attardant sur ses objectifs. Il s’agit d’abord d’une vision. Vision de paix
en République démocratique du Congo, vision de paix dans la région des Grands
Lacs. Mission ensuite. Mission que s’est assignée la République démocratique du
Congo, a précisé le président Kabila, est de renforcer les accords existants
afin d’accomplir d’autres progrès en vue de renforcer les accords existants.
Voilà la raison d’être de la présence de la délégation congolaise à Arusha dans
le but d’accomplir d’autres efforts afin de « changer l’image des Africains qui
serait celle de se battre et de se combattre ». Et d’ajouter « Nous sommes
déterminés à faire la paix dans la région des Grands Lacs. En dépit du conflit
armé qui a opposé la République démocratique du Congo à l’Ouganda à partir de
1998, et nonobstant les stigmates qu’en ont gardées les populations congolaises
sur plusieurs plans, il sied de relever que les relations diplomatiques entre
nos deux pays n’ont jamais été formellement rompues », a dit le chef de l’Etat.
Déclaration pleine de sens et sous-tendue par un courage politique de tourner
les yeux vers l’avenir. « En effet, la grandeur des nations réside dans la
capacité de leurs dirigeants à transcender les blessures et susceptibilités
imposées par les aléas de l’histoire pour affronter, froidement et avec courage,
les défis que leur imposent aussi bien leur existence que la coexistence avec
d’autres », a encore souligné le chef de l’Etat congolais.
Quant au président Museveni, il a qualifié cet accord de « magnifique et de
raisonnable » qui permettra de résoudre les problèmes du passé, de lutter contre
la pauvreté. Un accord qui intervient au moment où des efforts palpables sont
faits dans la région pour restaurer la démocratie de manière que des dirigeants
élus agissent en toute responsabilité envers le peuple de peur de perdre le
pouvoir, a dit le président ougandais.
PAS DE GUERRE DU PETROLE
Il se dégage du déroulement des travaux de ces deux jours à Arusha,
c’est-à-dire du 7 au 8 septembre , que la République démocratique du Congo et
l’Ouganda sont déterminés à aller de l’avant en consolidant les acquis de la
paix. Il est un fait indéniable que les discussions ont été laborieuses. Surtout
qu’il s’agit des questions liées à la défense et sécurité, de par la présence
des forces négatives dans la région et particulièrement dans les deux pays. A ce
sujet, la RDC et l’Ouganda ont réaffirmé le « respect de la souveraineté des
Etats et l’ intangibilité des frontières héritées de la colonisation ».
Cependant, il y a une épine : l’île de Rukwanzi que réclame l’Ouganda.
Administrée jusqu’ici par la RDC, l’Ouganda a suggéré qu’il y ait une
administration commune dans un « délai très court ». L’île de Rukwanzi
poserait-t-il les mêmes problèmes vécus par le Nigeria et le Cameroun ? Une
chose est certaine : cette île est sur le Lac Albert, justement là où il y a du
pétrole. Le problème se poserait sûrement quand il s’agira de « retracer les
frontières héritées de la colonisation », si jamais les deux pays aboutissaient
à ce compromis.
Mais en ce qui concerne la présence des forces négatives, les deux parties
ont décidé de poursuivre le programme DDRRR (Désarmement, démobilisation,
rassemblement, rapatriement et réinsertion). Et qui mieux est, les deux parties
ont pris l’engagement « de n’accorder ni asile, ni soutien à toute force ou un
individu réfractaire au processus ». Il y a là une avancée significative dans
cette volonté de neutraliser les forces négatives dans la région. Nul doute que
la RDC et l’Ouganda mûrissent cette réflexion pour faire front commun en vue
d’élaguer; une fois pour toutes, la présence des forces négatives, quelle
qu’elle soit, dans la région afin que règne une paix durable.
Au plan économique, les deux parties s’engagent à promouvoir la coopération
dans les domaines de la conservation de la nature et la protection de
l’environnement et des ressources transfrontalières, animales, halieutiques, de
forêts et des parcs nationaux. Mais surtout à promouvoir « l’exploration et
l’exploitation communes des champs d’hydrocarbures transfrontalières. A cet
effet, les deux parties se sont accordées sur le principe de la révision de
l’Accord de coopération pour l’exploration des hydrocarbures et l’exploitation
des gisements communs, signé le 23 juin 1990, et ce en suivant le principe
d’unitisation ».
Ainsi, la République démocratique du Congo et l’Ouganda refusent de se «
faire la guerre du pétrole ». Ils se sont inspirés sûrement des accords
intervenus entre la RDC et l’Angola. Avec cet Accord de Ngurdoto, il est
désormais clair qu’une deuxième « Zone d’intérêts communs » vient de voir le
jour.
Mieux, Arusha a certainement permis une sortie de crise entre la RDC et
l’Ouganda. Il n y aura donc pas de « guerre du pétrole ». Du moins jusqu’à
preuve du contraire. Serait-ce pour autant affirmer que désormais les choses
iraient pour le mieux ?
Il est prématuré de répondre à cette interrogation. De prime abord, nous
avons évoqué une série d’accords signés par les deux pays mais qui n’ont jamais
été concrétisés. Ensuite, pourquoi cette tendance à vouloir remettre en cause
les accords de Berlin 1885 sur les frontières héritées de la colonisation ? Le
cas de l’île de Rukwanzi se présente comme une épine au pied de cet accord.
D’autre part, depuis le début de la guerre d’agression, lors de la signature
de la Déclaration de Dar es-Salaam, à la signature du Pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement de la région des Grands Lacs à Nairobi où lors de
son intervention, Museveni se disait qu’il n’était pas « anglophone, ni
francophone, mais bantouphone ». Et dernièrement à Arusha, le discours de
Museveni n’a pas varié : il remet en cause, de façon subtile et par des
anecdotes, les frontières héritées de la colonisation. Qu’est-ce à dire ? Nous
essayerons de répondre à cette interrogation dans nos prochaines éditions.
En attendant, un fait mérite d’être souligné : les deux chefs d’Etat ont
réaffirmé leur volonté à appliquer le « Pacte sur la sécurité, la stabilité et
le développement dans la région des Grands Lacs ». Et pour paraphraser le
président tanzanien au vu de la signature de l’ Accord de Ngurdoto, nous dirions
; « tout est bien qui finit bien ». Aussi, comme le président tanzanien l’a dit,
il revient aux deux présidents de tout mettre en oeuvre pour la réussite de cet
accord afin qu’il soit réellement historique. Ils se seront alors conduits en
homme d’Etat, a-t-il conclu. C’est tout dire.
Communiqué conjoint sur la rencontre de Ngurdoto
Sur invitation de leur Homologue, Son Excellence Monsieur Jakaya Mrisho
Kikwete, Président de la République Unie de Tanzanie, leurs Excellences
Messieurs Joseph Kabila Kabange, Président de la République Démocratique du
Congo et Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République de l’Ouganda, ont eu
une rencontre au sommet le 7 au 8 septembre 2007, à Ngurdoto, en Tanzanie.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations
d’amitié et de coopération bilatérale entre les deux Etats.
Les deux Chefs d’Etat étaient à la tête de deux fortes délégations composées
des Ministres et des officiels de leurs pays. Le Président Yoweri Kaguta
Museveni dans une atmosphère cordia
le a félicité au nom du Gouvernement et du peuple ougandais, le peuple
congolais ainsi que Son Excellence Joseph Kabila Kabange pour l’organisation et
la réussite du processus électoral qui a porté à la tête des Institutions des
dirigeants issus des urnes. Aussi a-t-il exprimé le soutien et la franche
collaboration de son Gouvernement et du peuple ougandais.
Pour sa part, le Président Joseph Kabila Kabange a remercié le Président
Yoweri Kaguta Museveni d’avoir répondu à ce rendez-vous qui augure une nouvelle
ère de coopération, de stabilité et de développement durable dans les relations
bilatérales entre la République démocratique du Congo et la République de
l’Ouganda.
La rencontre au Sommet entre les deux Présidents était précédée de la réunion
ministérielle des deux parties dont l’ouverture a eu lieu le 7 septembre 2007,
par Son Excellence Monsieur Bernard Membe, Ministre des Affaires Etrangères et
de la Coopération Internationale de la République Unie de Tanzanie.
Après la cérémonie d’ouverture par Son Excellence Monsieur Jakaya Mrisho
Kikwete, Président de la République Unie de Tanzanie, les deux Chefs d’Etat ont
examiné sur les questions d’intérêt commun au plan bilatéral, «(régional et
international. Au niveau bilatéral, les Présidents ont renouvelé leur engagement
en vue du renforcement des relations de bon voisinage et de la résolution des
questions de paix, de sécurité et de développement économique.
Aussi, réaffirmant leur attachement aux idéaux et principes énoncés dans les
Chartes des Nations Unies et de l’Union Africaine ainsi que dans le Pacte sur la
Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la Région des Grands Lacs, les
deux parties ont convenu de ce qui suit:
a) Sur le plan de la Défense et de la Sécurité:
- la réaffirmation du respect de la souveraineté des Etats et de
l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ;
- la réactivation du mécanisme de vérification conjointe par l’installation
effective de l’ensemble des postes prévus à cet effet ;
- la tenue régulière des réunions de concertation entre les autorités
politico-administratives et militaires des entités administratives frontalières
des deux pays;
- la poursuite et le parachèvement du processus de Désarmement,
Démobilisation, Rapatriement, Réinsertion et Réintégration, DDRRR en sigle, en
faveur des forces négatives présentes sur les territoires des deux pays
respectifs et l’engagement des deux parties à n’accorder ni asile, ni soutien à
toute force ou individu réfractaire au processus;
- la constitution dans un délai d’un mois, d’une Commission Mixte ad hoc,
chargée de la reconstitution de la frontière commune des deux Etats. La
Commission Mixte peut faire appel à n’importe quelle personne ou organisme, en
cas de besoin;
- l’éloignement des camps des réfugiés à plus de 150 Km de la frontière et la
sensibilisation de ces derniers au retour volontaire dans leur pays d’origine,
dans le cadre d’une commission tripartite RDC-Ouganda¬HCR à constituer dans un
délai d’un mois;
- l’engagement au strict respect des termes du Protocole de non agression et
de défense mutuelle, signé dans le cadre du Pacte sur la Sécurité, la Stabilité
et le Développement dans la Région des Grands Lacs.
b) Sur le Plan Economique: Les deux parties s’engagent à promouvoir la
coopération dans les domaines ci-après:
- la conservation et la protection de l’environnement et des ressources
transfrontalières, animales, halieutiques, des forêts et des parcs
nationaux;
- l’exploration et l’exploitation communes des champs d’hydrocarbures
transfrontaliers. A cet effet, les deux parties se sont accordées sur le
principe de la révision de l’Accord de coopération pour l’exploration des
hydrocarbures et l’exploitation des gisements communs, signé le 23 juin 1990 et
ce, en suivant le pri~ciPe d’unitisation. Pour ce faire, les Ministres des deux
pays en charge des Hydrocarbures se rencontreront en déans un mois en vue de
finaliser les discussions pour un nouvel accord de coopération ;
- l’échange et le commerce de l’énergie électrique;
- la lutte contre la contrebande, la criminalité transfrontalière et la
fraude minière;
- la conclusion des Protocoles d’Accords de coopération économique et
technique dans les domaines de la géologie, des mines, métallurgie et
énergie.
e) Sur le Plan Politique et Diplomatique Les deux parties se sont accordées
sur:
- l’importance de la Grande Commission Mixte en tant qu’outil par excellence
devant régler de façon durable les questions d’intérêts communs et jeter les
bases solides d’une nouvelle coopération mutuellement avantageuse.
Pour ce faire, les deux parties ont convenu de convoquer en Ouganda, dans la
première quinzaine du mois de décembre 2007, la prochaine Session de cette
Grande Commission Mixte.
- la nécessité d’œuvrer pour le renforcement de leurs relations diplomatiques
par l’élévation de leur représentation diplomatique au niveau
d’Ambassadeur;
- s’agissant du contentieux entre les deux pays en rapport avec l’arrêt de la
Cour Internationale de Justice de La Haye du 19, décembre 2005, les deux parties
ont convenu d’instituer une commission mixte ad hoc chargée d’examiner les
modalités pratiques de son exécution; Sur les problèmes régionaux, les deux
Présidents ont affirmé leur volonté d’appliquer le Pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs.
Ils se sont aussi convenus de renforcer et d’assurer l’application des
mécanismes de la Tripartite Plus. Son Excellence le Président Joseph KABILA a
tenu informé Son Homologue sur la relance des activités de la Communauté
Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL).
De son côté, Son Excellence le Président YOWERI MUSEVENI l’a informé du
développement des activités de la Communauté des Etats de l’Mrique de l’Est
ainsi que de l’adhésion du Rwanda et du Burundi au processus de mise sur pied de
la Fédération des Etats de l’Afrique de l’Est.
Enfin, les deux délégations ont remercié le Gouvernement et le peuple
tanzanien pour l’accueil chaleureux dont elles ont été l’objet ainsi que de
l’hospitalité qui leur a été accordée durant leur séjour.
Fait à Ngurdoto, Tanzanie, le 08 septembre 2007
(...)Le
Phare titre « L’occupation militaire de Mahagi :
l’Ouganda brandit l’accord de Ngurdoto ».
D’après ce journal,
l’armée ougandaise occupe depuis le dimanche 25 août 2013, une partie du
territoire de Mahagi, en province Orientale, ainsi qu’à Aru et à Mambasa, dans
la même province. Les militaires ougandais soutiendraient qu’ils auraient agi
ainsi en vertu de l’Accord de Ngurdoto, signé en 2007 par la Rdc et l’Ouganda,
lequel comporterait un volet secret relatif à la cession de quelques localités
congolaises aux Ougandais, dans le cadre de l’effort de guerre de 1996-1997,
consenti en faveur de l’Afdl, en vue de renverser le régime du maréchal Mobutu.
(...)"°
http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=195220&Actualiteit=selected