Les tueurs de «Joseph Kabila» pistent le colonel John Tshibangu
Des membres de la garde prétorienne de "Joseph Kabila" déguisés en policiers.
Poltron à l’Est, intransigeant au Centre-Ouest. C’est le moins qu’on puisse dire de «Joseph Kabila». Pendant que des officiers étiquetés CNDP-M23 basés dans la province du Nord Kivu multiplient des défections en toute impunité, le «raïs» a retrouvé un «regain de dynamisme» dans le cas du colonel John Tshibangu, commandant en second de la 4ème Région militaire (les deux Kasaï), qui a déserté son poste depuis le dimanche 12 août dernier. Natif du Kasaï, Tshibangu a un signe particulier : il n’appartient pas à la communauté tutsie...
Comme à son habitude, «Joseph Kabila», le tueur aux mains propres, laisse le «sale boulot» à ses «petits soldats». Ici, le «petit soldat» a pour nom Ngoyi Kasanji, le gouverneur de la province du Kasaï Oriental. Cet ancien négociant en diamant s’est entretenu, mercredi 22 août, avec une délégation de la Mission onusienne au Congo. Il a confié à ses interlocuteurs que 300 militaires et des policiers ont été lancés aux trousses du colonel John Tshibangu. Celui-ci aurait été signalé aux environs de Kabeya Kamwanga, le village natal du leader de l’UDPS, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Tout un symbole. L’officier fugitif reproche au «commandant suprême» des FARDC notamment sa duplicité dans la gestion de la guerre qui se déroule au Nord Kivu. «Au départ, déclarait le colonel Tshibangu à Congo Indépendant, les mutins du Nord Kivu n’étaient qu’une trentaine. L’armée pouvait rapidement écraser ce mouvement. L’ordre de cessez-le-feu est tombé. Les mutins ont profité de l’accalmie pour se renforcer en hommes et en matériel.» Accusé de «complicité», le journaliste Fortuna Kasonga a été arrêté par les «services de sécurité». «Joseph Kabila » et ses tueurs oseraient-ils attenter à la vie de cet officier qui a fait montre de patriotisme en dénonçant le traître qui dirige ce pays?
Depuis son accession au pouvoir suprême, un certain 26 janvier 2001, dans les conditions que l’on sait, «Joseph» s’évertue à «liquider» ce qui reste de l’Etat congolais. Les Congolais particulièrement ceux qui tirent profit du régime regardent et laissent faire. Ancien bras droit de James Kabarebe, alors chef des opérations militaires de l’AFDL, "Joseph" a réussi à anéantir l’armée, la police et les institutions gouvernantes tant au niveau national que provincial en y injectant des individus déloyaux, n’ayant aucune attache avec une nation dont ils se réclament. Pire, «Joseph» prend plaisir à fouler aux pieds le droit légitime pour les citoyens congolais à bénéficier d’une égale protection devant la loi. Une loi accommodante vis-à-vis des personnalités civiles et militaires - natifs de "l’Est "- issues de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), trois organisations pro-rwandaises. La même loi est appliquée avec une intransigeance frisant la barbarie primitive chaque fois qu’il s’est agi de sanctionner des filles et fils de ce pays originaires du Centre et de l’Ouest. Est-ce faire l’éloge du régionalisme ou du tribalisme? Assurément pas! Les faits sont têtus.
"Ambiance décontractée..."
Le massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo en 2007 et 2008, la traque des insurgés «Enyele» à partir de novembre 2009 et celle du général Faustin Munene en octobre 2010 en témoignent. Cette attitude tranche avec la pusillanimité affichée par le pouvoir kabiliste à l’égard de délinquants avérés d’expression rwandophone. C’est le cas notamment de Jules Mutebusi et Laurent Nkunda. Officiers dissidents des FARD, les deux hommes et leurs soldats avaient occupé la ville de Bukavu en juin 2004. L’affaire n’a jamais connu de suite judiciaire. Bien au contraire. En 2005, Laurent Nkunda s’est lancé dans une «nouvelle carrière» de «président-fondateur» du mouvement politico-militaire CNDP. Depuis janvier 2009, le «général Laurent» a trouvé refuge au Rwanda en dépit des gesticulations des autorités de Kinshasa d’obtenir son «extradition». L’affaire est manifestement classée.
En avril dernier, Bosco Ntaganda, ancien bras droit de Thomas Lubanga, promu «général» par la volonté de «Joseph Kabila» - "au nom de la paix" - a fait défection. Recherché par la Cour pénale internationale (CPI), Ntaganda est poursuivi dans le même dossier que Lubanga du chef de «recrutement d’enfants mineurs» dans une milice. Près de quatre mois après, l’homme est toujours en cavale. La désertion de Ntaganda a servi de détonateur à une «mutinerie-rébellion». Plusieurs officiers étiquetés CNDP ont abandonné leurs postes. Les mutins-rebelles regroupés dans le «M-23» exigent - outre la reconnaissance des grades et l’intégration des cadres politiques dans les institutions nationales - «la démission de Joseph Kabila». Des troupes FARDC mal équipées, démotivées et mal encadrées envoyées pour «rétablir l’ordre» ont été mises en déroute par les insurgés. Les localités de Rutshuru, Kiwanja, Bunagana échappent depuis deux mois à l’imperium de Kinshasa. D’aucuns parlent de trahison. Un détail significatif. Rapportant la rencontre entre "Kabila" et le chef de la diplomatie belge mercredi 22 août à Lubumbashi. La journaliste Colette Braeckman n’a sans doute pas pesé la gravité de ces mots sortis de sa plume (voir Le Soir daté du 23.08.2012) : "On s’attendait à rencontrer le chef d’un pays en guerre, mais l’ambiance était plutôt décontractée (...)".
Depuis que les autorités congolaises ont pris conscience de l’implication du Rwanda dans la rébellion du M-23, celles-ci passent le temps à vociférer tout en étant présentes à toutes les rencontres initiées par la partie rwandaise. «Nous exigeons que les autorités rwandaises arrêtent, cessent de laisser leurs officiers continuer à alimenter la guerre au Congo», tonnait le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, le 28 juin. Nous leur demandons de démanteler les réseaux, les filières de recrutement et de ravitaillement en faveur des forces négatives qui sont au Congo, sans conditions». Le même jour, on apprenait que le tout nouveau ministre congolais de la Défense conférait à Goma avec son homologue rwandais. Pire, un rapport des Nations Unies a publié les identités des personnalités rwandaises qui «gèrent» le dossier M-23. A savoir : le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, le chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga, et le général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron des renseignements militaires (DMI). La diplomatie congolaise n’a même pas osé manifester une certaine «mauvaise humeur» en rappelant en consultation le diplomate en poste à Kigali.
Désobéissance civile
Le M-23 s’est érigé, depuis quelques jours, en un mouvement politique aux allures de «gouvernement provisoire». «Joseph Kabila» se tait. Pendant ce temps, la défection des officiers portant le "label CNDP" se poursuit au profit du M-23. On pourrait citer notamment le cas du colonel Eric Badege, commandant 2ème bataillon à Nabiondo et du lieutenant colonel John Kasisira, commandant en second à Kaziba. Des militaires ont-ils été lancés à leurs trousses? Nullement ! Pourquoi? Silence radio. Dans le District de l’Ituri (Province Orientale), d’autres désertions ont eu lieu au profit de la milice locale de la "FRPI" (Force de résistance patriotique de l’Ituri) du fameux chef milicien Cobra Matata. Celui-ci entretiendrait des rapports les plus cordiaux avec le commandant de la place le général Dieudonné Amuli. Question : le colonel John Tshibangu serait-il plus dangereux pour l’intégrité du territoire national que les officiers déserteurs étiquetés CNDP-M23 constitués désormais en «gouvernement» après avoir occupé plusieurs localités? L’idée même d’intégration de ces «officiers» au sein des FARDC ne constitue-t-elle pas un acte de haute trahison? Les faits ne parlent-ils pas d’eux-mêmes que «Joseph Kabila» est au service uniquement des Congolais d’expression rwandophone? Qui s’occupera, dès lors, de l’intérêt général? Un pouvoir voué au service des intérêts particuliers ne mérite-t-il pas le plus grand mépris autant que des actions de désobéissance civile?
Depuis son accession au pouvoir suprême, un certain 26 janvier 2001, dans les conditions que l’on sait, «Joseph» s’évertue à «liquider» ce qui reste de l’Etat congolais. Les Congolais particulièrement ceux qui tirent profit du régime regardent et laissent faire. Ancien bras droit de James Kabarebe, alors chef des opérations militaires de l’AFDL, "Joseph" a réussi à anéantir l’armée, la police et les institutions gouvernantes tant au niveau national que provincial en y injectant des individus déloyaux, n’ayant aucune attache avec une nation dont ils se réclament. Pire, «Joseph» prend plaisir à fouler aux pieds le droit légitime pour les citoyens congolais à bénéficier d’une égale protection devant la loi. Une loi accommodante vis-à-vis des personnalités civiles et militaires - natifs de "l’Est "- issues de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), trois organisations pro-rwandaises. La même loi est appliquée avec une intransigeance frisant la barbarie primitive chaque fois qu’il s’est agi de sanctionner des filles et fils de ce pays originaires du Centre et de l’Ouest. Est-ce faire l’éloge du régionalisme ou du tribalisme? Assurément pas! Les faits sont têtus.
"Ambiance décontractée..."
Le massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo en 2007 et 2008, la traque des insurgés «Enyele» à partir de novembre 2009 et celle du général Faustin Munene en octobre 2010 en témoignent. Cette attitude tranche avec la pusillanimité affichée par le pouvoir kabiliste à l’égard de délinquants avérés d’expression rwandophone. C’est le cas notamment de Jules Mutebusi et Laurent Nkunda. Officiers dissidents des FARD, les deux hommes et leurs soldats avaient occupé la ville de Bukavu en juin 2004. L’affaire n’a jamais connu de suite judiciaire. Bien au contraire. En 2005, Laurent Nkunda s’est lancé dans une «nouvelle carrière» de «président-fondateur» du mouvement politico-militaire CNDP. Depuis janvier 2009, le «général Laurent» a trouvé refuge au Rwanda en dépit des gesticulations des autorités de Kinshasa d’obtenir son «extradition». L’affaire est manifestement classée.
En avril dernier, Bosco Ntaganda, ancien bras droit de Thomas Lubanga, promu «général» par la volonté de «Joseph Kabila» - "au nom de la paix" - a fait défection. Recherché par la Cour pénale internationale (CPI), Ntaganda est poursuivi dans le même dossier que Lubanga du chef de «recrutement d’enfants mineurs» dans une milice. Près de quatre mois après, l’homme est toujours en cavale. La désertion de Ntaganda a servi de détonateur à une «mutinerie-rébellion». Plusieurs officiers étiquetés CNDP ont abandonné leurs postes. Les mutins-rebelles regroupés dans le «M-23» exigent - outre la reconnaissance des grades et l’intégration des cadres politiques dans les institutions nationales - «la démission de Joseph Kabila». Des troupes FARDC mal équipées, démotivées et mal encadrées envoyées pour «rétablir l’ordre» ont été mises en déroute par les insurgés. Les localités de Rutshuru, Kiwanja, Bunagana échappent depuis deux mois à l’imperium de Kinshasa. D’aucuns parlent de trahison. Un détail significatif. Rapportant la rencontre entre "Kabila" et le chef de la diplomatie belge mercredi 22 août à Lubumbashi. La journaliste Colette Braeckman n’a sans doute pas pesé la gravité de ces mots sortis de sa plume (voir Le Soir daté du 23.08.2012) : "On s’attendait à rencontrer le chef d’un pays en guerre, mais l’ambiance était plutôt décontractée (...)".
Depuis que les autorités congolaises ont pris conscience de l’implication du Rwanda dans la rébellion du M-23, celles-ci passent le temps à vociférer tout en étant présentes à toutes les rencontres initiées par la partie rwandaise. «Nous exigeons que les autorités rwandaises arrêtent, cessent de laisser leurs officiers continuer à alimenter la guerre au Congo», tonnait le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga, le 28 juin. Nous leur demandons de démanteler les réseaux, les filières de recrutement et de ravitaillement en faveur des forces négatives qui sont au Congo, sans conditions». Le même jour, on apprenait que le tout nouveau ministre congolais de la Défense conférait à Goma avec son homologue rwandais. Pire, un rapport des Nations Unies a publié les identités des personnalités rwandaises qui «gèrent» le dossier M-23. A savoir : le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, le chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga, et le général Jack Nziza, secrétaire permanent du ministre de la Défense et ancien patron des renseignements militaires (DMI). La diplomatie congolaise n’a même pas osé manifester une certaine «mauvaise humeur» en rappelant en consultation le diplomate en poste à Kigali.
Désobéissance civile
Le M-23 s’est érigé, depuis quelques jours, en un mouvement politique aux allures de «gouvernement provisoire». «Joseph Kabila» se tait. Pendant ce temps, la défection des officiers portant le "label CNDP" se poursuit au profit du M-23. On pourrait citer notamment le cas du colonel Eric Badege, commandant 2ème bataillon à Nabiondo et du lieutenant colonel John Kasisira, commandant en second à Kaziba. Des militaires ont-ils été lancés à leurs trousses? Nullement ! Pourquoi? Silence radio. Dans le District de l’Ituri (Province Orientale), d’autres désertions ont eu lieu au profit de la milice locale de la "FRPI" (Force de résistance patriotique de l’Ituri) du fameux chef milicien Cobra Matata. Celui-ci entretiendrait des rapports les plus cordiaux avec le commandant de la place le général Dieudonné Amuli. Question : le colonel John Tshibangu serait-il plus dangereux pour l’intégrité du territoire national que les officiers déserteurs étiquetés CNDP-M23 constitués désormais en «gouvernement» après avoir occupé plusieurs localités? L’idée même d’intégration de ces «officiers» au sein des FARDC ne constitue-t-elle pas un acte de haute trahison? Les faits ne parlent-ils pas d’eux-mêmes que «Joseph Kabila» est au service uniquement des Congolais d’expression rwandophone? Qui s’occupera, dès lors, de l’intérêt général? Un pouvoir voué au service des intérêts particuliers ne mérite-t-il pas le plus grand mépris autant que des actions de désobéissance civile?
B.A.W
© Congoindépendant 2003-2012
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